Appelés à dire si oui ou non, les Congolais se sont rendus aux urnes le dimanche 25 octobre pour voter. Peu avant la tenue du référendum, l’opposition avait lancé un appel au boycott à ses militants, après avoir orchestré une violente insurrection dans le pays, dans le but d’empêcher le déroulement du scrutin référendaire. Digérant mal l’échec de son projet d’embraser le Congo, l’opposition congolaise semble revendiquer le taux d’abstentions observé lors du scrutin référendaire du 25 octobre comme sa victoire.
L’opposition congolaise n’est pas à son premier mot d’ordre de boycott d’une élection au Congo, même quand elle participe à cette élection. C’est par exemple, le cas de l’élection présidentielle de 2009, des législatives de 2012, ainsi des locales de 2014. A chacune de ces scrutins, où l’opposition ne manquait pas de candidat (Mathias Dzon, Clément Mierassa, Guy Romain Kifouissia, en 2009, Clément Mierassa en 2012 à Moungali), elle optait toujours pour le boycott. C’est dire que la première contribution de l’opposition à l’abstention est effectivement son appel légendaire au boycott.
Mais, la contribution la plus immédiate et la plus violente a été, sans conteste, son appel à l’insurrection généralisée qui a sorti des paisibles citoyens de leurs maisons le 20 octobre 2015. Ces populations de Makélékélé, Bacongo, Mfilou et de quelques localités au sud du pays n’ont pas toutes pu regagner leurs domiciles avant le jour du vote.
Non seulement cet éloignement des citoyens de leurs domiciles a été un gros obstacle à la libre expression des Congolais, mais bien plus l’opposition a mis en place une stratégie de violence sourdine et d’intimidation des autres Congolais voulant accomplir leur devoir civique. Dans ces quartiers et localités, en effet, des jeunes payés par les barrons de l’opposition formaient des petits groupes qui, bouteille de bière en main, chassaient et effrayent leurs concitoyens qui prenaient la direction des bureaux de vote du quartier.
Ces actes d’intolérance sont, en fait en adéquation avec le comportement général de l’opposition congolaise qui s’est radicalisée pour la même raison. Un avis contraire dans ses rangs ne mérite que sanction. Pour avoir jugé utile de répondre à l’appel du président de la République lors des concertations qu’il avait initiées en mai-juin 2015, Kignoumbi Kia Mboungou, Clément Mouamba, Ange Edouard Poungui, la liste n’est pas exhaustive, ont dû écoper de sanctions au sein de l’Upads.
Il est donc du droit de l’opposition d’expliquer sur fond de revendication que l’abstention est due à son appel, mais il est essentiel que cette explication revendique également les actes de violence, d’intimidation et d’intolérance qui ont accompagné de façon pratique les actions de cet appel à double sens.
l'abstention, un vieux phénomème
Il va de soi que l’abstention n’est un pas un phénomène nouveau au Congo. Mais, il est aussi évident que, devenu un phénomène, l’abstention n’est pas un fait nouveau au Congo et qu’elle n’est pas seulement justifiée par les appels de l’opposition. Pour s’en convaincre, lors des législatives de 2012, en dépit de la présence des candidats de l’opposition, le taux de participation n’était pas comparable avec celui de 2002, année du scrutin référendaire ayant adopté la constitution actuelle.
Et chaque fois, le taux de participation des électeurs est plus élevé dans les campagnes que dans les villes (Brazzaville et Pointe-Noire et Dolisie), où les politiques mènent souvent, des actions presque « nocives » qui ébranlent le moral des citoyens.
Dans les villes aussi, l’engouement varie selon les quartiers. Pour le cas du référendum du 25 octobre 2015, par exemple, les populations des quartiers sud traumatisées par des groupes de pression mis en place à cette fin par l’opposition n’étaient plus libres de se déplacer comme elles l’auraient voulu. Par contre, dans les autres quartiers de Brazzaville, ce vote référendaire a suscité une motivation extraordinaire, auprès notamment des jeunes qui prenaient d’assaut les bureaux de vote.
