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ANALYSE

CABEF : vision et objectif d’une plateforme d’Afrique centrale


Alwihda Info | Par Simon Pierre Omgba Mbida, ministre plénipotentiaire, ministère des Relations extérieures du Cameroun. - 6 Septembre 2022


Le Central Africa Business Energy Forum (CABEF) va organiser du 8 au 9 septembre 2022 à Douala (Cameroun) l’édition 2022 du forum énergétique, la deuxième du genre, sous le thème : "Construction des infrastructures pétrolières et gazières afin d’éradiquer la pauvreté énergétique en Afrique Centrale d'ici 2030", ceci après la réussite de la première édition du CEMAC Business Energy Forum (CBEF) qui s’est tenue à Brazzaville (Congo) en novembre 2021.


Le CABEF est une plateforme de rencontre pour la sous-région Afrique centrale qui englobe désormais tous les pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale (CEEAC) et les pays voisins, avec pour objectif de développer l’industrie énergétique régionale et l’établissement de relations public-privées.

Cette grande plateforme offre des opportunités inégalées pour créer des relations d’affaires solides et durables, des accords, des collaborations, des partenariats, des partages d’idées, et elle permet aussi d’apprendre les uns des autres précisément les bonnes pratiques. A cet égard, considérant le contexte énergétique mondial dû à la guerre en Ukraine et les enjeux qui y prévalent, il est impératif, voire indispensable que les parties prenantes se mettent ensemble pour saisir l’opportunité ainsi offerte, et trouver les solutions techniques et pratiques au problème d’approvisionnement en produits énergétiques.

Ainsi, compte tenu du contexte international susmentionné et dans la perspective de la tenue de cette deuxième édition du CABEF 2022, le CABEF est donc parti du constat satisfaisant que l’Afrique pourrait dans un proche avenir, d’après l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), devenir le continent le plus dynamique dans le domaine énergétique. En effet, l’énergie se trouve au cœur de deux aspects fondamentaux de l’avenir de l’Afrique : le développement économique et social, d’une part, et le changement climatique, d’autre part. L’Afrique est riche en sources d’énergie, fournissant environ 19 % de la production mondiale de combustibles fossiles.

La vision des organisateurs du Forum des Affaires et de l'Energie en Afrique Centrale (CABEF en français), pour assurer la survie de la région tout entière, est donc de tout mettre en œuvre pour pérenniser la production des énergies fossiles, dont regorge l’Afrique centrale en formant un bloc compact, face à certains partenaires occidentaux qui veulent forcer les pays concernés à abandonner le développement des gisements déjà répertoriés et en cours d’exploitation pour mettre en place leurs politiques de transition énergétique qui ne sont pas pertinentes ni nécessaires pour la région en l’état actuel des choses et surtout des moyens financiers et technologiques dont ils disposent concrètement.

Des ressources naturelles en danger
Pour illustrer cette situation gravissime et urgente pour l’Afrique centrale, il est bon à ce stade de se référer au discours très édifiant du ministre du pétrole de la Guinée Equatoriale, Gabriel Mbaga Obiang Lima prononcé à Brazzaville (Congo) en novembre 2021, au cours de la toute première édition du CEMAC Energy Business Forum et qui avait alors déclaré en substance: «Les ressources naturelles que la providence divine nous a données sont en danger (pétrole, gaz, minéraux), elles sont en danger à cause d'une nouvelle initiative internationale nous obligeant à convertir totalement notre énergie vers une nouvelle transition énergétique, et cela essentiellement pour lutter contre le changement climatique, pourtant nous avons été le moins responsables de sa survenance, mais ils nous demandent de payer le plus grand prix en abandonnant une fois de plus nos ressources naturelles qui sont un don de Dieu. Dans le même temps, ces institutions financières et initiatives internationales nous refusent les financements pour la poursuite du développement de nos ressources naturelles, mais permettent à ces pays industrialisés de poursuivre l'exploitation et l'investissement de leurs ressources dans leur propre pays. C’est pour cela Excellences que 2022 pour la CEMAC, est une année pour agir ou pour mourir. Quelle est la solution ? La solution est ce que nous sommes en train de faire ici, nous travaillons ensemble, nous collaborons ; nous partageons notre expérience pour apprendre d'une industrie qui peut relever notre économie, notre peuple et nos pays respectifs. »

