Organisé par le Haut Conseil de la Communication(HCC) et l’Observatoire de Déontologie, d’Éthique des Médias au Tchad (ODEMET), ce forum-débat a pour thème «la pratique du métier et la responsabilité des journalistes». Il représente une opportunité pour les professionnels du métier de journalistes de revisiter les manquements et les dérives constatés ces derniers temps dans le paysage médiatique tchadien. Selon le conseiller du HCC, Bégoto Yaldet Oulatar, l’initiative de ce forum a été prise après avoir observé de nombreuses violations de l’éthique et de la déontologie par les journalistes tchadiens. Et aussi après les multiples interpellations qui ont entrainé une régression du secteur. Ainsi, les deux organes de régulation tchadiens ont décidé de réunir les patrons de presse afin de réfléchir sur les voies et moyens pouvant conduire à une inversion de la tendance actuelle, et surtout redorer le blason du secteur de l’information au Tchad.Dans sa note introductive, le Président du HCC Mustapha Ali Alifei a égrené tout un chapelet des dérives et manquements graves observés dans les médias tchadiens. Il a rappelé que l’objectivité et l’équité imposent aux journalistes de rapporter dans leurs articles les faits tels qu’ils se sont produits et que ceux-ci doivent prendre les versions de toutes les parties impliquées dans les affaires qu’ils couvent. Selon lui, la presse a acquis ses lettres de noblesses. Et c’est pourquoi, il salue l’effort des professionnels de l’information et de la communication et n’a pas occulté les efforts des plus hautes autorités du pays. Il a également relevé les nombreuses difficultés auxquelles doivent faire face les entreprises de presse. Notamment la faiblesse de marché public, la rédaction hétérogène mais sans qualification avérée.
Le Premier Ministre a quant à lui déclaré que la communication et les valeurs qui la sous-tendent sont au cœur de toute démarche de construction d’une société politique ouverte et démocratique. Joseph Djimrangar Dadnadji dit se réjouir que le haut conseil de la communication et l’ODEMET, se fondant sur une évaluation interne de l’espace médiatique, aient décidé de réfléchir sur le fonctionnement d’un secteur vital comme celui de l’information. Si les journalistes tchadiens nous ont prouvé depuis vingt-trois années qu’ils étaient capables de grandes œuvres, il s’en trouve malheureusement certains parmi eux dont les pratiques n’honorent pas ce noble métier, a-t-il déclaré. Le Chef du Gouvernement s’est interrogé aussi sur le positionnement rédactionnel des médias tchadiens qui les entraîne à adopter des lignes éditoriales politiquement engagées.
Aussi, tout événement, grand ou petit est interprété sous l’angle de la politique par ces médias. Il est compréhensible et même souhaitable qu’un citoyen ou un groupe de citoyens se donnent les moyens de s’exprimer publiquement par le lancement d’un organe de presse. Qu’il fasse de cet organe le vecteur de ses idées et concoure par ce biais à un échange avec d’autres dans cette dynamique incontournable de l’évolution sociétale. Mais à une seule condition: faire de l’intérêt public le fondement du travail journalistique. La recherche de l’intérêt général disait un journaliste de renom est la justification ultime de l’information en démocratie, pense-t-il. Il a terminé son propos en annonçant des nouvelles qu’on peut qualifier de bonnes pour les journalistes. En termes d’innovation, je pense également à l’extinction prochaine de l’analogie et l’avènement du numérique dans l’audiovisuel, a-t-il déclaré.