Placée sous la tutelle du ministère de la Sécurité publique et de l’Immigration, l’Agence nationale des titres sécurisés (ANATS) est créée par l'Ordonnance n°1 du 29 mars 2016. À travers cette structure, le gouvernement a marqué sa ferme volonté de maîtriser sa population et sécuriser ses titres de valeur. Cette agence permet à la population tchadienne d’entrer en possession des titres d'état-civil fiables, sécurisés et surtout infalsifiables. La création de cet établissement s’inscrit dans une volonté de réforme qui consiste à améliorer la qualité des prestations fournies aux citoyens, à travers la modernisation et la rationalisation des moyens de l’État, dans une visée sécuritaire.
La sécurisation des documents nationaux permet au pays de renforcer les stratégies en matière de sécurité, de développement économique et social, d’une part, et de se mettre en conformité avec les normes internationales recommandées à tous les États, d'autre part. Cette agence a pour mission d’assurer, en concertation avec les administrations concernées, l’enregistrement et la mise à jour des informations d’identification des citoyens et des étrangers résidents ou de passage au Tchad, et mettre en œuvre un système d’information garantissant la fiabilité, l’intégrité et la sécurité de ces informations. Mais force est de constater que cette agence vient augmenter encore la souffrance des usagers. Politiquement parlant, les agences n’ont pas de difficultés, travaillent bien et répondent aux exigences de la population, mais sur le terrain, c’est un système de vampire.
Au gouvernorat de Dembé à N’Djamena, deux semaines d’observation nous ont permis de découvrir le travail des agents et la mauvaise qualité des prestations qui met mal à l'aise la population. Pour avoir le reçu de paiement de la banque BBC avec les agents au sein même du gouvernorat, il faut sortir très tôt, à 4 heures ou 5 heures du matin, pour venir occuper le rang. Les portes du centre de l'ANATS ouvrent pourtant à 7h 30 ou 8 heures. Une fois à l'intérieur, les demandeurs sont alignés en deux files indiennes. À ce stade, ils font la queue pour avoir leur reçu. Certains passent deux à trois jours pour entrer en possession du reçu de versement de la banque. Une fois le reçu obtenu, place aux va-et-vient pour les demandeurs. Certains prennent d'assaut les lieux dès le premier chant de coq, juste pour s'inscrire. Pour avoir accès au filmage, il faut monnayer quelque chose. Ceux qui sont pressés et fatigués font profil bas en payant. Par contre, ceux qui refusent traînent une à deux semaines pour avoir accès au filmage.
Certains y parviennent plus rapidement avec leurs relations. Le même jour, ils obtiennent leur reçu et se font aussitôt filmer. Un comportement qui frustre la plupart des demandeurs, mais ceux-ci sont contraints de faire avec. "Vraiment dans ce pays, la corruption, le clientélisme, l'inégalité sont de trop. Est-ce que Dieu va aider ce pays à changer un jour ?", peut-on entendre. Le lundi est fixé pour la réception du formulaire de demande de la carte d’identité. Le mardi et mercredi sont réservés au retrait des cartes pour certains et le numéro national d'identification (NNI) pour d’autres. Le jeudi et vendredi sont décidés à l’enrôlement et au retrait.
Difficultés d’enrôlement et incompétence ?
Pour enrôler un demandeur, il faut 10 à 15 minutes. Parfois le NNI ne sort pas. Les demandeurs reviennent le récupérer un autre jour. Certains agents commencent à travailler à partir de 10h ou 11h. Or, le travail doit commencer à partir de 7h ou 8h. D'autres passent parfois 10 à 15 minutes au téléphone, pendant qu'un demandeur patiente.
Jeudi 1er juillet 2021, aux environs de 10 heures, des demandeurs venus pour le retrait des cartes et NNI ont commencé à bouder à l'entrée, car leur rendez-vous était prévu à 9 heures. "Il est 10 heures, pourquoi nous sommes toujours dehors ?" Un garde nomade qui se fait appeler "AC" informe que la dame en charge du retrait n'est pas encore arrivée. Les demandeurs se sont mis en colère et le nommé AC a automatiquement ouvert la porte pour les laisser entrer et éviter des désagréments.
Pour avoir sa carte d'identité, il faut entre 15 jours à un mois. Pourtant, lors du lancement des centres de l'ANATS, le gouvernement a assuré que l'objectif est d'améliorer la qualité des prestations fournies aux citoyens, à travers la modernisation et la rationalisation des moyens de l’État dans une visée sécuritaire. L'agence est-elle réellement au service des citoyens ? Etant donné la situation dans laquelle les demandeurs sont traités et exposés tous les jours, un travail de réforme doit être envisagé pour pallier ce problème qui joue sur l'économie, compte tenu du temps perdu par les demandeurs dans les tracasseries auprès des services publics.
