Alwihda Info : Il y a quelques jours, vous avez octroyé du matériel agricole dans la province du Logone Occidental, dans les départements. Quel est le bilan de cet octroi de crédits ? Est-ce que votre objectif est atteint dans le processus d’octroi de crédits ?
Fabrice Mayenga : Le bilan est positif. En ce sens que sur 443 dossiers financés, tout le monde est venu, à part deux bénéficiaires qui ne se sont pas présentés. Mais ils seraient en brousse et vont nous rattraper pour leur crédit d'un moment à l'autre. Sinon le bilan, d’une manière générale, il est positif.
Il n'y a pas eu de soucis ?
Non, il n'y a pas eu de soucis.
On se rend compte tout le temps que ces personnes qui reçoivent des crédits sont avalisés par les chefs traditionnels, notamment les chefs de canton. Quand ils reçoivent ces crédits, est-ce qu'ils ne sont pas dérangés par ces chefs qui peut être seraient tenter de réclamer les 10% ?
Au début, c'était vraiment le problème, et c'était le cas. Parce qu'on a eu les chefs de canton qui imposent même un montant pour signer les garanties. Mais par la suite, grâce à nos sensibilisations, nous sommes arrivés à tomber d'accord sur le fait que ce crédit est destiné au développement de la localité. En tant que chef de canton, il est plutôt acteur de ce développement. Grâce à lui, son canton peut se développer. Pourtant, en fixant un taux, ça bloque déjà un certain nombre de personnes, alors que le crédit de l'ONAPE est à taux d'intérêt 0.
Avec le temps, on s'est entendus et aujourd'hui, nous sommes arrivés. Déjà, on se retrouve avec certains chefs de canton qui n'exigent pratiquement rien. À l'ONAPE, on s'est dit que quand on est garant de quelqu'un, c'est un risque que l'on prend. N'empêche que ces producteurs donnent un montant de leur propre gré. Pas qu'on leur impose un montant quelconque. À l'ONAPE, on a dit si c'est 2000 Fcfa, c'est largement suffisant.
Fabrice Mayenga : Le bilan est positif. En ce sens que sur 443 dossiers financés, tout le monde est venu, à part deux bénéficiaires qui ne se sont pas présentés. Mais ils seraient en brousse et vont nous rattraper pour leur crédit d'un moment à l'autre. Sinon le bilan, d’une manière générale, il est positif.
Il n'y a pas eu de soucis ?
Non, il n'y a pas eu de soucis.
On se rend compte tout le temps que ces personnes qui reçoivent des crédits sont avalisés par les chefs traditionnels, notamment les chefs de canton. Quand ils reçoivent ces crédits, est-ce qu'ils ne sont pas dérangés par ces chefs qui peut être seraient tenter de réclamer les 10% ?
Au début, c'était vraiment le problème, et c'était le cas. Parce qu'on a eu les chefs de canton qui imposent même un montant pour signer les garanties. Mais par la suite, grâce à nos sensibilisations, nous sommes arrivés à tomber d'accord sur le fait que ce crédit est destiné au développement de la localité. En tant que chef de canton, il est plutôt acteur de ce développement. Grâce à lui, son canton peut se développer. Pourtant, en fixant un taux, ça bloque déjà un certain nombre de personnes, alors que le crédit de l'ONAPE est à taux d'intérêt 0.
Avec le temps, on s'est entendus et aujourd'hui, nous sommes arrivés. Déjà, on se retrouve avec certains chefs de canton qui n'exigent pratiquement rien. À l'ONAPE, on s'est dit que quand on est garant de quelqu'un, c'est un risque que l'on prend. N'empêche que ces producteurs donnent un montant de leur propre gré. Pas qu'on leur impose un montant quelconque. À l'ONAPE, on a dit si c'est 2000 Fcfa, c'est largement suffisant.
Quel est le montant plafond qui été remis ?
