Ahmat Mahamat Yacoub Le Mans, le 28 mai 2015
Doctorant
Université du Maine
Courriel : yacoubahmat@aol.com
Directeur de thèse : M. Servet ERTUL
FICHE DE LECTURE :
Max Weber, le savant et le politique, préface, traduction et notes de Catherine Colliot-Thélène, 208 pages.
Titre du livre : Le savant et le politique
La profession et la vocation de savant
La profession et la vocation de politique
Traduction des deux conférences de Max Weber (7 novembre 1917 et 28 janvier 1919)
Auteur d’origine : Max Weber
Auteur de la traduction : Cathérine Colliot-Thélène
Date de publication : paris, 2003
Date de la première traduction : 1959 par Julien Freund
Nombre de pages : 208
Editeur : La Découverte, Paris
Genre : sociétés
Bibliographie :
Max Weber : Max Weber (21 avril 1864-14 juin 1920), sociologue et économiste allemand, est, avec Vilfredo Pareto, Émile Durkheim, Georg Simmel et karl marx l'un des fondateurs de la sociologie moderne.
Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive, c'est-à-dire d'une approche sociologique qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l'action sociale .
Œuvre de Max Weber
• Le Savant et le politique (1919), préface de Raymond Aron et traduction par Julien Freund, Plon, 1959; nouvelle traduction par Catherine Colliot-Thélène (également auteure de la préface et des notes), La Découverte/poche 2003.
• L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904-1905), traduction par Jacques Chavy, Plon, 1964 ; nouvelles traductions par Isabelle Kalinowski, Flammarion 2000; Jean-Pierre Grossein, Gallimard 2003.
• Essais sur la théorie de la science (1904-1917), traduction partielle par Julien Freund, Plon, 1965; édition de poche, Pocket, 1992.
• Le Judaïsme antique (1917-1918), traduction par Freddy Raphaël, Plon, 1970 - rééd. Flammarion, 2010
• Économie et Société (posthume 1921), traduction du tome 1 par Julien Freund, Plon, 1971 ; édition de poche, Pocket, 1995 et 2003 (sous-titre : Les Catégories de la sociologie)
• La ville (extrait du tome 2 d'Économie et société), traduction par Philippe Fritsch, Aubier, 1982. L'intégralité du tome 2 est éditée chez Pocket en 2003 (sous-titre : L'organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l'économie), rééd. Les Belles lettres, 2013.
• Histoire économique générale (posthume, 1923), traduction Christian Bouchindhomme, Gallimard, 1991
• Sociologie des religions (choix de textes et traduction par Jean-Pierre Grossein), Gallimard, 1996.
• Sociologie de la musique. Les fondements rationnels et sociaux de la musique (posthume 1921), traduction Jean Molino et Emmanuel Pedler, Anne-Marie Métailié, 1997.
• Économie et société dans l'Antiquité (1909), introduction de Hinnerk Bruhns, traduction par Catherine Colliot-Thélène et Françoise Laroche, La Découverte, 1998.
• Confucianisme et Taoïsme (1916), traduction par Catherine Colliot-Thélène et Jean-Pierre Grossein, Gallimard, 2000.
• Hindouisme et Bouddhisme (1916), traduction par Isabelle Kalinowski et Roland Lardinois, Flammarion, 2003.
• Rudolf Stammler et le matérialisme historique - Aux origines de la sociologie wébérienne, traduction Michel Coutu, Éditions du Cerf, 2003
• Œuvres Politiques (1895-1919), présentation par Elisabeth Kauffmann, introduction de Catherine Colliot-Thélène, traduction par Elizabeth Kauffmann, Jean-Philippe Mathieu et Marie-Ange Roy, Albin Michel, 2004.
• Sociologie du droit, préface de Philippe Raynaud, traduction Jacques Grosclaude, P.U.F., 2007; réédition Quadrige, 2013.
• La Bourse (1894-1896), traduction Pierre de Larminat, Allia, 2010.
• La Domination (1914), traduction inédite par Isabelle Kalinowski, Paris, La Découverte, 2014.
Catherine Colliot-Thélène
Depuis 2010, elle est membre de l’Institut universitaire de France.
De 1999 à 2004, Catherine Colliot-Thélène exerca la fonction de Directrice du Centre Marc Bloch2 (centre franco-allemand de recherches en sciences humaines) à Berlin.
Thèmes de recherche
• Philosophie allemande, Oeuvre de Hegel.
• Traductions et travail d'interprétation, Œuvre de Max Weber.
• Epistémologie des sciences humaines.
• Philosophie politique.
• Les droits subjectifs, histoire et actualité.
Publications
• Max Weber et l’histoire, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Philosophies », 1990, 121 p. (ISBN 2-13-043133-X)
• Le Désenchantement de l’État: de Hegel à Max Weber, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Philosophie », 1992, 270 p. (ISBN 2-7073-1430-7)
• Études wébériennes : rationalités, histoires, droits, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Pratiques théoriques », 2001, 329 p. (ISBN 2-13-052229-7)
• La Sociologie de Max Weber, Paris, Éditions La Découverte, coll. « Repères : sociologie », 2006, 122 p. (ISBN 2-7071-4731-1)
• La Démocratie sans demos, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Pratiques théoriques », 2011, 213 p. (ISBN 978-2-13-058162-8)3,4
• Peuples et populisme, avec Florent Guénard, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « laviedesidées.fr », 2014, 104 p. (ISBN 978-2-13-062852-1)
• Introduction : Catherine Colliot-Thélène a traduit les textes célèbres de Max Weber qui ont fait l’objet d’une première traduction en 1959, par Julien Freund, sous le titre « le Savant et le Politique ». Elle a décidé de les traduire puisqu’elle a constaté quelques failles de faux sens ou contre sens. Elle justifie également la nouvelle traduction par le constat que la connaissance de l’œuvre de Max Weber est aujourd’hui nettement plus précise en Allemagne et en France que ce n’était le cas en 1959. Les textes traduits proviennent des deux conférences de Max Weber prononcées la première le 7 novembre 1917, à Munich, dans le cadre d’une série de conférences organisée par le comité bavarois de l’association des étudiants libres, et la deuxième le 28 janvier 1919. Les deux conférences tranchent sur l’ensemble de l’œuvre wéberienne par le ton délibérément adopté pour évoquer deux aspects de la condition de l’homme moderne dont Weber pense qu’ils contribuent, chacun à leur manière, à donner au présent comme à l’avenir le caractère d’un destin. C’est en quelque sorte un diagnostic concernant la culture occidentale, et une méditation sur le sens de l’existence dans une culture ainsi façonnée. Les deux textes sont philosophiques, selon Wolfgang Schluchter (page 12).
