Ahmat Mahamat Yacoub
Fiche de lecture
Pierre Grelley, « La balance, le Glaive et le pendule », Pour une petite histoire de la médiation, Informations sociales, 2012/2, n°170, p.6-9.
Revue : Informations sociales, Les médiations : pratiques et enjeux, n° 170, 2012/2, CNAF, p.144
• Prénom Nom : Pierre GRELLEY
• Vit à : VAUCRESSON, France
• Né le : 27 déc. 1946 (67 ans)
• Profession : Ingénieur CNRS
Les références bibliographiques
• La justice d'un siècle à l'autre, PUF, "Droit et justice", 2003
• Réforme de la justice, réforme de l'État, PUF, "Droit et justice", 2003
• Justice et responsabilité de l'État, PUF, "Droit et justice", 2003
• Introduction : Apparemment, une unanimité se dessine autour de l’utilisation abusive de la médiation. Pierre Grelley souligne dans son introduction que certaines médiations sont originales alors que d’autres ne le sont pas, comme le stadier devenu « médiateur sportif ». On revient toujours à la contrefaçon de la médiation dénoncée par les spécialiste de la profession dans certains ouvrages. HOFNUNG Michèle refuse par exemple la terminologie de médiation pénale qu’elle juge illogique. Au lieu de médiation pénale, la rectification est nécessaire pour devenir conciliation pénale. « Le recours au mot sans respect de sa substance, nourrit un développement en trompe l’œil. Le terme se répand, mais pas toujours la médiation .» « La médiation est autre chose que la simple gestion d’un conflit puisqu’elle investit de plus en plus fréquemment des champs qui ne sont pas ceux de la concurrence et du conflit, mais plutôt ceux de la communication, son objectif n’étant alors pas de réparer une relation qui se serait dégradée mais bien de la créer . »
• La réflexion de Pierre Grelley est divisée en trois parties :
• La première partie concerne le développement de la médiation et la recherche de trais fondamentaux communs à tous les types de médiation, conduisant la sociologie à formuler deux hypothèses :
1. La première est celle d’une certaine instrumentalisation par les professionnels du « label » médiation.
2. La seconde hypothèse avance que la difficulté de classer les activités de médiation selon leur nature serait due à l’ambivalence de certaines d’entre elles et propose de les imaginer comme prises dans un jeu de forces émises par deux pôles opposés, semblables à celles qui structurent un champ magnétique, et comme attirées selon les situations vers l’un ou l’autre de ces pôles.
• La deuxième partie évoque les pratiques de la médiation. La médiation familiale en France constitue l’expression la plus connue et la plus développée de la pratique.
• La troisième partie vise les acteurs de la médiation, tel le Médiateur de la République au statut très institutionnalisé, ou au statut clandestin à l’image du médiateur culturel dans les musées.
Point de repère
La balance, le Glaive et le pendule
Pour une petite histoire de la médiation
Pierre Grelley
• Origine de la médiation : La première médiation fut d’origine lointaine lorsque quelqu’un intervint dans une querelle autour d’une parcelle de territoire ou une carcasse d’animal opposant deux personnes. Par cet acte visant à éviter un conflit de nature à provoquer de mort d’hommes, l’intervenant qui a cherché à apaiser la situation et trouver un terrain d’entente entre les deux parties, a ainsi « jeté les bases de la société en imaginant une alternative à la loi du plus fort.» Cet acte correspond bien à l’étymologie du terme médiation. Mais en ancien français médiation veut dire division et n’a pris une valeur moderne de conciliation qu’au XIVème siècle, d’abord dans le domaine de la religion (Jésus Christ est médiateur entre Dieu et l’Homme) puis dans le droit et la diplomatie.
• Rapprocher les points de vue :
• La notion de la médiation chez Aristote est liée à la mécanique du syllogisme.
• Pour Hegel, dans la Phénoménologie de l’esprit (1807), la médiation est un acte de négation et de dépassement à la fois, qui établit le lien entre le sujet et l’objet, le temps et l’éternité, le fini et l’infini (Cuvillier, 1977).
• La médiation a également été soutenue par les théoriciens de la non-violence, parmi lesquels Lanza del Vasto (1901-1981), à la recherche de réponses à toutes les violences.
• Fille de la philosophie et de l’histoire, la sociologie s’est intéressée de manière principale aux conditions d’exercice des médiations juridiques, une question qu’elle a amplement investie depuis trente ans.
• Georg Simmel estime dans Philosophie de l’argent, publié en 1900, que l’argent est un élément médiateur entre l’homme et le monde.