800.000 Fcfa, c'est le montant plafond. Parce que ceux qui ont 800.000 Fcfa aujourd'hui, ont commencé 150.000, 200.000 Fcfa au début. C'est des gens qui payent bien, chaque année ils honorent leur engagement. Chaque année, quand vous honorez votre engagement, il y a un ajout de 50 à 100.000 Fcfa. Si vous êtes chanceux, vous avez 100.000 Fcfa. Si vous n'êtes pas chanceux, vous avez 50.000 Fcfa comme ajout.
Comment faire et quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier de ce crédit ?
Pour remplir les conditions, il faut être membre d'un groupement. Pas seulement membre d'un groupement, mais même si vous êtes un individu, que vous pratiquez l'agriculture, et que vous êtes connu par le chef du village, vous êtes bénéficiaire.
Il y a des fiches à remplir ?
Il y a des fiches à remplir. Le moment venu, le groupement vient les retirer ici chez nous. Nous mettons ces fiches à la disposition des groupements qui sont structurés, avec une attestation de reconnaissance, signée par le sous-préfet de la localité. Ces groupements peuvent passer ici, au bureau de l'ONAPE, pour retirer les fiches. Les individus doivent plutôt requérir l'avis du chef du village. Parce que vous savez, les individus sont difficiles à contrôler. Un individu peut prendre l'argent et partir, alors qu'un groupement, on peut toujours mettre la main sur un membre. Les individus passent par les chefs de village et eux nous remontent l'information. Ce sont des fiches que nous laissons soit aux chefs de village, soit aux chefs de canton.
Vous octroyez des crédits pour l'agriculture. Quel mécanisme avez-vous mis sur pied pour savoir si les crédits que vous octroyez aux paysans, ils les utilisent dans les travaux champêtres ?
D'abord, les chefs de canton qui sont avaliseurs dans ce processus, c'est eux qui valident tel ou tel groupement. C'est eux qui connaissent ces groupements. Il y a aussi les conseillers agricoles. Ceux-là sont nos partenaires et c'est eux qui interviennent dans la sensibilisation de ces groupements. Déjà avec ces partenaires, on a une idée de ce qu'est les groupements. Si vous n'êtes pas connus dans la localité, le chef de village ne peut pas prendre votre engagement. Parce que le chef de canton contresigne au vu de la signature du chef de village. Si le chef de village ne signe pas, c'est que la personne n'est pas reconnue comme producteur.
Il y a aussi nos descentes régulières, parce que nous ne sommes pas seulement au bureau. On vient aujourd'hui dans telle localité, demain dans telle localité pour visiter nos bénéficiaires, voire si le financement n'est pas détourné. Effectivement, on se rend compte que les gens travaillent avec. Dans toute activité, il y a des récalcitrants, des personnes qui veulent détourner. Jusqu'à là, on n'a pas encore cette situation.
800.000 Fcfa, c'est le montant plafond. Parce que ceux qui ont 800.000 Fcfa aujourd'hui, ont commencé 150.000, 200.000 Fcfa au début. C'est des gens qui payent bien, chaque année ils honorent leur engagement. Chaque année, quand vous honorez votre engagement, il y a un ajout de 50 à 100.000 Fcfa. Si vous êtes chanceux, vous avez 100.000 Fcfa. Si vous n'êtes pas chanceux, vous avez 50.000 Fcfa comme ajout.
Comment faire et quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier de ce crédit ?
Pour remplir les conditions, il faut être membre d'un groupement. Pas seulement membre d'un groupement, mais même si vous êtes un individu, que vous pratiquez l'agriculture, et que vous êtes connu par le chef du village, vous êtes bénéficiaire.
Il y a des fiches à remplir ?
Il y a des fiches à remplir. Le moment venu, le groupement vient les retirer ici chez nous. Nous mettons ces fiches à la disposition des groupements qui sont structurés, avec une attestation de reconnaissance, signée par le sous-préfet de la localité. Ces groupements peuvent passer ici, au bureau de l'ONAPE, pour retirer les fiches. Les individus doivent plutôt requérir l'avis du chef du village. Parce que vous savez, les individus sont difficiles à contrôler. Un individu peut prendre l'argent et partir, alors qu'un groupement, on peut toujours mettre la main sur un membre. Les individus passent par les chefs de village et eux nous remontent l'information. Ce sont des fiches que nous laissons soit aux chefs de village, soit aux chefs de canton.