Au demeurant, l’Afrique a le potentiel de construire un nouveau modèle de développement écologique adapté à ses besoins et à ses réalités ; pour que cela soit possible, des travaux d’infrastructure considérables sont néanmoins nécessaires. Les investissements dans les infrastructures énergétiques ont des effets radicaux sur tous les aspects de la société : ils peuvent contribuer à améliorer de manière décisive, les performances des activités industrielles et agricoles, ainsi qu’à généraliser l’accès à l’éducation, aux nouvelles technologies et à de meilleurs soins de santé.

L’insuffisance des infrastructures énergétiques est systématiquement pointée du doigt comme l’une des principales causes du manque d’investissements dans les secteurs industriels, mais la mise en œuvre de projets d’infrastructures énergétiques a également accentué le fléau de la corruption. L’intérêt manifesté par les pays du BRIC, la Chine et l’Inde en particulier, pour l’investissement dans le secteur énergétique africain démontre clairement les opportunités économiques offertes par le développement de ce secteur : entre 2010 et 2015, les investissements de la Chine dans le secteur énergétique de l’Afrique subsaharienne se sont élevés à environ treize milliards de dollars, soit un cinquième du total des investissements dans ce secteur dans la région.
Toutefois, l’investissement dans le secteur de l’énergie en Afrique n’a rien d’une nouvelle tendance : au contraire, mutatis mutandis, l’histoire coloniale montre que les investissements européens ont dès le départ été importants dans le secteur de l’énergie en Afrique, sans pour autant contribuer significativement au développement social et économique général du continent.

Former un bloc face à l'Occident
Dans cette perspective, la vision du CABEF est de lutter pour la survie énergétique et économique de l’Afrique centrale en formant un bloc face à l'Occident qui veut forcer les Etats à abandonner les énergies fossiles pour mettre en place leurs politiques de transition énergétique. Pour ce faire, le principal objectif CABEF est d’investir massivement au niveau industriel dans des infrastructures de productions énergétiques lourdes, en vue de poursuivre d’une part le développement de l’exploitation des énergies fossiles, et d’assurer d’autre part, la transformation des hydrocarbures bruts en produits finis pour des bénéfices communs.

Ainsi donc, pour que les grands projets énergétiques soient réalisés avec succès, un fort soutien des gouvernements, dans les domaines politique et financier, est nécessaire voire indispensable. En effet, plusieurs projets sont inscrits dans l’agenda de la coopération énergétique, mais ces derniers pour la plupart ne connaissent pas des avancées significatives. Il s’agit pour le CABEF d’encourager la coopération Sud-Sud, en s’appuyant sur les avantages comparatifs dans le cadre de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine (ZLECAF), afin de bénéficier en priorité des investissements directs étrangers (IDE) Sud-Sud. Le fait est que pour des raisons de sécurité énergétique ou de préférence nationale, les gouvernements abandonnent généralement les projets régionaux.

Si plusieurs projets tardent à voir le jour, c’est parce qu’ils ne bénéficient pas du soutien politique et financier des différents Etats de la sous-région. Dans ce domaine, ces derniers devraient prendre exemple sur l’Afrique de l’Ouest. En effet, le projet de WAGP (West African Gas Pipeline, devenue WAPCo West African Gas Pipeline Company) est un exemple d'interdépendance consentie, comme objectif politique.

Dans ce cas, les gouvernements ont conforté leur engagement politique avec un soutien financier, car ils étaient, à l'époque, les seuls organes susceptibles de prendre la responsabilité d'un investissement de l'ampleur du WAGP pour le risque politique et économique que cela représentait. Au niveau de l’Afrique centrale, et en terme d’initiative sous régionale, le CABEF, entre autres projets d’envergure réalisables, propose la construction du pipeline en tant que projet intégrateur régional reliant tous les pays d'Afrique centrale afin de lutter contre la pauvreté énergétique, de réaliser un Accord sur l’Afrique Verte et enfin dans le secteur de la production énergétique industrielle une synergie des mines et des hydrocarbures pour le développement industriel de l’Afrique centrale.




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