• Inventer des pratiques
• Tous les auteurs s’accordent sur l’ancienneté de la médiation qui est une forme primitive de justice qui n’a échappé à aucune époque et à aucun continent. Il y a l’exemple du fameux jugement du roi Salomon rapporté par la Bible ( il a tranché dans une dispute entre deux femmes, chacune d’elle revendique la maternité d’un bébé), ou les écrits de Confucius sur le règlement des conflits entre ses contemporains. Sages, prêtres ou anciens ont tous pu jouer, à un moment ou à un autre, un rôle de médiateur.
• Dans le monde moderne de la justice
• La justice même unifiée et codifiée a d’une certaine façon intégrée le principe de la médiation en créant successivement la justice de paix, puis la justice d’instance, avec laquelle cohabite aujourd’hui la justice de proximité. Considérée comme une alternative à la justice d’Etat, la médiation s’est faite institutionnalisée pour devenir depuis une trentaine d’années un mode alternatif de règlement des conflits MARC. Ainsi la médiation en recyclant les pratiques classiques et traditionnelles, elle s’est donnée une nouvelle vie et un nouveau statut. Reste à l’Union européenne la tâche la plus difficile, celle d’harmoniser le statut de la médiation.
• Dans les pays de Common Law, comme la GB, le Canada et les Etats unis, elle est utilisée extrajudiciairement.
• La France, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique paraissent enclines à les intégrer dans leur législation.
• Le Portugal, la Grèce ou les pays nordiques semblent encore hésitants.
Résumé : L’origine de la médiation ne doit pas se limiter à une époque ou à un territoire. Certes, sa pratique est très ancienne et assez largement répandue, si l’on considère les formes qu’elle revêt. Mais, je prends le risque de dire qu’il faut chercher l’origine de la médiation avec la présence des premiers Hommes sur terre. Un père ou une mère est toujours médiateur entre ses deux enfants qui se disputent un objet. La médiation primitif, classique et traditionnelle existe depuis la nuit de temps. Mais il faut s’attarder sur sa terminologie qui selon Pierre Grelley évoque un milieu qui est plutôt espace intermédiaire, « entre deux » permettant de séparer les bélligérents, que lieu géométrique d’équidistance connoté de neutralité passive .
Fiche de lecture
Pierre Grelley, « La balance, le Glaive et le pendule », Pour une petite histoire de la médiation, Informations sociales, 2012/2, n°170, p.6-9.
Revue : Informations sociales, Les médiations : pratiques et enjeux, n° 170, 2012/2, CNAF, p.144
• Prénom Nom : Pierre GRELLEY
• Vit à : VAUCRESSON, France
• Né le : 27 déc. 1946 (67 ans)
• Profession : Ingénieur CNRS
Les références bibliographiques
• La justice d'un siècle à l'autre, PUF, "Droit et justice", 2003
• Réforme de la justice, réforme de l'État, PUF, "Droit et justice", 2003
• Justice et responsabilité de l'État, PUF, "Droit et justice", 2003
• Introduction : Apparemment, une unanimité se dessine autour de l’utilisation abusive de la médiation. Pierre Grelley souligne dans son introduction que certaines médiations sont originales alors que d’autres ne le sont pas, comme le stadier devenu « médiateur sportif ». On revient toujours à la contrefaçon de la médiation dénoncée par les spécialiste de la profession dans certains ouvrages. HOFNUNG Michèle refuse par exemple la terminologie de médiation pénale qu’elle juge illogique. Au lieu de médiation pénale, la rectification est nécessaire pour devenir conciliation pénale. « Le recours au mot sans respect de sa substance, nourrit un développement en trompe l’œil. Le terme se répand, mais pas toujours la médiation .» « La médiation est autre chose que la simple gestion d’un conflit puisqu’elle investit de plus en plus fréquemment des champs qui ne sont pas ceux de la concurrence et du conflit, mais plutôt ceux de la communication, son objectif n’étant alors pas de réparer une relation qui se serait dégradée mais bien de la créer . »
• La réflexion de Pierre Grelley est divisée en trois parties :
• La première partie concerne le développement de la médiation et la recherche de trais fondamentaux communs à tous les types de médiation, conduisant la sociologie à formuler deux hypothèses :
1. La première est celle d’une certaine instrumentalisation par les professionnels du « label » médiation.
2. La seconde hypothèse avance que la difficulté de classer les activités de médiation selon leur nature serait due à l’ambivalence de certaines d’entre elles et propose de les imaginer comme prises dans un jeu de forces émises par deux pôles opposés, semblables à celles qui structurent un champ magnétique, et comme attirées selon les situations vers l’un ou l’autre de ces pôles.
