ANALYSE

Tchad : future Constitution, la pendule tourne mal


Alwihda Info | Par Martin Higdé Ndouba - 29 Juin 2023



Entre-temps, les magistrats ont abandonné leur toge pour dénoncer les dispositions menaçant l'indépendance de leur profession, et surtout leur mise à l'écart dans la rédaction de la nouvelle Constitution.

Contrairement aux conseillers nationaux de Transition, qui ont adopté le projet de la nouvelle Constitution, dont 171 se sont prononcés en faveur de ce texte. Sont-ils réellement les représentants élus du peuple ? Cette question reste sans réponse, compte tenu du parti pris en faveur de la forme de l'État.

Cependant, ces derniers qualifient leur action comme une avancée majeure pour la refondation du Tchad. Quoi qu'ils en disent, l'option de l'État unitaire décentralisé constitue un recul. Cette façon de couver le feu sous la cendre risque de réaliser la prophétie de plusieurs dirigeants tchadiens.

Dès le début des négociations pour la tenue du Dialogue national inclusif et souverain, nous avions pressenti que la refondation du Tchad n'était rien d'autre qu'une mise en scène du pouvoir de père en fils. Pourquoi une telle insulte envers le peuple tchadien ?

Tout le monde avait cru au changement. Malheureusement, c'est une illusion, tout comme le projet de la conférence nationale souveraine de 1993 qui avait conduit Deby père au pouvoir jusqu'à sa mort. C'est exactement le cas ici, cette refondation risque de s'effondrer.

Ces conseillers nationaux de Transition porteront à jamais la souffrance du peuple tchadien dans leur mémoire. Il n'est pas question ici de leur rappeler l'échec de la forme de l'État unitaire décentralisé. Mais nous sommes en droit de nous demander si ce référendum sera réellement inclusif.

Au rythme où vont les choses, le peuple n'est que le témoin d'un fait accompli. En réalité, ce scrutin représente un défi de taille pour le gouvernement de Transition afin de gagner la confiance du peuple. Ce dernier ne doit pas abuser de la confiance de la communauté internationale.

Ces conseillers doivent comprendre que la Constitution est la loi fondamentale qui définit l'organisation et le fonctionnement d'un pays, et non un document de 45 pages qu'il faut adopter pour faire plaisir à un groupe de personnes.

Béral Mbaïkoubou a raison de qualifier ce projet de nouvelle Constitution de texte « frelaté ». L'inquiétude plane sur l'avenir de cette Transition, mais il est encore possible de rectifier certaines erreurs. Il est toujours préférable de tirer des leçons de l'expérience des autres.

« Si j'avais su », cela ne fait que causer des pertes humaines. Cette tentation de rester au pouvoir à tout prix, a des conséquences graves. Le Soudan en paie le prix fort. De toute façon, seul l'avenir nous le dira.

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