• Résumé : L’organisation par le comité bavarois de l’association des étudiants libres d’une série de conférences a donné l’occasion à Max Weber d’accoucher ses opinions philosophiques sur la posture prophétique, ses idées sur la religion, la politique, le droit (l’avocat, le juge), sur l’histoire présent et même celle de l’avenir. Les textes des deux conférences (1917-1919) font l’objet de plusieurs traductions dont les plus connues sont celles de Catherine Colliot-Thélène en 2003 et de Julien Freund en 1959. A travers l’ouvrage intitulé « le Savant et le Politique » on constate que Weber évoque dans les deux conférences les aspects de la condition de l’homme moderne dont il pense qu’ils contribuent, chacun à leur manière, à donner au présent comme à l’avenir le caractère d’un destin. C’est en quelque sorte un diagnostic concernant la culture occidentale, et une méditation sur le sens de l’existence dans une culture ainsi façonnée. Il y a aussi en quelques sortes une amertume, une déception que Weber exprime volontairement ou involontairement, en raison de son échec d’occuper un poste politique. Et même si Weber laisse entendre « qu’il n’appartient pas à la catégorie des hommes dotés d’un sens pour la religion » (page 12 paragraphe2), cependant ses textes montrent des aspects philosophiquement religieuse, littéraire et politique, facilement « décortiquable », par exemple en se basant sur des citations du Livre des Prophètes ou des Evangiles, lorsqu’il s’agit de décrire les motivations de l’homme politique ou du chercheur. Weber a même lu l’Ancien Testament (page13, paragraphe1), qui lui a facilité la rédaction d’une partie de L’Ethique économique des religions mondiales consacrée au « Judaïsme antique ».
Weber fait le loge du Reichstag en fustigeant le système parlementaire anglais « aujourd’hui les parlementaires anglais (…) ne sont normalement rien d’autres qu’un troupeau de voix bien discipliné. Chez nous, au Reichstag, on s’entendait au moins à feindre de travailler pour le bien du pays en rédigeant sa correspondance privée à son pupitre de parlementaire (…) quant à la machine du caucus», elle est quasiment dépourvue d’idéologie quand il y a un chef fort, et elle est entièrement entre les mains du leader. Ainsi, au-dessus du parlement se dresse celui qui est de fait un dictateur plébiscitaire, lequel entraîne les masses derrière lui par le biais de la « machine », et pour lequel les parlementaires ne sont que des prébendiers politiques qui appartiennent à sa clientèle (169). Et d’ajouter que sur le plan mondial, son pays a les fonctionnaires ayant reçu une formation spécialisée. Weber prend l’exemple de maires de ville aux Etats unis, élus par plébiscite et dotés du droit de composer leurs bureaux de façon indépendante. C’est pourquoi, il soutient le chef qui est élu par plébiscite (référendum) et non par le parlement. Il s’en prend aux méthodes violentes de la politique et va jusqu’à déconseiller de faire de la politique : « Celui qui cherche à assurer le salut de son âme et à en sauver d’autres ne le fait pas par la voie de la politique, laquelle a de tout autres tâches, des tâches qui ne peuvent être résolues que par la violence ». Est-il déçu lui-même de son échec ou a-t-il vécu ou subi de la violence (coup bas) lors de ses tentatives de postuler à un poste politique ? Weber n’explique pas trop comment a-t-il échoué pour occuper un poste politique, du moins pas visible de cet ouvrage. Il y a des mots très durs à l’égard de la politique qu’il qualifie de démon et de puissance diabolique tout en se référant à un témoignage religieux : « Les premiers chrétiens savaient très précisément que le monde est gouverné par des démons, que quiconque se commet avec la politique, c’est à dire avec le pouvoir et la violence comme moyens, conclut un pacte avec des puissances diaboliques, et que, pour ce qui est de son action, il n’est pas vrai que le bien ne puisse engendrer que du bien, et le mal que du mal, mais que c’est souvent le contraire. Quiconque ne voit pas cela est en fait un enfant du point de vue politique (197) ». « Le génie, ou le démon, de la politique d’un côté, le Dieu de l’amour, y compris le Dieu chrétien dans son expression ecclésiale de l’autre, cohabitent dans un état de tension intérieur qui peut à tout moment éclater en un conflit irréductible (203) »
La posture prophétique (pages 12-17)
Même si Weber laisse entendre « qu’il n’appartient pas à la catégorie des hommes dotés d’un sens pour la religion » (page 12 paragraphe2), cependant ses textes montre des aspects philosophiquement religieuse, littéraire et politique, facilement « décortiquable », par exemple en se basant sur des citations du Livre des Prophètes ou des Evangiles, lorsqu’il s’agit de décrire les motivations de l’homme politique ou du chercheur. Weber a même lu l’Ancien Testament (page13, paragraphe1), qui lui a facilité la rédaction d’une partie de L’Ethique économique des religions mondiales consacrée au « Judaïsme antique ».
Weber a-t-il utilisé la religion pour se découvrir dans le rôle d’un homme politique ? Avec les prophètes de l’époque préexilique, écrit-il, « le démagogue apparaît pour la première fois dans les annales de l’histoire » (page 14, fin paragraphe2).
L’éloge de la passion (pages 15- 21)
Weber dresse une opposition entre une politique d’inspiration religieuse et une politique « réaliste ». A l’instar de Hegel, Weber est convaincu que « rien de grand ne s’est fait sans passion », et la passion consiste précisément pour lui à se donner entièrement et inconditionnellement à une cause. Weber estime que le tragique de l’existence d’un côté, la dimension quasi religieuse, ou au moins passionnelle, du rapport à la cause, cause savante ou politique, de l’autre, sont si intimement solidaires qu’il est vain de se demander lequel commande l’autre. Weber a tenté en vain de jouer un rôle politique dans les années 1917-1918. Son échec est dû au fait qu’il lui manque un professionnalisme politique.
De quelques choix de traduction (pages 21- 26)
La traductrice a voulu dès le début attirer l’attention sur le parallèle que Weber établit implicitement entre le prophète judaïque et l’homme politique authentique. La traductrice a voulu rendre compte de cette sémantique si peu habituelle dans les textes de la sociologie de la science et de la politique. La traductrice reconnaît que certaines terminologies n’étaient pas faciles à traduire et il a fallu effectuer la traduction sans forcer le texte.
La spécialisation obligée (pages 26- 29)
Weber aurait entretenu un rapport difficile avec l’écriture et l’enseignement scientifique. Il était trop exigeant. Lorsqu’il évoque l’obligation pour le sociologue « d’avoir en tête, peut-être des mois durant, des dizaines de milliers d’exemples numériques tout à fait triviaux », il parle d’expérience. Le fameux passage de la fin de l’Ethique protestante dans lequel, évoquant la mécanisation grandissante des logiques sociales qui se déploient sous l’égide du capitalisme, Weber stigmatise les « derniers hommes », « spécialistes sans esprit, jouisseurs sans cœur », qui s’imaginent avoir atteint une forme supérieur de l’humain, contient déjà toute l’ambivalence de son rapport à ce qu’il pense être le destin de notre civilisation.
Une déontologie de l’enseignant (page 29-34)
Weber reprend dans Wissenschaft als Beruf la position connue sous le nom de « neutralité axiologique », principe qu’il avait défendu plus longuement dans l’ »Essai sur le sens de la neutralité axiologique » » (1917 concernant la déontologie de l’enseignement. Weber conseille à l’enseignant désireux de se prononcer sur les questions politiques de suivre son exemple.
Le monopole de la violence physique légitime (pages 34- 41)
Weber définit la politique et l’Etat.
