Siège du parti Les Transformateurs
Une interview qui se divise en trois principaux thèmes et en quatre parties avec le personnage, le parti politique et les actions des Transformateurs. Suite à cet entretien inédit, objectif et d’une exclusivité unique avec le Président du parti « Les Transformateurs », Succès Masra, d’une durée de cinq heures au quartier général du parti et plus précisément dans son bureau, la rédaction d’Alwihda Info vous propose de lire cette première partie (1/4) de ce grand « Dossier entretien » où le Président Masra n’a pas hésité à se dévoiler et à se confier avec une bienveillance exceptionnelle et une profonde passion pour le développement politique, économique et social de notre pays dont sa maîtrise des différents enjeux semble plus qu’incontestable.
Le Rendez-vous fut fixé à 10h00, nous arrivâmes à 10h12 très précisément pour la première fois devant le siège du parti politique imposant, entre les premiers contrôles de sécurité, vérification d’identité, légère attente dans la salle d’accueil où nous aperçûmes des jeunes étudiants en partance pour l’étranger qui furent pressés de retirer leurs cartes d’adhésion, d’autres personnes murmuraient, tel un débat, dans une salle vitrée sur la politique africaine et quelques chefs d’États du continent noir. Enfin un nettoyage des mains s’imposa avec un produit spécial obligé avant de rencontrer le « Boss ». Nous fûmes ainsi introduits par la sécurité dans le bureau du Président une quinzaine de minutes plus tard. C’est un homme occupé, respectueux, posé, souriant mais disponible et détendu qui nous accueillîmes avec une grande bienveillance et sympathie quelques minutes après avoir terminé son « call » avec l’étranger nous dis-t-il. Il se leva après salutations pour aller chercher de quoi nous servir en personne du fond de son bureau afin de se rafraîchir. Très vite, nous allumâmes l’enregistreur et nous commençâmes pour un long mais riche interview d’au moins cinq heures.
Comment allez-vous et comment vont vos activités ?
Écoutez, avec beaucoup d’espérance mais c’est à l’image du pays avec beaucoup de défis. Vous êtes ici dans la maison de l’espoir, « Bet al Amal » comme je l’appelle en arabe et « hope and leadership House » en anglais, donc voilà on avance dans nos activités avec beaucoup d’espoir. C’est ça qui nous motive tous les jours.
Pouvez-vous nous donner une brève présentation de votre personne ?
Merci beaucoup, je suis très ravi de parler à Alwihda, c’est en tout cas un grand média de notre pays et un média qui a été l’avant-garde sur les questions technologiques etc… donc je suis très content de vous accueillir ici au nom de tous les transformateurs. Nous vous disons bienvenue et je suis très ravi d’être là. En ce qui me concerne, comment me présenter ? J’aime souvent dire aux gens que je suis tchadien de la tête aux pieds qui a eu la chance de grandir au Tchad et qui a ensuite eu la chance d’aller à la rencontre d’autres peuples et de me bonifier au gré des rencontres, celles de toutes les diversités, j’ai vu des chrétiens, j’ai vu des musulmans, j’ai côtoyé des arabes, des juifs, j’ai côtoyé des athées, des non-croyants et d’une certaine manière tout cela a permis de bâtir l’homme que je suis, et qui a eu des branches que sont l’humanité, collecté ici et là au gré de différentes rencontres. Je suis né au Tchad dans un petit village où j’ai commencé l’école dans une famille très très modeste mais dans une sorte un peu de bonheur familial où l’amour n’a jamais manqué même dans cette précarité. Au village je voulais aller à l’école mais c’était difficile d’avoir de l’argent pour m’y inscrire. Il a alors fallu que j’aille faire la récolte des restes de mils pour faire vendre par ma grand-mère au marché hebdomadaire du village le jeudi. Je suis d’ailleurs allé voir ce marché récemment et ma grand-mère a vendu le reste de mil lui permettant de collecter 500 francs CFA, je me suis inscris avec 200 francs et le reste m’a permis d’acheter une ardoise de couleur noire, ça coutait 100 francs CFA, j’ai acheté les craies de couleurs bleue, jaune rouge et il y avait une couleur blanche. Donc ça faisait 400 francs de dépensé et le reste j’ai acheté des boulettes que j’ai mangé avec mes camarades. Le lendemain je suis allé à l’école, j’avais un t-shirt noir en nylon, je m’en souviens, je n’avais pas d’autre habit. Je lavais ça la nuit et comme il faisait chaud dans notre pays, en 2 heures c’était sec et je repartais. Je n’avais pas l’argent pour acheter les chaussures à l’école, j’utilisais les feuilles de manguiers que je sais faire d’ailleurs aujourd’hui et c’est comme ça que je marchais avec pour l’école. On mangeait même les feuilles de rônier qui nous donnaient de l’énergie, du glucose. Je suis allé à l’école le premier jour en retard d’ailleurs parce qu’il fallait que je réussisse à m’inscrire. Je me souviens le premier jour j’arrive à l’école, on épelle les noms donc mon nom c’est Masra Succès, on a appelé un nom qui commençait par un « K » avant moi « Kendjé Bodo » puis les gens ont répondu « absent » et puis subitement j’entends aussi mon nom « Masra Succès », c’est la première fois que l’on m’appelait aussi solennellement avec le nom et le prénom et j’ai répondu aussi absent car c’était le seul mot en français que je venais d’entendre et toute la classe rigolait de moi. Mon maître s’est rapproché de moi, maître « Nodji » et puis il m’a dit mais Masra, je voyais dans la salle que j’avais tellement honte, que viens-je de faire moi qui voulait tellement aller à l’école, je viens de commettre une boude qui va me coller à la peau pour le restant des temps mais le maître s’est approché de moi, je voyais tout noir à coté mais je ne voyais que le maître et il m’a dit en langue locale « quand tu es là, tu dis présent et quand tu n’es pas là du dis absent ». C’était le premier mot en français dont je comprenais le sens c’était le mot « présent » et je lui ai répondu spontanément « Maître mais désormais je répondrai présent » et c’est devenu une maxime de ma vie et ce « désormais je répondrai présent » a été en tout cas l’espèce d’énergie qui m’a porté.
De ce village je suis arrivé en retard à l’école d’un mois et à la fin de l’année je suis arrivé le premier de ma classe et puis j’ai continué et encore à Moundou, Sarh, j’ai fait le concours d’entrée en 6ème à partir du CM1, je suis allé au collège Charles Lwanga et j’ai poursuivis jusqu’en terminale C, le reste vous connaissez, le Cameroun, la France, mon doctorat, les écoles internationales… et puis à 26 ans je suis devenu un fonctionnaire international. Le petit garçon de ce petit village a donc fait tout ce chemin là et c’est pourquoi au niveau des transformateurs nous voulons rendre hommage aux enseignants. L’éducation n’est pas une des premières priorités mais la première priorité, nous voulons l’inscrire dans la constitution tchadienne comme une clause fondamentale. C’est une vraie révolution parce qu’avec l’éducation, les tchadiens savent vous donner ce qu’on appelle le « Ilim » et avec ça vous permettez aux enfants de la république qui viennent des milieux modestes comme le mien de pouvoir accéder à un minimum de respectabilité sociale, vous leurs permettez de pouvoir trouver les meilleures solutions du monde et donc c’est pour cela que je suis convaincu que la première matière première est la matière grise et où est-ce que ça se matérialise le mieux ?
Dans l’éducation et il faut faire de l’éducation la première priorité et donc d’une certaine manière mon hommage aux enseignants tient à ces choses-là puis après c’est la culture du travail puis finalement les bourses d’excellence, les écoles jésuites par lesquelles je suis passé, euh… où il y avait un concentré de tout le monde, les gens venaient de tout bord dont je m’en souviens à Sarh de toutes les religions, de toutes les croyances…
Partout des bourses d’excellence ont permis à des personnes issues de milieux modestes comme nous autres d’y arriver. C’est pour cela que nous voulons faire de la valeur travail et du mérite, un des éléments majeurs de notre pays. Puisque si vous mettez les gens sur les vertus du travail et le travail est tellement important que le pays a mis le travail au centre de notre devise entre l’unité comme base et le progrès comme promesse.
Si nous prenons en compte cette valeur travail, et bien en tout cas cela nous permettra d’inventer le Tchad de demain. L’homme que je suis est celui-là venu d’un milieu modeste ayant rencontré des personnes qui ont permis de croire en moi et finalement qui ont valorisé ce que j’avais comme talent plutôt que à quoi je ressemblais. C’est pour cela que nous voulons faire de la diversité une force. Le Tchad dont nous rêvons en tant que transformateurs c’est ce Tchad, là qui sera assis sur des valeurs d’excellence, de mérite, du travail bien fait indépendamment d’où vous venez. Le dernier point qui a façonné l’homme que je suis est que j’avais des frères et sœurs chrétiens et musulmans notre grand père a permis que chacun fête sa religion. Nous fêtions alors noël et l’aïd. La diversité n’est pas du cirage mais quelque chose de vécu. J’ai été un peu long mais c’est pour vous dire qui je suis, c’est cet homme-là qui crois en la valeur du travail et qui crois que toute la diversité est une force.
Le Rendez-vous fut fixé à 10h00, nous arrivâmes à 10h12 très précisément pour la première fois devant le siège du parti politique imposant, entre les premiers contrôles de sécurité, vérification d’identité, légère attente dans la salle d’accueil où nous aperçûmes des jeunes étudiants en partance pour l’étranger qui furent pressés de retirer leurs cartes d’adhésion, d’autres personnes murmuraient, tel un débat, dans une salle vitrée sur la politique africaine et quelques chefs d’États du continent noir. Enfin un nettoyage des mains s’imposa avec un produit spécial obligé avant de rencontrer le « Boss ». Nous fûmes ainsi introduits par la sécurité dans le bureau du Président une quinzaine de minutes plus tard. C’est un homme occupé, respectueux, posé, souriant mais disponible et détendu qui nous accueillîmes avec une grande bienveillance et sympathie quelques minutes après avoir terminé son « call » avec l’étranger nous dis-t-il. Il se leva après salutations pour aller chercher de quoi nous servir en personne du fond de son bureau afin de se rafraîchir. Très vite, nous allumâmes l’enregistreur et nous commençâmes pour un long mais riche interview d’au moins cinq heures.
Comment allez-vous et comment vont vos activités ?
Écoutez, avec beaucoup d’espérance mais c’est à l’image du pays avec beaucoup de défis. Vous êtes ici dans la maison de l’espoir, « Bet al Amal » comme je l’appelle en arabe et « hope and leadership House » en anglais, donc voilà on avance dans nos activités avec beaucoup d’espoir. C’est ça qui nous motive tous les jours.
Pouvez-vous nous donner une brève présentation de votre personne ?
Merci beaucoup, je suis très ravi de parler à Alwihda, c’est en tout cas un grand média de notre pays et un média qui a été l’avant-garde sur les questions technologiques etc… donc je suis très content de vous accueillir ici au nom de tous les transformateurs. Nous vous disons bienvenue et je suis très ravi d’être là. En ce qui me concerne, comment me présenter ? J’aime souvent dire aux gens que je suis tchadien de la tête aux pieds qui a eu la chance de grandir au Tchad et qui a ensuite eu la chance d’aller à la rencontre d’autres peuples et de me bonifier au gré des rencontres, celles de toutes les diversités, j’ai vu des chrétiens, j’ai vu des musulmans, j’ai côtoyé des arabes, des juifs, j’ai côtoyé des athées, des non-croyants et d’une certaine manière tout cela a permis de bâtir l’homme que je suis, et qui a eu des branches que sont l’humanité, collecté ici et là au gré de différentes rencontres. Je suis né au Tchad dans un petit village où j’ai commencé l’école dans une famille très très modeste mais dans une sorte un peu de bonheur familial où l’amour n’a jamais manqué même dans cette précarité. Au village je voulais aller à l’école mais c’était difficile d’avoir de l’argent pour m’y inscrire. Il a alors fallu que j’aille faire la récolte des restes de mils pour faire vendre par ma grand-mère au marché hebdomadaire du village le jeudi. Je suis d’ailleurs allé voir ce marché récemment et ma grand-mère a vendu le reste de mil lui permettant de collecter 500 francs CFA, je me suis inscris avec 200 francs et le reste m’a permis d’acheter une ardoise de couleur noire, ça coutait 100 francs CFA, j’ai acheté les craies de couleurs bleue, jaune rouge et il y avait une couleur blanche. Donc ça faisait 400 francs de dépensé et le reste j’ai acheté des boulettes que j’ai mangé avec mes camarades. Le lendemain je suis allé à l’école, j’avais un t-shirt noir en nylon, je m’en souviens, je n’avais pas d’autre habit. Je lavais ça la nuit et comme il faisait chaud dans notre pays, en 2 heures c’était sec et je repartais. Je n’avais pas l’argent pour acheter les chaussures à l’école, j’utilisais les feuilles de manguiers que je sais faire d’ailleurs aujourd’hui et c’est comme ça que je marchais avec pour l’école. On mangeait même les feuilles de rônier qui nous donnaient de l’énergie, du glucose. Je suis allé à l’école le premier jour en retard d’ailleurs parce qu’il fallait que je réussisse à m’inscrire. Je me souviens le premier jour j’arrive à l’école, on épelle les noms donc mon nom c’est Masra Succès, on a appelé un nom qui commençait par un « K » avant moi « Kendjé Bodo » puis les gens ont répondu « absent » et puis subitement j’entends aussi mon nom « Masra Succès », c’est la première fois que l’on m’appelait aussi solennellement avec le nom et le prénom et j’ai répondu aussi absent car c’était le seul mot en français que je venais d’entendre et toute la classe rigolait de moi. Mon maître s’est rapproché de moi, maître « Nodji » et puis il m’a dit mais Masra, je voyais dans la salle que j’avais tellement honte, que viens-je de faire moi qui voulait tellement aller à l’école, je viens de commettre une boude qui va me coller à la peau pour le restant des temps mais le maître s’est approché de moi, je voyais tout noir à coté mais je ne voyais que le maître et il m’a dit en langue locale « quand tu es là, tu dis présent et quand tu n’es pas là du dis absent ». C’était le premier mot en français dont je comprenais le sens c’était le mot « présent » et je lui ai répondu spontanément « Maître mais désormais je répondrai présent » et c’est devenu une maxime de ma vie et ce « désormais je répondrai présent » a été en tout cas l’espèce d’énergie qui m’a porté.
