Nommé ministre de l’Investissement en 2006, il a ensuite été élu gouverneur du Nil Bleu, poste qu’il a occupé jusqu’en septembre dernier, lorsque le conflit a débuté à Damazin et que Khartoum l’a destitué de son poste. Extrêmement populaire dans le Nil Bleu, Malik Agar est vu par certains comme un pragmatique et par d’autres comme une chef trop faible qui a tendance à privilégier le compromis avec Khartoum.
Les objectifs du FRS
Malik Agar, le chef du Front révolutionnaire soudanais qui veut prendre Khartoum, a accordé un entretien exclusif à Stéphanie Braquehais, envoyée spéciale de RFI et France 24, depuis une de ses bases dans la zone rebelle du Nil Bleu. Dans cet extrait, il précise les objectifs de son mouvement qui regroupe les 40.000 combattants soudanais qui se sont battuS pour l'indépendance du Sud et plusieurs mouvements rebelles du Darfour :
Les cheveux grisonnants, vêtu d’un uniforme militaire, Malik Agar a une carrure massive qui impressionne. Cet homme âgé d’une soixantaine d’années est depuis février dernier le chef du front révolutionnaire soudanais, une coalition de mouvements rebelles qui vise à renverser le régime de Khartoum.
Père de cinq enfants, Malik Agar est né dans les monts Ingessena au Nil Bleu. Il rejoint la rébellion sudiste en 1984 et devient lieutenant général, grade qu’il continue à porter aujourd’hui. Il n’hésite pas à raconter comment en 1987, alors qu’il devait livrer des munitions à ses camarades de l’armée populaire de libération du Soudan, il a marché avec ses troupes pendant des semaines depuis le Nil Bleu jusqu’à Yambio en Equateur occidental.
Durant toutes ces années, il a tenu un journal chaque jour, qu’il confie avoir donné à une de ses filles, qui écrira sûrement, dit-il, un livre sur la lutte à partir de ses écrits. Il a activement participé aux négociations de paix où il prônait un accord avec Khartoum, signé en 2005.
« Notre but ultime est de changer le régime à Khartoum, pour créer un gouvernement démocratique, qui permet un large partage du pouvoir, une Constitution qui est acceptée par tous les Soudanais pour avoir un Etat viable. Nous devons être Soudanais avant d’être religieux. Il faut que nous soyons Soudanais avant d’être Arabes. Il faut être Soudanais avant d’être Funj ou Nouba. C’est notre principe fondamental. Il faut qu’on se voit comme des Soudanais.
Et nous devons, ajoute Malik Agar, créer un Etat soudanais avec une démocratie pleine et entière qui permet à qui que ce soit, chaque homme et chaque femme d’exercer la religion qu’il ou qu’elle souhaite. On ne peut pas créer un Etat islamique au Soudan, cela a créé le chaos pendant les cinquante dernières années. Et cela a d’ailleurs abouti à la sécession du Soudan du Sud. Vous ne pouvez pas construire le Soudan sur l’ethnicité ».
Pour écouter l'intégralité de cet entretien, rendez-vous ce jeudi 10 mai sur France 24 en anglais, à 12h40 heure de Paris et 17h40 heure de Paris sur France 24 en français.
Source: RFI