• L’Etat ne se laisserait caractériser que par son moyen, à savoir la violence physique légitime qu’il exerce à l’intérieur d’un territoire déterminé.
• La politique se confond avec la quête du pouvoir, sur le mode d’une participation directe à celui-ci ou d’une influence exercée sur sa participation, au sein d’un Etat ou entre Etats.
• Dans les « Concepts fondamentaux de la sociologie », on trouve une variante de la formulation de Politik als Beruf : L’Etat est défini comme une « entreprise politique de caractère institutionnel » qui « revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte légitime ».
• Ce que monopolise l’Etat n’est pas la violence, mais son exercice légitime, c’est-à-dire la capacité de garantir des droits.
Il semble que Weber a voulu mobiliser des définitions qui n’ont de sens précis que dans sa théorie du droit pour étayer une polémique qui visait à la fois les révolutionnaires et les pacifistes allemands des années de guerre et de l’après-guerre. Cela nous amène à étudier le nationalisme wébérien.
Le nationalisme wébérien (pages 41- 49)
Weber est bel et bien une personnalité nationaliste depuis la leçon inaugurale qu’il prononça à l’université de Strasbourg en 1895 jusqu’aux textes des années 1918-1919. Dès 1899, Weber s’est opposé à la politique de la germanisation de la Pologne.
Etique de la conviction et éthique de la responsabilité/ étique du pouvoir et honneur du fonctionnaire (pages 49-57)
• L’éthique de la conviction est illustrée par deux figures privilégiées : le syndicaliste et le pacifiste inconditionnel qui en appelle à l’éthique absolue du Sermon sur la montagne.
• Weber a stylisé la responsabilité de l’homme politique par contraste avec celle du fonctionnaire. Il ne s’agit pas de les opposer mais de distinguer deux types de responsabilités, également honorables, également nécessaires, mais essentiellement différentes.
The last real classical political thinker (pages 57-59)
Weber a rêvé parfois de jouer un véritable rôle politique, et qu’il a même envisagé, en 1918, une candidature au Reichstag, sur une liste de parti politique allemand, mais cette tentative avorta du fait des erreurs tactiques de Weber. Une d’erreur principale est la revendication de la liberté de parole qui ne pouvait se réconcilier avec les logiques partisanes. Weber a lu Thucydide et Machiavel. Avec ce dernier, Weber pourrait partager un échec politique commun. Weber peut jouer le rôle politique d’un critiqueur et veilleur, qui rappelle sans cesse aux hommes politiques professionnels que le pouvoir est un privilège pour lequel il faut rendre des comptes.
La profession et la vocation de savant (pages 61-110)
La réussite professionnelle ne doit plus être considérée « comme un honneur, mais justement et uniquement comme une réussite…et parfois même comme une honte » (Alexander Schwab).
La vocation et la profession de politique (pages 111-206)
Ce thème fut débattu à Munich, à la conférence du 28 janvier 1919, soit plus d’un an après « la profession et la vocation de savant ». Des témoignages indiquent que Weber affecté par ses tentatives d’exercer un rôle actif en politique, avait tout d’abord refusé l’invitation, avant de l’accepter. Il a eu le sentiment de ne pas être bien placé à pouvoir parler de la profession d’homme politique. Les témoignages divergent sur la réaction du public dont il y a ceux qui pensent que la première conférence de Weber était beaucoup plus pertinente que celle-là où les cicatrices de son échec « politique » sont encore prévisible dans son discours « on sent aussi quelque chose qui est de l’ordre de la profession de foi » (Max Rehm (page 114).
Weber se demande dans son intervention « qu’est-ce que la politique en tant que profession-vocation et que peut-elle signifier ? » Pour lui la politique au sens large englobe tout type d’activité conduite de façon autonome :
• La politique des devises de banque
• La politique d’escompte de la Reichsbank
• La politique d’un syndicat dans une grève
• La politique scolaire d’une commune urbaine ou villageoise
• La politique du conseil d’administration d’une association
• La politique d’une femme intelligente qui cherche à diriger son mari.
• Mais Weber reconnaît que la politique qu’il vise est « la direction ou l’influence exercée sur la direction d’un groupement politique, aujourd’hui par conséquent d’un Etat.
• Du point de vue sociologique l’Etat est celui qui se fonde sur la violence, selon Trotski (page118).
• S’il n’existait que des formations sociales auxquelles le moyen de la violence serait inconnu, alors la notion d’Etat aurait disparu, alors on aurait affaire à une situation que l’on peut désigner du nom d’ « anarchie », en ce sens spécifique.
• L’Etat est cette communauté humaine qui, à l’intérieur d’un territoire déterminé revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime.
• La politique signifierait le fait de chercher à participer au pouvoir ou à influer sur sa répartition, que ce soit entre Etats ou, au sein d’un Etat, entre les groupes d’hommes qu’il inclut.
• Quiconque fait de la politique aspire au pouvoir : soit comme moyen au service d’autres buts (idéaux ou égoïstes), soit pour le pouvoir lui-même, c’est-à-dire pour le sentiment de prestige dont il procure la jouissance.
• L’Etat est un rapport de domination exercé par des hommes sur d’autres hommes, et appuyé sur le moyen de la violence légitime. Pour qu’il existe, il faut donc que les hommes dominés se soumettent à l’autorité revendiquée par ceux qui se trouvent en position de domination dans chaque cas considéré.
• L’Etat moderne est un groupement de domination de type institutionnel qui s’est efforcé et a réussi à monopoliser, à l’intérieur d’un territoire , la violence physique légitime comme moyen de domination, et qui a rassemblé à cette fin entre les mains de ses dirigeants les moyens matériels de l’entreprise, tandis qu’il expropriait tous les fonctionnaires qui, en vertu des droits propres de « états » (stände), disposaient jadis de façon autonome de ces moyens, et qu’il s’est mis à leur place au sommet de l’Etat. (p.127/128)
Quand et pourquoi le font-ils ? sur quelles raisons justificatrices internes ? et sur quels moyens externes s’appuie cette domination ?
En ce qui concerne les justifications internes, dont les raisons sur lesquelles s’étaye la légitimité d’une domination, il est en est en principe trois :
1. L’autorité de l’ « éternel d’hier », c’est-à-dire des mœurs sanctifiées par une validité immémoriale et par l’habitude acquise de les respecter : la domination « traditionnelle », telle que l’exerçaient le patriarche et le prince patrimonial de type ancien.
2. L’autorité de la grâce personnelle extra-quotidienne (charisme)
3. La domination en vertu de la légalité.
Il y a deux manières de faire de la politique sa profession principale : Ou bien l’on vit pour la politique, ou bien de la politique. En règle générale l’on fait bien plutôt l’un et l’autre, au plan idéel du moins, la plupart du temps aussi au plan matériel : quiconque vit pour la politique en fait sa vie, en un sens intime (…) tout homme sérieux qui vit pour une cause vit aussi de cette cause.
