L'ancien président Tchadien Goukouny WEDDEYE est rentré au Tchad après au moins deux décennies d'exil quasi forcé. Cet ancien rebelle devenu président légitime du Tchad à l'issue d'un accord de paix reste un homme qui a beaucoup oeuvré pour la paix dans son pays, mais ces actions concrètes, en faveur de la paix et de la réconciliation entre Tchadiens, ont toujours été sabottées par ses collaborateurs. On a toujours reproché à notre ex-président son bas niveau intellectuel. Mais Goukouny a toujours démontré que la sagesse ne s'apprend pas sur les bancs de l'Université, et que la recherche de la paix n'est pas une question de diplôme. Bien au contraitre. Ce sont surtout les diplômés qui ont brûlé le Tchad. Goukouny a des défauts certes, comme tout homme mortel, mais il faut lui reconnaître beaucoup de qualités humaines qui font de lui le véritable apôtre de la paix au Tchad. Goukouny est l'unique président légitime au Tchad. Son accession au Tchad est l'aboutissement d'un consensus. Pour mémoire, rappelons quelques faits, quelques actes concrets posés par notre Président, et les actes de sabottages de la par des ses collaborateurs : &nb sp; La modestie : Personne ne peut enseigner cette qualité humaine à goukouny. Alors qu'il était chef=2 0rebelle du Frolinat sous le règne de Tombalbaye, Goukouny a accueilli Hissein Habré, plus jeune mais plus bagagé que lui sur le plan intellectuel. Tout de suite, Goukouny a cédé sa place au nouveau rebelle HIssein Habré. Mais les relations entre les deux hommes vont devenir rapidement exécrables parce qu'ils ne poursuivent pas les mêmes objectifs politiques. D'ailleurs, Goukouny et Habré n'ont pas le même caractère. Le premier est pacifiste, le second est propte à tuer. Les deux chefs rebelles finiront par se séparer. A l'issue de cette séparation, Habré crée les FAN, Forces Armées du Nord, dont l'unique l'objectif est de faire déclencher une guerre civile au Tchad entre Nordistes et Sudistes pour s'emparer du pouvoir. La tolérance : c'est une autre qualité de Goukouny. A partir de février 1978, le chef rebelle Goukouny Weddeye, occupe pratiquement tout le BET. Il installe alors son QG à Faya Largeau. A l'époque, l'armée était majoritairement composée de militaires Sudistes. Gokouny a pratiquement décimé l'armée gouvernementale, faisant des milliers de prisonniers à Faya-Largeau. Mais Goukouny n'a pas touché un seul cheveu de ses prisonniers. Ceux-ci envoyaient des lettres à leurs familles par le biai s de la Croix-Rouge. C'est ainsi que certaines familles parfois situées dans les villages les plus reculés du Sud du Tchad, avaient des nouvelles d e leur fils fait prisonnier à Faya-Largeau. Par ailleurs, à l'occasion de certaines grandes fêtes chrétiennes comme Noël ou Paques, Goukouny laissait des prêtres venir à Faya, pour dire la messe à ses prisonniers. En 1981, Goukouny, président de la République, effectue une tournée au Sud du pays. La question des prisonniers de Faya a été soulevée lors de cette visite officielle au Sud. Goukouny promets à ses interlocuteurs que dès son retour à N'djaména, tous les prisonniers de Faya-Largeau seront libérés. De retour dans la capitale, l'homme joint l'acte à la parole. Les militaires faits prisonniers à Faya ont tous été libérés et ils ont regagné leur famille au sud du pays. Rappelons que Goukouny a entrepris une tournée générale au Sud du pays dès le début de l'année1981, à peine deux mois après sa prise de fonction. Contrairement à Habré qui a pris le pouvoir à Ndjaména en juin 1982 et qui a attendu 1985, trois ans plus tard, pour entreprendre une tournée dans le sud, après Septembre Noir. Une manière de poignarder dans le dos, puis de venir souffler sur la plaie. Autre acte de tolérance et de patriotisme de Goukouny : au début de la Confé rence Nationale Souveraine de 1993, un problème de préséance de langue se posait : dans quel ordre interviendraient les langues, Français, Arab e, Sara ou seulement français et arabe uniquement ? Ou Arabe et Français ? En patriote, Goukouny a clarifié les choses en ces termes : l'arabe et le français sont des langues étrangères au Tchad. Il est donc hors de question de remettre en cause le sara qui est une langue authentiquement tchadienne. Cette intervention patriotique et claire, n'était pas de nature à plaire à certains de ses compatriotes. Goukouny a été conspué par certains de ses compatriotes dans la salle. Rappelons que ce sont essentiellement des personnes qui