De ce village je suis arrivé en retard à l’école d’un mois et à la fin de l’année je suis arrivé le premier de ma classe et puis j’ai continué et encore à Moundou, Sarh, j’ai fait le concours d’entrée en 6ème à partir du CM1, je suis allé au collège Charles Lwanga et j’ai poursuivis jusqu’en terminale C, le reste vous connaissez, le Cameroun, la France, mon doctorat, les écoles internationales… et puis à 26 ans je suis devenu un fonctionnaire international. Le petit garçon de ce petit village a donc fait tout ce chemin là et c’est pourquoi au niveau des transformateurs nous voulons rendre hommage aux enseignants. L’éducation n’est pas une des premières priorités mais la première priorité, nous voulons l’inscrire dans la constitution tchadienne comme une clause fondamentale. C’est une vraie révolution parce qu’avec l’éducation, les tchadiens savent vous donner ce qu’on appelle le « Ilim » et avec ça vous permettez aux enfants de la république qui viennent des milieux modestes comme le mien de pouvoir accéder à un minimum de respectabilité sociale, vous leurs permettez de pouvoir trouver les meilleures solutions du monde et donc c’est pour cela que je suis convaincu que la première matière première est la matière grise et où est-ce que ça se matérialise le mieux ?
Dans l’éducation et il faut faire de l’éducation la première priorité et donc d’une certaine manière mon hommage aux enseignants tient à ces choses-là puis après c’est la culture du travail puis finalement les bourses d’excellence, les écoles jésuites par lesquelles je suis passé, euh… où il y avait un concentré de tout le monde, les gens venaient de tout bord dont je m’en souviens à Sarh de toutes les religions, de toutes les croyances…
Partout des bourses d’excellence ont permis à des personnes issues de milieux modestes comme nous autres d’y arriver. C’est pour cela que nous voulons faire de la valeur travail et du mérite, un des éléments majeurs de notre pays. Puisque si vous mettez les gens sur les vertus du travail et le travail est tellement important que le pays a mis le travail au centre de notre devise entre l’unité comme base et le progrès comme promesse.
Si nous prenons en compte cette valeur travail, et bien en tout cas cela nous permettra d’inventer le Tchad de demain. L’homme que je suis est celui-là venu d’un milieu modeste ayant rencontré des personnes qui ont permis de croire en moi et finalement qui ont valorisé ce que j’avais comme talent plutôt que à quoi je ressemblais. C’est pour cela que nous voulons faire de la diversité une force. Le Tchad dont nous rêvons en tant que transformateurs c’est ce Tchad, là qui sera assis sur des valeurs d’excellence, de mérite, du travail bien fait indépendamment d’où vous venez. Le dernier point qui a façonné l’homme que je suis est que j’avais des frères et sœurs chrétiens et musulmans notre grand père a permis que chacun fête sa religion. Nous fêtions alors noël et l’aïd. La diversité n’est pas du cirage mais quelque chose de vécu. J’ai été un peu long mais c’est pour vous dire qui je suis, c’est cet homme-là qui crois en la valeur du travail et qui crois que toute la diversité est une force.
Les Transformateurs
Quid de votre parcours à la BAD ? Vous avez représenté le Tchad et travaillé pour l’ensemble des pays africains et membres de cette institution.
J’ai fait mes études en France et j’ai commencé à travailler à Paris, et j’avais toujours à cœur de servir mon continent, mon pays, c’est mon dernier objectif, mon dernier cadran dois-je dire, je n’ai plus d’autre objectif sur la terre que celui-ci. J’avais moi envie de contribuer au développement de l’Afrique. J’aime me définir comme un soldat du développement car je veux faire partie de ceux qui feront développer le continent africain et exactement notre Tchad, pays que j’aime par-dessus tout. C’était naturel d’essayer de rentrer dans cette institution et j’ai fait le concours en 2010 et on venait de 79 pays et j’ai eu la chance moi le petit garçon venu du village d’avoir fini le premier sur ces 6000 candidats. Est-ce votre prénom qui vous a prédestiné à cette réussite (rires…) ? Bon vous savez, on dit souvent en Afrique que le nom et le prénom représentent un peu un vœu. Masra vous savez ce que ça veut dire ? non. Ça veut dire en langue sara « i can », « je peux » et donc souvent les gens me taquinent en disent « nagdar ? » et donc je me suis amusé à dire cela dans un livre il ne s’agit pas simplement de baptiser un bébé pygmée Galilée pour que la révolution galiléenne ait lieu mais ça reste un vœu quand même. J’en profite pour envoyer un signal à la jeunesse que rien est impossible et rien n’est interdit. Si je regardais dans le rétroviseur initial je n’aurai jamais imaginé que moi j’allais finir dans le top 20 à ce concours sur 6000 candidats.
J’avais 26 ans tiens tiens, tiens… je suis rentré comme le plus jeune économiste du Tchad et fonctionnaire international et j’ai travaillé y compris pour le Tchad notamment sur la connexion Tchad-Cameroun, la centrale de Djermaya que la BAD vient d’accorder un prêt j’étais en charge de tout cela dans le programme énergétique « desert power », comment passer du programme à l’énergie. C’était le plus grand programme de la BAD. J’ai donc travaillé dans cette institution au sein de la vice-présidence chargée de l’économie et j’ai travaillé avec le chef économiste de la BAD, j’ai travaillé avec le vice-président chargé de la gouvernance et des réformes économiques et financières, et j’ai travaillé à la vice-présidence de tout ce qui est croissance verte, développement inclusif, énergie et électricité. Et ça c’était le dernier poste que j’occupais et j’étais en charge du programme phare de la BAD qui s’appelle le programme « desert power » de 10 milliard de dollars pour 250 millions d’habitants répartis sur 11 pays pour l’espace de la grande muraille verte donc l’espace Sahel plus tout le reste car l’énergie est la première priorité de la BAD et la première priorité de tout le continent africain car sur un milliard de citoyens africains au moins 600 millions n’ont pas l’électricité et le Tchad a un problème d’ailleurs. Sans énergie vous ne pouvez absolument rien faire. Voilà donc mon parcours à la BAD est celui d’un soldat de développement, celui qui a à cœur le développement du pays jusqu’à ce que j’ai décidé de rentrer définitivement car au bout du compte à quoi ça sert de travailler pour tout le continent et de faire de bonnes propositions pour seulement d’autres pays qui le mettent en œuvre. Je travaillais pour la plus grande centrale solaire au monde qui est au Maroc, qui a le même taux d’ensoleillement. Noor ? Oui Noor Ouarzazate, j’étais en charge de la régie économique et financière, c’est moi qui pilotais cela pour la BAD donc à quoi ça sert de faire tout ça si dans votre propre pays les choses ne marchent pas et quelle est la différence entre le Tchad et le Maroc, est-ce qu’il y a des surhumains au Maroc ? Non, ce sont des humains, est-ce qu’il y a des sous-humains au Tchad ? Non. Est-ce que l’on n’a pas le même taux d’ensoleillement ? Oui nous l’avons. Notre problème est un problème de leadership.
Le problème du continent africain est un problème de leadership et c’est une intime conviction. La première des choses que nous devons faire est d’abord d’installer un leadership serviteur et si vous avez des leaders serviteurs du fonctionnaire le moins gradé c’est à dire du sous-préfet au président de la république, vous avez des serviteurs qui ont des contrats d’objectif, de performance et d’engagement et bien vous avez des résultats. C’est en ayant voyagé à travers le monde, en travaillant pour plusieurs pays africains, comme le Gabon, la RCA, le Maroc, la Côte d’ivoire ou encore le Cameroun que j’en viens à la conclusion que l’enjeu majeur est un enjeu de leadership. Les Institutions de développement c’est comme la « synovie » qui est un petit liquide permettant de bouger, mais si vous n’avez pas de jambes alors ce liquide ne sert à rien. Cette expérience m’a permis à la fois d’avoir cette exposition internationale et de voir où ça a marché et pourquoi ça a marché et d’en tirer les leçons et d’avoir aussi une exposition multisectorielle et puis de m’être positionné aussi sur des enjeux d’avenir.
Ma thèse de doctorat à la Sorbonne portait sur l’Afrique face aux défis de l’économie post-pétrole donc ce qui est croissance verte, croissance inclusive, comment utiliser les revenus du pétrole aujourd’hui pour diversifier notre économie, je suis spécialiste de ces questions-là. Ce sont des enjeux sur lesquels j’ai beaucoup travaillé et puis la précarité de mon pays sur ces questions de l’énergie m’ont positionné et puis je crois qu’aucune transformation industrielle n’est possible sans énergie. C’est pourquoi j’alerte les dirigeants actuels pour leur dire soyons raisonnables, si nous devons réussir sur ne serait-ce qu’une seule chose, commençons par l’énergie. Un dirigeant sérieux n’a pas besoin de passer 30 ans au pouvoir pour constater cela. Je ne suis pas dans un état d’esprit d’opposition, car même si vous l’êtes, vous « négativisez », vous savez le problème de certains dirigeants restés longtemps dans l’opposition et qui ont ensuite accédé au pouvoir et qui n’ont pas été bons ? C’est parce que leur psychologie a été déformé. Travailler à s’opposer en permanence vous négativise, donc il faut travailler à proposer et être des « diagnostiqueurs solutionneurs » et être dans la proposition. C’est une troisième voie que je propose pour le Tchad. C’est un de mes conseillers Tahir Chemi qui a une formule disant « un transformateur c’est accepté de réunir le meilleur de chacun et de le mettre au service du pays ». Des gens de bons il y en a partout. Voilà donc le résumé de mon expérience à la banque africaine et de développement.
Vous avez parlé de l’énergie, de l’éducation mais pas de la justice ?
C’est une priorité majeure. Je dois dire en sus de l’éducation voir même en binôme de l’éducation c’est la justice. Tous les conflits communautaires que vous voyez, c’est un conflit non pas d’un métier contre un autre, ce sont des conflits de la justice face à l’injustice. C’est pour cela que chez les transformateurs nous avons fait les 20 propositions pour un nouveau départ qui est de dire que notre indignation face au fait que la quatrième république a sacrifié la séparation des pouvoirs. Vous savez la 4ème république et sa constitution a consacré un président qui a tous les pouvoirs même le pouvoir judiciaire, le président de la république est en même temps président du conseil supérieur de la magistrature suprême. Le Président de la cour suprême qui est censé avoir dans un pays sérieux le pouvoir de destituer même le président, qui doit trancher en matière électoral par exemple, ce Monsieur n’est que le deuxième vice-président de la magistrature suprême après le Président de la république et le Ministre de la justice. Et la meilleure illustration de cela, vous l’avez vu, le président de l’exécutif sous cette quatrième république est le président donnant des ordres oraux au président de la Cour suprême qui les entérine le jour où le premier gouvernement a prêté serment devant le Président de la république. Ce jour-là, l’exécutif a montré aux yeux du monde entier qu’il dominait le pouvoir judiciaire.
C’est à dire que ce jour-là, le président de la Cour suprême dit non que la formule est celle-ci, et puis un ministre dit non, je veux au nom de Dieu et pas au nom de Allah et puis après le Président de la république dit non permet qu’il puisse faire ainsi, et donc le président de la Cour suprême se plie à cette première injonction. Deuxième injonction, il nomme oralement un ministre séance tenante et pourtant une nomination dans une administration n’est jamais orale et le président de la Cour suprême censé faire respecter les textes et lois de la république a donc entériné qu’une déclaration orale du président de la république fait foi et permet donc de dire que le gouvernement de la première république est illégal. La constitution prévoyait que la formule même du serment devait être prise dans le cadre d’une loi postérieure. Donc on a fait jurer un gouvernement sur un vide juridique. Ce qui signifie que tout ce gouvernement qui continue à nous diriger est un gouvernement illégal. C’est dire donc que par bienveillance et par réflexion, nous qui avons fait un peu de droit et de sciences politiques, si on arrive à faire quelques chose comme un petit cocktail, nous mettons ça gratuitement au service des autres et à la disposition de tout le monde pour que cela change. Aucun d’entre eux n’ose aller dans les débats contradictoires avec nous, vous savez pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent pas eux même aller contre leur propre conscience. Ils sont incapables de venir défendre cela, c’est indéfendable. La justice est fondamentale, c’est la colonne vertébrale et c’est la boussole. Nous sommes devenus un pays où des gouverneurs tirent sur des magistrats, où des policiers refusent d’obéir aux ordres d’un procureur de la république où des individus peuvent aller tirer sur des gens qu’on amène vers la prison etc etc. Je vous laisse regarder tout cela.
Mais en fait l’ordre vient d’où ? Vous savez, Gandhi disait que « l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul moyen de convaincre ». Quand un Président de la république viole la constitution en le montrant au monde, quand un Président de la république avoue devant le monde entier avoir violé la seule chose qu’un Président ne doit jamais violer, la constitution de la république. Nous sommes le seul pays où le Président en exercice avoue aux yeux du monde entier avoir violé la constitution par une injonction extérieure alors même qu’il a juré devant Dieu, devant des hommes et sur l’honneur tout en étant officier de l’armée donc avec un minimum d’honneur qu’il protégerait la constitution. Ça vous montre donc que nous devons changer ces choses-là. Quand je dis ces choses-là, je ne m’oppose à personne, j’ai eu une formation scientifique qui est d’être factuel. Je ne suis pas un politique de démagogie qui peut dire les choses comme ça. Je suis factuel avec articles et textes à l’appui. Je termine là-dessus, la justice est fondamentale. Je peux vous garantir que lorsque l’on aura restauré à la justice ses lettres de noblesse en établissant la séparation des pouvoirs… c’est pour cela que nous définissons dans nos propositions les clauses colonnes vertébrales dans la constitution qui sont des clauses intangibles avec des juges qui pourront être élus pour un mandat renouvelable ou nommés à vie.
On les met à l’abri avec un budget, avec un confort matériel qui les mets à l’abri de toute corruption etc. SI vous faîtes ça dans une république vous allez voir comment ça va changer et tous ces conflits communautaires vont s’éteindre parce que chacun saura sa place. Nous avons créé une société en entonnoir, inversée, où ça commence par un clan, une famille après ça regarde la belle-famille, après la tribu, ensuite la religion, et ensuite le reste des tchadiens mais… avant-hier j’étais en discussion avec un des acteurs de la société civile sur une radio et qui disait « quand il y a un accident on cherche d’où vient la personne, s’il est ou non du gouvernement ». Même la pratique de la Diya doit cesser, hier le président Tombalbaye appliquait une pratique qui s’appelait le « Yondo » qui était une pratique culturelle à quelques tchadiens est aujourd’hui une bévue politique autant que la Diya. Aujourd’hui il y a même un prix avant de le tuer en fonction de votre communauté et c’est une catégorisation des tchadiens. Il y a des tchadiens de 4ème division, de troisième division…. La justice est donc fondamentale au sein d’une république.