Vous octroyez des crédits pour l'agriculture. Quel mécanisme avez-vous mis sur pied pour savoir si les crédits que vous octroyez aux paysans, ils les utilisent dans les travaux champêtres ?
D'abord, les chefs de canton qui sont avaliseurs dans ce processus, c'est eux qui valident tel ou tel groupement. C'est eux qui connaissent ces groupements. Il y a aussi les conseillers agricoles. Ceux-là sont nos partenaires et c'est eux qui interviennent dans la sensibilisation de ces groupements. Déjà avec ces partenaires, on a une idée de ce qu'est les groupements. Si vous n'êtes pas connus dans la localité, le chef de village ne peut pas prendre votre engagement. Parce que le chef de canton contresigne au vu de la signature du chef de village. Si le chef de village ne signe pas, c'est que la personne n'est pas reconnue comme producteur.
Il y a aussi nos descentes régulières, parce que nous ne sommes pas seulement au bureau. On vient aujourd'hui dans telle localité, demain dans telle localité pour visiter nos bénéficiaires, voire si le financement n'est pas détourné. Effectivement, on se rend compte que les gens travaillent avec. Dans toute activité, il y a des récalcitrants, des personnes qui veulent détourner. Jusqu'à là, on n'a pas encore cette situation.
Est-ce que vous essayez de voir si le crédit octroyé a pu améliorer les conditions de vie ou la production des paysans ? Si quelqu'un prend par exemple 150.000 Fcfa, est-ce que vous avez une idée de son rendement ?
En 2018, on a eu un financement de 85 millions Fcfa. Nous avons fait un recouvrement de 79 millions Fcfa, ce qui veut dire qu'on a fait plus de 90% de recouvrement. Ce recouvrement nous donne une idée du feed-back, des retombées de ces financements. En 2019, nous avons augmenté l'enveloppe à 95 millions Fcfa. On a eu un remboursement de plus de 85 millions Fcfa. Il y a une hausse dans le recouvrement. Cela nous a permis de bénéficier d'une enveloppe de 128 millions Fcfa aujourd'hui. C'est pour dire qu'il y a des retombées. Il y a quelque chose de positif qui se peaufine derrière ce financement. Ça c'est ce que nous on reçoit. Maintenant, sur le terrain, les gens ne cachent pas leur satisfaction. Il est arrivé que cette année, le sac de riz que j'achetais dans un village, à la récolte, dans les 28.000 Fcfa, cette année, j'ai eu à 12.000 Fcfa, c'est-à-dire 3.000 Fcfa le corro. Ce qui suppose qu'il y en a tellement que les gens sont obligés de casser les prix pour trouver des preneurs. On sent effectivement qu'il y a des retombées positives.
Est-ce qu'il ne serait pas nécessaire de mettre un mécanisme sur pied, au niveau des groupements, pour essayer de voir par rapport à ceux qui reçoivent les crédits, combien ils ont investi, combien ils ont gagné, pour que l'ONAPE essaye aussi de faire son bilan, ses statistiques ?
C'est une idée que vous me donnez. Personnellement, j'aurais une rencontre avec les conseillers agricoles. C'est eux qui pourront mieux faire ce travail pour nous. Déjà c'est une idée que nous allons exploiter dans l'avenir.
Est-ce que vous avez un message à l'endroit des agriculteurs qui ont bénéficié de ce crédit ?
Je demanderai aux paysans de garder l'élan qu'ils ont pris depuis deux ans, à bien rembourser le crédit. Bien rembourser, d'abord c'est la pérennisation du crédit. Un crédit bien remboursé permet aux nouveaux d'en bénéficier aussi. Un crédit bien remboursé permet à l'ONAPE d'ajouter l'enveloppe pour aider davantage les paysans.
