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INTERNATIONAL

Banque mondiale/FMI: les principaux points des trois premiers jours des réunions de printemps 2025


Alwihda Info | Par Olivier Noudjalbaye Dedingar, Expert-consultant international, humanitaire et journaliste indépendant. - 25 Avril 2025


Les réunions de printemps 2025 du Groupe de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI) ont débuté le lundi 21 avril à Washington, D.C., réunissant dirigeants économiques, décideurs politiques et parties prenantes du monde entier afin de relever les défis urgents en matière de développement international et de stabilité financière.


Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors d'une séance des Assemblées. Photo : worldbank.org
Le président de la Banque mondiale, Ajay Banga, et la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors d'une séance des Assemblées. Photo : worldbank.org
Au cours des trois premiers jours, les discussions ont porté sur l'escalade des tensions commerciales, la nécessité des réformes structurelles et les stratégies visant à renforcer la résilience des marchés émergents.

Discours d'ouverture d'Ajay Banga : tracer la voie vers la résilience
Le président du Groupe de la Banque mondiale, Ajay Banga, a ouvert les réunions en soulignant l'incertitude et la volatilité croissantes de l'économie mondiale, en particulier pour les marchés émergents. Il a souligné que si les économies en développement jouent désormais un rôle central dans le commerce mondial, leur part ayant presque doublé en deux décennies, elles restent vulnérables aux perturbations, en particulier celles qui dépendent des matières premières ou des produits manufacturés.

Le président de la Banque mondiale a insisté sur la nécessité de recourir à des leviers politiques, tels que la libéralisation des échanges et l'intégration régionale, pour renforcer la résilience et la compétitivité. Il a souligné que des liens régionaux plus étroits, des processus commerciaux rationalisés et des tarifs douaniers plus bas pourraient libérer un potentiel de croissance important pour ces économies.

M.Banga a détaillé la structure unique de la Banque mondiale, qui englobe ses cinq branches – BIRD, IDA, IFC, MIGA et CIRDI – et leurs rôles dans la promotion du développement, l'atténuation des risques et la mobilisation des capitaux privés. Il a souligné l'efficacité financière de la Banque, précisant que 29 milliards de dollars de capitaux propres ont permis de mobiliser 1 600 milliards de dollars de financements pour le développement.

Les récentes réformes, notamment l'accélération du processus d'approbation des projets et une attention accrue portée vers la création d'emplois, visent à améliorer la réactivité de la Banque. Alors que 1,2 milliard de jeunes entreront sur le marché du travail dans les pays en développement au cours de la prochaine décennie, le président de la Banque mondiale a insisté sur l'urgence de combler le déficit d'emplois afin de prévenir l'instabilité et les crises migratoires.

Il a également évoqué les efforts du Laboratoire d'investissement du secteur privé, pour attirer les capitaux privés en s'attaquant à l'incertitude réglementaire, au risque de change et à l'instabilité politique. Des initiatives telles que le développement du financement en monnaie locale, l'assurance contre les risques politiques et la titrisation visent à débloquer des investissements dans des secteurs essentiels comme l'énergie, l'agroalimentaire et la santé.

Enfin, M. Banga a conclu en positionnant la Banque mondiale comme un partenaire essentiel pour stimuler la croissance économique, réduire la pauvreté et créer des emplois, soulignant que le développement doit se traduire par des opportunités concrètes pour les populations du monde entier.

Point de presse de Kristalina Georgieva : gestion des tensions commerciales et stabilité économique
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a souligné lors de son point de presse, l'urgence de résoudre les différends commerciaux croissants, qui menacent la stabilité et la croissance économiques mondiales. Elle a souligné que l'incertitude liée au commerce, principalement due aux droits de douane agressifs sur les importations, incite les entreprises à retarder leurs investissements et les consommateurs à réduire leurs dépenses. Le FMI a récemment revu à la baisse ses prévisions de croissance mondiale pour l'année et a considérablement réduit ses perspectives pour l'économie américaine, augmentant le risque de récession estimé de 25 % à environ 40 %.

Georgieva a souligné trois priorités fondamentales :
●Résolution des tensions commerciales : Les pays doivent œuvrer de manière constructive pour résoudre rapidement les tensions commerciales, en préservant l’ouverture et en levant l’incertitude. Un accord de politique commerciale entre les principaux acteurs est essentiel, car l’incertitude est coûteuse : les entreprises hésitent à investir et les ménages préfèrent épargner plutôt que dépenser, ce qui affaiblit encore les perspectives de croissance.

●Préserver la stabilité économique et financière : Les pays doivent reconstituer leurs marges de manœuvre budgétaires et garantir la viabilité de la dette. Pour les banques centrales, il est crucial de trouver un équilibre entre le soutien à la croissance et la maîtrise de l’inflation. Mme Georgieva a souligné l’importance de l’indépendance des banques centrales pour préserver leur crédibilité.

●Mise en œuvre de réformes axées sur la croissance : Des réformes structurelles sont nécessaires pour améliorer la productivité et les perspectives de croissance à moyen terme. Cela comprend la création d’un environnement propice à l’entrepreneuriat, la réforme des marchés du travail et l’encouragement de l’innovation.​

Mme Georgieva a également abordé les préoccupations régionales :
●Asie : Les marchés émergents, notamment asiatiques, subissent les contrecoups de l’escalade des tensions commerciales et des incertitudes mondiales. Les prévisions de croissance de la Chine ont été revues à la baisse, passant de 4,6 % à 4 %, les mesures d’assouplissement monétaire ayant permis d’atténuer un déclin plus important. Le FMI conseille à la Chine de rééquilibrer son économie en faveur de la consommation intérieure, de résoudre les turbulences du secteur immobilier et de réduire l’interventionnisme de l’État dans l’économie.

●ASEAN : Les pays de l’Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN), en raison de leur grande ouverture économique, sont fortement impactés par les droits de douane annoncés. Le FMI salue la résilience de l’ASEAN, acquise au fil des ans, et recommande une utilisation prudente de la marge de manœuvre disponible en matière de politiques monétaires et budgétaires. Le renforcement de la coopération économique et des échanges intra-ASEAN est encouragé pour compenser le ralentissement du commerce mondial.

●MOAN : La région Moyen-Orient et Afrique du Nord a vu ses prévisions de croissance baisser, s’établissant désormais à 2,6 %. Malgré sa diversité, les exportateurs de pétrole sont confrontés à des difficultés liées à la baisse des prix du pétrole et à l’affaiblissement du dollar. Le FMI continue de soutenir des pays comme la Jordanie et l’Égypte par le biais de programmes sur mesure, soulignant l’importance de la reconstruction institutionnelle et de la stabilité.

Perspectives
Alors que les réunions de printemps se poursuivent, l'accent reste mis sur la promotion de la collaboration entre les nations, pour relever les défis communs. Le FMI et la Banque mondiale entendent fournir des orientations et un soutien aux pays confrontés à des incertitudes économiques, en mettant l'accent sur le développement durable, la stabilité financière et la croissance inclusive. Les résultats de ces discussions façonneront le paysage économique mondial des mois et des années à venir.

La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, tient un point de presse lors des réunions annuelles de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale à Washington, D.C., États-Unis, le 24 avril 2025. Photo : REUTERS/Ken Cedeno
La directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, tient un point de presse lors des réunions annuelles de printemps 2025 du FMI et de la Banque mondiale à Washington, D.C., États-Unis, le 24 avril 2025. Photo : REUTERS/Ken Cedeno



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