J’ai fait mes études en France et j’ai commencé à travailler à Paris, et j’avais toujours à cœur de servir mon continent, mon pays, c’est mon dernier objectif, mon dernier cadran dois-je dire, je n’ai plus d’autre objectif sur la terre que celui-ci. J’avais moi envie de contribuer au développement de l’Afrique. J’aime me définir comme un soldat du développement car je veux faire partie de ceux qui feront développer le continent africain et exactement notre Tchad, pays que j’aime par-dessus tout. C’était naturel d’essayer de rentrer dans cette institution et j’ai fait le concours en 2010 et on venait de 79 pays et j’ai eu la chance moi le petit garçon venu du village d’avoir fini le premier sur ces 6000 candidats. Est-ce votre prénom qui vous a prédestiné à cette réussite (rires…) ? Bon vous savez, on dit souvent en Afrique que le nom et le prénom représentent un peu un vœu. Masra vous savez ce que ça veut dire ? non. Ça veut dire en langue sara « i can », « je peux » et donc souvent les gens me taquinent en disent « nagdar ? » et donc je me suis amusé à dire cela dans un livre il ne s’agit pas simplement de baptiser un bébé pygmée Galilée pour que la révolution galiléenne ait lieu mais ça reste un vœu quand même. J’en profite pour envoyer un signal à la jeunesse que rien est impossible et rien n’est interdit. Si je regardais dans le rétroviseur initial je n’aurai jamais imaginé que moi j’allais finir dans le top 20 à ce concours sur 6000 candidats.
J’avais 26 ans tiens tiens, tiens… je suis rentré comme le plus jeune économiste du Tchad et fonctionnaire international et j’ai travaillé y compris pour le Tchad notamment sur la connexion Tchad-Cameroun, la centrale de Djermaya que la BAD vient d’accorder un prêt j’étais en charge de tout cela dans le programme énergétique « desert power », comment passer du programme à l’énergie. C’était le plus grand programme de la BAD. J’ai donc travaillé dans cette institution au sein de la vice-présidence chargée de l’économie et j’ai travaillé avec le chef économiste de la BAD, j’ai travaillé avec le vice-président chargé de la gouvernance et des réformes économiques et financières, et j’ai travaillé à la vice-présidence de tout ce qui est croissance verte, développement inclusif, énergie et électricité. Et ça c’était le dernier poste que j’occupais et j’étais en charge du programme phare de la BAD qui s’appelle le programme « desert power » de 10 milliard de dollars pour 250 millions d’habitants répartis sur 11 pays pour l’espace de la grande muraille verte donc l’espace Sahel plus tout le reste car l’énergie est la première priorité de la BAD et la première priorité de tout le continent africain car sur un milliard de citoyens africains au moins 600 millions n’ont pas l’électricité et le Tchad a un problème d’ailleurs. Sans énergie vous ne pouvez absolument rien faire. Voilà donc mon parcours à la BAD est celui d’un soldat de développement, celui qui a à cœur le développement du pays jusqu’à ce que j’ai décidé de rentrer définitivement car au bout du compte à quoi ça sert de travailler pour tout le continent et de faire de bonnes propositions pour seulement d’autres pays qui le mettent en œuvre. Je travaillais pour la plus grande centrale solaire au monde qui est au Maroc, qui a le même taux d’ensoleillement. Noor ? Oui Noor Ouarzazate, j’étais en charge de la régie économique et financière, c’est moi qui pilotais cela pour la BAD donc à quoi ça sert de faire tout ça si dans votre propre pays les choses ne marchent pas et quelle est la différence entre le Tchad et le Maroc, est-ce qu’il y a des surhumains au Maroc ? Non, ce sont des humains, est-ce qu’il y a des sous-humains au Tchad ? Non. Est-ce que l’on n’a pas le même taux d’ensoleillement ? Oui nous l’avons. Notre problème est un problème de leadership.
Le problème du continent africain est un problème de leadership et c’est une intime conviction. La première des choses que nous devons faire est d’abord d’installer un leadership serviteur et si vous avez des leaders serviteurs du fonctionnaire le moins gradé c’est à dire du sous-préfet au président de la république, vous avez des serviteurs qui ont des contrats d’objectif, de performance et d’engagement et bien vous avez des résultats. C’est en ayant voyagé à travers le monde, en travaillant pour plusieurs pays africains, comme le Gabon, la RCA, le Maroc, la Côte d’ivoire ou encore le Cameroun que j’en viens à la conclusion que l’enjeu majeur est un enjeu de leadership. Les Institutions de développement c’est comme la « synovie » qui est un petit liquide permettant de bouger, mais si vous n’avez pas de jambes alors ce liquide ne sert à rien. Cette expérience m’a permis à la fois d’avoir cette exposition internationale et de voir où ça a marché et pourquoi ça a marché et d’en tirer les leçons et d’avoir aussi une exposition multisectorielle et puis de m’être positionné aussi sur des enjeux d’avenir.
Ma thèse de doctorat à la Sorbonne portait sur l’Afrique face aux défis de l’économie post-pétrole donc ce qui est croissance verte, croissance inclusive, comment utiliser les revenus du pétrole aujourd’hui pour diversifier notre économie, je suis spécialiste de ces questions-là. Ce sont des enjeux sur lesquels j’ai beaucoup travaillé et puis la précarité de mon pays sur ces questions de l’énergie m’ont positionné et puis je crois qu’aucune transformation industrielle n’est possible sans énergie. C’est pourquoi j’alerte les dirigeants actuels pour leur dire soyons raisonnables, si nous devons réussir sur ne serait-ce qu’une seule chose, commençons par l’énergie. Un dirigeant sérieux n’a pas besoin de passer 30 ans au pouvoir pour constater cela. Je ne suis pas dans un état d’esprit d’opposition, car même si vous l’êtes, vous « négativisez », vous savez le problème de certains dirigeants restés longtemps dans l’opposition et qui ont ensuite accédé au pouvoir et qui n’ont pas été bons ? C’est parce que leur psychologie a été déformé. Travailler à s’opposer en permanence vous négativise, donc il faut travailler à proposer et être des « diagnostiqueurs solutionneurs » et être dans la proposition. C’est une troisième voie que je propose pour le Tchad. C’est un de mes conseillers Tahir Chemi qui a une formule disant « un transformateur c’est accepté de réunir le meilleur de chacun et de le mettre au service du pays ». Des gens de bons il y en a partout. Voilà donc le résumé de mon expérience à la banque africaine et de développement.
Vous avez parlé de l’énergie, de l’éducation mais pas de la justice ?
C’est une priorité majeure. Je dois dire en sus de l’éducation voir même en binôme de l’éducation c’est la justice. Tous les conflits communautaires que vous voyez, c’est un conflit non pas d’un métier contre un autre, ce sont des conflits de la justice face à l’injustice. C’est pour cela que chez les transformateurs nous avons fait les 20 propositions pour un nouveau départ qui est de dire que notre indignation face au fait que la quatrième république a sacrifié la séparation des pouvoirs. Vous savez la 4ème république et sa constitution a consacré un président qui a tous les pouvoirs même le pouvoir judiciaire, le président de la république est en même temps président du conseil supérieur de la magistrature suprême. Le Président de la cour suprême qui est censé avoir dans un pays sérieux le pouvoir de destituer même le président, qui doit trancher en matière électoral par exemple, ce Monsieur n’est que le deuxième vice-président de la magistrature suprême après le Président de la république et le Ministre de la justice. Et la meilleure illustration de cela, vous l’avez vu, le président de l’exécutif sous cette quatrième république est le président donnant des ordres oraux au président de la Cour suprême qui les entérine le jour où le premier gouvernement a prêté serment devant le Président de la république. Ce jour-là, l’exécutif a montré aux yeux du monde entier qu’il dominait le pouvoir judiciaire.
C’est à dire que ce jour-là, le président de la Cour suprême dit non que la formule est celle-ci, et puis un ministre dit non, je veux au nom de Dieu et pas au nom de Allah et puis après le Président de la république dit non permet qu’il puisse faire ainsi, et donc le président de la Cour suprême se plie à cette première injonction. Deuxième injonction, il nomme oralement un ministre séance tenante et pourtant une nomination dans une administration n’est jamais orale et le président de la Cour suprême censé faire respecter les textes et lois de la république a donc entériné qu’une déclaration orale du président de la république fait foi et permet donc de dire que le gouvernement de la première république est illégal. La constitution prévoyait que la formule même du serment devait être prise dans le cadre d’une loi postérieure. Donc on a fait jurer un gouvernement sur un vide juridique. Ce qui signifie que tout ce gouvernement qui continue à nous diriger est un gouvernement illégal. C’est dire donc que par bienveillance et par réflexion, nous qui avons fait un peu de droit et de sciences politiques, si on arrive à faire quelques chose comme un petit cocktail, nous mettons ça gratuitement au service des autres et à la disposition de tout le monde pour que cela change. Aucun d’entre eux n’ose aller dans les débats contradictoires avec nous, vous savez pourquoi ? Parce qu’ils ne peuvent pas eux même aller contre leur propre conscience. Ils sont incapables de venir défendre cela, c’est indéfendable. La justice est fondamentale, c’est la colonne vertébrale et c’est la boussole. Nous sommes devenus un pays où des gouverneurs tirent sur des magistrats, où des policiers refusent d’obéir aux ordres d’un procureur de la république où des individus peuvent aller tirer sur des gens qu’on amène vers la prison etc etc. Je vous laisse regarder tout cela.
Mais en fait l’ordre vient d’où ? Vous savez, Gandhi disait que « l’exemple n’est pas le meilleur moyen de convaincre, c’est le seul moyen de convaincre ». Quand un Président de la république viole la constitution en le montrant au monde, quand un Président de la république avoue devant le monde entier avoir violé la seule chose qu’un Président ne doit jamais violer, la constitution de la république. Nous sommes le seul pays où le Président en exercice avoue aux yeux du monde entier avoir violé la constitution par une injonction extérieure alors même qu’il a juré devant Dieu, devant des hommes et sur l’honneur tout en étant officier de l’armée donc avec un minimum d’honneur qu’il protégerait la constitution. Ça vous montre donc que nous devons changer ces choses-là. Quand je dis ces choses-là, je ne m’oppose à personne, j’ai eu une formation scientifique qui est d’être factuel. Je ne suis pas un politique de démagogie qui peut dire les choses comme ça. Je suis factuel avec articles et textes à l’appui. Je termine là-dessus, la justice est fondamentale. Je peux vous garantir que lorsque l’on aura restauré à la justice ses lettres de noblesse en établissant la séparation des pouvoirs… c’est pour cela que nous définissons dans nos propositions les clauses colonnes vertébrales dans la constitution qui sont des clauses intangibles avec des juges qui pourront être élus pour un mandat renouvelable ou nommés à vie.
On les met à l’abri avec un budget, avec un confort matériel qui les mets à l’abri de toute corruption etc. SI vous faîtes ça dans une république vous allez voir comment ça va changer et tous ces conflits communautaires vont s’éteindre parce que chacun saura sa place. Nous avons créé une société en entonnoir, inversée, où ça commence par un clan, une famille après ça regarde la belle-famille, après la tribu, ensuite la religion, et ensuite le reste des tchadiens mais… avant-hier j’étais en discussion avec un des acteurs de la société civile sur une radio et qui disait « quand il y a un accident on cherche d’où vient la personne, s’il est ou non du gouvernement ». Même la pratique de la Diya doit cesser, hier le président Tombalbaye appliquait une pratique qui s’appelait le « Yondo » qui était une pratique culturelle à quelques tchadiens est aujourd’hui une bévue politique autant que la Diya. Aujourd’hui il y a même un prix avant de le tuer en fonction de votre communauté et c’est une catégorisation des tchadiens. Il y a des tchadiens de 4ème division, de troisième division…. La justice est donc fondamentale au sein d’une république.
Succès Masra et l'image de Neslon Mandela
Vous avez appris certainement le report des élections législatives au premier trimestre 2020 entre la volonté du chef de l’État et le calendrier serré présenté par la CENI. Qu’en pensez-vous d’une part ? D’autre part allez-vous présenter des candidats à ces futures échéances électorales ?
Merci beaucoup c’est une question majeure. Un parti politique qui nait à la différence d’une association, syndicats et autres a vocation à aspirer au pouvoir pour changer la vie des gens et non seulement aller aux élections pour juste y participer. Revenons sur la question des élections dans notre pays. C’est une incongruité, nous avons attendus… ça fait deux fois plus le mandat nécessaire pour les députés et ça n’est pas la première fois, une mandature pour 4, ans, 5 ans, 9 ans…. Tout ça c’est grossier. Tout ça montre bien que le rapport qu’a le pouvoir présidentiel par rapport aux élections législatives c’est « zéro ». C’est révélateur, d’autres pays qui ont moins de ressources que nous planifient leurs élections. On sait quand est-ce que les élections auront lieu. Dans la planification budgétaire, on met seulement une enveloppe par an. C’est tout ! Quand on arrive à la période, on débloque les fonds d’un compte séquestre.
C’est simple et faisable, on n’a pas besoin d’avoir un diplôme d’Harvard pour savoir ça. Donc euh… tout cela montre bien ce dont il est question. Tout ça montre aussi autre chose, le président donne des injonctions à la CENI sur la tenue des élections législatives. En disant qu’il voulait une élection à la fin de l’année, il savait bien que c’était impossible. Ça n’est pas la première des manœuvres. La convocation du corps électoral c’est 4 mois. Là nous sommes déjà à deux mois et demi de la fin de l’année. Il venait de signer un code électoral n’ayant même pas fait 40 jours... Pire encore, on est en train de préparer une élection électorale sur un recensement de la population datant de 2009. Dix ans c’est toute une génération des tchadiens. Vous savez, il y a aussi la clause « Anti-Masra » de 45 ans. C’est à cause de tout cela que nous sommes en discussion ces derniers temps avec la société civile et les acteurs politiques Dadnaji, Yorongar, Kebzabo, Alhabo, Pahimi… CTTDH… nous parlons à tout le monde y compris les gens du CNDP. C’est pour obtenir quoi ?
Je ne suis pas au nom des transformateurs en quête d’une coalition, ce dont les tchadiens ont besoin ça n’est pas une coalition de plus de corporation, les tchadiens ont toutes les coalitions dans ce pays. Je voudrais au nom des Transformateurs demander à tous ces acteurs de ce pays-là dont la plus part sont des acteurs qui ont agis dans ce pays depuis les soixante dernières années, de leur dire d’avoir l’orgueil de se projeter vers l’avenir en osant ce que nous n’avons jamais pu oser en ayant un consensus minimum républicain autour duquel tous les tchadiens doivent être capables de s’entendre et du coup de leur poser la question est-ce que ces élections pour eux, sont des élections qui seront utiles aux tchadiens. J’entends des élections « transparentes, crédibles et inclusives », oui, mais il y a un mot que très souvent les gens n’évoquent pas : « utile ». Pour rendre ces élections utiles, nous avons proposé l’urgence d’un nouveau dialogue national pour un nouveau départ.
