ANALYSE

Tchad : les militaires vont-ils convaincre l'UA ou retourner dans les casernes ?


Alwihda Info | Par Martin Higdé Ndouba - 5 Octobre 2022



Après avoir pris goût au tapis rouge, aux honneurs et civilités rendus aux hautes personnalités, le Conseil militaire de transition risque de tomber dans le péché de la convoitise du pouvoir. Et à l'allure où vont les choses, la prise de pouvoir par les armes semble une page difficile à tourner au Tchad.

Tout porte à croire que les militaires ne sont pas prêts à tenir leurs promesses de remettre le pouvoir aux civils, après 18 mois. Toutefois, l'Union Africaine rappelle encore au CMT de respecter les 18 mois, et ajoute qu'aucun membre du Conseil ne pourra être candidat aux élections à venir.

Ce qui est sûr, le président du CMT et ses complices doivent choisir une porte de sortie pour l'intérêt du peuple. Car, personne ne veut assister à un film où le chef de bande finit son règne en exil, en prison ou au cimetière. Pourtant, dès la prise de pouvoir par ce groupe militaire, Dr Succès Masra a averti l'opinion internationale et nationale que les militaires vont duper le peuple, lors d'un débat sur RFI, avec le journaliste Alain Foka.

Mais, l'ex-secrétaire général du parti MPS, Mahamat Zene Bada, a voulu convaincre l'opinion : « ils seront obligés de respecter les 18 mois ». Malheureusement, la situation actuelle oblige à s'interroger sur les intentions du PCMT et ses généraux, pour l'avenir du Tchad. Seront-ils prêts à convaincre l'Union Africaine et la France qui sont contre le pouvoir dynastique, et pour le retour de l'ordre constitutionnel ?

De l'autre côté, Dr Succès Masra indique que si les militaires ne sont pas prêts à respecter leur engagement vis-à-vis du peuple, il y aura plusieurs Tchad à diriger. À ces signes, la prise de pouvoir par les armes au Tchad n'est pas pour demain. Puisque les 18 politico-militaires non signataires de l'accord de Doha sont à craindre.

Coup d'état ou non, l'éligibilité des membres du CMT risque de compromettre les relations avec les partenaires du Tchad. Devant cette nouvelle République, les 1500 hommes réunis dans la « salle de malheur de 1993 », risquent de faire un schéma d'horreur pour le Tchad à venir, en cherchant à maintenir le fils au pouvoir. Et ce, plus de 62 ans après le règne des différents présidents portés à la tête du pays. À commencer par Ngarta, Malloum, Goukouni, Habré et Deby, la leçon n'est pas encore tirée.

Ceux qui étaient contre la prise du pouvoir par les armes hier, refusent aujourd'hui de rappeler au CMT sa mission. Quelles que soient les raisons avancées pour renouveler la période de transition et autoriser Mahamat Idriss Déby Itno à continuer de gouverner, le Dialogue national inclusif et souverain est la copie de la conférence nationale souveraine de 1993.

Le contexte actuel veut qu'on construise le Tchad sans parti pris. En attendant que Mahamat Idriss Déby Itno et son entourage se prononcent, pour les militaires de formation, le pire peut être évité en respectant la parole d'honneur.

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