ANALYSE

ANALYSE/Centrafrique : Négocier avec les bandes rebelles n'est pas une option


Alwihda Info | Par Pierre DE LACAN - 22 Avril 2016



Par le Colonel Pierre DE LACAN

Seuls des naïfs pouvaient croire qu'en RCA, organiser des élections à tout va (en occurrence massivement truquées), changerait quelque chose à la donne de la crise centrafricaine latente. Centrafrique sous tutelle de l'ONU entend-on ? Mais elle n'est pas sous tutelle, elle est dérégulée, et de manière critique. l'ONU se révélant être incapable de résoudre quoi que ce soit de cette crise durant 3 longues années déjà. Pourquoi ?
PANORAMA

La problématique de l'apocalypse centrafricain est d'une simplicité à la fois étonnante et affligeante, si l'on prend en compte les données constitutives des pays pauvres les déstabilisant; et plus encore, les failles et faiblesses des proto-états africains, qui ne sont ETATS que de nom.

En République Centrafricaine que nous avons eu le bonheur de bien connaître en tant que conseiller militaire de JB Bokasa, il est à noter qu'aucune idéologie construite jamais n'a sous-tendue les différentes rébellions qui émaillent ce pays, si ce n'est l’appât du gain et le banditisme le plus notoire. Le fait en vérité ne se résume qu'à des opportunistes illettrés, profitant des faiblesses criardes d'un Etat central inexistant pour se saisir du pouvoir.

Une rébellion, la SELEKA conséquence de longs mécontentements et frustrations dans le passé. Pour résumer, remontant à l'époque d'Ange Patassé, a entraîné l’émergence d'une rébellion de réaction, celle des ANTI-BALAKA nom usurpé aux ancien paysans combattant les coupeurs de route (Zaraguinas).

La source de l'actuelle crise remonte à déjà celle de 1998, conséquence de celle de l'ère Patassé.

Les ANTI-BALAKA version 2012-13 sont nés en réaction aux violences sans limite des factions Séléka de Michel Djotodia.

Dès lors, s'en est suivie une escalade dans la violence des deux côtés contre les populations civiles prises en otages, avec pour conséquence une destruction systématique du peu d'Etat encore présent dans le pays.

Sur requête de la France, l'ONU autorisa cette dernière à intervenir en Centrafrique via des troupes estampillées SANGARIS, puis s'y sont ajoutées les forces de l'Union Africaine, transformées un peu plus tard en casques bleus, les MINUSCA présentement.

Pour quelle efficacité ? Prétendre que les troupes internationales en RCA ont été inefficaces, serait biaiser la réalité. Car en vérité, les choses sont un peu plus complexes.

La philosophie de base de ces troupes étrangères était celle de l'INTERPOSITION. Erreur majeure en RCA, qui aura pour conséquence de faire perdurer une crise qui pouvait être étouffée dans l’œuf en quelques mois.

Car, on ne s'interpose pas dans un conflit à caractère asymétrique, où par définition, l'ennemi est non seulement non identifié mais surtout mutant. Dès lors, les Sangaris comme les casques bleus en furent réduits à faire de la police de proximité, et en réagissant plutôt qu'en agissant. L'initiative des hostilités n'était pas leur, mais celle des bandes armées.

Militairement parlant, une telle configuration stratégique ne peut avoir pour conséquence que de sanctuariser le ou les dits ennemis.

Conséquence, par un jeu pervers, ce sont les forces françaises de la Sangaris et de l'ONU qui ont, faute de les avoir neutralisé immédiatement, contribué à crédibiliser les SELEKA et les ANTI-BALAKA sur la durée.

Et cette 'crédibilisation' aura entraîné reconnaissance politique. Les leaders de ces bandes armées se sont vus ensuite invités à des tables de négociation, qui par avance ne pouvaient qu'échouer. Le comble fut atteint lorsque la transition politique leur avait offert des postes ministériels à maintes reprises, dans l'espérance d'assouplissement de leurs positions. Un piège béant, qui se refermait sur toute possibilité de résolution de la crise "mano a mano" dirions-nous.

C'était juste perdre de vue que l'on avait affaire à des rebelles sans cause ni principes, et surtout sans représentativité populaire. Ces rebelles ne représentent qu'eux-mêmes. Ne jouant uniquement que sur le principe de la terreur et des rapports de force.

