Léthargie sur les accords monétaires
Entamée au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la Zone Franc a donné naissance au franc CFA en 1945. En fournissant les devises nécessaires à la convertibilité du Franc CFA, le trésor public français assure la garantie illimitée des monnaies émises par les deux banques centrales africaines. Ni la signature du traité de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) en 1962, ni la révision des accords monétaires en 1972 et 1973, ne remettent en cause l’assistance et l’influence françaises. Les africains semblent confortés par cette situation de dépendance.
S’il faut reconnaître que la France a permis à ses ex-colonies d’Afrique d’avoir une unicité monétaire, cela ne justifie pas le refus des Etats africains de s’émanciper de son protectorat monétaire.
Au lendemain des indépendances, la zone Franc a été maintenue grâce aux pressions politiques qu'exerçait la France sur ses anciennes colonies d'Afrique noire. En effet, elle subordonnait l'octroi de l'indépendance à la signature par ces colonies de conventions de coopération. La prolifération de ces accords a assuré à la France le maintien de ses avantages économiques et de son influence géopolitique sur le continent. Certains y voient même une prolongation de la servitude coloniale. Aujourd’hui, il appartient aux africains de rompre les jougs des cette dépendance monétaire.
Déséquilibre contractuel et immixtion irrégulière de l’Union européenne dans la Zone Franc
La contrepartie la plus significative des avances du trésor français est l'obligation pour les Etats africains de déposer une partie de leurs réserves de change dans leurs comptes d'opérations tenus par la France. Cette centralisation des réserves au profit de la France est jugée abusive, dans la mesure où la garantie française n'est nécessaire que si les comptes d'opérations africaines sont débiteurs. Lorsque les banques centrales africaines disposent suffisamment de réserves de change, la garantie de convertibilité du franc CFA reste théorique et inutile. De même, le paiement d'intérêts pour le débit des comptes courants d'opérations crée un déséquilibre au profit de la France.
La dévaluation du franc CFA en 1994 et la disparition du franc français suite à l’avènement de l’Euro ont suscité des interrogations sur l’opportunité de maintenir la Zone Franc. Dorénavant, l’Union Européenne participe par ricochet à la gestion monétaire des Etats africains. Le Système Européen des Banques Centrales, qui définit et met en œuvre la politique monétaire de l’Europe, s’invite dans l’économie des accords monétaires franco-africains auxquels il n’était pas partie. Cette immixtion remet en cause la validité de ces accords et justifie leur résiliation.
Nos dirigeants doivent arrêter de s’infantiliser en préférant se faire assister et guider ad vitam aeternam. On ne peut plus utiliser les dégâts causés par la colonisation pour justifier l’inertie face à la problématique du Franc CFA. Les gaulois ont subi la colonisation romaine faite par les épées et le sang. Durant cette domination, ils ont beaucoup appris de la science romaine et ce sont modernisés avec. Aujourd’hui, les descendants de Jules César et de Vercingétorix se sont mis sur le même piédestal pour créer une monnaie commune, l’Euro. Alors, à quand l’Afro ?
Entamée au lendemain de la deuxième guerre mondiale, la Zone Franc a donné naissance au franc CFA en 1945. En fournissant les devises nécessaires à la convertibilité du Franc CFA, le trésor public français assure la garantie illimitée des monnaies émises par les deux banques centrales africaines. Ni la signature du traité de l'Union Monétaire Ouest Africaine (UMOA) en 1962, ni la révision des accords monétaires en 1972 et 1973, ne remettent en cause l’assistance et l’influence françaises. Les africains semblent confortés par cette situation de dépendance.
S’il faut reconnaître que la France a permis à ses ex-colonies d’Afrique d’avoir une unicité monétaire, cela ne justifie pas le refus des Etats africains de s’émanciper de son protectorat monétaire.
Au lendemain des indépendances, la zone Franc a été maintenue grâce aux pressions politiques qu'exerçait la France sur ses anciennes colonies d'Afrique noire. En effet, elle subordonnait l'octroi de l'indépendance à la signature par ces colonies de conventions de coopération. La prolifération de ces accords a assuré à la France le maintien de ses avantages économiques et de son influence géopolitique sur le continent. Certains y voient même une prolongation de la servitude coloniale. Aujourd’hui, il appartient aux africains de rompre les jougs des cette dépendance monétaire.
Déséquilibre contractuel et immixtion irrégulière de l’Union européenne dans la Zone Franc
La contrepartie la plus significative des avances du trésor français est l'obligation pour les Etats africains de déposer une partie de leurs réserves de change dans leurs comptes d'opérations tenus par la France. Cette centralisation des réserves au profit de la France est jugée abusive, dans la mesure où la garantie française n'est nécessaire que si les comptes d'opérations africaines sont débiteurs. Lorsque les banques centrales africaines disposent suffisamment de réserves de change, la garantie de convertibilité du franc CFA reste théorique et inutile. De même, le paiement d'intérêts pour le débit des comptes courants d'opérations crée un déséquilibre au profit de la France.