Avant d’aller aux élections, avant de regarder les aspects techniques, de kits d’identification, de contrôle de bureaux de vote, de représentation de la CENI, etc… il y a une chose majeure en amont, la question du pouvoir réel des gens qui seront élus, parce que l’on élit les gens pour avoir un pouvoir, pour influencer les politiques publiques, pour avoir un impact sur la transformation de la vie des gens sinon alors on fait la politique pourquoi ? C’est pour avoir quelques « RAV4 » ? Pendant trois mois prendre une minute de discours qui va être censuré ? Est-ce ça la noblesse de la politique ? Non. Nous avons la naïveté de croire que la politique c’est d’abord pour servir les gens. C’est donc de leur dire, regardons cette constitution. Peut-être certains d’entre eux n’ont pas eu le temps de la lire. Nous avons fait le travail pour eux. Nous venons leur présenter un travail au nom des transformateurs de milliers de gens que nous avons consulté, on a regardé tout cela. Le pouvoir exécutif est entre les mains du Président de la république, sans premier-ministre sans vice-président soit un régime présidentiel intégral. Presque comme chez les américains. Mais chez les américains il y a un vice-président et chez nous non. Pas de ticket effectivement.
Deuxièmement, le Président de la cour suprême n’est que vice-président de la magistrature suprême, donc il rend compte au Président de la république. Celui qui est chef de l’État, chef de gouvernement, se voit rendre compte du pouvoir judiciaire. Puis, le troisième pilier, en allant dans le sens de ce que Montesquieu a dit, le pouvoir législatif, le Président de la République peut dissoudre le parlement pour n’importe quel argument, il peut par exemple ne pas aimer la gueule du Président de l’assemblée nationale. Le Président de la République n’est donc pas responsable devant le Parlement, ailleurs on a copié la France mais on a mal copié. On a mal copié car, le Président français ne le peut qu’à la condition qu’il y ait un blocage au sein de l’assemblée nationale, sauf qu’ici ce texte est tout à son avantage. Absolument, et deuxième chose, ailleurs le parlement peut interpeller le gouvernement notamment pour la question de confiance car il y a un Chef de gouvernement sauf que si on y va comme ça, et que les transformateurs gagnent la majorité des sièges. Si je serai à la place de Monsieur Déby et que je serai cynique et Dieu seul sait ses humeurs, que vais-je faire ? Je dissous le parlement avant même que vous ne commencez tout simplement parce qu’il ne veut pas de la tête de tel Monsieur, d’ailleurs il a dit aux gens qu’il ne voulait pas de ma tête sous la tente. Vous imaginez ? ça veut dire quoi ? Il dissout jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction et puis si le président de la Cour suprême doit même trancher en matière électorale, s’il y a des conflits, il le fera sur recommandation du Président de la République, d’ailleurs sur les affaires civiles et commerciales il va à la présidence prendre les recommandations, la preuve d’ailleurs que la recommandation du Président a été faite en direct devant la télévision, je ne trahis aucun secret, donc de la même manière, on va dire alors dans tel département on donne à Masra et ses équipes ou pas ? Dans tel autre, on donne à Alhabo et ses équipes ou pas ? etc…
Ça là qu’est-ce qu’on attend d’un pouvoir pareil. Ça veut donc dire que le pouvoir législatif est entre les mains aussi du Président de la République. Mais Pire, on va comme ça à ces élections et que par exemple une coalition de l’opposition venait à gagner ces élections et doit avoir la présidence de l’assemblée nationale et la majorité parlementaire, vous savez, ça n’influencera aucune politique publique, ce qui importe aux tchadiens, c’est d’abord que les politiques publiques changent pour qu’il y ait l’eau, l’électricité… Pourquoi ? parce qu’il ne peut même pas y avoir ce que l’on appelle la cohabitation. C’est à dire que ceux qui gagnent à l’assemblée doivent pouvoir avoir le gouvernement. Sauf que ce n’est pas possible car il n’y a pas de chef de gouvernement donc il ne peut y avoir d’influence sur les politiques publiques. Mieux encore, avec cette situation-là, le Président de la République peut légiférer par ordonnance et surtout tout le temps pendant tout son mandat, il n’y a pas de limitation ni dans l’objet ni dans le temps. Nous avons proposé d’ailleurs que ce soit limité à 6 mois pour des objets précis comme sur l’énergie ou sur certaines mesures économiques.
Des domaines précis peuvent relever de l’ordonnance mais tous les autres domaines doivent relever de la loi. En fait, le Président de la République n’a pas besoin de la loi pour légiférer donc ça veut dire quoi ? Les ordonnances qui ont été appliquées aux transformateurs et aux autres ont été prises sans être présentées à l’assemblée nationale au-delà d’un délai de six mois. Ça veut dire que s’il y a une assemblée nationale dirigée par une autre équipe, le Président de la République peut se foutre de cela et faire ce que bon lui semble et si vous voulez l’embêter, il dit bon j’amène un projet de loi et voici ce que je veux et si vous refusez ce projet de loi, je vous renvoie au chômage et je vous dissous. Vous voyez donc que nous sommes dans un pays qui a décidé de mettre tous les pouvoirs entre une seule main. Hier pour tout vous dire, nous en avons parlé au Président du CNDP et aucun n’est capable de nous dire si la tenue de ces élections servira à quelque chose. Permettre à une personne d’avoir un poste de député, en quoi est-ce que cela va changer ? Ce qu’on peut avoir comme rapport de force en étant élu député à l’assemblée, on peut l’avoir sans être élu. Ce que nous voulons proposer c’est qu’il y ait un dialogue en amont pour remettre ces clauses colonnes vertébrales que sont la séparation des pouvoirs, l’inclusion des gens, qu’on ne commence pas à éliminer les gens pour leurs âges etc, enlever le serment confessionnel, et limiter le mandat à deux. En même temps que nous faisons cela, nous pouvons procéder aux recensements électoraux et à la préparation technique des élections. Tout cela se fait en parallèle et nous avons un dialogue. En 3 mois on réunit les tchadiens ici et c’est faisable. Si on fait cela en amont, on se donne un pouvoir pour qu’au bout du compte et bien ça permette d’aller à des élections qui seront transparentes, crédibles, inclusives mais aussi utiles parce qu’il y ‘aura un pouvoir réel. Puis, il faut réaligner les mandats. Aujourd’hui vous savez que le futur Président de la République, son mandat va aller de 2021 à 2027 et le mandat de la prochaine assemblée nationale finira en fin 2025. Il existe deux ans minimums entre la fin du mandat présidentiel et la fin du mandat parlementaire. Qu’est-ce qu’on fait ?
On aura un même Président qui est là mais en fait avec un nouveau parlement qui va être élu et avec un décalage permanent, or nous n’avons même pas prévu dans notre constitution ce qu’on appelle des élections partielles. Il n’y en a même pas. Je finis par quelque chose, c’est de dire que tout ça là, nous devons faire des économies d’échelles et élire aussi des gouverneurs au niveau provincial. Je crois que les 20 propositions apportent une réponse sincère. Si nous allons comme cela dans les élections avec certains tchadiens qui sont abandonnés dans la diaspora, en exil, avec d’autres qui sont dans les maquis, qui croient que la rébellion est encore la solution et bien ça ne permettra pas grand-chose.
Mettons sur pieds, quelque chose qui permettra l’alternance de l’État, la première alternance démocratique de notre pays et ça il faut que nous y allons, l’alternance ne doit pas être un tabou dans ce pays, donc les autres pays qui sont dans l’espace Sahel, tous ces pays organisent l’alternance et font aussi face aux défis sécuritaires et du terrorisme. Eux, chez eux, ça doit se passer et chez nous ça doit être un tabou avec un Président qui est là depuis 30 ans ? Quand-même ! Si nous faisons donc ça et que nous inscrivons ça dans un diagnostic de vérité et de justice tiens tiens et de pardon national alors nous allons pouvoir aussi demander y compris aux tchadiens de dire, à Monsieur Deby avez-vous des choses à lui reprocher ? Nous aussi. La preuve nous sommes engagés en politique parce que ses performances sont médiocres. Nous voulons changer cela mais s’il a la grandeur finale d’être le seul Président à permettre l’alternance démocratique au sommet de l’état, ne mérite-t-il pas une considération de nous autres qui allons parcourir les villes et campagnes dans tout le territoire pour demander une porte de sortie honorable. C’est une des propositions que vous avez émises.
On y reviendra dessus mais la question principale que je vous repose, irez-vous aux élections législatives ?
Donc donc, de tout ce que je viens de dire, la réponse est celle-ci, nous sommes nées pour aller aux élections et influencer la vie des tchadiens mais nous ne voulons pas aller à n’importe quelles élections. Ce sont les deux jambes, les deux jambes… vous m’entendez ?
Je vous comprends mais est-ce que vous irez à ces élections qui seront organisées en janvier 2020 ou est-ce vous attendrez qu’il y ait d’abord une organisation du dialogue national ?
Nous travaillons pour qu’il y ait un agenda qui vienne se greffer à cela, pour….
Pardonnez-moi mais est-ce que vous participerez aux élections de Janvier ?
D’abord la date n’est pas sûre puisqu’on vient de dire en avril donc prenons le temps-là d’ici à là pour organiser ce dialogue, pour remettre en place ces clauses colonnes vertébrales, pour faire ce toilettage nécessaire pour nous permettre justement de participer à ces élections. Nous nous sommes prêts. Nous sommes prêts en tant que parti. Vous avez vu notre application ?
J’ai Apple store mais vous nous avez condamné étant donné que votre application n’est que sur le système android (rires…)
Non non ça vient ça vient, c’est en cours sur IOS, c’est en train d’être finalisé, vous pouvez regarder sur votre voisin, mais nous sommes dans les 23 provinces, nous sommes dans toutes les diasporas. Ici à N’Djamena dans 74 quartiers, dans dix arrondissements, et il y a des transformateurs partout car notre approche là, ce n’est pas en voyageant, en allant sur le terrain qu’on fait adhérer les gens, nous avons des systèmes en ligne à partir desquels les gens adhèrent et se filment et nous envoient par les compagnies de voyage. Il y a des dizaines de milliers d’adhérents. Je peux vous garantir une chose, nous sommes de loin le premier parti qui a compté ses militants qui ne sont pas ses clients, ce sont des gens qui viennent parce qu’ils sont convaincus, ils ne viennent pas pour une casquette ou pour un pin’s ou bien pour avoir 1000 FCFA pour leur clando.
Nous sommes prêts, nous sommes plus que prêts, le gouvernement qui peut diriger le Tchad de demain, il existe déjà chez les Transformateurs. Demain matin, il y a un changement nous sommes prêts pour diriger le pays et en 6 mois les tchadiens pourront voir la différence qui va commencer à se ressentir dans leurs propres vies. Donc la question irez-vous aux élections est une question pour nous tout à fait naturelle, maintenant nous voulons servir les tchadiens, le leadership serviteur pour nous c’est l’élément central. Nous autres ne sommes pas venus en politique pour avoir notre premier « Djalabia » avec l’argent du pays. Non, nous venons par devoir de patriotisme, pour servir vous m’entendez. Ce qui m’excite, ça n’est pas d’être élu député avec une RAV4. Ce qui m’excite c’est que la pauvre maman qui est dans le BET, qui doit faire trois jours à l’aller et trois jours au retour pour puiser de l’eau parce qu’il n’y a pas d’eau potable et la pauvre maman qui doit aller faire 40 km dans le sud du pays pour trouver un dispensaire dans lequel même le médecin chef de district quand il est malade il n’a même pas un paracétamol à avaler, c’est donc ça l’enjeu majeur. Nous ne venons pas en politique pour un poste ou pour un statut. Je peux vous garantir une chose, même pas le titre de Président de la République me fait perdre la tête. Ce qui m’importe c’est vraiment que ça puisse servir les tchadiens. L’enjeu il est là. Pour faire cela, je suis prêt à occuper toutes les responsabilités et c’est valable chez beaucoup de transformateurs. Nous voulons pousser cet agenda dans les prochains jours et c’est pour cela que je lance un appel et je l’ai lancé en début octobre, pour que nous organisons ensemble une marche pour le progrès. Disons ce que nous voulons ensemble indépendamment de nos casquettes et pour être capable d’exiger autant que tous les citoyens que les choses changent avec audace et bienveillance et ça ne perdra même pas le temps à qui que ce soit.
Vous voyez, même les partenaires appuient le processus électoral, je m’adresse aussi à eux pour leur dire ne vous fermez pas. Ne dîtes pas que vous ne saviez pas. J’ai parlé à tout le monde. J’ai parlé à tout le monde hein sur les enjeux de l’utilité de ces élections et les choses que nous devons faire en amont et je crois qu’il est dans l’intérêt de celui qui a encore les responsabilités du Chef de l’État de notre pays pour un petit temps, il faut commencer par le dialogue en amont, remettre ces clauses, permettre que ces élections soient utiles à tous les tchadiens et bien il a là entre ses mains la possibilité de s’inscrire dans l’histoire car au bout du compte lui-même finira par ne plus aller et il continuera à servir le pays autrement. Comme ça on pourra même organiser des élections couplées. Nous plaidons même pour faire des économies d’échelles car si on y va là, un an après, il y aura les élections présidentielles et c’est quand même fastidieux en termes de ressources, vous vous rendez compte. Soyons donc capables de faire des économies d’échelles, car les maigres ressources que nous avons doivent nous servir pour que ça puisse bénéficier à tout le monde. Laissons encore ces députés quelques mois, organisons des élections couplées, répartissons les pouvoirs, ayons des gouverneurs élus, vous imaginez les 23 provinces avec des gouverneurs élus ? Plus jamais aucun gouverneur ne tirera sur la population et fera n’importe quoi car pour être élu vous devez venir séduire la population par un projet de société, donc il y a certains partis qui ont vocation à être plus provincial. C’est dommage mais c’est comme ça. Ceux-là auront peut-être la possibilité d’agir au niveau local mais ceux qui veulent avoir une dimension nationale seront obligés d’être élus dans au moins deux ou trois provinces. Vous verrez ensuite que le tamis va se faire simplement et que le paysage politique va se dégager naturellement avec des grands partis à vocation nationale avec de grands leaders qui vont avoir aussi une dimension provinciale.
C’est très intéressant ce que vous dîtes par rapport au tamis car c’est exactement la question que j’allais vous poser. Je vais revenir sur cette question-là, je vois que vous insistez sur les propositions mais avant permettez-moi de revenir sur le parti.
Pourquoi avoir crée un mouvement politique alors que vous auriez pu créer dès le départ un parti politique ?