Des commissions de suivi doivent également être mises en place pour contrôler les différents centres, tandis que les agents doivent être formés pour une meilleure approche avec les demandeurs
La sécurisation des documents nationaux permet au pays de renforcer les stratégies en matière de sécurité, de développement économique et social, d’une part, et de se mettre en conformité avec les normes internationales recommandées à tous les États, d'autre part. Cette agence a pour mission d’assurer, en concertation avec les administrations concernées, l’enregistrement et la mise à jour des informations d’identification des citoyens et des étrangers résidents ou de passage au Tchad, et mettre en œuvre un système d’information garantissant la fiabilité, l’intégrité et la sécurité de ces informations. Mais force est de constater que cette agence vient augmenter encore la souffrance des usagers. Politiquement parlant, les agences n’ont pas de difficultés, travaillent bien et répondent aux exigences de la population, mais sur le terrain, c’est un système de vampire.
Au gouvernorat de Dembé à N’Djamena, deux semaines d’observation nous ont permis de découvrir le travail des agents et la mauvaise qualité des prestations qui met mal à l'aise la population. Pour avoir le reçu de paiement de la banque BBC avec les agents au sein même du gouvernorat, il faut sortir très tôt, à 4 heures ou 5 heures du matin, pour venir occuper le rang. Les portes du centre de l'ANATS ouvrent pourtant à 7h 30 ou 8 heures. Une fois à l'intérieur, les demandeurs sont alignés en deux files indiennes. À ce stade, ils font la queue pour avoir leur reçu. Certains passent deux à trois jours pour entrer en possession du reçu de versement de la banque. Une fois le reçu obtenu, place aux va-et-vient pour les demandeurs. Certains prennent d'assaut les lieux dès le premier chant de coq, juste pour s'inscrire. Pour avoir accès au filmage, il faut monnayer quelque chose. Ceux qui sont pressés et fatigués font profil bas en payant. Par contre, ceux qui refusent traînent une à deux semaines pour avoir accès au filmage.
Certains y parviennent plus rapidement avec leurs relations. Le même jour, ils obtiennent leur reçu et se font aussitôt filmer. Un comportement qui frustre la plupart des demandeurs, mais ceux-ci sont contraints de faire avec. "Vraiment dans ce pays, la corruption, le clientélisme, l'inégalité sont de trop. Est-ce que Dieu va aider ce pays à changer un jour ?", peut-on entendre. Le lundi est fixé pour la réception du formulaire de demande de la carte d’identité. Le mardi et mercredi sont réservés au retrait des cartes pour certains et le numéro national d'identification (NNI) pour d’autres. Le jeudi et vendredi sont décidés à l’enrôlement et au retrait.
Difficultés d’enrôlement et incompétence ?
Pour enrôler un demandeur, il faut 10 à 15 minutes. Parfois le NNI ne sort pas. Les demandeurs reviennent le récupérer un autre jour. Certains agents commencent à travailler à partir de 10h ou 11h. Or, le travail doit commencer à partir de 7h ou 8h. D'autres passent parfois 10 à 15 minutes au téléphone, pendant qu'un demandeur patiente.
Jeudi 1er juillet 2021, aux environs de 10 heures, des demandeurs venus pour le retrait des cartes et NNI ont commencé à bouder à l'entrée, car leur rendez-vous était prévu à 9 heures. "Il est 10 heures, pourquoi nous sommes toujours dehors ?" Un garde nomade qui se fait appeler "AC" informe que la dame en charge du retrait n'est pas encore arrivée. Les demandeurs se sont mis en colère et le nommé AC a automatiquement ouvert la porte pour les laisser entrer et éviter des désagréments.
Pour avoir sa carte d'identité, il faut entre 15 jours à un mois. Pourtant, lors du lancement des centres de l'ANATS, le gouvernement a assuré que l'objectif est d'améliorer la qualité des prestations fournies aux citoyens, à travers la modernisation et la rationalisation des moyens de l’État dans une visée sécuritaire. L'agence est-elle réellement au service des citoyens ? Etant donné la situation dans laquelle les demandeurs sont traités et exposés tous les jours, un travail de réforme doit être envisagé pour pallier ce problème qui joue sur l'économie, compte tenu du temps perdu par les demandeurs dans les tracasseries auprès des services publics.
Des commissions de suivi doivent également être mises en place pour contrôler les différents centres, tandis que les agents doivent être formés pour une meilleure approche avec les demandeurs