Rals-le bol vis à vis des politiques
Le refus d’aller voter n’est pas nouveau, nous l’avons dit. Mais, forcément, il n’est pas que le fait des appels des leaders au boycott. C’est pourquoi cité par Florence Maurice, l’envoyée spéciale de Rfi à Brazzaville, dans son reportage de ce 26 octobre 2015 en matinée, l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), s’est référé aux « législatives de 2012 », qui n’avaient pas mobilisé les foules comme on s’y attendait dans le pays.
Il n’est d’ailleurs pas exclu que le discours politique de façon générale ait contribué à la fertilité du terrain sur lequel les mêmes politiques sèment les appels au boycott.
En effet, dans notre société, le discours politique ne galvanise plus les militants avec autant de sincérité. Ainsi, il devient difficile de rencontrer dans les partis politiques, des militants réellement convaincus. L’illustration de cette illusion du nombre est visible en observant la balade des militants entre différentes réunions des partis et ou associations politiques, notamment lors des campagnes électorales. Non seulement, les mêmes sont partout, mais aussi, parfois ils sortent de ces réunions sans avoir intériorisé le fond du discours d’un leader ou d’un l’autre.
Ainsi, dans un autre reportage diffusé le 23 octobre dernier, l’envoyée spéciale de Rfi à Brazzaville a donné la parole à un jeune, Franck Nzila, qu’elle a présenté comme l’un des manifestants et qui exprimait pourtant son ras-le-bol, vis à vis des politiques: « On ne croit ni au pouvoir ni à l’opposition », a, entre autres, déclaré Franck Nzila. Un autre interviewé dans le même reportage, présenté comme un habitant de Bacongo et qui s’appellerait Aimé a clamé : « Les politiciens sont comme des sorciers. La journée, ce sont des ennemis, la nuit, ils se retrouvent. On doit le dire haut et fort : on en a marre ! ».
C’est dire que les partis politiques ont également une responsabilité dans l’indifférence que les citoyens affichent vis-à-vis du vote. Ils ont intérêt à redresser leur discours en direction de la population.
Par ailleurs, dans un pays où le cycle électoral est régulier depuis 2002 (plus de dix ans), face aux besoins toujours croissants du peuple, la population se sent certainement lassée de voter chaque fois. On entend souvent des citoyens dire que les députés par exemple ne leur donnent pas satisfaction. Comme pour exprimer leur déception, les populations refusent d’accomplir leur acte civique.
Encore que l’administration électorale n’est pas exempte de reproches dans le développement de cette abstention.
L’opposition congolaise n’est pas à son premier mot d’ordre de boycott d’une élection au Congo, même quand elle participe à cette élection. C’est par exemple, le cas de l’élection présidentielle de 2009, des législatives de 2012, ainsi des locales de 2014. A chacune de ces scrutins, où l’opposition ne manquait pas de candidat (Mathias Dzon, Clément Mierassa, Guy Romain Kifouissia, en 2009, Clément Mierassa en 2012 à Moungali), elle optait toujours pour le boycott. C’est dire que la première contribution de l’opposition à l’abstention est effectivement son appel légendaire au boycott.
Mais, la contribution la plus immédiate et la plus violente a été, sans conteste, son appel à l’insurrection généralisée qui a sorti des paisibles citoyens de leurs maisons le 20 octobre 2015. Ces populations de Makélékélé, Bacongo, Mfilou et de quelques localités au sud du pays n’ont pas toutes pu regagner leurs domiciles avant le jour du vote.
Non seulement cet éloignement des citoyens de leurs domiciles a été un gros obstacle à la libre expression des Congolais, mais bien plus l’opposition a mis en place une stratégie de violence sourdine et d’intimidation des autres Congolais voulant accomplir leur devoir civique. Dans ces quartiers et localités, en effet, des jeunes payés par les barrons de l’opposition formaient des petits groupes qui, bouteille de bière en main, chassaient et effrayent leurs concitoyens qui prenaient la direction des bureaux de vote du quartier.
Ces actes d’intolérance sont, en fait en adéquation avec le comportement général de l’opposition congolaise qui s’est radicalisée pour la même raison. Un avis contraire dans ses rangs ne mérite que sanction. Pour avoir jugé utile de répondre à l’appel du président de la République lors des concertations qu’il avait initiées en mai-juin 2015, Kignoumbi Kia Mboungou, Clément Mouamba, Ange Edouard Poungui, la liste n’est pas exhaustive, ont dû écoper de sanctions au sein de l’Upads.
