ANALYSE

Tchad : la jeunesse et les débats superflus sur les réseaux sociaux, une occasion manquée


Alwihda Info | Par Barra Lutter King - 10 Juillet 2024



Alors que l’éducation est en ruine, les coupures intempestives d’électricité se multiplient, l'insécurité bat son plein, la flambée des prix des denrées alimentaires continue, les routes sont impraticables et les structures sanitaires sont en difficulté, les signes d’une société en crise sont nombreux.

Malheureusement, les critiques constructives font cruellement défaut sur les réseaux sociaux. De plus en plus, les discussions des jeunes Tchadiens en ligne se résument à des débats stériles, au lieu de pointer du doigt les réels problèmes du pays et de proposer des solutions.

Dans cette société numérisée, qui compte pourtant une grande partie de jeunes instruits, on constate que ceux-ci n'ont jamais traversé la cours d'une école. Face à cette jeunesse bornée sur les questions d'appartenance religieuse, ethnique et politique, les échanges deviennent aveugles et stériles.

Il suffit qu'une information circule en défaveur de leur appartenance, pour déclencher des réactions vives. À titre d'exemple, les événements récents, comme le déguerpissement de l'axe Ca7, et l'enquête sur l'achat de costumes à une somme exorbitante par le président Mahamat Idriss Deby Itno, ont suscité des débats houleux.

Les jeunes se sont jetés des pierres. Même si la procédure de ce déguerpissement est en manque d’une communication sérieuse, elle permettrait d'alléger la circulation. De même, dans l'affaire des costumes, certains ont apporté leur soutien au président Mahamat Idriss Deby, évoquant la question de souveraineté.

Il s'agit simplement d'une enquête pour savoir d'où provient une telle somme dans un pays où les fonctionnaires ont souvent des difficultés financières et subissent des retards de paiement. À quoi bon discuter aveuglément ? La logique voudrait que cette grande jeunesse, pourtant instruite, engage des débats constructifs au lieu de masquer la misère de ses concitoyens, en soutenant des positions par appartenance politique et ethnique.

Il est temps pour la jeunesse de prendre conscience et de débattre des questions sérieuses du pays, telles que la sécurité alimentaire, la santé, l'éducation, l'emploi des jeunes et bien d'autres. Le débat doit se fonder sur des faits réels, des critiques constructives et une vision à long terme, loin des illusions et des manipulations.

Aujourd'hui, des pages créées par des jeunes visent à nuire à ceux qui n'appartiennent pas à leur parti politique. C'est une honte de tourner sa veste, face à la souffrance de ses compatriotes, au lieu d'apporter sa pierre constructive. L'intérêt d'une nation est au-dessus de celui d'un groupe.

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