• Les hommes politiques professionnels ne sont pas directement forcés de chercher une rétribution financière pour leur activité politique, comme doit en réclamer naturellement toute personne dépourvue de ressources (p. 133)
• Les hommes politiques professionnels sont apparus au cours de la lutte des princes contre les Etats (Ständ), et au service des premiers qui pouvaient les instrumentaliser à des fins politiques puisqu’ils savent lire (p. 144)
• Trois qualités sont essentielles et décisives pour l’homme politique : la passion, le sentiment de responsabilité et le coup d’œil (182).
• Il y a deux sortes de péchés mortels dans le domaine de la politique : l’absence de cause et l’absence de responsabilité. La vanité, c’est-à-dire le besoin d’occuper le devant de la scène de la manière la plus visible possible, est ce qui induit le plus fortement l’homme politique à la tentation de commettre l’un ou l’autre de ces pêchés, voire les deux (184).
• L’expérience montre que le souci de la sécurité économique est pour l’homme fortuné, un point cardinal de toute l’orientation de sa vie.
• Le développement de la politique en une entreprise réclamant une formation à la lutte pour le pouvoir et aux méthodes de cette lutte, développement que les partis modernes ont permis, a entraîner la division des fonctionnaires publics en deux catégories … nettement distinctes (p.144) :
Les fonctionnaires spécialisés
Les fonctionnaires politiques peuvent être à tout moment arbitrairement mutés et congédiés, ou être mis à disposition… ils peuvent être utilisés comme appareil administratif pour influencer les élections.
On parle aussi de fonctionnaire authentique, celui qui ne doit faire de la politique, mais administrer de façon non partisane.
Le fonctionnaire administratif que l’on dit politique
Pour lutter contre les états, le prince s’est appuyé sur des couches extérieures aux états et qu’ils pouvaient instrumentaliser à des fins politiques. Parmi ces couches figuraient :
Les clercs
Les lettrés dotés d’une formation humaniste ayant généralement appris à faire des discours en latin et à versifier en grec afin de devenir conseiller politique et surtout mémorialiste politique d’un prince (p. 145).
La noblesse de cour. Après que les princes furent parvenus à déposséder la noblesse de son pouvoir politique statuaire, ils l’attirèrent à la cour et l’utilisèrent au service de leur politique et de leur diplomatie.
La quatrième couche est la « gentry », une figure spécifiquement anglaise, un patriciat englobant la petite noblesse et les rentiers citadins. Cette catégorie a préservé l’Angleterre de la bureaucratisation qui a été le sort de tous les états continentaux.
La quatrième catégorie est celle des juristes dotés d’une formation universitaire. C’est une couche propre à l’Occident et elle a eu une importance décisive pour toute sa structure politique.
• Le journaliste partage avec tous les démagogues le même sort qui est d’échapper à toute classification sociale fixe (…) tout homme politique a besoin de l’influence de la presse, et donc de relations dans le monde de la presse (p. 153)
• Dans tous les Etats modernes, il semble vrai que le travailleurs de la presse a de moins en moins d’influence politique, tandis que le magnat de la presse (du type par exemple de « lord » Northcliffe) en acquiert de plus en plus (153).
• Quoi qu’il en soit, la carrière de journaliste demeure un des moyens les plus importants pour exercer une activité politique de façon professionnelle (155)
• Même si la vie du journaliste implique à tous égards la précarité absolue (…) ce qui est étonnant n'est pas qu'il y ait beaucoup de journalistes qui aient commis des dérapages ou qui se soient déconsidérés sur le plan humain, mais que, en dépit de tout cela, cette couche renferme un si grand nombre d’hommes de valeur et tout à fait sincères.
• Elections : il n y’a de vie politique que durant les périodes électorales (…) les partis sont entièrement organisés dans la perspective des luttes électorales qui sont les plus importantes pour disposer des postes (171)
• A partir de 1868 s’est développé en Grande Bretagne le système du « caucus ». Pour conquérir les masses, il devint nécessaire de créer un appareil énorme de groupes d’apparence démocratique de constituer un comité électoral dans chaque quartier de ville, de faire fonctionner l’entreprise de façon continue, de tout bureaucratiser de façon rigide. Il y eut de plus en plus de fonctionnaires rémunérés, des médiateurs élus par les comités électoraux locaux. Ils étaient dotés d’un pouvoir de cooptation, et c’était à eux qu’il revenait officiellement de supporter la politique des partis (166-167).
• Le « spoil système » est l’attribution de tous les postes fédéraux aux partisans du candidat victorieux (171).
• L’ancien point de vue de la démocratie américaine : « nous préférons avoir comme fonctionnaires des gens sur lesquels nous crachons que, comme chez vous, une caste de fonctionnaires qui nous crache dessus (175)».
• En Allemagne, les conditions de l’entreprise politique ont été pour l’essentiel les suivants :
L’impuissance des parlementaires,
L’importance considérable des fonctionnaires ayant reçu une formation spécialisée
L’existence des partis animés par des idéologies politiques, qui affirmaient, avec une bonne foi subjective, que leurs membres défendaient des « conceptions du monde ».
• Toute action d’inspiration éthique peut obéir à deux maximes profondément différentes l’une de l’autre et dont l’opposition est irréductible. Elle peut être orientée selon une « éthique de la conviction » ou selon une « éthique de la responsabilité ».
• Le chrétien agit selon la justice, et il s’en remet à Dieu pour le résultat (192).
• Si nous avons à choisir entre quelques années de guerre, suivies par la révolution, et la paix maintenant, sans révolution, nous choisissons encore : quelques années de guerre (194)
Conclusion : Les deux textes de Weber coïncide avec l’effervescence révolutionnaire de la fin de la première guerre mondiale. Il a estimé que tout se joue entre le savant et le politique et c’est pourquoi il a conjugué une approche historico-sociologique, attentive aux conditions concrètes d’exercice de chacune des professions, et une interrogation éthique sur le sens que peuvent avoir l’une et l’autre, ainsi que sur les responsabilités qu’elles engagent. L’auteure de la traduction de l’ouvrage « le savant et le politique » estime avoir offert au lecteur une traduction précise qui permet d’apprécier la signification de certains mots-clés.
Extrait d’une phrase, un paragraphe, un passage qui m’a plu, que j’ai aimé :
• L’Etat est défini comme une « entreprise politique de caractère institutionnel » qui « revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte légitime ».
• L’ancien point de vue de la démocratie américaine : « nous préférons avoir comme fonctionnaires des gens sur lesquels nous crachons que, comme chez vous, une caste de fonctionnaires qui nous crache dessus (175)».
• La politique consiste à creuser avec force et lenteur des planches dures, elle exige à la fois la passion et le coup d’œil.
• Appréciation personnelle : l’ouvrage est intéressant, instructif, et une seule lecture ne suffit pas.
• Les caractéristiques « physiques » du livre : Format : appréciable.
• Couverture : le désigne et la couleur sont classique en rapport avec le sujet qui date d’un siècle.
• La forme et la taille des caractères typographiques : Très bien choisies pour mettre le lecteur à l’aise.
• Le nombre de pages : pas décourageant.
Doctorant
Université du Maine
Courriel : yacoubahmat@aol.com
Directeur de thèse : M. Servet ERTUL
FICHE DE LECTURE :
Max Weber, le savant et le politique, préface, traduction et notes de Catherine Colliot-Thélène, 208 pages.
