Mais la médiation s'annonce difficile. Le ballet diplomatique qui s'est joué ces derniers jours au Caire, mené essentiellement par des responsables européens et africains, n'a pas donné de résultats tangibles. Le Parti de la liberté et de la justice (PLJ), bras politique des Frères musulmans, exigeait toujours le retour au pouvoir de M. Morsi comme condition préalable. "Nous accueillerons toute solution politique proposée sur la base de la légitimité constitutionnelle et le rejet du coup d'Etat", indique-t-il, précisant que des représentants de la coalition des groupes islamistes ont rencontré William Burns au cours du week-end. UNE RENCONTRE DE L'ARMÉE AVEC LES ISLAMISTES Face à eux, la police et l'armée fourbissent leurs armes. Le ministère de l'intérieur a demandé une nouvelle fois la dispersion des sit-in des pro-Morsi sur les places Rabaa Al-Adawiya et Nahda, en faisant valoir qu'une sortie pacifique permettra aux Frères musulmans "de jouer un rôle dans le processus politique démocratique". La communauté internationale redoute que l'évacuation par la force ne tourne au massacre après la mort de plus de 250 personnes en un mois. Dimanche, le général Abdel Fattah Al-Sissi, chef de l'armée et véritable homme fort du pays, dit avoir rencontré des dirigeants islamistes pour tenter de trouver une issue pacifique. Il a souligné qu'il existait "encore des chances pour une solution pacifique à la crise, à condition que toutes les parties rejettent les violences". L'identité des dirigeants en question n'a pas été dévoilée.
"VOUS AVEZ LAISSÉ TOMBER LES EGYPTIENS" Samedi, le général Sissi avait assuré vouloir tout faire pour "organiser les élections à venir (annoncées pour début 2014) sans verser une seule goutte de sang égyptien". Mais il n'a pas du tout exclu une dispersion par la force : "Ceux qui mettront un terme à ces sit-in et nettoieront ces places, ce ne sont pas les militaires. Il y a une police civile qui est affectée à ces tâches". Le général a même vertement critiqué les Etats-Unis, pourtant le principal bailleur de fonds de son armée avec 1,3 milliard de dollars annuels : "Nous nous demandons vraiment quel est le rôle des Etats-Unis, de l'Union européenne et de toutes les autres forces internationales qui sont pour la sécurité et le bien-être de l'Egypte (...) ? Vous avez laissé tomber les Egyptiens, vous leur avez tourné le dos, et ils ne l'oublieront pas".