partageaient la politique du CCFAN qui ont conspué le Président. En effet, la politique du CCFAN, c'est le regroupement et affrontement inter ethnique tous azimut. Dès lors qu'un problème Nord-Sud se pose, les CCFANistes sont contents. Mais la tolérance de Goukouny lui a beaucoup porté préjudice. Ses collaborateurs abusaient littéralement de sa magnanimité, à commencer par Kamougué Wadal Abdelkader, Vice-Président du GUNT (Gouvernement d'Union Nationale de Transition). Sous Goukouny, Kamougué en tant que Vice-Président, mettait rarement pied à N'djaména. Il s'est retiré à Moundou où il a mis en place une organisation politique dénommé Comité Permanent, organe qui gérait20le Sud du Tchad de manière indépendante vis-à-vis de N'djaména, avec une reconnaissance tacite de la France qui envoie à Moundou un consul.& nbsp;A Moundou, Kamougué se comportait en chef d'État. Il n'a jamais versé de salaire, ce qui a suscité un mécontentement généralisé au sein des fonctionnaires. Avec le temps, sa côte de popularité était tombé très bas et Kamougué n'était populaire que dans le milieu paysan. D'après certaines sources indiscrètes, Kamougué se rendait à N'Djaména, pour prendre des mains de Goukouny, les salaires des fonctionnaires du sud, salaires qu'il mettait dans sa poche. Le deuxième homme à avoir trahi Goukouny, c'est Hissein Habré. Ce dernier était Ministre de la Défense sous le GUNT. Mais à N'Djaména, HH se comportait en 2e président de la République avec une armée et une gestion qui n'a de compte à rendre à personne, surtout pas au Président Goukouny. Hissein Habré et le CCFAN ont juré de mettre le Tchad dans un embrasement généralisé si Habré n'est pas président de la République. Très rapidement, la situation a dégénéré en affrontement entre les forces gouvernementales commandées par Goukouny et les FAN d'Hissein Habré. Les combats ont éclaté en mars 1980 pour finir le 15 décembre 1980. Goukouny, appuyé par des soldats Libyens, a20pris le dessus et chassé le criminel Habré hors de N'djaména. Il faut dire que Habré et Goukouny ont des caractères diamétralement opposé s qui bloquent toute collaboration ou coopération. Nous avons dit ci-dessus que Goukouny traitait bien ses prisonniers. Ce n'est pas le cas avec HH. Au cours de tous les combats dès février 1979, les FAN faisaient beaucoup de prisonniers mais ces malheureux étaient systématiquement exécutés sur ordre de HH. L'histoire des Enfants de Troupes de N'Djaména est encore vive dans la mémoire collective. Lorsque les combats ont commencé le 12 février 1979, des enfants de troupes majoritairement sudistes, attendaient leur bus devant la RNT. Ils ont été pris en otage par les FAN puis exécutés sur ordre de Habré. Ils avaient entre 10 et 12 ans. Ils ont été reprochés d'être... sudistes. Si les différents chefs de tendance qui composaient le GUNT avait mis leurs ambitions personnelles en veilleuse pour travailler avec Goukouny, on en serait pas là aujourd'hui. Mais revenons à Goukouny. L'homme a aussi des défauts. On a toujours reproché à notre Président, sa collaboration avec la Libye de Khadafi. Certes, Goukouny a fermé les yeux sur l'occupation de bande d'Aouzou. Mais il n'y a pas que lui a traîner ce défaut. Tombalbaye était le premier à fermer plus ou moins les yeux20sur l'occupation d'une partie de notre territoire national. Quant à Hissein Habré, il faisait de l'affaire de la bande d'Aouzou un fond de commerce pour obteni r le soutien de l'Occident, une manière à HH de fermer les yeux sur l'affaire Aouzou. Dès le 7 juin 1982, l'agression libyenne est dénoncée sur les antennes de la radio nationale. Pendant ce temps, les FAN organisaient des massacres collectives des Tchadiens sur grande échelle. L'agression libyenne servait de paravent au chef historique des FAN. Hissein Habré a toujours privilégié l'affrontement entre Tchadiens par rapport aux agissements de Kadhafi. Dans une famille, quand il y a une menace venant de l'extérieur, les divergences sont mises en veilleuse pour faire face à 'ennemi commun, puis le linge sale se lave ensuite en famille. Mais HH ne voyait pas les choses ainsi. En février 79, il a privilégié la guerre civile entre Tchadiens par rapport à la menace libyenne. Goukouny est l'une des rares personnalités politiques au Tchad à faire l'unanimité aussi bien au nord qu'au sud. Espérons que Déby Itno entendra les conseils du sage qui est maintenant à N'Djaména. La paix au Tchad en dépend largement. BELEMGOTO Macaoura