Titre du livre : Le savant et le politique
La profession et la vocation de savant
La profession et la vocation de politique
Traduction des deux conférences de Max Weber (7 novembre 1917 et 28 janvier 1919)
Auteur d’origine : Max Weber
Auteur de la traduction : Cathérine Colliot-Thélène
Date de publication : paris, 2003
Date de la première traduction : 1959 par Julien Freund
Nombre de pages : 208
Editeur : La Découverte, Paris
Genre : sociétés
Bibliographie :
Max Weber : Max Weber (21 avril 1864-14 juin 1920), sociologue et économiste allemand, est, avec Vilfredo Pareto, Émile Durkheim, Georg Simmel et karl marx l'un des fondateurs de la sociologie moderne.
Max Weber est considéré comme le fondateur de la sociologie compréhensive, c'est-à-dire d'une approche sociologique qui fait du sens subjectif des conduites des acteurs le fondement de l'action sociale .
Œuvre de Max Weber
• Le Savant et le politique (1919), préface de Raymond Aron et traduction par Julien Freund, Plon, 1959; nouvelle traduction par Catherine Colliot-Thélène (également auteure de la préface et des notes), La Découverte/poche 2003.
• L'Éthique protestante et l'esprit du capitalisme (1904-1905), traduction par Jacques Chavy, Plon, 1964 ; nouvelles traductions par Isabelle Kalinowski, Flammarion 2000; Jean-Pierre Grossein, Gallimard 2003.
• Essais sur la théorie de la science (1904-1917), traduction partielle par Julien Freund, Plon, 1965; édition de poche, Pocket, 1992.
• Le Judaïsme antique (1917-1918), traduction par Freddy Raphaël, Plon, 1970 - rééd. Flammarion, 2010
• Économie et Société (posthume 1921), traduction du tome 1 par Julien Freund, Plon, 1971 ; édition de poche, Pocket, 1995 et 2003 (sous-titre : Les Catégories de la sociologie)
• La ville (extrait du tome 2 d'Économie et société), traduction par Philippe Fritsch, Aubier, 1982. L'intégralité du tome 2 est éditée chez Pocket en 2003 (sous-titre : L'organisation et les puissances de la société dans leur rapport avec l'économie), rééd. Les Belles lettres, 2013.
• Histoire économique générale (posthume, 1923), traduction Christian Bouchindhomme, Gallimard, 1991
• Sociologie des religions (choix de textes et traduction par Jean-Pierre Grossein), Gallimard, 1996.
• Sociologie de la musique. Les fondements rationnels et sociaux de la musique (posthume 1921), traduction Jean Molino et Emmanuel Pedler, Anne-Marie Métailié, 1997.
• Économie et société dans l'Antiquité (1909), introduction de Hinnerk Bruhns, traduction par Catherine Colliot-Thélène et Françoise Laroche, La Découverte, 1998.
• Confucianisme et Taoïsme (1916), traduction par Catherine Colliot-Thélène et Jean-Pierre Grossein, Gallimard, 2000.
• Hindouisme et Bouddhisme (1916), traduction par Isabelle Kalinowski et Roland Lardinois, Flammarion, 2003.
• Rudolf Stammler et le matérialisme historique - Aux origines de la sociologie wébérienne, traduction Michel Coutu, Éditions du Cerf, 2003
• Œuvres Politiques (1895-1919), présentation par Elisabeth Kauffmann, introduction de Catherine Colliot-Thélène, traduction par Elizabeth Kauffmann, Jean-Philippe Mathieu et Marie-Ange Roy, Albin Michel, 2004.
• Sociologie du droit, préface de Philippe Raynaud, traduction Jacques Grosclaude, P.U.F., 2007; réédition Quadrige, 2013.
• La Bourse (1894-1896), traduction Pierre de Larminat, Allia, 2010.
• La Domination (1914), traduction inédite par Isabelle Kalinowski, Paris, La Découverte, 2014.
Catherine Colliot-Thélène
Depuis 2010, elle est membre de l’Institut universitaire de France.
De 1999 à 2004, Catherine Colliot-Thélène exerca la fonction de Directrice du Centre Marc Bloch2 (centre franco-allemand de recherches en sciences humaines) à Berlin.
Thèmes de recherche
• Philosophie allemande, Oeuvre de Hegel.
• Traductions et travail d'interprétation, Œuvre de Max Weber.
• Epistémologie des sciences humaines.
• Philosophie politique.
• Les droits subjectifs, histoire et actualité.
Publications
• Max Weber et l’histoire, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Philosophies », 1990, 121 p. (ISBN 2-13-043133-X)
• Le Désenchantement de l’État: de Hegel à Max Weber, Paris, Éditions de Minuit, coll. « Philosophie », 1992, 270 p. (ISBN 2-7073-1430-7)
• Études wébériennes : rationalités, histoires, droits, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Pratiques théoriques », 2001, 329 p. (ISBN 2-13-052229-7)
• La Sociologie de Max Weber, Paris, Éditions La Découverte, coll. « Repères : sociologie », 2006, 122 p. (ISBN 2-7071-4731-1)
• La Démocratie sans demos, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « Pratiques théoriques », 2011, 213 p. (ISBN 978-2-13-058162-8)3,4
• Peuples et populisme, avec Florent Guénard, Paris, Presses Universitaires de France, coll. « laviedesidées.fr », 2014, 104 p. (ISBN 978-2-13-062852-1)
• Introduction : Catherine Colliot-Thélène a traduit les textes célèbres de Max Weber qui ont fait l’objet d’une première traduction en 1959, par Julien Freund, sous le titre « le Savant et le Politique ». Elle a décidé de les traduire puisqu’elle a constaté quelques failles de faux sens ou contre sens. Elle justifie également la nouvelle traduction par le constat que la connaissance de l’œuvre de Max Weber est aujourd’hui nettement plus précise en Allemagne et en France que ce n’était le cas en 1959. Les textes traduits proviennent des deux conférences de Max Weber prononcées la première le 7 novembre 1917, à Munich, dans le cadre d’une série de conférences organisée par le comité bavarois de l’association des étudiants libres, et la deuxième le 28 janvier 1919. Les deux conférences tranchent sur l’ensemble de l’œuvre wéberienne par le ton délibérément adopté pour évoquer deux aspects de la condition de l’homme moderne dont Weber pense qu’ils contribuent, chacun à leur manière, à donner au présent comme à l’avenir le caractère d’un destin. C’est en quelque sorte un diagnostic concernant la culture occidentale, et une méditation sur le sens de l’existence dans une culture ainsi façonnée. Les deux textes sont philosophiques, selon Wolfgang Schluchter (page 12).
