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Tchad : ex-otage de Boko Haram, Dr. Besso Ernest raconte son calvaire


Alwihda Info | Par - 1 Septembre 2020



Dr. Besso Ernest Mahamat, ex-otage de Boko Haram, s'est exprimé mardi à la presse pour la première fois depuis sa libération, en présence de ses deux compagnons Azer Adoum et Ibrahim Adam.

Il a fait observer une minute de silence en hommage à deux soldats tchadiens qui ont été égorgés devant eux après l'attaque de Bohoma.

Pris en otages par 35 éléments de Boko Haram

Au cours de leur captivité, les trois ex-otages ont navigué pendant des mois et traversé de nombreuses îles. "À la date du 30 (décembre 2019), nous étions sortis dans le cadre de la supervision de recherches actives renforcées des maladies sous surveillance, et juste à quatre kilomètres de ma zone de responsabilité de Tchoukoutalia, nous étions pris par 35 éléments de la secte de Boko Haram armés jusqu'aux dents", explique Dr. Besso Ernest Mahamat.

"Nous avons fait quatre jours de marche à pieds pour arriver à leur base. Au niveau de leur base, nous avons vécu dans la première île appelée Blaboud pendant quatre mois. C'est à ce niveau qu'ils sont allés attaquer les forces de défense et de sécurité à Bohoma", témoigne Dr. Besso Ernest Mahamat.

Tchad : ex-otage de Boko Haram, Dr. Besso Ernest raconte son calvaire. © Malick Mahamat/Alwihda Info
L'opération Colère de Bohoma, un élément déclencheur de la libération

Selon le médecin, "la riposte de l'État tchadien a été foudroyante. Elle a été un facteur déclenchant qui a permis notre libération aujourd'hui."

"Après Colère de Bohoma, ils ont amené plusieurs de blessés. Ils ne savaient pas comment faire. Ils ont fait appel à moi. J'ai pu les soigner en exerçant mon travail de médecin. Je sais qu'ils ont fait beaucoup de mal à ce pays mais moi aussi, pour sauver ma peau, je suis obligé de les soigner. C'est après ça qu'ils ont décidé de nous libérer. C'est difficile", précise-t-il.

Dr. Besso Ernest Mahamat a adressé ses remerciements aux autorités dont le chef de l'État pour avoir déclenché l'opération Colère de Boma, ainsi qu'à l'Ordre des médecins.

Tchad : ex-otage de Boko Haram, Dr. Besso Ernest raconte son calvaire. © Malick Mahamat/Alwihda Info
"Presque 200, 300 personnes que j'ai opéré"

L'ex-otage a également rendu hommage aux forces de défense et de sécurité. "Ils nous ont pourchassés. Nous les voyons comme ça mais nous ne pouvons pas les appeler, pendant des jours. Nos forces de défense et de sécurité ont tout fait pendant 48 heures. Mais ces gens nous ont toujours réussi à les esquiver. Même à notre retour, si c'est pas eux, peut être au dernier moment nous ne pouvons pas nous retrouver ici. Ils nous ont retrouvé le 28 et ils nous ont conduits jusqu'à N'Djamena."

"Nous à notre niveau, M. Azer Adoum, M. Ibrahim Adam, nous sommes des fonctionnaires de l'État tchadien. Nous sommes disposés à travailler n'importe où mais nous devons travailler en bonne santé. Nous avons mangé de n'importe quoi, nous avons bu n'importe quelle eau. Moi par exemple, j'opère les gens, sans protections. Presque 200, 300 personnes que j'ai opéré", révèle Dr. Besso Ernest Mahamat.

Les ex-otages demandent "juste de quoi assurer (leur) santé" pour qu'ils puissent reprendre le travail. "C'est des trucs horribles qui ne sont pas dignes à faire à un être humain créé à l'image de Dieu. Ce que nous avons subi, je ne souhaite pas qu'un autre tchadien subisse ça", conclut Dr. Besso Ernest Mahamat.
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