AFRIQUE

Tchad : en attente de justice pour les victimes des tirs de célébration post-électoraux


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 28 Novembre 2024


Six mois après les tirs mortels, aucune enquête n’a été ouverte, alors que les frais médicaux s’accumulent pour les blessés.


Les victimes et les survivants des tirs de célébration par les forces de sécurité tchadiennes, qui ont tué au moins 11 personnes le 9 mai 2024, attendent toujours qu’on leur rende justice, ont déclaré aujourd’hui Human Rights Watch et l’Observatoire pour la promotion et la défense des droits humains (OPDH).

Plusieurs centaines d’autres personnes ont été blessées alors que les forces de sécurité tiraient en l’air pour célébrer l’annonce que celui qui était le président de la transition à l’époque, le général Mahamat Idriss Déby, était le vainqueur provisoire de l’élection présidentielle.

Les autorités tchadiennes devraient agir rapidement pour demander des comptes aux responsables et veiller à ce que les victimes soient compensées. Les tirs ont démarré autour de 21 heures, après que l’Agence nationale de gestion des élections (ANGE), citant des résultats provisoires, a annoncé que Déby avait remporté l’élection du 6 mai.

Son principal concurrent, Succès Masra, qui était alors Premier ministre, s’est de son côté déclaré vainqueur dans une autre annonce diffusée via les réseaux sociaux. Human Rights Watch et l’OPDH se sont entretenus avec 27 témoins et survivants entre le 29 juillet et le 7 août, notamment des personnes blessées par des balles perdues et des proches de personnes qui ont été tuées.

Les organisations se sont aussi entretenues avec des fonctionnaires et des activistes de la société civile tchadienne. Des personnes blessées par les coups de feu ont décrit la terreur qui régnait dans des villes et des villages à travers le Tchad après que les résultats provisoires ont été annoncés à la radio et que les forces de sécurité se sont mises à tirer en célébration.

Une femme du quartier de Gassi à N’Djamena, la capitale, a déclaré : « Nous étions en train d’écouter les nouvelles à la radio chez des amis. Tout à coup, il y a eu des tirs de toutes parts. » Des balles provenant des tirs à N’Djamena ont blessé au moins trois personnes, y compris deux enfants, à Kousseri, au Cameroun.

Même si les tirs de célébration sont communs au Tchad après des mariages ou autres événements importants, les tirs du 9 mai étaient différents, puisque des armes et roquettes de gros calibre ont été tirées. Un activiste de la société civile a déclaré à Human Rights Watch : « Ces tirs ne voulaient pas célébrer, ils voulaient intimider. Ils nous avertissaient de ne pas oser manifester, comme on l’avait fait en 2022. »

Les deux organisations se sont entretenues avec deux personnes dont les domiciles ont été touchés par des roquettes et ont pu en visiter un à N’Djamena. Dans les deux cas, les occupants ont montré des photos des roquettes ayant touché leur domicile aux organisations.

Des dizaines de témoins ont déclaré que l’armée tirait avec leurs armes, ce que les organisations ont également observé dans des vidéos qu’elles ont examinées, notamment l’une d’entre elles postée le 9 mai dans laquelle on voit des soldats portant l’uniforme de l’armée tchadienne en train de tirer des coups de canon mitrailleur monté à l’arrière d’un camion.

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