• Résumé : L’organisation par le comité bavarois de l’association des étudiants libres d’une série de conférences a donné l’occasion à Max Weber d’accoucher ses opinions philosophiques sur la posture prophétique, ses idées sur la religion, la politique, le droit (l’avocat, le juge), sur l’histoire présent et même celle de l’avenir. Les textes des deux conférences (1917-1919) font l’objet de plusieurs traductions dont les plus connues sont celles de Catherine Colliot-Thélène en 2003 et de Julien Freund en 1959. A travers l’ouvrage intitulé « le Savant et le Politique » on constate que Weber évoque dans les deux conférences les aspects de la condition de l’homme moderne dont il pense qu’ils contribuent, chacun à leur manière, à donner au présent comme à l’avenir le caractère d’un destin. C’est en quelque sorte un diagnostic concernant la culture occidentale, et une méditation sur le sens de l’existence dans une culture ainsi façonnée. Il y a aussi en quelques sortes une amertume, une déception que Weber exprime volontairement ou involontairement, en raison de son échec d’occuper un poste politique. Et même si Weber laisse entendre « qu’il n’appartient pas à la catégorie des hommes dotés d’un sens pour la religion » (page 12 paragraphe2), cependant ses textes montrent des aspects philosophiquement religieuse, littéraire et politique, facilement « décortiquable », par exemple en se basant sur des citations du Livre des Prophètes ou des Evangiles, lorsqu’il s’agit de décrire les motivations de l’homme politique ou du chercheur. Weber a même lu l’Ancien Testament (page13, paragraphe1), qui lui a facilité la rédaction d’une partie de L’Ethique économique des religions mondiales consacrée au « Judaïsme antique ».
Weber fait le loge du Reichstag en fustigeant le système parlementaire anglais « aujourd’hui les parlementaires anglais (…) ne sont normalement rien d’autres qu’un troupeau de voix bien discipliné. Chez nous, au Reichstag, on s’entendait au moins à feindre de travailler pour le bien du pays en rédigeant sa correspondance privée à son pupitre de parlementaire (…) quant à la machine du caucus», elle est quasiment dépourvue d’idéologie quand il y a un chef fort, et elle est entièrement entre les mains du leader. Ainsi, au-dessus du parlement se dresse celui qui est de fait un dictateur plébiscitaire, lequel entraîne les masses derrière lui par le biais de la « machine », et pour lequel les parlementaires ne sont que des prébendiers politiques qui appartiennent à sa clientèle (169). Et d’ajouter que sur le plan mondial, son pays a les fonctionnaires ayant reçu une formation spécialisée. Weber prend l’exemple de maires de ville aux Etats unis, élus par plébiscite et dotés du droit de composer leurs bureaux de façon indépendante. C’est pourquoi, il soutient le chef qui est élu par plébiscite (référendum) et non par le parlement. Il s’en prend aux méthodes violentes de la politique et va jusqu’à déconseiller de faire de la politique : « Celui qui cherche à assurer le salut de son âme et à en sauver d’autres ne le fait pas par la voie de la politique, laquelle a de tout autres tâches, des tâches qui ne peuvent être résolues que par la violence ». Est-il déçu lui-même de son échec ou a-t-il vécu ou subi de la violence (coup bas) lors de ses tentatives de postuler à un poste politique ? Weber n’explique pas trop comment a-t-il échoué pour occuper un poste politique, du moins pas visible de cet ouvrage. Il y a des mots très durs à l’égard de la politique qu’il qualifie de démon et de puissance diabolique tout en se référant à un témoignage religieux : « Les premiers chrétiens savaient très précisément que le monde est gouverné par des démons, que quiconque se commet avec la politique, c’est à dire avec le pouvoir et la violence comme moyens, conclut un pacte avec des puissances diaboliques, et que, pour ce qui est de son action, il n’est pas vrai que le bien ne puisse engendrer que du bien, et le mal que du mal, mais que c’est souvent le contraire. Quiconque ne voit pas cela est en fait un enfant du point de vue politique (197) ». « Le génie, ou le démon, de la politique d’un côté, le Dieu de l’amour, y compris le Dieu chrétien dans son expression ecclésiale de l’autre, cohabitent dans un état de tension intérieur qui peut à tout moment éclater en un conflit irréductible (203) »
La posture prophétique (pages 12-17)
Même si Weber laisse entendre « qu’il n’appartient pas à la catégorie des hommes dotés d’un sens pour la religion » (page 12 paragraphe2), cependant ses textes montre des aspects philosophiquement religieuse, littéraire et politique, facilement « décortiquable », par exemple en se basant sur des citations du Livre des Prophètes ou des Evangiles, lorsqu’il s’agit de décrire les motivations de l’homme politique ou du chercheur. Weber a même lu l’Ancien Testament (page13, paragraphe1), qui lui a facilité la rédaction d’une partie de L’Ethique économique des religions mondiales consacrée au « Judaïsme antique ».
Weber a-t-il utilisé la religion pour se découvrir dans le rôle d’un homme politique ? Avec les prophètes de l’époque préexilique, écrit-il, « le démagogue apparaît pour la première fois dans les annales de l’histoire » (page 14, fin paragraphe2).
L’éloge de la passion (pages 15- 21)
Weber dresse une opposition entre une politique d’inspiration religieuse et une politique « réaliste ». A l’instar de Hegel, Weber est convaincu que « rien de grand ne s’est fait sans passion », et la passion consiste précisément pour lui à se donner entièrement et inconditionnellement à une cause. Weber estime que le tragique de l’existence d’un côté, la dimension quasi religieuse, ou au moins passionnelle, du rapport à la cause, cause savante ou politique, de l’autre, sont si intimement solidaires qu’il est vain de se demander lequel commande l’autre. Weber a tenté en vain de jouer un rôle politique dans les années 1917-1918. Son échec est dû au fait qu’il lui manque un professionnalisme politique.
De quelques choix de traduction (pages 21- 26)
La traductrice a voulu dès le début attirer l’attention sur le parallèle que Weber établit implicitement entre le prophète judaïque et l’homme politique authentique. La traductrice a voulu rendre compte de cette sémantique si peu habituelle dans les textes de la sociologie de la science et de la politique. La traductrice reconnaît que certaines terminologies n’étaient pas faciles à traduire et il a fallu effectuer la traduction sans forcer le texte.
La spécialisation obligée (pages 26- 29)
Weber aurait entretenu un rapport difficile avec l’écriture et l’enseignement scientifique. Il était trop exigeant. Lorsqu’il évoque l’obligation pour le sociologue « d’avoir en tête, peut-être des mois durant, des dizaines de milliers d’exemples numériques tout à fait triviaux », il parle d’expérience. Le fameux passage de la fin de l’Ethique protestante dans lequel, évoquant la mécanisation grandissante des logiques sociales qui se déploient sous l’égide du capitalisme, Weber stigmatise les « derniers hommes », « spécialistes sans esprit, jouisseurs sans cœur », qui s’imaginent avoir atteint une forme supérieur de l’humain, contient déjà toute l’ambivalence de son rapport à ce qu’il pense être le destin de notre civilisation.
Une déontologie de l’enseignant (page 29-34)
Weber reprend dans Wissenschaft als Beruf la position connue sous le nom de « neutralité axiologique », principe qu’il avait défendu plus longuement dans l’ »Essai sur le sens de la neutralité axiologique » » (1917 concernant la déontologie de l’enseignement. Weber conseille à l’enseignant désireux de se prononcer sur les questions politiques de suivre son exemple.
