POINT DE VUE

Tchad : "Le summum de la bassesse", dénonce Mahamat Nour Ibedou


Alwihda Info | Par Mahamat Nour Ibedou - 13 Mars 2020



Tchad : "Le summum de la bassesse", dénonce Mahamat Nour Ibedou. © DR
On nous a toujours reproché de ne relever souvent que le côté négatif du système Deby et d'ignorer délibérément les actes positifs posés par ce système depuis son avènement en 1990. Nos détracteurs de toujours ne ratent aucune occasion pour nous coller une étiquette de fustigeurs systématiques d'une gouvernance qu'ils nous accusent de reprouver de manière gratuite et à la limite subjective .

L'occasion nous a été offerte aujourd'hui par le secrétaire général du MPS à travers son discours prononcé à Mongo ce Mercredi 11 mars 2020 à l'occasion du 30e anniversaire de la création du Mouvement Patriotique du Salut (MPS), de nous justifier en prenant à témoin l'opinion nationale et internationale.

En effet, sans vouloir chercher à entrer dans les détails nous disons que ce discours qui est une honte nationale est en soi un scandale qui s'inscrit dans une des pages les plus sombres de notre histoire. On se croirait tout simplement revenu aux époques des systèmes de partis uniques.

"Deby conduira la politique du Tchad aussi longtemps que Dieu lui donnera la vie"....plus loin "aussi longtemps si nous sommes fidèles et loyaux (à Deby) comme aujourd'hui. Deby est "un bon et célèbre stratège qui a fait l'école de guerre de Paris". "L'Afrique a  besoin de Deby". C'est à peine s'il n'a pas parlé d'un demi Dieu. Cette grossière cajolerie dont l'hystérie frise l'adoration est  martelée par celui là même qui est un pur produit d'un système monopartite et dont le penchant naturel pour la pensée unique est avéré.

Le représentant des "baministe" à son tour, a réitéré la "fidélité des militants au président fondateur I. Deby". Tout est donc fonction de la fidélité à Deby. L'accent a évidemment été mis sur la fidélité non pas au parti mais à Deby qui est le gage sans conteste des"victoires électorales" à venir. Du développement du pays, il n'en a cure.

Ces insanités ont été évidemment martelées devant un parterre d'individus au premier rang desquels se trouvent des personnes  habituées elles aussi à user de  ce genre de flatteries et de courbettes; deux attitudes qui sont en fait les  seules garanties de leurs statuts actuels.

Tout le système Deby est ainsi façonné à son image et les personnes qu'il nomme, responsabilise et révoque au gré de ses humeurs dépendent uniquement de lui.

Tout le monde a donc très bien compris qu'il doit travailler pour Deby et pour Deby seul ; pas pour l'état ; ils ne doivent plus réfléchir par eux memes et pour peu qu'un haut responsable pense à faire passer l'intérêt du pays au détriment de ceux de Deby, il est aussitôt limogé.

La fidélité à Deby est la règle et tout le monde attends ses instructions. Celles ci sont exécutées à la lettre souvent contre les intérêts du pays; certains "cadres"l'on compris  ; ils rivalisent ainsi de soumission à son endroit ; ils vont parfois même au-devant de ses caprices et désirs  les plus vils ; peu importe, ce qu'il dit est parole d'évangile. 

Un système pareil ne pourra donc  jamais produire un résultat dont on peut-être satisfait; nous sommes donc arrivés à un état néant dont la résurrection n'interviendra qu'avec le départ de Deby.

"Il n'y a de richesses que d'hommes", disait un penseur contemporain.

"Le développement d'un pays dépend d'abords d"une gestion rationnelle de ses ressources humaines. C'est ainsi qu'une nation comme Israël qui avait bénéficié d'un pays au sol rocailleux et pauvre est aujourd'hui une puissance économique qui exporte son savoir faire au plan mondial en techniques d'irrigation et une puissance agricole reconnue ; cela uniquement grâce à la qualité de ses hommes.

Aucun pays au monde ne s'est développé avec des cancres aux commandes et des cerveaux sous les arbres. 

Ce n'est pas surprenant qu'au Tchad, il n'y'ait pas de résultat  puisque les agents de conception sont choisis sans considération de compétences mais plutôt de leur degré de servilité et de leur soumission à sa personne ou encore en fonction de leur degré de parenté envers lui.

