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INTERNATIONAL

58ème session de la CPD : focus sur la participation de l’Afrique


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant international, humanitaire et journaliste indépendant. - 14 Avril 2025


Sur le thème : « Assurer une vie saine et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », la 58ème session de la Commission de la population et du développement des Nations Unies (CPD58), qui s'est tenue du 7 au 11 avril 2025, a réuni des représentants du monde entier.


Vue d'ensemble de la Commission de la population et du développement. Photo : media.un.org
Vue d'ensemble de la Commission de la population et du développement. Photo : media.un.org
Cette session a été marquée par des rapports nationaux convaincants et des déclarations inter-régionales réaffirmant l'engagement envers le Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD et le Programme de développement durable à l'horizon 2030. Les rapports des pays africains ont été importants, car l'accent était mis sur la région pour mesurer le progrès social.

Par des déclarations nationales fortes, des pays comme le Nigeria, le Niger, le Ghana, la Côte d'Ivoire, le Tchad et l'Afrique du Sud, qui ont également mené une intervention inter-régionale conjointe, ont renforcé leur engagement commun en faveur d'un développement inclusif et fondé sur les droits, ancré dans les données, l'équité et la responsabilisation.

Nigeria
Dans sa déclaration nationale, le Nigeria a souligné l'importance cruciale de l'autonomisation des jeunes, de l'égalité des sexes et de l'équité en santé pour la réalisation de ses aspirations de développement à long terme. Représentant le pays le plus peuplé d'Afrique, la délégation nigériane a clairement établi des liens entre le Programme d'action de la CIPD, le Plan national de développement (2021-2025) et l'Agenda 2050 du Nigeria.

Le Nigeria a fait état de progrès mesurables en matière d'accès aux soins de santé, de santé maternelle et infantile, et d'expansion des systèmes de protection sociale. La délégation a souligné l'importance de la santé et des droits sexuels et reproductifs (SDSR) comme pierre angulaire du développement national, en particulier pour les femmes, les adolescents et les groupes marginalisés.

Les principales interventions mises en avant comprennent :
● L'intégration de l'éducation sexuelle complète (ESC) dans les programmes scolaires ;
● L'élargissement de l'accès à la planification familiale et aux services de santé pour les adolescents ;
● L'amélioration des systèmes de données pour une planification et une prise de décision fondées sur des données probantes.

Le Nigeria a notamment appelé à la solidarité internationale pour financer la mise en œuvre du programme de la CIPD, notamment face à une marge de manœuvre budgétaire limitée et aux vulnérabilités liées au climat. Le pays a réaffirmé son engagement à tirer parti du dividende démographique en investissant dans la santé, l’éducation et l’emploi des jeunes.

Niger
M. Samadou Ousman, Chargé d'Affaires a.i. de la Mission permanente du Niger, a dressé le tableau d'une transformation démographique rapide, dans un contexte de changements politiques ambitieux. En 2025, le Niger comptait plus de 28 millions d'habitants, un taux de fécondité de 6,2 enfants par femme et une population de jeunes de moins de 15 ans représentant 51,7 %. Avec un taux de dépendance de 112 personnes dépendantes pour 100 adultes en âge de travailler, le Niger subit une pression considérable sur ses infrastructures sociales.

Malgré ces défis, le Niger poursuit des politiques transformatrices :
●Une directive présidentielle a réduit les coûts de santé de 50 % dans l'ensemble des services publics.
●Les accouchements et les soins obstétricaux d'urgence sont désormais entièrement subventionnés.
●La dialyse est désormais gratuite pour les patients atteints d'insuffisance rénale chronique.
●Une Stratégie nationale pour la couverture sanitaire universelle (2021-2030) ancre des réformes de santé à long terme avec l'adhésion des parties prenantes de tous les secteurs. Le pays développe également les services gériatriques et la gratuité des soins de santé pour les personnes âgées, répondant ainsi pro-activement aux besoins du vieillissement de sa population. Les filets de sécurité sociale sont renforcés pour atteindre les personnes handicapées, les populations en situation d'insécurité alimentaire et celles exclues du marché du travail formel.

L'approche du Niger témoigne d'une reconnaissance claire de la santé comme un bien public et un droit humain, lié à la justice sociale et à la résilience nationale. M. Ousman a conclu en réaffirmant avec force l'engagement du Niger envers l'ODD 3 et le programme de la CIPD, malgré des réalités socio-économiques complexes.