Le monopole de la violence physique légitime (pages 34- 41)
Weber définit la politique et l’Etat.
• L’Etat ne se laisserait caractériser que par son moyen, à savoir la violence physique légitime qu’il exerce à l’intérieur d’un territoire déterminé.
• La politique se confond avec la quête du pouvoir, sur le mode d’une participation directe à celui-ci ou d’une influence exercée sur sa participation, au sein d’un Etat ou entre Etats.
• Dans les « Concepts fondamentaux de la sociologie », on trouve une variante de la formulation de Politik als Beruf : L’Etat est défini comme une « entreprise politique de caractère institutionnel » qui « revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte légitime ».
• Ce que monopolise l’Etat n’est pas la violence, mais son exercice légitime, c’est-à-dire la capacité de garantir des droits.
Il semble que Weber a voulu mobiliser des définitions qui n’ont de sens précis que dans sa théorie du droit pour étayer une polémique qui visait à la fois les révolutionnaires et les pacifistes allemands des années de guerre et de l’après-guerre. Cela nous amène à étudier le nationalisme wébérien.
Le nationalisme wébérien (pages 41- 49)
Weber est bel et bien une personnalité nationaliste depuis la leçon inaugurale qu’il prononça à l’université de Strasbourg en 1895 jusqu’aux textes des années 1918-1919. Dès 1899, Weber s’est opposé à la politique de la germanisation de la Pologne.
Etique de la conviction et éthique de la responsabilité/ étique du pouvoir et honneur du fonctionnaire (pages 49-57)
• L’éthique de la conviction est illustrée par deux figures privilégiées : le syndicaliste et le pacifiste inconditionnel qui en appelle à l’éthique absolue du Sermon sur la montagne.
• Weber a stylisé la responsabilité de l’homme politique par contraste avec celle du fonctionnaire. Il ne s’agit pas de les opposer mais de distinguer deux types de responsabilités, également honorables, également nécessaires, mais essentiellement différentes.
The last real classical political thinker (pages 57-59)
Weber a rêvé parfois de jouer un véritable rôle politique, et qu’il a même envisagé, en 1918, une candidature au Reichstag, sur une liste de parti politique allemand, mais cette tentative avorta du fait des erreurs tactiques de Weber. Une d’erreur principale est la revendication de la liberté de parole qui ne pouvait se réconcilier avec les logiques partisanes. Weber a lu Thucydide et Machiavel. Avec ce dernier, Weber pourrait partager un échec politique commun. Weber peut jouer le rôle politique d’un critiqueur et veilleur, qui rappelle sans cesse aux hommes politiques professionnels que le pouvoir est un privilège pour lequel il faut rendre des comptes.
La profession et la vocation de savant (pages 61-110)
La réussite professionnelle ne doit plus être considérée « comme un honneur, mais justement et uniquement comme une réussite…et parfois même comme une honte » (Alexander Schwab).
La vocation et la profession de politique (pages 111-206)
Ce thème fut débattu à Munich, à la conférence du 28 janvier 1919, soit plus d’un an après « la profession et la vocation de savant ». Des témoignages indiquent que Weber affecté par ses tentatives d’exercer un rôle actif en politique, avait tout d’abord refusé l’invitation, avant de l’accepter. Il a eu le sentiment de ne pas être bien placé à pouvoir parler de la profession d’homme politique. Les témoignages divergent sur la réaction du public dont il y a ceux qui pensent que la première conférence de Weber était beaucoup plus pertinente que celle-là où les cicatrices de son échec « politique » sont encore prévisible dans son discours « on sent aussi quelque chose qui est de l’ordre de la profession de foi » (Max Rehm (page 114).
Weber se demande dans son intervention « qu’est-ce que la politique en tant que profession-vocation et que peut-elle signifier ? » Pour lui la politique au sens large englobe tout type d’activité conduite de façon autonome :
• La politique des devises de banque
• La politique d’escompte de la Reichsbank
• La politique d’un syndicat dans une grève
• La politique scolaire d’une commune urbaine ou villageoise
• La politique du conseil d’administration d’une association
• La politique d’une femme intelligente qui cherche à diriger son mari.
• Mais Weber reconnaît que la politique qu’il vise est « la direction ou l’influence exercée sur la direction d’un groupement politique, aujourd’hui par conséquent d’un Etat.
• Du point de vue sociologique l’Etat est celui qui se fonde sur la violence, selon Trotski (page118).
• S’il n’existait que des formations sociales auxquelles le moyen de la violence serait inconnu, alors la notion d’Etat aurait disparu, alors on aurait affaire à une situation que l’on peut désigner du nom d’ « anarchie », en ce sens spécifique.
• L’Etat est cette communauté humaine qui, à l’intérieur d’un territoire déterminé revendique pour elle-même et parvient à imposer le monopole de la violence physique légitime.
• La politique signifierait le fait de chercher à participer au pouvoir ou à influer sur sa répartition, que ce soit entre Etats ou, au sein d’un Etat, entre les groupes d’hommes qu’il inclut.
• Quiconque fait de la politique aspire au pouvoir : soit comme moyen au service d’autres buts (idéaux ou égoïstes), soit pour le pouvoir lui-même, c’est-à-dire pour le sentiment de prestige dont il procure la jouissance.
• L’Etat est un rapport de domination exercé par des hommes sur d’autres hommes, et appuyé sur le moyen de la violence légitime. Pour qu’il existe, il faut donc que les hommes dominés se soumettent à l’autorité revendiquée par ceux qui se trouvent en position de domination dans chaque cas considéré.
• L’Etat moderne est un groupement de domination de type institutionnel qui s’est efforcé et a réussi à monopoliser, à l’intérieur d’un territoire , la violence physique légitime comme moyen de domination, et qui a rassemblé à cette fin entre les mains de ses dirigeants les moyens matériels de l’entreprise, tandis qu’il expropriait tous les fonctionnaires qui, en vertu des droits propres de « états » (stände), disposaient jadis de façon autonome de ces moyens, et qu’il s’est mis à leur place au sommet de l’Etat. (p.127/128)
Quand et pourquoi le font-ils ? sur quelles raisons justificatrices internes ? et sur quels moyens externes s’appuie cette domination ?
En ce qui concerne les justifications internes, dont les raisons sur lesquelles s’étaye la légitimité d’une domination, il est en est en principe trois :
1. L’autorité de l’ « éternel d’hier », c’est-à-dire des mœurs sanctifiées par une validité immémoriale et par l’habitude acquise de les respecter : la domination « traditionnelle », telle que l’exerçaient le patriarche et le prince patrimonial de type ancien.
2. L’autorité de la grâce personnelle extra-quotidienne (charisme)
3. La domination en vertu de la légalité.
Il y a deux manières de faire de la politique sa profession principale : Ou bien l’on vit pour la politique, ou bien de la politique. En règle générale l’on fait bien plutôt l’un et l’autre, au plan idéel du moins, la plupart du temps aussi au plan matériel : quiconque vit pour la politique en fait sa vie, en un sens intime (…) tout homme sérieux qui vit pour une cause vit aussi de cette cause.
