CINEMA

Tchad : le cinéma tchadien, une envolée difficile


Alwihda Info | Par Koffi Dieng - 30 Mai 2024


De 1958 à aujourd’hui, le cinéma tchadien tente de faire surface. Au cœur d’un continent en proie aux conflits, les difficultés de progression sont nombreuses. Un point sur l’évolution.


Le cinéma, aussi appelé le 7ème art, peine à émerger au Tchad. Alors même que le pays compte des cinéastes et des réalisateurs de renom, dont les œuvres sont reconnues pour leur qualité, le secteur ne décolle pas. Au cœur de conflits divers et de guerres civiles, le cinéma est resté un secteur non exploité par le gouvernement. L’absence de textes réglementaires en est une illustration.

Les freins au décollage
Les cinéastes et réalisateurs manquent de moyens pour concrétiser leurs idées. La plupart font des tournages avec « les moyens du bord », impactant ainsi les résultats finaux. Pourtant, ces courts-métrages réalisés sans grandes exigences, plaisent au public. Les sujets abordés parlent aux Tchadiens qui se reconnaissent à travers leurs histoires.

La langue utilisée, la faiblesse des moyens techniques et esthétiques sont autant de barrières qui empêchent l’exportation à l’international et le relais médiatique. Certains cinéastes ont tout de même réussi à percer dans le domaine.

C’est le cas de Aaron Padacké Zegoube qui possède à son actif plusieurs films courts et longs-métrages. « Sur les traces de Tournaï » est un film documentaire qui lui a permis d’être connu et d’être invité à la 77ème édition du festival de Cannes, l’un des plus grands festivals du cinéma au monde.

Il prendra notamment la parole au « Pavillon Afrique » pour défendre et soutenir l’entreprenariat audiovisuel tchadien pour booster la nouvelle vague générationnelle.

Le temps de l’espoir ?
Pour tenter de faire évoluer le secteur, l’Association tchadienne pour le développement du cinéma (ATCD) a vu le jour en juillet 2023.

Le but premier de son action est de favoriser l'amélioration du processus de développement national dans les domaines de l'éducation, de l'environnement, du socio-économique et de la culture.

L'association se consacre aussi à soutenir l'épanouissement des jeunes femmes, à refonder le système éducatif, à améliorer les conditions de vie des groupes marginalisés, et à combattre les violences basées sur le genre. En 2011, le Fonds national d’appui aux artistes (FONAT) est créé par le ministère de la culture du Tchad.

C’est aussi à cette période que le « Normandie » à N’Djamena, seul cinéma du Tchad, a rouvert ses portes. Les premières subventions sont distribuées dès 2014 au profit de 57 artistes toute disciplines confondues, avec une répartition relativement floue.

Face à des financements étatiques plutôt aléatoires, les réalisateurs se tournent vers des solutions parfois surprenantes. Le ministre de la Culture et de la Jeunesse reste néanmoins confiant, en déclarant que « l'avenir du cinéma tchadien est radieux à la lumière des initiatives que nous voyons.

Nos cinéastes sont pleins d'initiatives, ils ont du génie et je crois que le capital le plus précieux c'est l'homme. Or, nous avons des hommes dynamiques, entreprenants. Nous n'avons pas peur, notre cinéma va progresser ».

Dans la même rubrique :