Ghana
Le Ghana a délivré un message clair : des politiques démographiques durables doivent être axées sur l’équité, l’inclusion et une prise de décision fondée sur des données probantes. La délégation ghanéenne a fait état de progrès dans le renforcement des systèmes de santé et des services de santé sexuelle et reproductive, en particulier pour les femmes, les adolescents et les personnes handicapées.

Les priorités stratégiques comprenaient :
●La mise en œuvre intégrale de l’accès universel à la SDSR ;
●L’investissement dans une éducation sexuelle complète pour les jeunes ;
●L’utilisation des technologies numériques et des systèmes de données démographiques pour orienter l’allocation des ressources et la protection sociale ;
●Une planification intégrée prenant en compte les impacts de l’urbanisation, du changement climatique et des migrations internes.

Le Ghana a réaffirmé son engagement envers l’Agenda 2063 de l’Union africaine, alignant ses efforts de mise en œuvre de la CIPD sur les objectifs régionaux en matière de santé, d’éducation et d’autonomisation économique. Le pays a également plaidé en faveur de partenariats multilatéraux plus solides, notamment en matière de financement et de soutien technique aux pays à revenu faible et intermédiaire.

Côte d'Ivoire
La délégation ivoirienne a présenté un aperçu global des politiques nationales privilégiant l'autonomisation des jeunes, les droits des femmes et la santé maternelle et infantile. Face à une population urbaine en forte croissance et à des besoins de développement croissants, la Côte d'Ivoire s'efforce de renforcer son système de santé publique, tout en améliorant la protection sociale.

Les principaux piliers de sa stratégie démographique comprennent :
● La protection des enfants contre l'exploitation et la violence ;
● L'autonomisation des femmes et des filles par l'éducation, l'accès aux soins de santé et la protection juridique ;
● Le renforcement des capacités nationales à collecter, analyser et exploiter des données démographiques fiables ;
● La mobilisation des communautés et des organisations confessionnelles pour promouvoir le changement de comportement et l'adoption de pratiques de santé.

La Côte d'Ivoire a souligné l'importance du financement international, appelant la communauté internationale à honorer ses engagements envers le programme de la CIPD. La délégation a clairement indiqué que de nombreux pays risquaient de ne pas atteindre les objectifs de 2030 sans investissements adéquats.

Tchad
Le Tchad était représenté par Son Excellence Fatima Haram Acyl qui a prononcé un discours poignant sur l'engagement de son pays en faveur de l'équité sociale, du développement durable et du bien-être humain. Malgré de nombreux défis, notamment les menaces sécuritaires, les crises humanitaires et les difficultés économiques, le Tchad s'est engagé à transformer sa société en mettant l'accent sur le développement humain. S.E. Acyl a aligné les objectifs nationaux du pays sur les Objectifs de développement durable (ODD) mondiaux, soulignant l'importance de la santé et du bien-être pour tous, en particulier face à l'adversité.

L'augmentation des investissements dans les services sociaux est au cœur des progrès du Tchad. Le gouvernement a augmenté ses dépenses publiques consacrées aux services sociaux de base, visant une augmentation significative de 11,1 % en 2020 à 33 % d'ici 2025. Cet engagement soutient la couverture sanitaire universelle, en mettant l'accent sur la fourniture d'une assistance médicale aux populations vulnérables, notamment dans les zones reculées.

L'éducation a également progressé, avec une augmentation de 20 % du nombre d'écoles entre 2019 et 2021, et des efforts visant à assurer un taux de scolarisation primaire de 80 %, en accordant une attention particulière aux filles des communautés rurales. Ces investissements sont essentiels pour bâtir un avenir où personne ne sera laissé pour compte.

L'engagement du Tchad en faveur de l'égalité des sexes est tout aussi remarquable, les femmes occupant 32 % des postes gouvernementaux et 34 % des sièges à l'Assemblée nationale. Les politiques progressistes du pays mettent également l'accent sur l'autonomisation des femmes au niveau local, grâce à des formations professionnelles et à des programmes de micro-entreprises. Dans le domaine de la santé, le Tchad s'efforce d'augmenter l'espérance de vie au-delà de 60 ans d'ici 2030, en recrutant des milliers de professionnels de santé pour desservir les zones rurales et en élargissant l'accès à l'eau potable et à l'assainissement.