Ce n'est pas étonnant qu'il n'y'ait aucun domaine qui puisse nous permettre d'affirmer que dans la gestion de Deby, il y,en a un  qui peut nous permettre de le féliciter ; parceque tout simplement il n'y'en a aucun ; Aucun des actes qu'il a posé jusque là ne peut-être qualifié de positif. On nous parle du Tchad comme d'un havre de paix au milieux des pays voisins en proie à  certaines turbulences; mais on oublie souvent  que la main de Deby est toujours derrière chaque conflit en Centrafrique, au Soudan et au Nigeria.

Dans notre pays, tous les fondements d'un état normal sont inexorablement détruits un à un depuis 30 ans.

Deby qui a géré à travers l'argent du pétrole les  plus grosses ressources jamais connues par aucun autre chef d'état tchadien avant lui n'a fait qu'accentuer les clivages inter ethniques à  travers une politique délibérée de division et en fabricant deux catégories de tchadien : 80 % de  serviteurs volontairement rendus misérables et moins de 20% de milliardaires composés de ses proches qui sont les maîtres des autres tchadiens.

En dépit de toute cette masse d'argent acquise depuis 2003, le pays en arrive aujourd"hui à  quémander de l'argent pour payer ses travailleurs à qui une bonne partie de leur salaire est coupé depuis 2 ans. Le tiers de ces revenus pétroliers est allé garnir ses comptes bancaires et  ceux de ses proches à l'étranger.

Nous avons l'habitude d'entendre nos détracteurs parler des réalisations, des routes des bâtiments etc . Nous leurs répondons qu'ils aillent jeter un coup d'oeil sur les facture; nous savons donc que ces prétendues réalisations qui avaient coûté 20 fois leur prix normal pouvaient être exécutées avec une qualité 20 fois supérieure au vu des dépenses engagées à cet effet et dans des conditions normales.

Il aurait suffit de venir à Ndjamena en saison des pluies pour  se rendre compte de la qualité de ces ouvrages : les rues bitumées deviennent des caniveaux et les inondations sont monnaie courante.

Qu'on ne nous fatigue donc pas en nous disant que Deby a réalisé des choses; tout le monde sait que si l'argent dont Deby a disposé au Tchad était tombé entre les mains d'un autre chef d'état à peu près nationaliste, ce pays occupera à n'en pas douter une place enviable  dans le concert des nations ; il suffit pour cela de mettre à la disposition des cadres compétents placés chacun à la place qu'il faut, les moyens colossaux engrangés par le pétrole et le tour sera joué.

Une bonne gestion des ressources humaines est donc le seul vrai gage de développement d'un pays.

Mais revenons sur le discours du Secrétaire Général du MPS  pour l'anecdote  

A Mongo, les "personnalités "précitées et les opportunistes de tout poil qui les ont suivies dans le dessein de quemender une audience avec  Deby  voulaient  ainsi  rivaliser de servilité et obtenir de ce fait ses bonnes grâces; mal leur en pris ,car ils apprennent  tous  brusquement que Deby ne viendra plus à la fête à Mongo. Lui qui trouve un malin plaisir à les  humilier continuellement.

Ces individus sont venus de tous les coins du pays ; leur nombre est tellement important qu'ils ont provoqué une flambée des prix des denrées de première nécessité  et causé une pénurie d'eau qui allait avoir des conséquences certaines sur la vie des habitants  de cette petite ville.

Certains d'entre ces visiteurs de circonstance avaient passé la nuit à l'aéroport de Mongo dans la perspective d'avoir le privilège d'être les premiers à accueillir le "président fondateur" dès sa descente d'avion; mais à présent ils  sont contraints toute honte bue de rebrousser chemin vers Ndjamena; démontrant ainsi que ce n'est pas la commémoration de 30 ans d'existence du MPS qui les intéresse. 

C'est le système Deby qui a façonné ces gens et en a fait  des opportunistes professionnels dont tous les actes sont regis par un seul mot: INTÉRÊTS PERSONNELS. 

Mahamat Nour Ibedou. secrétaire général de la CTDDH.

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