REACTION

Tchad : plaidoyer pour une candidature unique de l'opposition démocratique aux élections présidentielles de 2016 (Réaction)


Alwihda Info | Par BELEMGOTO Macaoura - 12 Juillet 2014



Il est permis de rêver. Mais la réalité est là, têtue. Les résultats des futures élections présidentielles au Tchad son déjà connus : sauf catastrophe naturelle (mort naturelle), Idriss Déby Itno sera réélu au premier tour en 2016 pour un autre mandat de 5 ans. Il n'y a que les aveugles, ou tous ceux qui ont des problèmes de vision qui persistent à croire qu'il est possible de battre IDI démocratiquement. Candidature unique ou pas, il passera. Pour ceux qui ont des problèmes de vision, il est temps d'aller voir un ophtalmo. C'est le cas, pour ainsi dire, de Sénior Mbary qui a tenu les propos incroyables suivants, dans son article, "plaidoyer pour une candidature unique de l'opposition démocratique aux élections présidentielles de 2015. : "De façon légale, le président Deby avait utilisé l’Assemblée nationale, en jouant sur la majorité mécanique de son parti, le MPS, pour faire modifier notre Constitution en faisant sauter le verrou de la limitation des mandats pour rester aussi longtemps qu’il le veut au pouvoir. C’est aussi légalement qu’il pourrait être battu aux élections de 2016 afin que l’alternance soit enfin effective mais  à une seule condition : que l’opposition politique démocratique présente un seul candidat.
 
Ces propos constituent le premier paragraphe de l'article. Mais il n'est pas besoin de parcourir l'ensemble de l'article pour constater que l'auteur est un grand rêveur, et pire, il rêve debout, éveillé, en plein jour.C'est dangereux. C'est une conduite de ses idées à l'état d'ivresse, sans doute.
 
DEBY NE PEUT ETRE BATTU, NI PAR LES URNES, NI PAR LES ARMES
 
L'heure n'est plus de continuer indéfiniment à noyer le poisson. Déby a été mis en place par la France. Il restera au pouvoir tant que l'Elysée le voudra. Gauche comme droite s'alternent en France, mais la politique dans ce domaine demeure une constante. IDI est venu au pouvoir par les armes avec la bénédiction de Paris. La France l'a sauvé dans toutes les situations difficiles, y compris militaires. Dans les anciennes colonies de France en Afrique, il n'y a que les Sénégalais qui peut rêver à une alternance démocratique, suite à des élections transparentes, et ce seulement depuis 2000. Dans ce pays de l'Afrique de l'Ouest, une alternance démocratique est sans enjeu pour l'Elysée. Mais pour certains pays comme le Tchad, le Gabon, le Togo, la Côte d'Ivoire, l'enjeu est de taille. La France ne laissera jamais une alternance démocratique dans ces pays. Allez demander à Laurent Gbagbo. Pendant la crise ivoirienne, beaucoup d'Africains n'avaient rien compris du jeu de la nébuleuse "communauté internationale". On a vu des Africains tirer à boulet rouge sur Gbagbo, le traitant de dictateur qui ne veut pas reconnaître sa défaite. Ils ont pris fait et cause pour Ouattara le démocrate. Pour d'autres Africains, dont moi, c'est en Côte d'Ivoire que s'est joué en 2010-2011, l'avenir de la démocratie dans les ex-colonies de la France. On peut continuer à accabler Laurent Gbagbo de tout, mais les faits sont là : il a demandé une seule chose : le recomptage des voix, la re-vérifications des PV pour départager les deux candidats qui revendiquaient la victoire. Personne ne l'a entendu. Il était le perdant, il devait céder le fauteuil à son rival, démocratiquement élu. Il n'y a pas de contestation des chiffres. Pas de recours possible. Comme le dit François Mattei, dans son dernier livre, co-écrit avec Laurent Gbagbo, les principes démocratiques et républicains sont comme le camembert : ils voyagent mal, surtout en Afrique Noire. Même aux Etats-Unis d'Amérique, on a recompté les voix en 2000 pour trancher. Mais... ce qui est valable aux Etats-Unis n'est pas valable pour un pays africain. Et puis, plus près de nous, comme un coup de pied de l'âne, c'est bien dans l'UMP, parti de Sarkozy, que deux candidats à une élection, Copé et Fillon, ont revendiqué tous les deux la victoire. Pourquoi n'a-t-on pas donné une suite favorable à la requête de Laurent Gagbo ? Si Ouattara était sûr d'avoir gagné les élections, pourquoi a-t-il refusé le recomptage des voix qui ne coûte rien par rapport à la vie qui coûte des vies humaines ? La question ne trouve toujours pas de réponse. La réponse est simple pourtant, comme le nez sur la figure : un recomptage des voix pourrait lui être défavorable, voire fatale. C'est ainsi qu'il a opté pour la guerre contre un acte patriotique et démocratique. D'ailleurs, il n'a rien décidé. C'est la communauté internationale qui a opté pour la guerre.
 