Oui, oui, mouvement parce que c’est une dynamique et pour tout vous confier si ça ne dépendait que de moi nous serions restés seulement dans la forme de mouvement. Vous savez ce que le pouvoir a décidé de faire ? Tout ça ce n’est pas manquer d’humilité et tous les tchadiens le savent que la clause (anti-Masra) nous indexe indirectement, cette fameuse clause « Anti-Masra » est appelée ainsi par les chancelleries et certains journalistes. Aucun des 6 Présidents de la république n’a eu 45 ans. Le plus vieux avait 43 ans et le plus jeune était moins âgé que moi et il s’appelle Goukouni Wedeyye, il est là encore, que Dieu lui prête longue vie d’ailleurs. Vous voyez donc qu’il y a 40 ans, les tchadiens étaient capables d’avoir un Président âgé de moins de 45 ans. Le Président qui met cela dans la Constitution, c’est celui-là même qui est arrivé au pouvoir en ayant 38 ans. Je peux vous confier quelque chose ? Bien sûr je suis tout ouïe. A 38 ans, dans deux ans, j’aurai exactement l’âge de Monsieur Deby quand il prenait le pouvoir, je ne suis pas sûr qu’il était plus compétent que moi quand il fut prendre le pouvoir et ce n’est pas manquer d’humilité, il y a beaucoup de tchadiens comme moi, qui sont au moins compétents que lui au moment où il prenait le pouvoir ou sinon plus compétents que lui et moi je ne pense pas être moins compétent que lui au moment où il prenait le pouvoir.
Est-il normal qu’il mette dans la constitution de la république, une interdiction de gens comme nous autres de pouvoir être candidat, cela est inacceptable. Ils ont aussi introduit en 48 heures l’ordonnance, ceux qui ont contribué à la rédaction sont venus se confier à nous autres. 48 heures pour tout faire, pour que début du mois de juin l’ordonnance soit approuvée. Avant le délai pour transformer le mouvement en parti politique était de 45 jours depuis 30 ans et subitement avec l’arrivée des transformateurs, ils ont fait passer le délai de 45 jours à 6 mois. Parce qu’ils se sont dit que les élections législatives devaient avoir lieu en novembre 2018, donc du coup l’ancien Ministre de l’intérieur disait dans certains milieux que non comme ça au mieux c’est décembre. Lequel Ministre exactement ? Bon je ne cite pas les contemporains, je cite les fonctions. Les tchadiens savent que les transformateurs au mieux on va leur donner leur agrément mais c’est 6 mois donc en début janvier et les élections législatives auront déjà eu lieu mais je vais vous rajouter autre chose qui répond mieux à la question. On a pris les ordonnances sur les mouvements et les associations pour dire que soit vous êtes un parti politique soit vous êtes une association mais vous ne pouvez plus être un mouvement et à partir du 7 décembre ce fut la fin légale de tous les mouvements.
Du coup, on nous a contraint d’une certaine manière. Il y avait une contrainte derrière donc nous avons fait ce choix même si la dynamique du mouvement n’a pas changé seule la dimension juridique. Vous avez suivi la suite. Il y a 200 partis politiques au Tchad, je vous mets à défi, jamais dans l’histoire politique de notre pays, la naissance d’un parti n’a mobilisé autant un pouvoir et même les opposants les plus farouches au Président comme Yorongar ont fonctionné avec un récépissé de dépôt. C’était 45 jours, nous là, en plus du récépissé du dépôt, en plus du fait de l’ordonnance où nous sommes les seuls à qui on applique celle-ci, en plus d’avoir mené toutes les diligences, tous, enquêtes de moralités et transmis au ministère de l’administration et du territoire. Ils ont voulu faire en sorte que nous n’existions pas. Vous voyez ça montre bien qu’il y a une volonté manifeste de nuire. Pourquoi ? Parce que nous voulons la transformation de la vie des tchadiens, parce que nous voulons l’électricité pour les gens, nous voulons l’eau, nous voulons l’éducation pour toutes et tous, nous voulons que la justice soit au rendez-vous, nous voulons que la diversité soit une force, nous voulons valoriser le patrimoine du Tchad à travers un tchadien, un drapeau, nous voulons des leaders serviteurs qui servent le peuple, nous voulons un contrat de performance, nous voulons mettre la diversité au cœur de notre armée, de notre diplomatie, nous voulons faire rentrer la diaspora pour travailler pour le pays, nous voulons libérer le secteur privé pour créer des emplois, c’est ça que les gens ne veulent pas et pourtant nous n’avons pas pris les armes. Cela montre bien que les transformateurs sont sérieux et apparemment les gens ne veulent pas d’autres gens sérieux dans ce pays. C’est dommage. C’est dommage…
Merci beaucoup c’est une question majeure. Un parti politique qui nait à la différence d’une association, syndicats et autres a vocation à aspirer au pouvoir pour changer la vie des gens et non seulement aller aux élections pour juste y participer. Revenons sur la question des élections dans notre pays. C’est une incongruité, nous avons attendus… ça fait deux fois plus le mandat nécessaire pour les députés et ça n’est pas la première fois, une mandature pour 4, ans, 5 ans, 9 ans…. Tout ça c’est grossier. Tout ça montre bien que le rapport qu’a le pouvoir présidentiel par rapport aux élections législatives c’est « zéro ». C’est révélateur, d’autres pays qui ont moins de ressources que nous planifient leurs élections. On sait quand est-ce que les élections auront lieu. Dans la planification budgétaire, on met seulement une enveloppe par an. C’est tout ! Quand on arrive à la période, on débloque les fonds d’un compte séquestre.
C’est simple et faisable, on n’a pas besoin d’avoir un diplôme d’Harvard pour savoir ça. Donc euh… tout cela montre bien ce dont il est question. Tout ça montre aussi autre chose, le président donne des injonctions à la CENI sur la tenue des élections législatives. En disant qu’il voulait une élection à la fin de l’année, il savait bien que c’était impossible. Ça n’est pas la première des manœuvres. La convocation du corps électoral c’est 4 mois. Là nous sommes déjà à deux mois et demi de la fin de l’année. Il venait de signer un code électoral n’ayant même pas fait 40 jours... Pire encore, on est en train de préparer une élection électorale sur un recensement de la population datant de 2009. Dix ans c’est toute une génération des tchadiens. Vous savez, il y a aussi la clause « Anti-Masra » de 45 ans. C’est à cause de tout cela que nous sommes en discussion ces derniers temps avec la société civile et les acteurs politiques Dadnaji, Yorongar, Kebzabo, Alhabo, Pahimi… CTTDH… nous parlons à tout le monde y compris les gens du CNDP. C’est pour obtenir quoi ?
Je ne suis pas au nom des transformateurs en quête d’une coalition, ce dont les tchadiens ont besoin ça n’est pas une coalition de plus de corporation, les tchadiens ont toutes les coalitions dans ce pays. Je voudrais au nom des Transformateurs demander à tous ces acteurs de ce pays-là dont la plus part sont des acteurs qui ont agis dans ce pays depuis les soixante dernières années, de leur dire d’avoir l’orgueil de se projeter vers l’avenir en osant ce que nous n’avons jamais pu oser en ayant un consensus minimum républicain autour duquel tous les tchadiens doivent être capables de s’entendre et du coup de leur poser la question est-ce que ces élections pour eux, sont des élections qui seront utiles aux tchadiens. J’entends des élections « transparentes, crédibles et inclusives », oui, mais il y a un mot que très souvent les gens n’évoquent pas : « utile ». Pour rendre ces élections utiles, nous avons proposé l’urgence d’un nouveau dialogue national pour un nouveau départ.
Avant d’aller aux élections, avant de regarder les aspects techniques, de kits d’identification, de contrôle de bureaux de vote, de représentation de la CENI, etc… il y a une chose majeure en amont, la question du pouvoir réel des gens qui seront élus, parce que l’on élit les gens pour avoir un pouvoir, pour influencer les politiques publiques, pour avoir un impact sur la transformation de la vie des gens sinon alors on fait la politique pourquoi ? C’est pour avoir quelques « RAV4 » ? Pendant trois mois prendre une minute de discours qui va être censuré ? Est-ce ça la noblesse de la politique ? Non. Nous avons la naïveté de croire que la politique c’est d’abord pour servir les gens. C’est donc de leur dire, regardons cette constitution. Peut-être certains d’entre eux n’ont pas eu le temps de la lire. Nous avons fait le travail pour eux. Nous venons leur présenter un travail au nom des transformateurs de milliers de gens que nous avons consulté, on a regardé tout cela. Le pouvoir exécutif est entre les mains du Président de la république, sans premier-ministre sans vice-président soit un régime présidentiel intégral. Presque comme chez les américains. Mais chez les américains il y a un vice-président et chez nous non. Pas de ticket effectivement.
Deuxièmement, le Président de la cour suprême n’est que vice-président de la magistrature suprême, donc il rend compte au Président de la république. Celui qui est chef de l’État, chef de gouvernement, se voit rendre compte du pouvoir judiciaire. Puis, le troisième pilier, en allant dans le sens de ce que Montesquieu a dit, le pouvoir législatif, le Président de la République peut dissoudre le parlement pour n’importe quel argument, il peut par exemple ne pas aimer la gueule du Président de l’assemblée nationale. Le Président de la République n’est donc pas responsable devant le Parlement, ailleurs on a copié la France mais on a mal copié. On a mal copié car, le Président français ne le peut qu’à la condition qu’il y ait un blocage au sein de l’assemblée nationale, sauf qu’ici ce texte est tout à son avantage. Absolument, et deuxième chose, ailleurs le parlement peut interpeller le gouvernement notamment pour la question de confiance car il y a un Chef de gouvernement sauf que si on y va comme ça, et que les transformateurs gagnent la majorité des sièges. Si je serai à la place de Monsieur Déby et que je serai cynique et Dieu seul sait ses humeurs, que vais-je faire ? Je dissous le parlement avant même que vous ne commencez tout simplement parce qu’il ne veut pas de la tête de tel Monsieur, d’ailleurs il a dit aux gens qu’il ne voulait pas de ma tête sous la tente. Vous imaginez ? ça veut dire quoi ? Il dissout jusqu’à ce qu’il obtienne satisfaction et puis si le président de la Cour suprême doit même trancher en matière électorale, s’il y a des conflits, il le fera sur recommandation du Président de la République, d’ailleurs sur les affaires civiles et commerciales il va à la présidence prendre les recommandations, la preuve d’ailleurs que la recommandation du Président a été faite en direct devant la télévision, je ne trahis aucun secret, donc de la même manière, on va dire alors dans tel département on donne à Masra et ses équipes ou pas ? Dans tel autre, on donne à Alhabo et ses équipes ou pas ? etc…
Ça là qu’est-ce qu’on attend d’un pouvoir pareil. Ça veut donc dire que le pouvoir législatif est entre les mains aussi du Président de la République. Mais Pire, on va comme ça à ces élections et que par exemple une coalition de l’opposition venait à gagner ces élections et doit avoir la présidence de l’assemblée nationale et la majorité parlementaire, vous savez, ça n’influencera aucune politique publique, ce qui importe aux tchadiens, c’est d’abord que les politiques publiques changent pour qu’il y ait l’eau, l’électricité… Pourquoi ? parce qu’il ne peut même pas y avoir ce que l’on appelle la cohabitation. C’est à dire que ceux qui gagnent à l’assemblée doivent pouvoir avoir le gouvernement. Sauf que ce n’est pas possible car il n’y a pas de chef de gouvernement donc il ne peut y avoir d’influence sur les politiques publiques. Mieux encore, avec cette situation-là, le Président de la République peut légiférer par ordonnance et surtout tout le temps pendant tout son mandat, il n’y a pas de limitation ni dans l’objet ni dans le temps. Nous avons proposé d’ailleurs que ce soit limité à 6 mois pour des objets précis comme sur l’énergie ou sur certaines mesures économiques.
Des domaines précis peuvent relever de l’ordonnance mais tous les autres domaines doivent relever de la loi. En fait, le Président de la République n’a pas besoin de la loi pour légiférer donc ça veut dire quoi ? Les ordonnances qui ont été appliquées aux transformateurs et aux autres ont été prises sans être présentées à l’assemblée nationale au-delà d’un délai de six mois. Ça veut dire que s’il y a une assemblée nationale dirigée par une autre équipe, le Président de la République peut se foutre de cela et faire ce que bon lui semble et si vous voulez l’embêter, il dit bon j’amène un projet de loi et voici ce que je veux et si vous refusez ce projet de loi, je vous renvoie au chômage et je vous dissous. Vous voyez donc que nous sommes dans un pays qui a décidé de mettre tous les pouvoirs entre une seule main. Hier pour tout vous dire, nous en avons parlé au Président du CNDP et aucun n’est capable de nous dire si la tenue de ces élections servira à quelque chose. Permettre à une personne d’avoir un poste de député, en quoi est-ce que cela va changer ? Ce qu’on peut avoir comme rapport de force en étant élu député à l’assemblée, on peut l’avoir sans être élu. Ce que nous voulons proposer c’est qu’il y ait un dialogue en amont pour remettre ces clauses colonnes vertébrales que sont la séparation des pouvoirs, l’inclusion des gens, qu’on ne commence pas à éliminer les gens pour leurs âges etc, enlever le serment confessionnel, et limiter le mandat à deux. En même temps que nous faisons cela, nous pouvons procéder aux recensements électoraux et à la préparation technique des élections. Tout cela se fait en parallèle et nous avons un dialogue. En 3 mois on réunit les tchadiens ici et c’est faisable. Si on fait cela en amont, on se donne un pouvoir pour qu’au bout du compte et bien ça permette d’aller à des élections qui seront transparentes, crédibles, inclusives mais aussi utiles parce qu’il y ‘aura un pouvoir réel. Puis, il faut réaligner les mandats. Aujourd’hui vous savez que le futur Président de la République, son mandat va aller de 2021 à 2027 et le mandat de la prochaine assemblée nationale finira en fin 2025. Il existe deux ans minimums entre la fin du mandat présidentiel et la fin du mandat parlementaire. Qu’est-ce qu’on fait ?
On aura un même Président qui est là mais en fait avec un nouveau parlement qui va être élu et avec un décalage permanent, or nous n’avons même pas prévu dans notre constitution ce qu’on appelle des élections partielles. Il n’y en a même pas. Je finis par quelque chose, c’est de dire que tout ça là, nous devons faire des économies d’échelles et élire aussi des gouverneurs au niveau provincial. Je crois que les 20 propositions apportent une réponse sincère. Si nous allons comme cela dans les élections avec certains tchadiens qui sont abandonnés dans la diaspora, en exil, avec d’autres qui sont dans les maquis, qui croient que la rébellion est encore la solution et bien ça ne permettra pas grand-chose.
