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ANALYSE

Santé : négligences médicales, doit-on continuer à s'en remettre à Dieu ?


Alwihda Info | Par Barra Lutter - 27 Août 2024


Le nombre de décès et de séquelles de faute ou d’erreur médicale augmentent, mais l'absence des statistiques de défaillance de nos médecins amène à s'interroger.


Les erreurs médicales sont une réalité dans nos structures sanitaires. Malheureusement, la plupart des victimes préfèrent faire porter le chapeau à Dieu, « que c'est sa volonté de prendre toute âme et rendre handicap qui le veut », une réponse logique pour une population en majorité analphabète dont le système de santé en manque des moyens d'assurer les soins de qualité.

Cependant, le nombre de décès et de séquelles de faute ou d’erreur médicale augmentent, mais l'absence des statistiques de défaillance de nos médecins nous amène à s'interroger. Pourquoi ces erreurs sont-ils souvent étouffés dans le silence ? Logiquement, il faut un marteau pour obliger ces hommes au blouse blanche de bien soigner leur patience.

Au Tchad, comme partout en Afrique, faire recours à la justice contre les erreurs médicales se heurtent à d'énormes difficultés, notamment faute de base légale pour les juger. Bien que certaines victimes en meurent, d’autres deviennent des handicapés, ce qui est difficile de porter plainte. Mais jusqu'à quand doit-on continuer à s'en remettre à Dieu ?

Au fait, ces fautes et erreurs médicales, de plus en plus fréquentes, sont des doses élevées ou mal injectées, des prescriptions médicales sans vérifier les antécédents du malade, organe coupé par inadvertance, pour ne citer que ceux-là. Pourtant, les structures sanitaires sont créées pour retarder la mort et sauver des vies. Force est de constater que ces dernières sont devenues des mouroirs, par la négligence de certains agents sanitaires.

Sinon, comment comprendre qu'on puisse administrer du sérum glucosé à un diabétique, sans vérifier au préalable son statut médical ? À cela s'ajoute le retard de traitement des patients dans les urgences. Comment un patient arrive aux urgences dans un état critique perdre la vie quelques heures plus tard, sans qu'un médecin puisse ausculter ?

Cette triste réalité nous amène à s'interroger nos médecins sont-ils à la hauteur de leur mission ? Quelle est la cause de cette négligence ? Autant d'interrogations qui nécessitent une réflexion. Pourtant, ces agents de santé ont juré de tout mettre en œuvre, pour sauver la vie des malades notamment, le serment d'Hippocrate. Toutefois, le plus important est d'analyser à la loupe le domaine de la santé de notre pays.

L’État ne joue pas sa fonction régalienne, celle d'assurer la santé de sa population. Comment peut-on parler du droit à la santé quand le système de santé est défaillant ? Au fait, les fautes et erreurs commises par le personnel soignant sont autant liées à leurs conditions de travail, selon plusieurs experts.

C'est pourquoi l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise une relation personnelle soignant/bénéficiaires de soins à un infirmier sur 5 malades. Ce qui n'est pas le cas au Tchad, bien que des structures sanitaires publics ne répondent pas aux normes. Un seul infirmier doit s'occuper de plus d’une trentaine de patients au quotidien.

Cependant, une étude confirmée que les volumes horaires, les conditions de travail et salariales peu réunies, peuvent pousser les médecins à commettre des erreurs dans les soins. La problématique des erreurs médicales est préoccupation qui touche même les pays développés.

Selon un rapport produit le secrétariat de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), « les erreurs médicales provoquent entre 44 000 et 98 000 décès annuels dans les seuls hôpitaux des Etats-Unis d’Amérique, c’est-à-dire plus que les accidents de la circulation, le cancer du sein ou le SIDA ».

Si tels sont les chiffres d'un pays aussi développé. Qu’en serait-il du Tchad ? En tout cas, comparaison n'est pas raison, au 21ème siècle, il est n'est pas admissible que l'accouchement devienne un cauchemar des parents. Beaucoup des femmes meurent en donnant la naissance.

Combien de temps faut-il laisser la vie de toute la population entre les mains de ces médecins sans qu'on les oblige aux résultats ? Il est temps que la question sur les erreurs médicales ne passe inaperçue Le Tchad peut s'inspirer du système de santé cubain souvent cité comme exemple, basé sur un principe la prévention, « chaque personne et chaque peuple a le droit à une vie saine, et doit profiter du privilège d’une existence prolongée et utile ».

C'est depuis 1959 que Cuba a fait de la santé une priorité nationale. Pourtant, c'est un peu moins riche, mais l'État consacre 5% de PIB à la santé. Le Tchad doit emprunter les pas en fait de la santé une priorité.



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