Après la chute de Gbagbo, Hillary Clinton a fait une déclaration fracassante comme quoi, ce qui est arrivé à Laurent Gbagbo, est un avertissement à tous les dictateurs qui s'accrochent au pouvoir. On peut traduire ces propos tenus en Anglais,  à des mal-entendants comme Sénior Mbary ainsi  : le renversement de Gbagbo est un avertissement à tous les dirigeants Africains, qui osent aller à l'encontre des intérêts de la "Communauté internationale" (dans ce contexte, les Etats-Unis et la France). Ils sont nombreux, les dictateurs qui s'accrochent au pouvoir et qui remportent les élections tout le temps au premier tour. Idriss Déby Itno en est le premier et passe loin devant Laurent Gbagbo qui n'atteint même pas sa cheville en la matière. Mais ni l'Elysée, ni la Maison Blanche, ni diront jamais rien de la réélection de Déby, de Ali Bongo, ou de Faure Gnassingbé, ni de Compaoré, ni de Paul Biya. Ils sont de bons démocrates.
 
LA PILULE PASSE 
 
A suivre le raisonnement de Sénior Mbary, il est possible de battre Déby démocratiquement, légalement, par les urnes, à condition d'avoir simplement... un candidat unique. Entendez par là, sans l'aval de Paris. C'est impossible dans la réalité ! Sénior Mbary n'ignore pas cependant, le rôle néfaste de Paris. Il le souligne quelque part dans l'article. Mais c'est totalement absurde de placer au second plan, comme un mal-voyant, un problème qui est fondamental, voire crucial ! Le problème fondamental, c'est le soutien de la nébuleuse "Communauté internationale" à des dictateurs qui ne prennent pas de gants pour agir et sévir contre leur peuple. A voir les choses de près, les Africains comme Sénior Mbary, finissent par accepter la domination de la France sur ses anciennes colonies. Au Tchad, c'est la France qui décidera du départ ou du maintien, tant qu'il est en vie, d'Idriss Déby Itno. Que ceux qui ne comprennent pas cette triste réalité ne viennent sur le net pour nous vomir des insanités.
 
 Le débat crucial, fondamental, sur le maintien ou non du franc CFA au XXI siècle, qui est la véritable négation de la souveraineté des "anciennes" colonies de France, n'est jamais posé sur la table par les Africains. Opposants et tenants du pouvoir en Afrique, évitent soigneusement ce débat. Véritable pilotage à vue. Pour ceux qui l'ignorent, Laurent Gbagbo a évoqué le problème. C'est en partie, pour cette raison que la France l'a emprisonné à la Haye et prend en même temps tous les soins pour éviter tout éventuel retour en politique de ce récalcitrant de Gbagbo. Le franc CFA rapporte beaucoup à la France. Trêve de détails.
 
Évoquer le problème des futures élections en 2016 au Tchad, sans évoquer en premier lieu, le rôle néfaste et crucial de la"Communauté Internationale", est un non sens, une réflexion dangereuse pour la démocratie dans notre pays.
 
L'EXEMPLE TUNISIEN, INCONTOURNABLE, A SAISIR
 
Il nous est possible de refuser la fatalité par des moyens à portée de nos mains.
La France nous domine dans tous les sens. La France utilise nos votes pour nous dominer par des simulacres d'élections. Voter dans ces conditions, c'est être complice du maintien de Déby. Le premier avertissement à envoyer à la France, est le boycott total, des élections de 2016. Aller voter, c'est légitimer la farce électorale organisée depuis l'Elysée. Ils enverront des observateurs internationaux, qui valideront le scrutin même s'il y a 10% de participation. Les observateurs internationaux de l'Occident devraient être molestés dans les bureaux de votes. Tiens ! Ils ont tous les moyens légaux : ils qualifieront ces propos comme une incitation à la violence. Or, la véritable incitation à la violence, c'est de maintenir un président en place pendant 20, 30, ou 40 ans au pouvoir, et de le remplacer par son fils en cas de décès.
 
Au vu de tout cela, il reste une seule alternative : l'exemple tunisien ou égyptien.
 
La Place de la Nation doit être pris d'assaut par les N'Djaménois. Partout dans les grandes villes du Tchad, les places dites, de l'indépendance, doivent être envahis, pour réclamer le départ d'Idriss Déby du pouvoir. Plusieurs jours passés dans ces conditions, comme à la place Tahrir, feront d'une pierre deux coups : renvoyer Idriss Déby du pouvoir, et dire à la France que c'est le peuple tchadien qui décide.
 
Il faut que le peuple tchadien soit debout et à l'ouvrage pour conquérir ses droits, car sa liberté naîtra de son courage, qu'il lève les yeux pour regarder l'Elysée en face, pour que l'avenir lui appartienne totalement. Je n'ai fait que paraphraser notre hymne national.
 
Tout le reste n'est que pipeau, à commencer par le vote pour espérer changer de régime. Déby ne sera renversé ni par les urnes, ni par les armes. En cas de difficulté militaire, la France viendra à son secours, surtout qu'il a eu 19.9/20 en politique depuis son intervention au Mali. On parle même d'un éventuel voyage de Hollande à N'Djamena. 
 
BELEMGOTO Macaoura
 
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