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TCHAD

Tchad : "il n’est pas question de céder sur quoi que ce soit", Mahamat Nour Ibedou


Alwihda Info | Par Info Alwihda - 11 Décembre 2020


Les voix s'élèvent pour demander la réhabilitation de Mahamat Nour Ibedou au poste de secrétaire général de la CTDDH. Des pétitions ont même été lancées. Le défenseur des droits de l'Homme entend poursuivre le combat judiciaire jusqu'à la Cour suprême. Il s'est exprimé dans un entretien à Tchad Forum.


Le secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou. © Alwihda Info
Le secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou. © Alwihda Info
Écarté par la justice du poste de secrétaire général de la Convention tchadienne pour la défense des droits de l'Homme (CTDDH), Mahamat Nour Ibedou, dénonce une instrumentalisation suite à la désignation d'un successeur dans des conditions qui ne cessent du surprendre l'opinion publique. Il s'est exprimé dans un entretien à Tchad Forum.

Mahamat Nour Ibedou évoque des "subterfuges judiciaires" visant à le "renvoyer" de la CTDDH "avant les élections" : ​
"Cette énormité était prévisible depuis qu'Idriss Deby avait donné en juin 2020 l'ordre à Djimet Arabi, le ministre de la justice d'utiliser tous les subterfuges judiciaires pour renvoyer Mahamat Nour Ibedou de la tête de la CTDDH avant les élections. C’est ainsi que Djimet Arabi à la recherche d'un alibi est tombé sur un ex-membre de notre organisation qui avait été préalablement suspendu pour avoir détourné de l'argent destiné à la caisse de la CTDDH. Cet individu a donc été instrumentalisé par le pouvoir"

Le 12 août 2020, le juge Hamit Moustapha Nour a signé une ordonnance portant suspension de Mahamat Nour Ibedou de ses fonctions. Ibedou qualifie l'ordonnance d'illégale :
"Non seulement cette ordonnance était illégale parce que, les associations sont régies par leurs propres textes statutaires et qu'aucune disposition ni légale ni réglementaire ne la justifie, mais que ce type instrumentalisé n’avait plus une quelconque qualité pour agir parce qu’il n'est plus membre de l'organisation depuis le 28 juillet. Les camarades préoccupés par une telle injustice ont décidé d'organiser une assemblée générale pour porter l'information aux militants et parer au plus pressé. À notre grande surprise, notre assemblée générale a été interdite par le même juge véreux par une autre ordonnance. Nous atteignons là, le comble de l'arbitraire.

Ibedou estime être traqué pour son refus de "cautionner l'injustice et l'arbitraire" ​:
Sans raison, alors que le problème tournait autour de ma suspension, voilà que la CTDDH qui n'était pas en cause et en sa qualité d’organisation indépendante a vu son assemblée générale interdite de force et sans aucune raison. Nous savions depuis longtemps que des magistrats indignes du nom qu'ils portent et qui font la honte du pays sont choisis par le système Deby pour traquer et neutraliser les patriotes qui disent non et qui refusent de cautionner l'injustice et l'arbitraire de ce système mafieux.


Le défenseur des droits de l'Homme entend poursuivre le combat judiciaire jusqu'à la Cour suprême :
Ces individus qui font office de juges dans ce système mafieux ont permis l’organisation d’un pseudo assemblé générale avec un public composé d'inconnus, et c'est ce public fabriqué de toutes pièces par le pouvoir, totalement étranger à la CTDDH, qui a décidé de placer ce monsieur Alboussati à la tête de notre organisation. Et ayant constaté que les militants de notre organisation ne cautionneront jamais cette forfaiture, le pouvoir a même protégé cette pseudo assemblée générale par un détachement de deux véhicules de police. Craignant une attaque éventuelle de nos militants. Mais nous avons pu contenir les ardeurs de nos militants parce que nous réprouvons la violence ; contrairement aux agents du système qui en usent et en abusent à volonté. 

En dépit des instructions déjà données par Deby aux différents présidents de ces juridictions pour nous faire perdre, nous continuons néanmoins à suivre la procédure jusqu’à la Cour suprême ; nous ne faisons pas cela pour espérer gagner mais nous voulons démontrer à la face du monde que nous sommes des légalistes et que nous comptons épuiser tous les recours interne au Tchad.

Mahamat Nour Ibedou ne reconnait pas le "nouveau secrétaire général de la CTDDH" :
"Al boussati n’est pas le nouveau secrétaire général de la CTDDH parce qu’il n’a pas été élu par les militants de cette organisation. Il l'a été par des inconnus fournis par le pouvoir de façon flagrante comme toute l'opinion nationale et internationale le sait. De plus, il n'y a pas de nouvelle équipe ; ils n'ont prétendu n'avoir formé aucun bureau et disent que pour le moment, c'est Alboussati seul qui est élu SG. Souvenez-vous, la hantise de Deby était de m'enlever de la tête de notre organisation et il avait naïvement pensé que le reste des membres allaient suivre Al boussati et tout rentrera dans l'ordre ; or les militants de la CTDDH sont exceptionnels et qui en ont vu d'autres ; ce n'est pas les genres de personnes à qui on peut imposer un Secrétaire Général ; surtout que celui-ci est manifestement un agent du pouvoir. Donc pour nous il n’est pas question de céder sur quoi que ce soit."
 
Il évoque les "énormes sacrifices" qui ont été consentis pour que la CTDDH soit "au service des plus pauvres, démunis et opprimés" :
"Je le répète encore, ils n’y a pas de nouvelle équipé parce que Al boussati n'a personne de la CTDDH avec lui. (...) Mes camarades du Comité Exécutif ont consenti d’énormes sacrifices pour en faire un outil au service des plus pauvres, des plus démunis, des plus opprimés par ce système corrompu et mafieux, et un outil pour la promotion de la démocratie et de la bonne gouvernance ; Si l’objectif de M. Deby n'était pas de me neutraliser, il allait simplement demander à ces usurpateurs de créer une autre organisation. C'est pourquoi nous entendons ne pas lâcher et notre détermination est sans faille."

Ibedou n'entend pas "trahir" la CTDDH, "symbole de la résistance à l'arbitraire" :
Chacun de ces jeunes est capable de prendre la relève et porter haut le flambeau de l’idéal que nous comptons défendre, je serai l’homme le plus heureux du monde de les voir prendre la relève après une vraie assemblée générale avec des vrais militants ; je me suis attelé depuis quelques temps à passer le flambeau à l’un d'eux et j’aurai la satisfaction d’avoir formé des futurs Ibedou. Mais au jamais, au grand jamais je ne cèderai cette place à un agent du gouvernement parachuté par des méthodes lâches et arbitraire. La CTDDH a une histoire et ce serait trahir ce symbole de la résistance à l'arbitraire que de la voir devenir un instrument de louanges du système pourri de M. Deby.



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