Communiqué de Survie, le 2 février 2009
En ce début de février 2009, anniversaire du soutien renouvelé de la France au régime dictatorial d’Idriss Déby en février 2008, il est grand temps que la France prenne les responsabilités qui sont les siennes pour une sortie de crise, qu’elle cesse de verrouiller la situation tchadienne par le statu quo et œuvre enfin au soutien d’un processus démocratique qui aujourd’hui est dans l’impasse.
Il y a un an, la France permettait au président tchadien de se maintenir au pouvoir en lui apportant le soutien diplomatique et militaire nécessaire lors d’une attaque menée contre N’Djaména par des rebelles. Faut-il rappeler les conditions d’accès au pouvoir d’Idriss Déby ? Auteur d’un coup d’Etat contre le président Hissène Habré en 1990, c’est avec la bénédiction de la France qu’Idriss Déby, ancien élève de l’Ecole militaire de Paris, a pris les rênes du pays, devenant président « élu » et « réélu » en 1996, 2001 et 2005, à la suite de fraudes électorales, le financement de candidatures fictives (faisant l’illusion de la concurrence électorale) et autre manipulation de la Constitution. La France, en apportant un soutien politique et militaire inconditionnel au régime illégitime, dictatorial et contesté d’Idriss Déby, a choisi le camp de la dictature en armant celle-ci contre l’opposition démocratique et la population en général qui vit dans la peur quotidienne d’une nouvelle attaque.
Faisant la sourde oreille à la demande d’un dialogue national inclusif, entre tous les acteurs de la vie politique tchadienne (opposition non armée et armée), dialogue réclamé par les opposants politiques et la société civile réunie au sein du « Comité d’Appel à la Paix et à la Réconciliation », et à la demande de mise en place d’un processus de paix soutenu par la communauté internationale, la France ruine les espoirs d’une sortie de crise. Comment le comprendre autrement lorsque l’on sait qu’en février 2008, la France a fourni au régime des renseignements sur les mouvements des rebelles et sur leurs communications, a permis l’acheminement d’armes et de munitions, ou encore s’est engagée militairement dans les combats ?
En apportant son soutien à Idriss Déby, la France a permis à celui-ci d’entamer une chasse aux opposants et aux dirigeants des organisations de la société civile, lançant également des actes d’intimidation contre des journalistes indépendants et des défenseurs des droits de l’Homme. Dans la confusion des évènements du début février 2008, des opposants politiques ont en effet été enlevés, séquestrés et pour l’un d’entre eux, Ibni Oumar Mahamat Saleh (porte-parole de la Coordination des partis pour la défense de la démocratie-CPDC), probablement assassiné puisqu’il est toujours porté disparu. Un an après cette disparition, l’opposition politique et la société civile désespèrent d’être entendues dans leur volonté de construction d’un processus démocratique véritable et d’un retour à l’Etat de Droit. C’est pourquoi Survie réitère sa double volonté : celle de voir les parlementaires français se saisir du dossier en créant une Commission d’enquête pour établir la vérité sur l’implication de la France dans le conflit tchadien, et celle de voir l’Union européenne se mobiliser pour mettre un terme à l’ingérence française.
Archétype de la Françafrique, la relation entre la France et le Tchad est pleine de faux semblants, comme le simulacre de recherche de vérité sur les évènements dont nous célébrons aujourd’hui le triste anniversaire. La « Commission d’enquête sur les événements survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs conséquences », créée à la demande du président français Nicolas Sarkozy pour apaiser les esprits (mais présidée par un proche de Déby) a rendu un rapport inabouti. Reconnaissant l’implication de l’Armée nationale tchadienne dans les disparitions et les violations de droits de l’Homme, ce rapport ne reconnaît pas celle de son chef, Idriss Déby, ce qui est inconcevable. La Françafrique poursuit ses abominables aventures.