Par ailleurs, la stratégie agricole intégrée du Tchad vise à assurer la sécurité alimentaire et à renforcer la résilience économique, tout en gérant l'impact de l'accueil de plus d'un million de réfugiés. Malgré les pressions, le Tchad reste déterminé à offrir un refuge aux populations déplacées, appelant à l'aide internationale pour alléger la pression et assurer un développement durable.

Afrique du Sud
La déclaration de l'Afrique du Sud lors de la 58ème session de la Commission de la population et du développement des Nations Unies (CPD58) a mis l'accent sur l'importance de la santé en tant que droit humain fondamental. La santé est un élément clé du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement (CIPD) et du Programme de développement durable à l'horizon 2030.

Le pays a également souligné les défis auxquels sont confrontées les populations des zones de conflit, où les systèmes de santé sont détruits et où les groupes vulnérables comme les femmes enceintes et les enfants souffrent le plus. La déclaration a également abordé l'évolution démographique de l'Afrique du Sud, caractérisée par une baisse des naissances et une espérance de vie plus longue.

Pour accompagner cette évolution, le pays a mis en place des programmes tels que l'Assurance maladie nationale (AMN), qui garantit des soins de santé pour tous. Le pays a progressé dans la réduction de la mortalité maternelle et infantile, grâce à de meilleurs services de santé, aux traitements antirétroviraux et aux campagnes de vaccination. En matière de santé sexuelle et reproductive, l'Afrique du Sud met l'accent sur l'accès aux services pour les femmes et les jeunes. Des programmes comme l'éducation sexuelle complète dans les écoles contribuent à combler les lacunes, en particulier chez les jeunes femmes.

Le pays lutte également contre les violences basées sur le genre (VBG), grâce à de nouvelles lois et à de nouveaux dispositifs de soutien, comme le Centre de commandement contre les VBG. La déclaration se conclut par un appel à lutter contre les impacts du changement climatique, soulignant la nécessité de communautés résilientes et d'une économie durable.

Clôture
À l'issue de la 58ème session de la Commission de la population et du développement (CPD58), Mme Bjørg Sandkjær, sous-secrétaire générale à la coordination des politiques et aux affaires inter-institutions au Département des affaires économiques et sociales, a prononcé une déclaration conjointe au nom de 36 pays, dont l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Botswana, le Brésil, la Bulgarie, le Cap-Vert, le Cambodge, le Chili, Chypre, le Costa Rica, la Croatie, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, la Géorgie, la Grèce, l'Irlande, l'Islande, le Lesotho, la Lettonie, le Liechtenstein, le Luxembourg, Malte, le Mexique, la Norvège, le Portugal, le Royaume-Uni, la Sierra Leone, la Slovénie, la Suède, la Suisse, le Timor-Leste, la Tunisie, l'Uruguay et l'Afrique du Sud.

Mme Sandkjær a commencé par remercier le président et les co-facilitateurs de la session pour leur travail acharné et leur leadership. Elle a également regretté qu'aucune résolution n'ait pu être adoptée à la fin de la session. Malgré cela, les pays impliqués dans la déclaration ont salué les efforts déployés lors de la session et ont souligné la nécessité de l’unité.

La déclaration a réaffirmé l'importance du Programme d'action de la Conférence internationale sur la population et le développement, qui a guidé les efforts en faveur du développement durable, de l'égalité des sexes et des droits humains au cours des trois dernières décennies. Ces droits sont essentiels à la dignité de tous et sont au cœur du Programme d’action de la CIPD. Mme Sandkjær a exprimé son inquiétude face aux récentes atteintes aux droits fondamentaux reconnus de longue date aux Nations Unies.

Les pays ont déclaré que ces atteintes ne devaient pas compromettre les progrès mondiaux. Ils ont souligné la nécessité de maintenir leur engagement en faveur des droits humains, du multilatéralisme et du développement durable, tout en garantissant la pleine mise en œuvre du Programme d'action de la CIPD et du Programme 2030, qui comprend les Objectifs de développement durable (ODD). La déclaration a souligné que le monde traverse une période critique où les droits humains, en particulier le droit au développement et l'accès à la santé sexuelle et reproductive, sont mis à l'épreuve. Ces droits sont au cœur du Programme d’action de la CIPD et du Programme 2030.

L'intervention du Nigeria.
L'intervention du Nigeria.

Son Excellence Fatima Haram Acyl donnant le rapport du Tchad lors de la CPD58.
Son Excellence Fatima Haram Acyl donnant le rapport du Tchad lors de la CPD58.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)