Il est donc du droit de l’opposition d’expliquer sur fond de revendication que l’abstention est due à son appel, mais il est essentiel que cette explication revendique également les actes de violence, d’intimidation et d’intolérance qui ont accompagné de façon pratique les actions de cet appel à double sens.
l'abstention, un vieux phénomème
Il va de soi que l’abstention n’est un pas un phénomène nouveau au Congo. Mais, il est aussi évident que, devenu un phénomène, l’abstention n’est pas un fait nouveau au Congo et qu’elle n’est pas seulement justifiée par les appels de l’opposition. Pour s’en convaincre, lors des législatives de 2012, en dépit de la présence des candidats de l’opposition, le taux de participation n’était pas comparable avec celui de 2002, année du scrutin référendaire ayant adopté la constitution actuelle.
Et chaque fois, le taux de participation des électeurs est plus élevé dans les campagnes que dans les villes (Brazzaville et Pointe-Noire et Dolisie), où les politiques mènent souvent, des actions presque « nocives » qui ébranlent le moral des citoyens.
Dans les villes aussi, l’engouement varie selon les quartiers. Pour le cas du référendum du 25 octobre 2015, par exemple, les populations des quartiers sud traumatisées par des groupes de pression mis en place à cette fin par l’opposition n’étaient plus libres de se déplacer comme elles l’auraient voulu. Par contre, dans les autres quartiers de Brazzaville, ce vote référendaire a suscité une motivation extraordinaire, auprès notamment des jeunes qui prenaient d’assaut les bureaux de vote.
Rals-le bol vis à vis des politiques
Le refus d’aller voter n’est pas nouveau, nous l’avons dit. Mais, forcément, il n’est pas que le fait des appels des leaders au boycott. C’est pourquoi cité par Florence Maurice, l’envoyée spéciale de Rfi à Brazzaville, dans son reportage de ce 26 octobre 2015 en matinée, l’Observatoire congolais des droits de l’homme (OCDH), s’est référé aux « législatives de 2012 », qui n’avaient pas mobilisé les foules comme on s’y attendait dans le pays.
Il n’est d’ailleurs pas exclu que le discours politique de façon générale ait contribué à la fertilité du terrain sur lequel les mêmes politiques sèment les appels au boycott.
En effet, dans notre société, le discours politique ne galvanise plus les militants avec autant de sincérité. Ainsi, il devient difficile de rencontrer dans les partis politiques, des militants réellement convaincus. L’illustration de cette illusion du nombre est visible en observant la balade des militants entre différentes réunions des partis et ou associations politiques, notamment lors des campagnes électorales. Non seulement, les mêmes sont partout, mais aussi, parfois ils sortent de ces réunions sans avoir intériorisé le fond du discours d’un leader ou d’un l’autre.
Ainsi, dans un autre reportage diffusé le 23 octobre dernier, l’envoyée spéciale de Rfi à Brazzaville a donné la parole à un jeune, Franck Nzila, qu’elle a présenté comme l’un des manifestants et qui exprimait pourtant son ras-le-bol, vis à vis des politiques: « On ne croit ni au pouvoir ni à l’opposition », a, entre autres, déclaré Franck Nzila. Un autre interviewé dans le même reportage, présenté comme un habitant de Bacongo et qui s’appellerait Aimé a clamé : « Les politiciens sont comme des sorciers. La journée, ce sont des ennemis, la nuit, ils se retrouvent. On doit le dire haut et fort : on en a marre ! ».
C’est dire que les partis politiques ont également une responsabilité dans l’indifférence que les citoyens affichent vis-à-vis du vote. Ils ont intérêt à redresser leur discours en direction de la population.
Par ailleurs, dans un pays où le cycle électoral est régulier depuis 2002 (plus de dix ans), face aux besoins toujours croissants du peuple, la population se sent certainement lassée de voter chaque fois. On entend souvent des citoyens dire que les députés par exemple ne leur donnent pas satisfaction. Comme pour exprimer leur déception, les populations refusent d’accomplir leur acte civique.
Encore que l’administration électorale n’est pas exempte de reproches dans le développement de cette abstention.