Tchad : "le combat pour la vérité, je vais le continuer", Hicham Ibni Oumar

Hicham, le fils d'Ibni Oumar Mahamat Saleh, a prononcé samedi un discours du cœur lors de la commémoration de la Journée des martyrs de la démocratie, célébrée tous les 3 février depuis son instauration par l'opposition démocratique.

Il a souligné que pour lui et ses frères, la disparition de leur père est chaque jour difficile. "Combattre des Gouvernements ou des personnes n'est pas une chose facile. Nous on avait commencé ça quand on était encore aux études. Mon père a disparu quand j'étais dans la dernière année d'études", a déclaré Hicham Ibni Oumar.

"On a clairement vu que ce n'était pas quelque chose de facile. L'État est froid, les gens qui représentent l'État sont froids, que ce soit du côté tchadien ou du côté français parce qu'il ne faut pas occulter cela. Cette affaire là, a un pied au Tchad et un pied en France parce qu'il y a des protagonistes qui sont tout simplement des représentants de l'autorité française au Tchad, qui sont impliqués dans cette affaire je dirais ou du moins qui ont connaissance de la vérité et qui l'ont gardé pour elles", a ajouté Hicham Ibni Oumar.

Il a remercié toutes les personnes présentes à la commémoration au siège du PLD à Sabangali et celles qui se remémorent l'évènement partout dans le monde, notamment sur les réseaux sociaux.

Continuer le combat pour la vérité

"Je continue à avoir très mal au cœur, perdre un parent, quel que soit les circonstances, ce n'est pas quelque chose de facile. Perdre un père dans des circonstances pareilles, je peux vous assurer que c'est encore plus dur. Il n'y a pas un jour où je pense à mes parents", a dit Hicham Ibni Oumar.

"Nous avons perdu notre mère également dernièrement. Elle a beaucoup souffert avant de nous quitter. Je pense que c'est le poids de tout cela. Elle est restée silencieuse des années durant. Les seules choses qu'elle disait c'est "le pardon" et de continuer à vivre. On est rentré au Tchad, surtout moi je suis rentré au Tchad en partie pour elle. Au début, j'avais beaucoup des appréhensions mais maintenant je ne le regrette pas du tout", a-t-il témoigné.

"Au Tchad, la justice est assez difficile"

Le combat pour la vérité, il a assuré qu'il va le continuer, "quel que soit les difficultés". Hicham Ibni Oumar a affirmé : "Je serais là chaque année pour commémorer, chaque fois qu'il faudra poser un acte je le ferai, en sachant qu'il est vrai que les discours précédents ont clairement évoqué qu'il n'y a pas d'État de droit. Au Tchad, la justice est assez difficile pour ceux qui la rendent et pour ceux qui la reçoivent parce qu'il faut aussi se mettre du côté des juges, beaucoup de pression, je les comprends."

Évoquant la procédure judiciaire parallèle en France, il s'est interrogé sur le fait qu'elle n'avance pas. "Pourquoi ? La France est un État de droit mais la justice n'avance pas. Pourtant, elle a, à peu près les mêmes éléments du dossier ici. Il y a beaucoup de politique dedans mais nous, du côté de la famille, on va persévérer, on est jeunes, que Dieu nous donne la vie. J'espère qu'on découvrira la vérité avec le soutien de tout le monde", a précisé Hicham Ibni Oumar.

"C'est très louable. Quand je vois l’audience ici, je me dis qu'il y a des gens qui veulent la justice dans ce pays, au-delà de la paix parce que la justice apporte la paix en vérité", a-t-il conclu.

D'autres personnalités ont pris la parole, notamment le secrétaire général du PLD, Mahamat Ahmat Alhabo, le secrétaire général de la CTDDH, Mahamat Nour Ibedou, Gali Ngothé Gatta au nom de l'opposition ou encore Dr. Laoukole Jean Baptiste.

Des bougies ont été allumées devant le siège du PLD à la fin de la cérémonie.