Aux chefs de canton, je leur demanderai vraiment, de commun accord, qu'on travaille main dans la main. Nous déplorons un peu certains comportements de certains chefs de canton qui prélèvent. Même la dernière fois, nous avons eu échos de certains cantons qui prélèvent de l'argent par bénéficiaire. C'est pour faire quoi ?
Au début, il y a des bénéficiaires qui disent qu'il y a des chefs de canton qui imposent un montant. Ils ont payé. Mais après l'octroi de crédit, ils veulent encore prélever. C'est pour faire quoi ? Il faudrait que les gens songent au développement de leur localité parce que le développement il ne faudrait pas que les gens pensent que c'est une affaire d'une partie. Ce comportement freine le développement. C'est un comportement antipolitique du chef de l'État. Le développement demande qu'on se mette tous ensemble, qu'on soit partenaires, qu'on ait des objectifs, qu'on ait une communauté d'esprit au travail.
Propos recueillis par Golmem Ali.
En 2018, on a eu un financement de 85 millions Fcfa. Nous avons fait un recouvrement de 79 millions Fcfa, ce qui veut dire qu'on a fait plus de 90% de recouvrement. Ce recouvrement nous donne une idée du feed-back, des retombées de ces financements. En 2019, nous avons augmenté l'enveloppe à 95 millions Fcfa. On a eu un remboursement de plus de 85 millions Fcfa. Il y a une hausse dans le recouvrement. Cela nous a permis de bénéficier d'une enveloppe de 128 millions Fcfa aujourd'hui. C'est pour dire qu'il y a des retombées. Il y a quelque chose de positif qui se peaufine derrière ce financement. Ça c'est ce que nous on reçoit. Maintenant, sur le terrain, les gens ne cachent pas leur satisfaction. Il est arrivé que cette année, le sac de riz que j'achetais dans un village, à la récolte, dans les 28.000 Fcfa, cette année, j'ai eu à 12.000 Fcfa, c'est-à-dire 3.000 Fcfa le corro. Ce qui suppose qu'il y en a tellement que les gens sont obligés de casser les prix pour trouver des preneurs. On sent effectivement qu'il y a des retombées positives.
Est-ce qu'il ne serait pas nécessaire de mettre un mécanisme sur pied, au niveau des groupements, pour essayer de voir par rapport à ceux qui reçoivent les crédits, combien ils ont investi, combien ils ont gagné, pour que l'ONAPE essaye aussi de faire son bilan, ses statistiques ?
C'est une idée que vous me donnez. Personnellement, j'aurais une rencontre avec les conseillers agricoles. C'est eux qui pourront mieux faire ce travail pour nous. Déjà c'est une idée que nous allons exploiter dans l'avenir.
Est-ce que vous avez un message à l'endroit des agriculteurs qui ont bénéficié de ce crédit ?
Je demanderai aux paysans de garder l'élan qu'ils ont pris depuis deux ans, à bien rembourser le crédit. Bien rembourser, d'abord c'est la pérennisation du crédit. Un crédit bien remboursé permet aux nouveaux d'en bénéficier aussi. Un crédit bien remboursé permet à l'ONAPE d'ajouter l'enveloppe pour aider davantage les paysans.
Aux chefs de canton, je leur demanderai vraiment, de commun accord, qu'on travaille main dans la main. Nous déplorons un peu certains comportements de certains chefs de canton qui prélèvent. Même la dernière fois, nous avons eu échos de certains cantons qui prélèvent de l'argent par bénéficiaire. C'est pour faire quoi ?
Au début, il y a des bénéficiaires qui disent qu'il y a des chefs de canton qui imposent un montant. Ils ont payé. Mais après l'octroi de crédit, ils veulent encore prélever. C'est pour faire quoi ? Il faudrait que les gens songent au développement de leur localité parce que le développement il ne faudrait pas que les gens pensent que c'est une affaire d'une partie. Ce comportement freine le développement. C'est un comportement antipolitique du chef de l'État. Le développement demande qu'on se mette tous ensemble, qu'on soit partenaires, qu'on ait des objectifs, qu'on ait une communauté d'esprit au travail.
Propos recueillis par Golmem Ali.