Mettons sur pieds, quelque chose qui permettra l’alternance de l’État, la première alternance démocratique de notre pays et ça il faut que nous y allons, l’alternance ne doit pas être un tabou dans ce pays, donc les autres pays qui sont dans l’espace Sahel, tous ces pays organisent l’alternance et font aussi face aux défis sécuritaires et du terrorisme. Eux, chez eux, ça doit se passer et chez nous ça doit être un tabou avec un Président qui est là depuis 30 ans ? Quand-même ! Si nous faisons donc ça et que nous inscrivons ça dans un diagnostic de vérité et de justice tiens tiens et de pardon national alors nous allons pouvoir aussi demander y compris aux tchadiens de dire, à Monsieur Deby avez-vous des choses à lui reprocher ? Nous aussi. La preuve nous sommes engagés en politique parce que ses performances sont médiocres. Nous voulons changer cela mais s’il a la grandeur finale d’être le seul Président à permettre l’alternance démocratique au sommet de l’état, ne mérite-t-il pas une considération de nous autres qui allons parcourir les villes et campagnes dans tout le territoire pour demander une porte de sortie honorable. C’est une des propositions que vous avez émises.
On y reviendra dessus mais la question principale que je vous repose, irez-vous aux élections législatives ?
Donc donc, de tout ce que je viens de dire, la réponse est celle-ci, nous sommes nées pour aller aux élections et influencer la vie des tchadiens mais nous ne voulons pas aller à n’importe quelles élections. Ce sont les deux jambes, les deux jambes… vous m’entendez ?
Je vous comprends mais est-ce que vous irez à ces élections qui seront organisées en janvier 2020 ou est-ce vous attendrez qu’il y ait d’abord une organisation du dialogue national ?
Nous travaillons pour qu’il y ait un agenda qui vienne se greffer à cela, pour….
Pardonnez-moi mais est-ce que vous participerez aux élections de Janvier ?
D’abord la date n’est pas sûre puisqu’on vient de dire en avril donc prenons le temps-là d’ici à là pour organiser ce dialogue, pour remettre en place ces clauses colonnes vertébrales, pour faire ce toilettage nécessaire pour nous permettre justement de participer à ces élections. Nous nous sommes prêts. Nous sommes prêts en tant que parti. Vous avez vu notre application ?
J’ai Apple store mais vous nous avez condamné étant donné que votre application n’est que sur le système android (rires…)
Non non ça vient ça vient, c’est en cours sur IOS, c’est en train d’être finalisé, vous pouvez regarder sur votre voisin, mais nous sommes dans les 23 provinces, nous sommes dans toutes les diasporas. Ici à N’Djamena dans 74 quartiers, dans dix arrondissements, et il y a des transformateurs partout car notre approche là, ce n’est pas en voyageant, en allant sur le terrain qu’on fait adhérer les gens, nous avons des systèmes en ligne à partir desquels les gens adhèrent et se filment et nous envoient par les compagnies de voyage. Il y a des dizaines de milliers d’adhérents. Je peux vous garantir une chose, nous sommes de loin le premier parti qui a compté ses militants qui ne sont pas ses clients, ce sont des gens qui viennent parce qu’ils sont convaincus, ils ne viennent pas pour une casquette ou pour un pin’s ou bien pour avoir 1000 FCFA pour leur clando.
Nous sommes prêts, nous sommes plus que prêts, le gouvernement qui peut diriger le Tchad de demain, il existe déjà chez les Transformateurs. Demain matin, il y a un changement nous sommes prêts pour diriger le pays et en 6 mois les tchadiens pourront voir la différence qui va commencer à se ressentir dans leurs propres vies. Donc la question irez-vous aux élections est une question pour nous tout à fait naturelle, maintenant nous voulons servir les tchadiens, le leadership serviteur pour nous c’est l’élément central. Nous autres ne sommes pas venus en politique pour avoir notre premier « Djalabia » avec l’argent du pays. Non, nous venons par devoir de patriotisme, pour servir vous m’entendez. Ce qui m’excite, ça n’est pas d’être élu député avec une RAV4. Ce qui m’excite c’est que la pauvre maman qui est dans le BET, qui doit faire trois jours à l’aller et trois jours au retour pour puiser de l’eau parce qu’il n’y a pas d’eau potable et la pauvre maman qui doit aller faire 40 km dans le sud du pays pour trouver un dispensaire dans lequel même le médecin chef de district quand il est malade il n’a même pas un paracétamol à avaler, c’est donc ça l’enjeu majeur. Nous ne venons pas en politique pour un poste ou pour un statut. Je peux vous garantir une chose, même pas le titre de Président de la République me fait perdre la tête. Ce qui m’importe c’est vraiment que ça puisse servir les tchadiens. L’enjeu il est là. Pour faire cela, je suis prêt à occuper toutes les responsabilités et c’est valable chez beaucoup de transformateurs. Nous voulons pousser cet agenda dans les prochains jours et c’est pour cela que je lance un appel et je l’ai lancé en début octobre, pour que nous organisons ensemble une marche pour le progrès. Disons ce que nous voulons ensemble indépendamment de nos casquettes et pour être capable d’exiger autant que tous les citoyens que les choses changent avec audace et bienveillance et ça ne perdra même pas le temps à qui que ce soit.
Vous voyez, même les partenaires appuient le processus électoral, je m’adresse aussi à eux pour leur dire ne vous fermez pas. Ne dîtes pas que vous ne saviez pas. J’ai parlé à tout le monde. J’ai parlé à tout le monde hein sur les enjeux de l’utilité de ces élections et les choses que nous devons faire en amont et je crois qu’il est dans l’intérêt de celui qui a encore les responsabilités du Chef de l’État de notre pays pour un petit temps, il faut commencer par le dialogue en amont, remettre ces clauses, permettre que ces élections soient utiles à tous les tchadiens et bien il a là entre ses mains la possibilité de s’inscrire dans l’histoire car au bout du compte lui-même finira par ne plus aller et il continuera à servir le pays autrement. Comme ça on pourra même organiser des élections couplées. Nous plaidons même pour faire des économies d’échelles car si on y va là, un an après, il y aura les élections présidentielles et c’est quand même fastidieux en termes de ressources, vous vous rendez compte. Soyons donc capables de faire des économies d’échelles, car les maigres ressources que nous avons doivent nous servir pour que ça puisse bénéficier à tout le monde. Laissons encore ces députés quelques mois, organisons des élections couplées, répartissons les pouvoirs, ayons des gouverneurs élus, vous imaginez les 23 provinces avec des gouverneurs élus ? Plus jamais aucun gouverneur ne tirera sur la population et fera n’importe quoi car pour être élu vous devez venir séduire la population par un projet de société, donc il y a certains partis qui ont vocation à être plus provincial. C’est dommage mais c’est comme ça. Ceux-là auront peut-être la possibilité d’agir au niveau local mais ceux qui veulent avoir une dimension nationale seront obligés d’être élus dans au moins deux ou trois provinces. Vous verrez ensuite que le tamis va se faire simplement et que le paysage politique va se dégager naturellement avec des grands partis à vocation nationale avec de grands leaders qui vont avoir aussi une dimension provinciale.
C’est très intéressant ce que vous dîtes par rapport au tamis car c’est exactement la question que j’allais vous poser. Je vais revenir sur cette question-là, je vois que vous insistez sur les propositions mais avant permettez-moi de revenir sur le parti.
Pourquoi avoir crée un mouvement politique alors que vous auriez pu créer dès le départ un parti politique ?
Oui, oui, mouvement parce que c’est une dynamique et pour tout vous confier si ça ne dépendait que de moi nous serions restés seulement dans la forme de mouvement. Vous savez ce que le pouvoir a décidé de faire ? Tout ça ce n’est pas manquer d’humilité et tous les tchadiens le savent que la clause (anti-Masra) nous indexe indirectement, cette fameuse clause « Anti-Masra » est appelée ainsi par les chancelleries et certains journalistes. Aucun des 6 Présidents de la république n’a eu 45 ans. Le plus vieux avait 43 ans et le plus jeune était moins âgé que moi et il s’appelle Goukouni Wedeyye, il est là encore, que Dieu lui prête longue vie d’ailleurs. Vous voyez donc qu’il y a 40 ans, les tchadiens étaient capables d’avoir un Président âgé de moins de 45 ans. Le Président qui met cela dans la Constitution, c’est celui-là même qui est arrivé au pouvoir en ayant 38 ans. Je peux vous confier quelque chose ? Bien sûr je suis tout ouïe. A 38 ans, dans deux ans, j’aurai exactement l’âge de Monsieur Deby quand il prenait le pouvoir, je ne suis pas sûr qu’il était plus compétent que moi quand il fut prendre le pouvoir et ce n’est pas manquer d’humilité, il y a beaucoup de tchadiens comme moi, qui sont au moins compétents que lui au moment où il prenait le pouvoir ou sinon plus compétents que lui et moi je ne pense pas être moins compétent que lui au moment où il prenait le pouvoir.
Est-il normal qu’il mette dans la constitution de la république, une interdiction de gens comme nous autres de pouvoir être candidat, cela est inacceptable. Ils ont aussi introduit en 48 heures l’ordonnance, ceux qui ont contribué à la rédaction sont venus se confier à nous autres. 48 heures pour tout faire, pour que début du mois de juin l’ordonnance soit approuvée. Avant le délai pour transformer le mouvement en parti politique était de 45 jours depuis 30 ans et subitement avec l’arrivée des transformateurs, ils ont fait passer le délai de 45 jours à 6 mois. Parce qu’ils se sont dit que les élections législatives devaient avoir lieu en novembre 2018, donc du coup l’ancien Ministre de l’intérieur disait dans certains milieux que non comme ça au mieux c’est décembre. Lequel Ministre exactement ? Bon je ne cite pas les contemporains, je cite les fonctions. Les tchadiens savent que les transformateurs au mieux on va leur donner leur agrément mais c’est 6 mois donc en début janvier et les élections législatives auront déjà eu lieu mais je vais vous rajouter autre chose qui répond mieux à la question. On a pris les ordonnances sur les mouvements et les associations pour dire que soit vous êtes un parti politique soit vous êtes une association mais vous ne pouvez plus être un mouvement et à partir du 7 décembre ce fut la fin légale de tous les mouvements.
Du coup, on nous a contraint d’une certaine manière. Il y avait une contrainte derrière donc nous avons fait ce choix même si la dynamique du mouvement n’a pas changé seule la dimension juridique. Vous avez suivi la suite. Il y a 200 partis politiques au Tchad, je vous mets à défi, jamais dans l’histoire politique de notre pays, la naissance d’un parti n’a mobilisé autant un pouvoir et même les opposants les plus farouches au Président comme Yorongar ont fonctionné avec un récépissé de dépôt. C’était 45 jours, nous là, en plus du récépissé du dépôt, en plus du fait de l’ordonnance où nous sommes les seuls à qui on applique celle-ci, en plus d’avoir mené toutes les diligences, tous, enquêtes de moralités et transmis au ministère de l’administration et du territoire. Ils ont voulu faire en sorte que nous n’existions pas. Vous voyez ça montre bien qu’il y a une volonté manifeste de nuire. Pourquoi ? Parce que nous voulons la transformation de la vie des tchadiens, parce que nous voulons l’électricité pour les gens, nous voulons l’eau, nous voulons l’éducation pour toutes et tous, nous voulons que la justice soit au rendez-vous, nous voulons que la diversité soit une force, nous voulons valoriser le patrimoine du Tchad à travers un tchadien, un drapeau, nous voulons des leaders serviteurs qui servent le peuple, nous voulons un contrat de performance, nous voulons mettre la diversité au cœur de notre armée, de notre diplomatie, nous voulons faire rentrer la diaspora pour travailler pour le pays, nous voulons libérer le secteur privé pour créer des emplois, c’est ça que les gens ne veulent pas et pourtant nous n’avons pas pris les armes. Cela montre bien que les transformateurs sont sérieux et apparemment les gens ne veulent pas d’autres gens sérieux dans ce pays. C’est dommage. C’est dommage…
Photo prise au siège du parti politique lors de l'interview, Succès Masra et Sadam Ahmat
Ça nous ramène à la dernière question de cette première partie. Ne craignez-vous pas que votre candidature soit peut-être rejetée par le Conseil constitutionnel, le jour où vous vous présenterez comme candidat aux élections présidentielles ? êtes-vous confiant sur le fait que votre candidature puisse être réellement acceptée ?
Déjà la question de la candidature ne se pose pas encore à la date d’aujourd’hui. Qui vous dit que lors des prochaines élections les acteurs politiques seront les mêmes présents ? D’ici à 2021, les choses peuvent changer et même beaucoup de choses. Je ne suis pas obsédé par la question des élections présidentielles. A ce stade, mon enjeu c’est tout ce que l’on peut faire même pour dialoguer ou pour insérer les clauses colonnes vertébrales, c’est de permettre à tous les tchadiens de porter un projet de société. Votre question est profonde…
Il y a un silence du gouvernement même s’il y a eu l’acte d’un huissier de justice et la publication au journal officiel.
Le journal officiel de la république c’est le gouvernement qui le tient et plus précisément le secrétariat général du gouvernement. Un document, un acte pareil d’huissier de justice, c’est quand même d’abord de loin la seule personne habilitée dans une république à constater les faits, les délais et les durées. Il n’y a pas deux dans une république. Ensuite, c’est le secrétariat général du gouvernement qui tient les registres du journal officiel de la république. Je vous ajoute une autre information quand même, c’est qu’il y a eu même une nouvelle loi qui a été entérinée après les incidents, etc et qui a ramené le délai. Voilà ça visait les transformateurs et donc c’était 45 jours et ils ont ramené à 6 mois. Ils ont sorti alors une nouvelle loi qui a été promulguée par le Président de la république au 22 juillet 2019 et qui a ramené le délai à 3 mois. Cela veut dire que si une demande a été introduite et qu’après un délai de 3 mois il n’y a eu aucune de réponse de l’administration, c’est réputé conforme à la loi. Silence vaut acceptation…. Voilà.