La dévaluation du franc CFA en 1994 et la disparition du franc français suite à l’avènement de l’Euro ont suscité des interrogations sur l’opportunité de maintenir la Zone Franc. Dorénavant, l’Union Européenne participe par ricochet à la gestion monétaire des Etats africains. Le Système Européen des Banques Centrales, qui définit et met en œuvre la politique monétaire de l’Europe, s’invite dans l’économie des accords monétaires franco-africains auxquels il n’était pas partie. Cette immixtion remet en cause la validité de ces accords et justifie leur résiliation.
Nos dirigeants doivent arrêter de s’infantiliser en préférant se faire assister et guider ad vitam aeternam. On ne peut plus utiliser les dégâts causés par la colonisation pour justifier l’inertie face à la problématique du Franc CFA. Les gaulois ont subi la colonisation romaine faite par les épées et le sang. Durant cette domination, ils ont beaucoup appris de la science romaine et ce sont modernisés avec. Aujourd’hui, les descendants de Jules César et de Vercingétorix se sont mis sur le même piédestal pour créer une monnaie commune, l’Euro. Alors, à quand l’Afro ?
Liasses de Franc CFA. Crédit photo : Sources
Faut-il attendre un crash économique européen pour assumer la souveraineté monétaire africaine ?
La force de l’Euro ne reflète pas celle de toutes les économies de la zone. De grosses sommes ont été injectées dans les économies défaillantes pour sauver la face de l’Euro. Après la Grèce, le Portugal, l’Italie et l’Espagne, la France, qui garantit le franc CFA, est inquiétée par le poids de sa dette publique. En deux ans la note de sa dette souveraine a été dégradée à trois reprises par les agences de notation Standard & Poor's et Moody’s. La France a du mal à maintenir son taux de chômage en dessous de 10% ; à redresser ses comptes publics sans dépouiller ses contribuables ; à mettre en œuvre les réformes et assurer une stabilité fiscale nécessaires à une croissance durable. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, vient de dénoncer en demi-teinte le défaut de stabilité fiscale de la France (Interview au Journal du Dimanche du 15 décembre 2013).
Pour résoudre la perte de compétitivité que traversent les économies européennes, l’idée de revoir à la baisse la parité de l’Euro face au Dollar américain fait son chemin. Cela entraînerait de facto une dévaluation du Franc CFA qui est arrimé à l’euro, avec de trompeuses conséquences sur les chiffres de la croissance.
Il y a vingt ans, les crises du Franc français avaient provoqué la dévaluation du Franc CFA. Aujourd’hui, le poids de la dette française pourrait provoquer des crashs obligataires, susceptibles d’impacter négativement la santé économique de la zone CFA, dans les années qui viennent. Devons-nous attendre de subir les dégâts pour construire notre souveraineté monétaire ? Si nos dirigeants ne s’activent pas, une autre dévaluation du franc CFA, conventionnelle ou factuelle, serait prévisible. Gouverner c’est prévenir : un sommet Afrique-France sur l’avenir du Franc CFA est souhaitable.
Aliou TALL
Président du RADUCC (Réseau Africain de Défense des Usagers, des Consommateurs et du Citoyen)
Email : [email protected]
La force de l’Euro ne reflète pas celle de toutes les économies de la zone. De grosses sommes ont été injectées dans les économies défaillantes pour sauver la face de l’Euro. Après la Grèce, le Portugal, l’Italie et l’Espagne, la France, qui garantit le franc CFA, est inquiétée par le poids de sa dette publique. En deux ans la note de sa dette souveraine a été dégradée à trois reprises par les agences de notation Standard & Poor's et Moody’s. La France a du mal à maintenir son taux de chômage en dessous de 10% ; à redresser ses comptes publics sans dépouiller ses contribuables ; à mettre en œuvre les réformes et assurer une stabilité fiscale nécessaires à une croissance durable. Le président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, vient de dénoncer en demi-teinte le défaut de stabilité fiscale de la France (Interview au Journal du Dimanche du 15 décembre 2013).
Pour résoudre la perte de compétitivité que traversent les économies européennes, l’idée de revoir à la baisse la parité de l’Euro face au Dollar américain fait son chemin. Cela entraînerait de facto une dévaluation du Franc CFA qui est arrimé à l’euro, avec de trompeuses conséquences sur les chiffres de la croissance.
Il y a vingt ans, les crises du Franc français avaient provoqué la dévaluation du Franc CFA. Aujourd’hui, le poids de la dette française pourrait provoquer des crashs obligataires, susceptibles d’impacter négativement la santé économique de la zone CFA, dans les années qui viennent. Devons-nous attendre de subir les dégâts pour construire notre souveraineté monétaire ? Si nos dirigeants ne s’activent pas, une autre dévaluation du franc CFA, conventionnelle ou factuelle, serait prévisible. Gouverner c’est prévenir : un sommet Afrique-France sur l’avenir du Franc CFA est souhaitable.
Aliou TALL
Président du RADUCC (Réseau Africain de Défense des Usagers, des Consommateurs et du Citoyen)
Email : [email protected]