ANALYSE

Tchad - Le taux d'échec élevé des étudiants à l'Université de N'Djamena : Une situation alarmante


Alwihda Info | Par Barra Lutter King - 21 Septembre 2024


Le constat est sans appel : malgré plus d'une décennie de mise en œuvre du système Licence-Master-Doctorat (LMD), le taux de réussite des étudiants à l'université de N'Djamena reste désastreux. Chaque année, les réussites aux examens finaux sont rares, et un grand nombre d'étudiants avancent avec des "dettes" académiques.


Les Responsabilités en Question
Les premiers à être pointés du doigt sont souvent les enseignants. Un taux d'échec aussi élevé soulève des questions sur les méthodes pédagogiques employées. Il est crucial que les enseignants se remettent en question. Cependant, il serait injuste de les blâmer tous sans distinction. Par exemple, dans le département de géologie, sur plus de 700 étudiants en première année, plus de 300 se retrouvent avec des dettes, et seulement 100 réussissent à passer en deuxième année. Cette situation n’est pas isolée et se retrouve dans de nombreux départements.
 
Problèmes Pédagogiques et Système LMD
La question se pose également de savoir si les étudiants ne sont pas brillants ou s'ils sont mal évalués. Si les objectifs pédagogiques ne sont pas atteints, il s'agit d'un échec qui devrait avant tout interroger les enseignants.
 
Au-delà de la première année, les étudiants en troisième année finissent souvent avec des mentions peu flatteuses, ce qui complique leur accès au cycle master. La structure même du système LMD apparaît mal adaptée, notamment en raison d'effectifs pléthoriques. Un professeur se retrouvant à enseigner à près de mille étudiants simultanément ne peut pas effectuer une évaluation rigoureuse.
 
Conséquences et Alternatives
Le taux d'échec élevé a des conséquences dramatiques : de nombreux étudiants abandonnent, cherchant des opportunités ailleurs. Cela nuit non seulement à leur potentiel, mais aussi à la réputation de l'université. De plus, une partie d'entre eux se tourne vers des universités privées, où, ironie du sort, les mêmes enseignants continuent d'intervenir.
 
Nécessité de Réformes
Il est impératif de réformer le système. Cela inclut :
Amélioration des Méthodes d'Évaluation : Mettre fin à la correction des copies basée sur des critères arbitraires.
Réduction des Effectifs : Limiter le nombre d'étudiants par classe pour permettre une évaluation plus juste et individuelle.
Formation Continue des Enseignants : Offrir aux enseignants des formations sur les meilleures pratiques pédagogiques.
 
Les étudiants, bien que responsables de leur apprentissage, méritent également d'avoir des conditions équitables pour réussir. Un enseignement de qualité, associé à une évaluation rigoureuse, est essentiel pour donner à chaque étudiant la chance de s’épanouir.
 
Conclusion
La situation à l'université de N'Djamena ne peut plus passer inaperçue. Il est temps pour les autorités rectorales et éducatives de prendre des mesures concrètes afin d'améliorer la qualité de l'enseignement et de l'évaluation. Sinon, l'université risque de perdre son attrait pour les nouveaux bacheliers, entraînant un cercle vicieux de médiocrité qui nuira à l'avenir du pays.

Dans la même rubrique :