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Tchad : à quand les piscines publiques à N’Djamena ?


Alwihda Info | Par Barra Lutter - 15 Novembre 2024



Alors que la capitale tchadienne subit des épisodes de chaleur de plus en plus intenses en saison chaude, la nécessité d’accéder à des espaces de rafraîchissement, comme les piscines, se fait ressentir. Malheureusement, N’Djamena, souvent qualifiée de « vitrine de l’Afrique », manque cruellement de piscines publiques.

Pire encore, seuls 1 % des jeunes ont eu l’opportunité de fréquenter une piscine, et beaucoup n’en ont vu que sur les écrans de télévision.

Une absence criard d’infrastructures
Les piscines publiques, considérées ailleurs comme des espaces centraux de cohésion sociale et de santé publique, sont totalement absentes des dix communes de la ville. Une enquête révèle que, dans d'autres contextes, les piscines publiques figurent parmi les espaces les plus fréquentés, après les bibliothèques. À N’Djamena, en revanche, les jeunes se contentent de se baigner dans les fleuves, faute d’alternatives.

Témoignages révélateurs
Pour de nombreux jeunes de la capitale, l’accès à une piscine reste un luxe inaccessible. Moussa Tahir, étudiant en licence, confie : « Depuis ma naissance, je n’ai vu les piscines que dans les séries télévisées américaines ».

Mariam Mahamat, de son côté, témoigne : « Je n’ai vu des gens se baigner dans une piscine qu’au Radisson Blu, lors d’une fête organisée par des amis ». Ces témoignages mettent en lumière une réalité : la piscine reste un symbole de privilège. Ceux qui y ont accès sont perçus comme « branchés », ou favorisés, accentuant les inégalités sociales et culturelles.

Les piscines, un luxe coûteux mais nécessaire
Certes, la construction et la gestion d’une piscine publique représentent un investissement important, estimé à plus de 20 millions de francs CFA, pour un bassin standard, selon des ingénieurs interrogés. Cependant, face aux défis du réchauffement climatique et des vagues de chaleur, il devient impératif pour les autorités municipales de repenser leurs priorités en matière d’aménagement urbain.

Outre leur rôle de loisir, les piscines ont un impact positif sur la santé physique et mentale. Elles contribuent à améliorer la santé cardiovasculaire, au développement musculaire et offrent une activité sportive essentielle pour les jeunes. Dans certains pays, les enfants apprennent à nager dès leur plus jeune âge, mais cette réalité est encore loin d’être accessible à N’Djamena.

Une demande croissante pour des espaces publics diversifiés
Les attentes des jeunes envers les espaces publics évoluent. Ils aspirent à des infrastructures modernes, telles que des salles de sport, des aires de jeux pour enfants, et surtout des piscines publiques. En réponse à ces besoins, il devient crucial de créer des lieux adaptés pour promouvoir les loisirs et le bien-être, tout en sensibilisant les générations futures à l’importance de la natation.

Un appel à l’action
Les piscines publiques ne devraient pas être perçues comme un luxe, mais comme une nécessité pour répondre aux défis climatiques et sociaux actuels. Les municipalités doivent envisager la création de piscines municipales, pour offrir aux citoyens un accès à l’eau dans des conditions sûres et encadrées. Enseigner la natation à la jeunesse tchadienne ne serait pas seulement un pas vers le bien-être, mais aussi un moyen de renforcer leur développement physique et émotionnel.

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