Ça veut dire quoi ? Même si on mettait les compteurs à zéro parce que la seule objection que le Ministre nous a faite porte sur des demandes additionnelles. On demande votre numéro de compte bancaire, autorisation de permis de port d’arme, identification de patrimoine, il y avait des demandes écrites et orales donc la réponse du ministre sur la question d’âge qui est d’ailleurs assez grossière concernant les quelques conseillers qui sont dans l’équipe de direction des Transformateurs, beaucoup de gens le savent, nous avons dit au ministre qui sont les dirigeants des Transformateurs. C’était la seule objection. Même si le ministre décidait de mettre tous les compteurs à zéro, tout leur a été transmis avec les éléments additionnelles, ça veut dire qu’avec la nouvelle loi, nous sommes déjà à dix mois depuis le 29 avril 2019 et nous n’avons pas eu de réponse…. Ce n’est pas la première fois, il y a des partis politiques qui n’ont jamais eu de réponse de l’administration. Yorongor a été candidat à la présidence de la république avec une récépissé de dépôt alors que nous avons en plus de récépissé de dépôt, un constat d’huissier, et une publication au journal officiel. Vous savez moi qui vous parles là, j’ai l’équivalent d’une maîtrise en droit, dans mes équipes, il y a des juristes, on est conseillé par deux bâtonniers, nous sommes des responsables politiques. Les lois mêmes que nous voulons changer nous essayons de les respecter. Pour tout vous dire sur le plan légal, c’est un combat politique, ça n’a rien à voir avec une dimension juridique que l’on aurait oubliée, etc… parce que même les trois jeunes dans mon équipe, je vous avais dit tantôt que j’étais économiste principal à la banque africaine de développement et que j’avais 26 ans. Vous avez le fameux Don Ebert aussi. Pardon ? Vous avez le fameux Don Ebert aussi. Oui, oui mais il n’y a pas que lui, il y a Maryam Gounaou qui a 28 ans, Don Ebert qui a 25 ans mais qui est l’un des plus brillants de sa génération, il y avait notre trésorière qui avait eu son baccalauréat avec mention bien à 16 ans et qui est inspectrice principale du trésor à 19 ans, brillante, et que leur dit-on à ceux-là pendant qu’on nomme des gens qui ont moins de 25 ans, diriger les régies financières importantes de notre pays, pendant qu’on nomme des généraux qui ont moins de 25 ans, 26 ans même, pendant qu’on a des colonels de 23 ans, des directeurs de cabinets civils qui ont moins de ces âges là, vous pouvez donc dans ce pays-là, à 18 ans, aller mourir au Mali pour protéger les tchadiens du terrorisme. Vous savez moi, tous ces jeunes qui meurent à 18 ans, 19 ans, j’ai leurs noms et souvent les matins pour me revigorer la mémoire de ces personnes, je lis ces noms, je pense à eux et je regarde ces images.
Quel sacrifice… un jeune qui meurt pour son pays et on dit à ces gens-là d’aller mourir, alors que moi-même, je dirigeai des équipes et travaillais avec des gouvernements sur le continent africain. Je serai quel genre de responsable politique de ne pas mettre ces gens-là à mes côtés ? Le pire c’est quand dans l’équipe de direction vous n’avez pas que des dirigeants, c’est du bon sens. Dans le cabinet du ministre, il y a sa secrétaire. Est-ce que la secrétaire parce qu’elle est dans le cabinet du ministre est une dirigeante ? Non. A la présidence de la république, vous avez des plantons, des portiers, vous avez des chargés de courriers, etc… sont-ils tous des dirigeants parce qu’ils sont à la présidence de la république ? Non. C’est du bon sens, nous avons répondu en disant que chez les transformateurs, il y a 4 vice-présidents plus un secrétaire général. Ce dernier n’a pas rang de dirigeant au sens de l’article 48, 49 de nos statuts qu’on a transmis au ministre, légalisés et notariés. Ce n’est pas n’importe quoi ! C’est pour leur dire que vous n’avez pas eu le temps de lire tout cela mais que dans ça là, il est dit que ceux qui peuvent représenter notre parti auprès des tiers sur le plan civil, c’est le Président et en absence du Président, ce sont 4 vice-présidents par ordre, qui ont été nommés etc… Vous voyez donc que l’argument du ministre sur le fond n’était pas approprié, sur la forme, il interdit aux jeunes d’être dans un parti politique, lui-même étant jeune, et promu général 4 étoiles, dans un pays où l’on dit aux jeunes « osez ». Ça montre qu’il y a quelque chose qui ne vas pas. Vous voyez donc que sur le fond nous étions corrects, sur la forme aussi.
Dernier point que je voudrais vous faire sur ce qui nous a d’ailleurs amené à porter plainte contre la police qui est actuellement en cours. Vous savez que la réunion qui était prévue à la maison de la femme qu’ils ont essayé de nous interdire oralement d’ailleurs, c’était de l’arbitraire. L’article 6 de l’ordonnance qu’ils nous imposaient disposait que dès la date de dépôt du dossier d’agrément du parti, vous avez l’obligation de vous installer dans 12 provinces sans une diligence additionnelle et de tenir des meetings, d’avoir des bureaux.... Une réunion dans une salle fermée est une activité normale d’un parti, donc ils ne comprennent rien même à la loi. Rien ne nous a été remis. Ça démontre ainsi que c’était de l’arbitraire sur toute la ligne tout en tirant sur nous et faisant 6 blessés y compris moi-même. Nous avons donc porté plainte contre la police. Tout-ça nous montre quoi, qu’il y a des choses qui doivent changer dans ce pays, des choses inacceptables et nous allons y travailler.
Je dis aux jeunes sur lesquels on a tiré et aux plus âgés que je n’ai pas d’ennemis, je leur dis aussi que même ces policiers qui tirent sur nous-là, ce ne sont pas nos ennemis car dès qu’ils rentrent et qu’ils enlèvent leurs tenues, ils se posent la question de leur électricité, de l’école de leurs enfants, ce qu’ils vont manger etc… je dis que mon seul ennemi c’est l’injustice et quand je dis ennemi c’est avec tout ce que l’on peut considérer. L’injustice je ne la supporte pas. L’arbitraire je ne supporte pas. Face à cela, on marchera sur nos corps si nécessaire mais jamais je ne faiblirai. Là aussi nous avons fait la promesse à tout le monde que plus jamais, nous ne reculerons devant les interdictions des manifestations pacifiques. C’est l’une de nos 20 propositions. Ce ne sont qu’aux associations qui sont agrippés au pouvoir à qui on donne des autorisations. Ils sont même aller brûler les drapeaux d’autres pays, des USA, de la France. Je peux vous garantir une chose, c’est que jamais ces pays n’oublieront cela. On préfère donc donner l’autorisation à des gens qui ont brûlé les drapeaux des pays partenaires du Tchad plutôt qu’à des gens qui se battent pacifiquement pour la transformation de la vie des tchadiens. Le choix il est là et aux tchadiens en tout cas de le faire. Je ne me pose donc pas trop de question sur l’invalidation de notre candidature car la configuration, le jour J on le saura. Vous pouvez être surs d’une chose, nous sommes-là pour nous battre et les gens comme nous autres ont pour repère des gens comme Nelson Mandela, notre horizon-là, nous ne sommes pas en train de nous battre pour un mandat mais pour toute une génération. Je vous l’avais dit tout à l’heure, je n’ai plus d’autre objectif dans la vie, c’est la transformation du Tchad est le seul objectif qui me reste pour le restant de ma vie. C’est mon choix définitif.
Vous êtes une si ce n’est pas la figure montante de la scène politique tchadienne avec une vision panafricaine du développement. Vous prenez le « nous » plutôt que le « Je ». Dans vos actions quotidiennes et dans chacun de vos discours vous défendez la notion de leadership et vous n’avez pour adversaire que la pauvreté. Vous n’avez pour adversaire aucun parti politique. Non seulement l’opposition ça n’est pas le reflet de votre image politique mais vous n’avez pas non plus cette habitude de tirer à bout portant sur la majorité présidentielle. Ma question est la suivante : est-ce que vous êtes à l’image du président français Macron, dans une logique centriste et dans l’objectif de réunir à moyen termes les partis de différents horizons autour de vos idéaux ? Est-ce que vous ne craignez pas une sorte de dislocation ou même un délitement des partis actuels ou le fameux tamis des 200 partis politiques que vous disiez tantôt ? Quelle est votre stratégie politique ? Est-ce plutôt de la séduction des autres partis politiques, du rassemblement ? Quel est votre point de vue vis à vis des autres partis politiques tant de l’opposition que de la majorité présidentielle ?
Hum, c’est une question profonde. Quelle est ma stratégie… quelle est notre stratégie... en fait excusez-moi mais l’on ne vous a jamais entendu sur ces points-là et on ne vous a jamais entendu tirer d’une certaine manière sur les autres partis… Oui mais parce que peut-être c’est un peu notre éducation, peut-être c’est l’ADN des transformateurs. Vous savez, commençons par le commencement, nous nous appelons les transformateurs. Le nom est au pluriel. Quand nous sommes allés enregistrés le nom du parti, ils nous ont demandé si on ajoute le déterminant « les » et j’ai réitéré que oui. Le mot « les » signifie la diversité, la pluralité. Le Tchad de ne se transformera pas en ayant un camp contre un autre et pour transformer on n’a pas besoin d’un camp contre un autre. Vous savez pourquoi chez les Transformateurs, il n’y a pas de cérémonie de ralliement, parce que ça n’est pas une festivité sinon il y en a beaucoup qui nous rejoignent. Célébrons plutôt le jour où nous passerons de 5% à 10% d’électricité. Célébrons le jour où il y aura pour chaque village un château d’eau, un dispensaire, une école… ça c’est concret ! C’est une conception mais bien au-delà une conviction profonde de ce que doit être le politique. Vous savez quand vous rentrez chez les Transformateurs, vous avez beaucoup de drapeaux du Tchad et ça a même titillé certains, nous faisant la remarque de s’être approprié le symbole du Tchad sauf que le drapeau du Tchad reste un patrimoine commun. Un parti politique c’est la nation en miniature. Je dis souvent une chose c’est qu’entre le drapeau des Transformateurs et le drapeau du Tchad, choisissez toujours le drapeau du Tchad parce qu’il est plus grand que tous les drapeaux de tous les partis politiques réunis. L’objectif n’est pas de réunir tous les partis politiques mais réunir tous les tchadiens de tous bords, toutes les énergies positives qui veulent la transformation de notre pays. Est-ce que l’électricité, la religion, l’éducation ont un parti ? L’essentiel reste l’école, la santé, et la transformation de la vie des citoyens. Il est là l’enjeu. Nous ne sommes pas des entrepreneurs politiques, nous sommes des citoyens tchadiens qui répondons à un appel patriotique par devoir de servir un pays. Nous y allons par devoir et non pas par envie. C’est pour cela qu’au regard de ce que certains disent en affirmant qu’ils n’aiment pas la politique, c’est une aberration de dire ce genre de choses parce que le politique vous régit d’une certaine manière. Je dois vous dire mon état d’esprit profond.
Il y a une part d’humilité dans notre démarche. Faisons un diagnostic d’où nous venons, qu’avons-nous fait et où partons-nous ? Si le pouvoir actuel a mis 30 ans soit plus de temps que les cinq autres chefs d’états réunis, peut-être 100 fois plus de ressources que les cinq autres présidents réunis, plus de durée au pouvoir que les précédents réunis. Nous avons commencé l’indépendance avec une lampe torche et 60 ans après un tchadien sur dix ont à peine l’électricité. C’est une responsabilité collective, ceux qui ont agi, qui ont le pouvoir ont leur responsabilité mais ceux aussi qui sont tombés dans le syndrome de la neutralité de l’hésitation ont aussi leurs parts de responsabilité. Moi qui vous parle, en tant que citoyen j’ai aussi ma part de responsabilité dans ce sous-développement. Dans la devise des Transformateurs, il y a audace, exigence et bienveillance. Être capable de dire que l’homme en face peut changer, c’est de la bienveillance. Quand nous allons en tournée en face pour rencontrer les chefs de partis politiques, à certains je leurs dis qu’on m’a dit que si je viens, vous allez me trahir. Mais je viens quand même vous parler car je pense que vous pouvez avoir au fond de vous un patriotisme final, l’élégance finale, la grandeur finale qui permet peut-être à un Président à la tête d’un système d’apartheid que Mandela puisse faire bouger les lignes vers une nation arc-en-ciel et les deux ont eu le prix Nobel de la paix. C’est la bienveillance qui a permis à ce premier président d’avoir ce prix quand bien même il fût à la tête de ce système de l’apartheid. Il nous appartient de protéger le passé et le présent. Ça n’est pas uniquement un enjeu électoral, d’un mandat mais d’une génération et de jeter les bases un peu comme des pères fondateurs de certains pays. On n’a pas besoin d’avoir des noms. Je voudrais que dans la pédagogie de la transformation que l’ensemble des tchadiens soit capable de comprendre cela. C’est aussi pour cela que je dis aussi à certains qui ont aussi bénéficié de ce système de quelques-uns de ne pas avoir peur de cet avenir. Je ne crois pas en une transformation sans eux et puis osons quelque chose de plus grand. Je crois en un pardon national pour toutes les bavures que nous avons commises les uns envers les autres de tous les régimes. Une inspiration de Nelson Mandela… Bien sûr, On ne peut pas avoir un nouveau départ pour quelques-uns et une prison pour quelques-autres. C’est pour cela que ceux qui ont été à l’origine de certains crimes et qui ont été condamné ici ou là-bas par contumace, en prison etc, il ne peut pas y avoir de pardon si nous ne prenons pas en compte ces gens-là et pour tous les régimes je veux dire. Parce que sinon on va commencer alors à dire que tu as tué plus ou tu as tué moins, ce serait alors un chapelet sans fin.
Cette cause noble et plurielle que vous défendez et que tous les tchadiens doivent défendre, doit nécessairement passer par un processus qui nécessite une personne, un candidat qui défend tout le monde. Dans les différentes rencontres que vous avez eues avec les différents chefs de partis politiques tels que Dadnadji, Alhabo, Kebzabo et d’autres… est-ce que vous ne prévoyez pas une unité ? Est-ce que l’égo de chaque chef de parti politique ne porterait pas préjudice à cette volonté d’unité politique ?
La question concrète est : êtes-vous prêts à organiser une sorte d’élections primaires avec les autres partis politiques de poids pour désigner un candidat présidentiable et battre campagne aux futures élections présidentielles ?
La suite de l’entretien sera publiée dans la prochaine publication de la deuxième partie (réalisé par Sadam Ahmat Yacoub).
Déjà la question de la candidature ne se pose pas encore à la date d’aujourd’hui. Qui vous dit que lors des prochaines élections les acteurs politiques seront les mêmes présents ? D’ici à 2021, les choses peuvent changer et même beaucoup de choses. Je ne suis pas obsédé par la question des élections présidentielles. A ce stade, mon enjeu c’est tout ce que l’on peut faire même pour dialoguer ou pour insérer les clauses colonnes vertébrales, c’est de permettre à tous les tchadiens de porter un projet de société. Votre question est profonde…
Il y a un silence du gouvernement même s’il y a eu l’acte d’un huissier de justice et la publication au journal officiel.
Le journal officiel de la république c’est le gouvernement qui le tient et plus précisément le secrétariat général du gouvernement. Un document, un acte pareil d’huissier de justice, c’est quand même d’abord de loin la seule personne habilitée dans une république à constater les faits, les délais et les durées. Il n’y a pas deux dans une république. Ensuite, c’est le secrétariat général du gouvernement qui tient les registres du journal officiel de la république. Je vous ajoute une autre information quand même, c’est qu’il y a eu même une nouvelle loi qui a été entérinée après les incidents, etc et qui a ramené le délai. Voilà ça visait les transformateurs et donc c’était 45 jours et ils ont ramené à 6 mois. Ils ont sorti alors une nouvelle loi qui a été promulguée par le Président de la république au 22 juillet 2019 et qui a ramené le délai à 3 mois. Cela veut dire que si une demande a été introduite et qu’après un délai de 3 mois il n’y a eu aucune de réponse de l’administration, c’est réputé conforme à la loi. Silence vaut acceptation…. Voilà.
