M. Ramid n’est pas prêt à faire la moindre concession face aux revendications des défenseurs des libertés individuelles. Le projet du Code pénal sera intransigeant avec les personnes ayant eu des relations sexuelles en dehors du mariage ou rompu ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan.
Le ministre qui intervenait lors de la rencontre nationale organisée le 20 avril, sous le thème de l’avant-projet de loi du Code pénal, décrié par les internautes Marocains et militants des droits de l’Homme, s’est montré déterminé à maintenir les articles traitant « ces deux délits » tels qu’ils sont.
En réponse aux ONG revendiquant la dépénalisation des relations sexuelles entre personnes consentantes en dehors du mariage et la rupture du jeune en public, le ministre issu du parti islamiste du PJD n’a laissé aucune place au compromis et a rétorqué par un niet catégorique.
« Nous ne pouvons pas dépénaliser » les relations sexuelles en dehors du mariage et la rupture publique du jeûne pendant ramadan « vu qu’il s’agit de deux atteintes à l’Islam, dans le pays du Commandeur des croyants », a-t-il assuré lors de la rencontre.
Rappelons que l’avant-projet de loi du Code pénal prévoit dans son article 490 « des peines d’emprisonnement d’un mois à trois mois et des amendes de 2.000 à 20.000 DHS » contre toute personne ayant des rapports sexuels en dehors du mariage.
Dans son article 222, il réserve une condamnation « d’un à six mois » et une amende « de 12 à 120 dirhams » pour toute personne notoirement connue pour son appartenance à la religion musulmane qui « rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du ramadan, sans motif admis par cette religion ».
Ces deux articles avaient été fortement critiquées par des ONG, des partis politiques et des citoyens Marocains. Quelques heures à peine après la publication de l’avant-projet de code pénal sur le site du ministère de la Justice et des Libertés, une campagne a été lancée sur internet pour contrer le nouvel texte.
Un hashtag « Le code pénal ne passera pas » a été créé et s’est largement relayé sur Twitter. Même chose pour une page Facebook du même nom que le hashtag, qui compte aujourd’hui quelques 9.500 fans, qui via articles de presse, caricatures et posts Facebook, dénonce les dispositions jugées liberticides et rétrogrades de l’avant-projet de code pénal.
« Mobilisons-nous pour l’arrêter ! Ce projet constitue un danger pour les libertés individuelles et collectives des marocains », peut-on lire sur la page Facebook de cette campagne. Ou encore « RIP libertés individuelles », « DAECH n’ont aucune raison de venir au Maroc : leurs frères du PJD servent déjà leur agenda ».
En sus des critiques sur internet, le texte a été qualifié de « passéiste et incompatible avec la réalité sociale du Maroc » par Mounir Bensalah, coordinateur national de l’association Anfass.
Mohamed Neshnash, président de l’Organisation marocaine des droits de l’homme (OMDH), a de son coté estimé que le texte « est même en contradiction avec la nature libérale de la Constitution ».
Kamal Znidar, penseur musulman, a assuré que « Cet avant-projet de loi du Code pénal constitue une violation aux libertés et aux droits que la religion islamique accorde aux non-musulmans ». Pour l’auteur du livre « Islam : meilleure religion au monde », « L’esprit qui anime les articles 219 et 222 est un esprit de la Djahiliya qui va à l’opposé des avancées de l’Islam ».
Abdessamad Dialmy, sociologue marocain et auteur de nombreux ouvrages sur l’Islam, est allé jusqu’au point d’appeler à la « démalikisation » du code pénal marocain.
L’intellectuel marocain a rappelé, lors d’un débat organisé par le groupe parlementaire socialiste à la Chambre des représentants, qu’ »On ne peut pas réduire l’Islam à la seule école malékite » et a affirmé qu’ »Il faut libérer le code pénal de la doctrine malékite ».