• Les hommes politiques professionnels ne sont pas directement forcés de chercher une rétribution financière pour leur activité politique, comme doit en réclamer naturellement toute personne dépourvue de ressources (p. 133)
• Les hommes politiques professionnels sont apparus au cours de la lutte des princes contre les Etats (Ständ), et au service des premiers qui pouvaient les instrumentaliser à des fins politiques puisqu’ils savent lire (p. 144)
• Trois qualités sont essentielles et décisives pour l’homme politique : la passion, le sentiment de responsabilité et le coup d’œil (182).
• Il y a deux sortes de péchés mortels dans le domaine de la politique : l’absence de cause et l’absence de responsabilité. La vanité, c’est-à-dire le besoin d’occuper le devant de la scène de la manière la plus visible possible, est ce qui induit le plus fortement l’homme politique à la tentation de commettre l’un ou l’autre de ces pêchés, voire les deux (184).
• L’expérience montre que le souci de la sécurité économique est pour l’homme fortuné, un point cardinal de toute l’orientation de sa vie.
• Le développement de la politique en une entreprise réclamant une formation à la lutte pour le pouvoir et aux méthodes de cette lutte, développement que les partis modernes ont permis, a entraîner la division des fonctionnaires publics en deux catégories … nettement distinctes (p.144) :
Les fonctionnaires spécialisés
Les fonctionnaires politiques peuvent être à tout moment arbitrairement mutés et congédiés, ou être mis à disposition… ils peuvent être utilisés comme appareil administratif pour influencer les élections.
On parle aussi de fonctionnaire authentique, celui qui ne doit faire de la politique, mais administrer de façon non partisane.
Le fonctionnaire administratif que l’on dit politique
Pour lutter contre les états, le prince s’est appuyé sur des couches extérieures aux états et qu’ils pouvaient instrumentaliser à des fins politiques. Parmi ces couches figuraient :
Les clercs
Les lettrés dotés d’une formation humaniste ayant généralement appris à faire des discours en latin et à versifier en grec afin de devenir conseiller politique et surtout mémorialiste politique d’un prince (p. 145).
La noblesse de cour. Après que les princes furent parvenus à déposséder la noblesse de son pouvoir politique statuaire, ils l’attirèrent à la cour et l’utilisèrent au service de leur politique et de leur diplomatie.
La quatrième couche est la « gentry », une figure spécifiquement anglaise, un patriciat englobant la petite noblesse et les rentiers citadins. Cette catégorie a préservé l’Angleterre de la bureaucratisation qui a été le sort de tous les états continentaux.
La quatrième catégorie est celle des juristes dotés d’une formation universitaire. C’est une couche propre à l’Occident et elle a eu une importance décisive pour toute sa structure politique.
• Le journaliste partage avec tous les démagogues le même sort qui est d’échapper à toute classification sociale fixe (…) tout homme politique a besoin de l’influence de la presse, et donc de relations dans le monde de la presse (p. 153)
• Dans tous les Etats modernes, il semble vrai que le travailleurs de la presse a de moins en moins d’influence politique, tandis que le magnat de la presse (du type par exemple de « lord » Northcliffe) en acquiert de plus en plus (153).
• Quoi qu’il en soit, la carrière de journaliste demeure un des moyens les plus importants pour exercer une activité politique de façon professionnelle (155)
• Même si la vie du journaliste implique à tous égards la précarité absolue (…) ce qui est étonnant n'est pas qu'il y ait beaucoup de journalistes qui aient commis des dérapages ou qui se soient déconsidérés sur le plan humain, mais que, en dépit de tout cela, cette couche renferme un si grand nombre d’hommes de valeur et tout à fait sincères.
• Elections : il n y’a de vie politique que durant les périodes électorales (…) les partis sont entièrement organisés dans la perspective des luttes électorales qui sont les plus importantes pour disposer des postes (171)
• A partir de 1868 s’est développé en Grande Bretagne le système du « caucus ». Pour conquérir les masses, il devint nécessaire de créer un appareil énorme de groupes d’apparence démocratique de constituer un comité électoral dans chaque quartier de ville, de faire fonctionner l’entreprise de façon continue, de tout bureaucratiser de façon rigide. Il y eut de plus en plus de fonctionnaires rémunérés, des médiateurs élus par les comités électoraux locaux. Ils étaient dotés d’un pouvoir de cooptation, et c’était à eux qu’il revenait officiellement de supporter la politique des partis (166-167).
• Le « spoil système » est l’attribution de tous les postes fédéraux aux partisans du candidat victorieux (171).
• L’ancien point de vue de la démocratie américaine : « nous préférons avoir comme fonctionnaires des gens sur lesquels nous crachons que, comme chez vous, une caste de fonctionnaires qui nous crache dessus (175)».
• En Allemagne, les conditions de l’entreprise politique ont été pour l’essentiel les suivants :
L’impuissance des parlementaires,
L’importance considérable des fonctionnaires ayant reçu une formation spécialisée
L’existence des partis animés par des idéologies politiques, qui affirmaient, avec une bonne foi subjective, que leurs membres défendaient des « conceptions du monde ».
• Toute action d’inspiration éthique peut obéir à deux maximes profondément différentes l’une de l’autre et dont l’opposition est irréductible. Elle peut être orientée selon une « éthique de la conviction » ou selon une « éthique de la responsabilité ».
• Le chrétien agit selon la justice, et il s’en remet à Dieu pour le résultat (192).
• Si nous avons à choisir entre quelques années de guerre, suivies par la révolution, et la paix maintenant, sans révolution, nous choisissons encore : quelques années de guerre (194)
Conclusion : Les deux textes de Weber coïncide avec l’effervescence révolutionnaire de la fin de la première guerre mondiale. Il a estimé que tout se joue entre le savant et le politique et c’est pourquoi il a conjugué une approche historico-sociologique, attentive aux conditions concrètes d’exercice de chacune des professions, et une interrogation éthique sur le sens que peuvent avoir l’une et l’autre, ainsi que sur les responsabilités qu’elles engagent. L’auteure de la traduction de l’ouvrage « le savant et le politique » estime avoir offert au lecteur une traduction précise qui permet d’apprécier la signification de certains mots-clés.
Extrait d’une phrase, un paragraphe, un passage qui m’a plu, que j’ai aimé :
• L’Etat est défini comme une « entreprise politique de caractère institutionnel » qui « revendique avec succès, dans l’application de ses règlements, le monopole de la contrainte légitime ».
• L’ancien point de vue de la démocratie américaine : « nous préférons avoir comme fonctionnaires des gens sur lesquels nous crachons que, comme chez vous, une caste de fonctionnaires qui nous crache dessus (175)».
• La politique consiste à creuser avec force et lenteur des planches dures, elle exige à la fois la passion et le coup d’œil.
• Appréciation personnelle : l’ouvrage est intéressant, instructif, et une seule lecture ne suffit pas.
• Les caractéristiques « physiques » du livre : Format : appréciable.
• Couverture : le désigne et la couleur sont classique en rapport avec le sujet qui date d’un siècle.
• La forme et la taille des caractères typographiques : Très bien choisies pour mettre le lecteur à l’aise.
• Le nombre de pages : pas décourageant.