Catherine Samba-Panza n'osant mettre pied dans les provinces, par peur de ces bandes rebelles en est une triste démonstration. Elle, non seulement se décrédibilisait de facto, mais surtout, s’ôtait toute possibilité de réaction politique. Elle ne pouvait donc que subir les caprices des rebelles.

LE LAXISME ONUSIEN consistant à laisser ces rebelles occuper impunément des espaces dans le pays au point d'y fonder leurs propres état majors et de s'y pérenniser est une aberration, non seulement politique, mais de stratégie militaire.

Les SANGARIS comme les MINUSCA réagissaient comme s'ils combattaient des voyous de quartiers classiques, alors que la situation est celle d'une GUERRE nécessitant UN AFFRONTEMENT FRONTAL ET SANS NEGOCIATION.

TOUTE AUTRE OPTION NE PEUT QU'ETRE VOUEE A L'ECHEC.

Un peu fort de café de croire que plus de 12.000 troupes, expérimentées, ne puissent venir à bout d'un maximum de 6.000 rebelles !

PROCESSUS DDR ?

Le dit programme de désarmement, démobilisation, réinsertion (DDR) si en vogue chez les politiciens en Afrique est non seulement une stupidité, une débilité, une perte de temps, mais surtout, une aberration. Cela ne fonctionne pas, et n'a jamais fonctionné.

Catherine Samba-Panza s'y est cassée les dents, et nous apprenons que le nouveau président centrafricain Faustin Touadera lui aussi s'engouffre dans cette espèce de "piège à cons".

Citons V.M le grand reporter de LNC :

"Faustin Touadéra a récemment entamé des consultations avec les groupes armés dans l'objectif de lancer le processus DDR. Mais il se heurte au refus ferme de ces bandes armées, des factions Séléka notamment - UPC et FRPC.

Le FRPC de Nourredine Adam nargue même le nouveau pouvoir à travers son porte-parole, Moussa Maloud : « Pourquoi avons-nous pris les armes à l'époque ? Exactement après un gouvernement comme celui-là. »

En se lançant dans cette usine à gaz de DDR, Faustin Touadéra échouera lamentablement, comme CSP échoua de même avant lui.
Une telle réaction des rebelles se comprend à travers de nos explications précédentes de la situation.

QUE FAIRE ?

Aller au DDR c'est aller vers un dialogue de sourds et perdre son temps. Et d'une, et de deux, c'est automatiquement et obligatoirement tacitement accorder l'impunité à des criminels. Et surtout en état de faiblesse.

Les parties en présence ne sont pas dans les mêmes dispositions n'y ne disposent des mêmes possibilités.

- Les rebelles sont installés, contrôlent des zones du territoire national, rançonnent les populations, survivent confortablement. Ils ne sont donc pas en situation de demande, dans la mesure ou personne ne les inquiète.

- L'Etat est dans une situation complètement inverse. C'est lui le demandeur, et pas les autres. IL EST DONC LE FAIBLE DANS LES NEGOCIATIONS.

A partir de là, les termes de toutes espèces de négociations sont pipés.

Aussi, IL NE FAUT PAS NEGOCIER. NEGOCIER QUOI ? IL FAUT AGIR, C'EST-A-DIRE PASSER A L’OFFENSIVE : LES NEUTRALISER PHYSIQUEMENT. LES ERADIQUER DEINITIVEMENT.
C'EST TOUT !!!!

CAR UN ETAT CREDIBLE NE NEGOCIE PAS AVEC DES CRIMINELS DESTABILISANT LE PAYS, IL LES ANÉANTIE ! ET SANS AVERTISSEMENT.
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POUR CONCLURE

.Il nous semble que, tant que la République Centrafricaine en tant que telle, ne se confinera globalement qu'à Bangui la capitale, tant que les provinces resteront toujours dans l'ombre et méprisées, au propre comme au figuré, il existera toujours dans ce pays des foyers de rébellion.
Tant que ses dirigeants ne se décideront pas à moderniser ce fantastique pays, car la RCA est le plus beau joyau (hélas gâché) du continent, il existera toujours dans ce pays des foyers de rébellion.

Parce que le drame centrafricain en définitive est tout simple, c'est juste celui de la pauvreté et de la sous-éducation.
Mais la vérité de l'instant n'est pas celle du lendemain, car avec près 60% de sa population ayant moins de 25 ans, et pays sous habité, il y a un potentiel de dynamisme incroyable, qui tôt ou tard s'éveillera !

FINGERS CROSSED
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Comte Pierre DE LACAN

© Avril 2016 LNC – LAMINE MEDIA

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