Contact presse :
Alexandra PHAËTON, Chargée des Campagnes et du Plaidoyer
alexandra.phaeton@survie.org Tél. : 01 44 61 03 25
--
Olivier Thimonier
Secrétaire général
olivier.thimonier@survie.org
Association Survie
210, rue St Martin
75003 Paris
Tél. : 01 44 61 03 25
Fax. : 01 44 61 03 20
http://survie.org
En ce début de février 2009, anniversaire du soutien renouvelé de la France au régime dictatorial d’Idriss Déby en février 2008, il est grand temps que la France prenne les responsabilités qui sont les siennes pour une sortie de crise, qu’elle cesse de verrouiller la situation tchadienne par le statu quo et œuvre enfin au soutien d’un processus démocratique qui aujourd’hui est dans l’impasse.
Il y a un an, la France permettait au président tchadien de se maintenir au pouvoir en lui apportant le soutien diplomatique et militaire nécessaire lors d’une attaque menée contre N’Djaména par des rebelles. Faut-il rappeler les conditions d’accès au pouvoir d’Idriss Déby ? Auteur d’un coup d’Etat contre le président Hissène Habré en 1990, c’est avec la bénédiction de la France qu’Idriss Déby, ancien élève de l’Ecole militaire de Paris, a pris les rênes du pays, devenant président « élu » et « réélu » en 1996, 2001 et 2005, à la suite de fraudes électorales, le financement de candidatures fictives (faisant l’illusion de la concurrence électorale) et autre manipulation de la Constitution. La France, en apportant un soutien politique et militaire inconditionnel au régime illégitime, dictatorial et contesté d’Idriss Déby, a choisi le camp de la dictature en armant celle-ci contre l’opposition démocratique et la population en général qui vit dans la peur quotidienne d’une nouvelle attaque.
Faisant la sourde oreille à la demande d’un dialogue national inclusif, entre tous les acteurs de la vie politique tchadienne (opposition non armée et armée), dialogue réclamé par les opposants politiques et la société civile réunie au sein du « Comité d’Appel à la Paix et à la Réconciliation », et à la demande de mise en place d’un processus de paix soutenu par la communauté internationale, la France ruine les espoirs d’une sortie de crise. Comment le comprendre autrement lorsque l’on sait qu’en février 2008, la France a fourni au régime des renseignements sur les mouvements des rebelles et sur leurs communications, a permis l’acheminement d’armes et de munitions, ou encore s’est engagée militairement dans les combats ?
En apportant son soutien à Idriss Déby, la France a permis à celui-ci d’entamer une chasse aux opposants et aux dirigeants des organisations de la société civile, lançant également des actes d’intimidation contre des journalistes indépendants et des défenseurs des droits de l’Homme. Dans la confusion des évènements du début février 2008, des opposants politiques ont en effet été enlevés, séquestrés et pour l’un d’entre eux, Ibni Oumar Mahamat Saleh (porte-parole de la Coordination des partis pour la défense de la démocratie-CPDC), probablement assassiné puisqu’il est toujours porté disparu. Un an après cette disparition, l’opposition politique et la société civile désespèrent d’être entendues dans leur volonté de construction d’un processus démocratique véritable et d’un retour à l’Etat de Droit. C’est pourquoi Survie réitère sa double volonté : celle de voir les parlementaires français se saisir du dossier en créant une Commission d’enquête pour établir la vérité sur l’implication de la France dans le conflit tchadien, et celle de voir l’Union européenne se mobiliser pour mettre un terme à l’ingérence française.
Archétype de la Françafrique, la relation entre la France et le Tchad est pleine de faux semblants, comme le simulacre de recherche de vérité sur les évènements dont nous célébrons aujourd’hui le triste anniversaire. La « Commission d’enquête sur les événements survenus en République du Tchad du 28 janvier au 8 février 2008 et leurs conséquences », créée à la demande du président français Nicolas Sarkozy pour apaiser les esprits (mais présidée par un proche de Déby) a rendu un rapport inabouti. Reconnaissant l’implication de l’Armée nationale tchadienne dans les disparitions et les violations de droits de l’Homme, ce rapport ne reconnaît pas celle de son chef, Idriss Déby, ce qui est inconcevable. La Françafrique poursuit ses abominables aventures.
Contact presse :
Alexandra PHAËTON, Chargée des Campagnes et du Plaidoyer
alexandra.phaeton@survie.org Tél. : 01 44 61 03 25
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Olivier Thimonier
Secrétaire général
olivier.thimonier@survie.org
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Fax. : 01 44 61 03 20
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