• La deuxième partie évoque les pratiques de la médiation. La médiation familiale en France constitue l’expression la plus connue et la plus développée de la pratique.
• La troisième partie vise les acteurs de la médiation, tel le Médiateur de la République au statut très institutionnalisé, ou au statut clandestin à l’image du médiateur culturel dans les musées.
Point de repère
La balance, le Glaive et le pendule
Pour une petite histoire de la médiation
Pierre Grelley
• Origine de la médiation : La première médiation fut d’origine lointaine lorsque quelqu’un intervint dans une querelle autour d’une parcelle de territoire ou une carcasse d’animal opposant deux personnes. Par cet acte visant à éviter un conflit de nature à provoquer de mort d’hommes, l’intervenant qui a cherché à apaiser la situation et trouver un terrain d’entente entre les deux parties, a ainsi « jeté les bases de la société en imaginant une alternative à la loi du plus fort.» Cet acte correspond bien à l’étymologie du terme médiation. Mais en ancien français médiation veut dire division et n’a pris une valeur moderne de conciliation qu’au XIVème siècle, d’abord dans le domaine de la religion (Jésus Christ est médiateur entre Dieu et l’Homme) puis dans le droit et la diplomatie.
• Rapprocher les points de vue :
• La notion de la médiation chez Aristote est liée à la mécanique du syllogisme.
• Pour Hegel, dans la Phénoménologie de l’esprit (1807), la médiation est un acte de négation et de dépassement à la fois, qui établit le lien entre le sujet et l’objet, le temps et l’éternité, le fini et l’infini (Cuvillier, 1977).
• La médiation a également été soutenue par les théoriciens de la non-violence, parmi lesquels Lanza del Vasto (1901-1981), à la recherche de réponses à toutes les violences.
• Fille de la philosophie et de l’histoire, la sociologie s’est intéressée de manière principale aux conditions d’exercice des médiations juridiques, une question qu’elle a amplement investie depuis trente ans.
• Georg Simmel estime dans Philosophie de l’argent, publié en 1900, que l’argent est un élément médiateur entre l’homme et le monde.
• Inventer des pratiques
• Tous les auteurs s’accordent sur l’ancienneté de la médiation qui est une forme primitive de justice qui n’a échappé à aucune époque et à aucun continent. Il y a l’exemple du fameux jugement du roi Salomon rapporté par la Bible ( il a tranché dans une dispute entre deux femmes, chacune d’elle revendique la maternité d’un bébé), ou les écrits de Confucius sur le règlement des conflits entre ses contemporains. Sages, prêtres ou anciens ont tous pu jouer, à un moment ou à un autre, un rôle de médiateur.
• Dans le monde moderne de la justice
• La justice même unifiée et codifiée a d’une certaine façon intégrée le principe de la médiation en créant successivement la justice de paix, puis la justice d’instance, avec laquelle cohabite aujourd’hui la justice de proximité. Considérée comme une alternative à la justice d’Etat, la médiation s’est faite institutionnalisée pour devenir depuis une trentaine d’années un mode alternatif de règlement des conflits MARC. Ainsi la médiation en recyclant les pratiques classiques et traditionnelles, elle s’est donnée une nouvelle vie et un nouveau statut. Reste à l’Union européenne la tâche la plus difficile, celle d’harmoniser le statut de la médiation.
• Dans les pays de Common Law, comme la GB, le Canada et les Etats unis, elle est utilisée extrajudiciairement.
• La France, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique paraissent enclines à les intégrer dans leur législation.
• Le Portugal, la Grèce ou les pays nordiques semblent encore hésitants.
Résumé : L’origine de la médiation ne doit pas se limiter à une époque ou à un territoire. Certes, sa pratique est très ancienne et assez largement répandue, si l’on considère les formes qu’elle revêt. Mais, je prends le risque de dire qu’il faut chercher l’origine de la médiation avec la présence des premiers Hommes sur terre. Un père ou une mère est toujours médiateur entre ses deux enfants qui se disputent un objet. La médiation primitif, classique et traditionnelle existe depuis la nuit de temps. Mais il faut s’attarder sur sa terminologie qui selon Pierre Grelley évoque un milieu qui est plutôt espace intermédiaire, « entre deux » permettant de séparer les bélligérents, que lieu géométrique d’équidistance connoté de neutralité passive .