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Tchad : Idriss Déby Itno ne joue-t-il pas avec le feu ?


Alwihda Info | Par Freeman Djido - 24 Décembre 2018



Idriss Déby, chef de l'Etat tchadien. ©
Idriss Déby, chef de l'Etat tchadien. ©
« Les conflits naissent toujours petits mais grandissent », disait une maxime populaire. Si tel est le cas, minimiser la revendication sociale des travailleurs civils au détriment des militaires et adopter une ordonnance qui retire le droit de terre aux paysans ne risquerait-il pas de réveiller les vieux démons ? Surtout en cette période où le climat social est intenable, l’on ne peut pas s’attendre à tout ?

En 2016, pour faire face à la crise financière le gouvernement, par le décret n°687, diminue de moitié les indemnités des travailleurs. Grève après grève, un accord a été signé permettant la reprise du travail. Cette diminution des indemnités qui était inscrite dans un délai de 18 mois continue son chemin sans interruption. Comme si cela ne suffisait pas, le même gouvernement, cette fois ci, sans un acte, enfonce le clou. Il diminue l’augmentation générale spécifique sur le salaire.

Les travailleurs, contraints, ont débrayé. Les multiples menaces et intimidations faites par le gouvernement à travers la loi n° 032, ont été vaines. Il a fallu un deuxième accord, toujours pour garant le Président Idriss Déby Itno, pour que les travailleurs reprennent les activités plein d’amertume.

Ces faits ont considérablement influencé la vie du pays mais personne n’y a pensé. Puisque même du côté du gouvernement, aucun bilan n’a été fait et rendu public.

Cette fois ci, tenu par quelle force, Déby veut rétablir « le salaire intégral » des militaires d’ici le mois de janvier 2019. Joue-t-il au malin avec les travailleurs civils en leur proposant un rétablissement de l’augmentation générale spécifique sur le salaire à hauteur de 15% ?

Du côté des militaires, pas un seul effort mais l’émir veut leur rétablir l’intégral de leur salaire. Cependant, il oublie que la plateforme syndicale ne serait pas là pour avaler systématiquement ses couleuvres. Surtout qu’en son temps, le secrétaire Général de l’union des Syndicats du Tchad, Gounou VaÏma Ganfaré disait : « on peut capituler aujourd’hui et se ressaisir demain. On verra dans le temps si nous avons capitulé ou non. Le temps nous donnera raison ».

Si du côté des fonctionnaires il leur reste un maudit salaire, que restera-t-il du côté des cultivateurs puisqu’avec la nouvelle ordonnance 043/PR/2018 portant orientation agro-sylvio-pastorale et halieutique a été adoptée le 20 décembre dernier par les députés ? Cette ordonnance, selon le député Madtoingué Belngar, mettra à mal le vivre ensemble et la cohabitation pacifique. Par conséquent compromettra la paix. Un gouvernement responsable ne prendre pas de telle ordonnance, fustige-t-il.

Le député Adoum Djibrine affirme que certains responsables mécontents du retrait du Code pastoral pensent prendre leur revanche à travers cette ordonnance qui dépossède les paysans de tout. Le député Madtoingué Belngar entend saisir le Conseil constitutionnel pour le retrait de cette ordonnance qu’il qualifie de génocidaire. Le doute reste sceptique car le Conseil constitutionnel est une chambre de la cour suprême, surtout que l’avis juridique dudit projet d’ordonnance a été signé par le premier président de la cour suprême, Samir Adam Annour. À quand l’expropriation des paysans ? Puisqu’au Tchad, les lois disposent aussi pour le passé.



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