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Le Tchad : pays de non Droit et de non justice.


Rédigé le Lundi 1 Septembre 2014 à 13:24 | Lu 333 fois | 0 commentaire(s)



Le Tchad, est, à tous les égards, vraiment comparable au Far West américain du 18è siècle où la loi du plus fort, du plus armé, du plus riche, du plus rapide, ou du plus cruel était la règle. En plein 21è siècle, voilà un pays où le Droit n’a pas droit de cité, où les magistrats sont pratiquement tous corrompus jusqu’à la moelle des os, où les ministres de la justice se suivent, se ressemblent, et se comportent comme de purs rufians en faisant arrêter, incarcérer ou faire libérer qui ils veulent, quand ils veulent, et comme ils veulent. Conséquence : la population entière vit dans la psychose de l’injustice permanente, systématique et systémique, les investisseurs étrangers ont la chair de poule rien qu’à imaginer ce qui pourrait leur arriver en cas de contentieux. Pour tout dire, pas de justice au pays d’Idriss Deby. Pourtant la fameuse communauté internationale n’ignore rien de cette dramatique situation. Voilà la VISION que partage François Hollande avec le maitre du Tchad ! Ces dernières semaines, une retentissante guerre de tranchées oppose les magistrats Tchadiens et Bechir Madet, leur ministre de la justice en fonction depuis décembre 2013, suscitant par voie de conséquence d’inextinguibles gorges chaudes aux quatre coins du pays. En fait, le syndicat tchadien des magistrats s’en est pris sans désemparer, d’une seule voix, contre le garde des Sceaux, lui reprochant, non seulement d’être irrévérencieux à l’égard du corps de la magistrature – car n’ayant pas pris de gants pour déclarer à haute et intelligible voix que les magistrats tchadiens sont corrompus, vénaux et incompétents – mais, plus grave et absolument impardonnable, d’avoir fait preuve d’un insupportable soutien pour un gouverneur de région qui a tout récemment menacé un magistrat du Parquet. Et les magistrats d’exiger, pas moins, du Président de la République de virer ce ministre. Ces échanges peu amènes entre les acteurs de la Justice au Tchad ont quelque chose d’indécent et de trivial. Il est réel que la Justice Tchadienne traine une sale réputation, non seulement dans le sentiment collectif intérieur, mais aussi à l’international. Les populations de ce pays traumatisé par les violences de toutes natures savent que le Droit est une simple vue de l’esprit. Elles savent toutes qu’elles sont de simples prisonnières en puissance dans leur propre pays. Ces pauvres populations anxieuses et résignées savent que c’est la loi du plus fort, du plus riche ou de celui qui a le bras le plus long qui est de mise. Quand un homme lésé n’a rien à proposer à un magistrat avant son procès, il est sûr de perdre. Pire, quand un justiciable n’a pas eu la possibilité ou les « moyens » de « négocier » avec les juges avant les débats, ou s’il n’a aucune affinité tribale ou clanique avec ceux qui sont censés dire le Droit, il n’a rien à attendre de bon : Il se retrouvera en prison, ou sera condamné à payer de lourds dommages et intérêts, quand bien il serait le plaignant. Encore que personne n’a oublié le sort carrément inadmissible que la justice Tchadienne a réservé au dossier de l’ignoble assassinat suivi de la disparition d’Ibni Oumar Saleh : Un avilissant non lieu, alors que les responsables sont connus, alors que les faits sont patents dans toute leur horreur. C’est un peu en réaction à ce tableau à tout le moins sombre que le nouveau ministre de la justice – qui n’est en tout cas pas au dessus de toute critique – a stigmatisé sans ambiguïtés la mentalité et le peu de respect pour l’éthique des magistrats tchadiens. Hommes de lois qui n’ont réellement jamais brillé ces 20 dernières années par une étincelante probité. Pour leur part, les magistrats, dans un filandreux élan de solidarité, n’ont guère supporté que leur nouveau ministre se permette d’émettre le moindre jugement sur leur moralité. Encore que les populations les accusent, mais à voix basse, d’encourager l’impunité – en refusant de dire le Droit – de promouvoir la récidive, et de sublimer les abus de toutes sortes. Surtout en fermant pudiquement les yeux sur les excès des apparatchiks du régime ou de leurs progénitures, en déclarant des non lieux à tours de bras dans de flagrants crimes, en déboutant, les yeux fermés, de pauvres orphelins sans soutien. Dans un tel contexte où les magistrats et leur hiérarchie se rejettent tous les torts, n’est-ce pas le plus incontestable constat que la justice au Tchad nécessite absolument d’être revue et corrigée ? Tant que le régime MPS sera vissé au pouvoir, aucun espoir de voir les choses changer ne saurait être envisageable. Car ce n’est pas avec une justice aussi timorée que le Tchad atteindra son improbable « émergence » en 2025. Le développement économique exige aussi – parmi les corolaires fondamentaux et incontournables – une justice équitable pour rassurer l’environnement des affaires.
AHMAD ALI




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