Ça veut dire quoi ? Même si on mettait les compteurs à zéro parce que la seule objection que le Ministre nous a faite porte sur des demandes additionnelles. On demande votre numéro de compte bancaire, autorisation de permis de port d’arme, identification de patrimoine, il y avait des demandes écrites et orales donc la réponse du ministre sur la question d’âge qui est d’ailleurs assez grossière concernant les quelques conseillers qui sont dans l’équipe de direction des Transformateurs, beaucoup de gens le savent, nous avons dit au ministre qui sont les dirigeants des Transformateurs. C’était la seule objection. Même si le ministre décidait de mettre tous les compteurs à zéro, tout leur a été transmis avec les éléments additionnelles, ça veut dire qu’avec la nouvelle loi, nous sommes déjà à dix mois depuis le 29 avril 2019 et nous n’avons pas eu de réponse…. Ce n’est pas la première fois, il y a des partis politiques qui n’ont jamais eu de réponse de l’administration. Yorongor a été candidat à la présidence de la république avec une récépissé de dépôt alors que nous avons en plus de récépissé de dépôt, un constat d’huissier, et une publication au journal officiel. Vous savez moi qui vous parles là, j’ai l’équivalent d’une maîtrise en droit, dans mes équipes, il y a des juristes, on est conseillé par deux bâtonniers, nous sommes des responsables politiques. Les lois mêmes que nous voulons changer nous essayons de les respecter. Pour tout vous dire sur le plan légal, c’est un combat politique, ça n’a rien à voir avec une dimension juridique que l’on aurait oubliée, etc… parce que même les trois jeunes dans mon équipe, je vous avais dit tantôt que j’étais économiste principal à la banque africaine de développement et que j’avais 26 ans. Vous avez le fameux Don Ebert aussi. Pardon ? Vous avez le fameux Don Ebert aussi. Oui, oui mais il n’y a pas que lui, il y a Maryam Gounaou qui a 28 ans, Don Ebert qui a 25 ans mais qui est l’un des plus brillants de sa génération, il y avait notre trésorière qui avait eu son baccalauréat avec mention bien à 16 ans et qui est inspectrice principale du trésor à 19 ans, brillante, et que leur dit-on à ceux-là pendant qu’on nomme des gens qui ont moins de 25 ans, diriger les régies financières importantes de notre pays, pendant qu’on nomme des généraux qui ont moins de 25 ans, 26 ans même, pendant qu’on a des colonels de 23 ans, des directeurs de cabinets civils qui ont moins de ces âges là, vous pouvez donc dans ce pays-là, à 18 ans, aller mourir au Mali pour protéger les tchadiens du terrorisme. Vous savez moi, tous ces jeunes qui meurent à 18 ans, 19 ans, j’ai leurs noms et souvent les matins pour me revigorer la mémoire de ces personnes, je lis ces noms, je pense à eux et je regarde ces images.
Quel sacrifice… un jeune qui meurt pour son pays et on dit à ces gens-là d’aller mourir, alors que moi-même, je dirigeai des équipes et travaillais avec des gouvernements sur le continent africain. Je serai quel genre de responsable politique de ne pas mettre ces gens-là à mes côtés ? Le pire c’est quand dans l’équipe de direction vous n’avez pas que des dirigeants, c’est du bon sens. Dans le cabinet du ministre, il y a sa secrétaire. Est-ce que la secrétaire parce qu’elle est dans le cabinet du ministre est une dirigeante ? Non. A la présidence de la république, vous avez des plantons, des portiers, vous avez des chargés de courriers, etc… sont-ils tous des dirigeants parce qu’ils sont à la présidence de la république ? Non. C’est du bon sens, nous avons répondu en disant que chez les transformateurs, il y a 4 vice-présidents plus un secrétaire général. Ce dernier n’a pas rang de dirigeant au sens de l’article 48, 49 de nos statuts qu’on a transmis au ministre, légalisés et notariés. Ce n’est pas n’importe quoi ! C’est pour leur dire que vous n’avez pas eu le temps de lire tout cela mais que dans ça là, il est dit que ceux qui peuvent représenter notre parti auprès des tiers sur le plan civil, c’est le Président et en absence du Président, ce sont 4 vice-présidents par ordre, qui ont été nommés etc… Vous voyez donc que l’argument du ministre sur le fond n’était pas approprié, sur la forme, il interdit aux jeunes d’être dans un parti politique, lui-même étant jeune, et promu général 4 étoiles, dans un pays où l’on dit aux jeunes « osez ». Ça montre qu’il y a quelque chose qui ne vas pas. Vous voyez donc que sur le fond nous étions corrects, sur la forme aussi.
Dernier point que je voudrais vous faire sur ce qui nous a d’ailleurs amené à porter plainte contre la police qui est actuellement en cours. Vous savez que la réunion qui était prévue à la maison de la femme qu’ils ont essayé de nous interdire oralement d’ailleurs, c’était de l’arbitraire. L’article 6 de l’ordonnance qu’ils nous imposaient disposait que dès la date de dépôt du dossier d’agrément du parti, vous avez l’obligation de vous installer dans 12 provinces sans une diligence additionnelle et de tenir des meetings, d’avoir des bureaux.... Une réunion dans une salle fermée est une activité normale d’un parti, donc ils ne comprennent rien même à la loi. Rien ne nous a été remis. Ça démontre ainsi que c’était de l’arbitraire sur toute la ligne tout en tirant sur nous et faisant 6 blessés y compris moi-même. Nous avons donc porté plainte contre la police. Tout-ça nous montre quoi, qu’il y a des choses qui doivent changer dans ce pays, des choses inacceptables et nous allons y travailler.
Je dis aux jeunes sur lesquels on a tiré et aux plus âgés que je n’ai pas d’ennemis, je leur dis aussi que même ces policiers qui tirent sur nous-là, ce ne sont pas nos ennemis car dès qu’ils rentrent et qu’ils enlèvent leurs tenues, ils se posent la question de leur électricité, de l’école de leurs enfants, ce qu’ils vont manger etc… je dis que mon seul ennemi c’est l’injustice et quand je dis ennemi c’est avec tout ce que l’on peut considérer. L’injustice je ne la supporte pas. L’arbitraire je ne supporte pas. Face à cela, on marchera sur nos corps si nécessaire mais jamais je ne faiblirai. Là aussi nous avons fait la promesse à tout le monde que plus jamais, nous ne reculerons devant les interdictions des manifestations pacifiques. C’est l’une de nos 20 propositions. Ce ne sont qu’aux associations qui sont agrippés au pouvoir à qui on donne des autorisations. Ils sont même aller brûler les drapeaux d’autres pays, des USA, de la France. Je peux vous garantir une chose, c’est que jamais ces pays n’oublieront cela. On préfère donc donner l’autorisation à des gens qui ont brûlé les drapeaux des pays partenaires du Tchad plutôt qu’à des gens qui se battent pacifiquement pour la transformation de la vie des tchadiens. Le choix il est là et aux tchadiens en tout cas de le faire. Je ne me pose donc pas trop de question sur l’invalidation de notre candidature car la configuration, le jour J on le saura. Vous pouvez être surs d’une chose, nous sommes-là pour nous battre et les gens comme nous autres ont pour repère des gens comme Nelson Mandela, notre horizon-là, nous ne sommes pas en train de nous battre pour un mandat mais pour toute une génération. Je vous l’avais dit tout à l’heure, je n’ai plus d’autre objectif dans la vie, c’est la transformation du Tchad est le seul objectif qui me reste pour le restant de ma vie. C’est mon choix définitif.
Vous êtes une si ce n’est pas la figure montante de la scène politique tchadienne avec une vision panafricaine du développement. Vous prenez le « nous » plutôt que le « Je ». Dans vos actions quotidiennes et dans chacun de vos discours vous défendez la notion de leadership et vous n’avez pour adversaire que la pauvreté. Vous n’avez pour adversaire aucun parti politique. Non seulement l’opposition ça n’est pas le reflet de votre image politique mais vous n’avez pas non plus cette habitude de tirer à bout portant sur la majorité présidentielle. Ma question est la suivante : est-ce que vous êtes à l’image du président français Macron, dans une logique centriste et dans l’objectif de réunir à moyen termes les partis de différents horizons autour de vos idéaux ? Est-ce que vous ne craignez pas une sorte de dislocation ou même un délitement des partis actuels ou le fameux tamis des 200 partis politiques que vous disiez tantôt ? Quelle est votre stratégie politique ? Est-ce plutôt de la séduction des autres partis politiques, du rassemblement ? Quel est votre point de vue vis à vis des autres partis politiques tant de l’opposition que de la majorité présidentielle ?
Hum, c’est une question profonde. Quelle est ma stratégie… quelle est notre stratégie... en fait excusez-moi mais l’on ne vous a jamais entendu sur ces points-là et on ne vous a jamais entendu tirer d’une certaine manière sur les autres partis… Oui mais parce que peut-être c’est un peu notre éducation, peut-être c’est l’ADN des transformateurs. Vous savez, commençons par le commencement, nous nous appelons les transformateurs. Le nom est au pluriel. Quand nous sommes allés enregistrés le nom du parti, ils nous ont demandé si on ajoute le déterminant « les » et j’ai réitéré que oui. Le mot « les » signifie la diversité, la pluralité. Le Tchad de ne se transformera pas en ayant un camp contre un autre et pour transformer on n’a pas besoin d’un camp contre un autre. Vous savez pourquoi chez les Transformateurs, il n’y a pas de cérémonie de ralliement, parce que ça n’est pas une festivité sinon il y en a beaucoup qui nous rejoignent. Célébrons plutôt le jour où nous passerons de 5% à 10% d’électricité. Célébrons le jour où il y aura pour chaque village un château d’eau, un dispensaire, une école… ça c’est concret ! C’est une conception mais bien au-delà une conviction profonde de ce que doit être le politique. Vous savez quand vous rentrez chez les Transformateurs, vous avez beaucoup de drapeaux du Tchad et ça a même titillé certains, nous faisant la remarque de s’être approprié le symbole du Tchad sauf que le drapeau du Tchad reste un patrimoine commun. Un parti politique c’est la nation en miniature. Je dis souvent une chose c’est qu’entre le drapeau des Transformateurs et le drapeau du Tchad, choisissez toujours le drapeau du Tchad parce qu’il est plus grand que tous les drapeaux de tous les partis politiques réunis. L’objectif n’est pas de réunir tous les partis politiques mais réunir tous les tchadiens de tous bords, toutes les énergies positives qui veulent la transformation de notre pays. Est-ce que l’électricité, la religion, l’éducation ont un parti ? L’essentiel reste l’école, la santé, et la transformation de la vie des citoyens. Il est là l’enjeu. Nous ne sommes pas des entrepreneurs politiques, nous sommes des citoyens tchadiens qui répondons à un appel patriotique par devoir de servir un pays. Nous y allons par devoir et non pas par envie. C’est pour cela qu’au regard de ce que certains disent en affirmant qu’ils n’aiment pas la politique, c’est une aberration de dire ce genre de choses parce que le politique vous régit d’une certaine manière. Je dois vous dire mon état d’esprit profond.
Il y a une part d’humilité dans notre démarche. Faisons un diagnostic d’où nous venons, qu’avons-nous fait et où partons-nous ? Si le pouvoir actuel a mis 30 ans soit plus de temps que les cinq autres chefs d’états réunis, peut-être 100 fois plus de ressources que les cinq autres présidents réunis, plus de durée au pouvoir que les précédents réunis. Nous avons commencé l’indépendance avec une lampe torche et 60 ans après un tchadien sur dix ont à peine l’électricité. C’est une responsabilité collective, ceux qui ont agi, qui ont le pouvoir ont leur responsabilité mais ceux aussi qui sont tombés dans le syndrome de la neutralité de l’hésitation ont aussi leurs parts de responsabilité. Moi qui vous parle, en tant que citoyen j’ai aussi ma part de responsabilité dans ce sous-développement. Dans la devise des Transformateurs, il y a audace, exigence et bienveillance. Être capable de dire que l’homme en face peut changer, c’est de la bienveillance. Quand nous allons en tournée en face pour rencontrer les chefs de partis politiques, à certains je leurs dis qu’on m’a dit que si je viens, vous allez me trahir. Mais je viens quand même vous parler car je pense que vous pouvez avoir au fond de vous un patriotisme final, l’élégance finale, la grandeur finale qui permet peut-être à un Président à la tête d’un système d’apartheid que Mandela puisse faire bouger les lignes vers une nation arc-en-ciel et les deux ont eu le prix Nobel de la paix. C’est la bienveillance qui a permis à ce premier président d’avoir ce prix quand bien même il fût à la tête de ce système de l’apartheid. Il nous appartient de protéger le passé et le présent. Ça n’est pas uniquement un enjeu électoral, d’un mandat mais d’une génération et de jeter les bases un peu comme des pères fondateurs de certains pays. On n’a pas besoin d’avoir des noms. Je voudrais que dans la pédagogie de la transformation que l’ensemble des tchadiens soit capable de comprendre cela. C’est aussi pour cela que je dis aussi à certains qui ont aussi bénéficié de ce système de quelques-uns de ne pas avoir peur de cet avenir. Je ne crois pas en une transformation sans eux et puis osons quelque chose de plus grand. Je crois en un pardon national pour toutes les bavures que nous avons commises les uns envers les autres de tous les régimes. Une inspiration de Nelson Mandela… Bien sûr, On ne peut pas avoir un nouveau départ pour quelques-uns et une prison pour quelques-autres. C’est pour cela que ceux qui ont été à l’origine de certains crimes et qui ont été condamné ici ou là-bas par contumace, en prison etc, il ne peut pas y avoir de pardon si nous ne prenons pas en compte ces gens-là et pour tous les régimes je veux dire. Parce que sinon on va commencer alors à dire que tu as tué plus ou tu as tué moins, ce serait alors un chapelet sans fin.
Cette cause noble et plurielle que vous défendez et que tous les tchadiens doivent défendre, doit nécessairement passer par un processus qui nécessite une personne, un candidat qui défend tout le monde. Dans les différentes rencontres que vous avez eues avec les différents chefs de partis politiques tels que Dadnadji, Alhabo, Kebzabo et d’autres… est-ce que vous ne prévoyez pas une unité ? Est-ce que l’égo de chaque chef de parti politique ne porterait pas préjudice à cette volonté d’unité politique ?
La question concrète est : êtes-vous prêts à organiser une sorte d’élections primaires avec les autres partis politiques de poids pour désigner un candidat présidentiable et battre campagne aux futures élections présidentielles ?
La suite de l’entretien sera publiée dans la prochaine publication de la deuxième partie (réalisé par Sadam Ahmat Yacoub).