Joseph Owona Ntsama, chercheur et chroniqueur culturel.
A peine un projet de loi régissant les associations artistiques et culturelles au Cameroun proposé à l’Assemblée nationale, vous avez invité les artistes à prendre les devants pour la rédaction d’une pétition forte et d’un mémorandum. Quel en est l’objectif ?
L'invitation à prendre les devants de la scène concerne fondamentalement les artistes du cru dont la réputation artistique est à ce jour établie : urgence oblige ! Je crois que les combats relatifs à la défense des droits, en l'occurrence des droits propres à l'activité relevant du milieu artistico-culturel pour le cas précis, doivent êtres initialement portés par des figures de proue de divers milieux artistiques (musique, arts plastiques, littérature, cinéma, la danse et la chorégraphie, etc.). C'est juste une question de représentativité et de légitimité pour donner davantage de force à une action qui se veut concertée et qui a surtout un objectif clairement défini : dénoncer avec la dernière énergie l'avant-projet de loi No.10760/PJL/AN actuellement en lecture et en discussion à l'Assemblée nationale. Il s'agit d'un avant-projet qui, au vu de l'ensemble de son contenu, est manifestement liberticide dans toute sa contexture.
Les artistes du cru devraient donc en priorité s'indigner en faisant entendre leurs voix « puisque ça se passe ici ». La pétition se doit d'être interpellative et rigoureusement ciblée sur des points précis à revoir absolument dans leur esprit et la lettre, autant que le mémorandum (le mémoire) devra revenir sur le fond de l'existant de leur condition d'artiste, sur un état des lieux exhaustif par rubriques et enfin, achopper sur des propositions précises dans le sens de l'amélioration de l'activité artistico-culturelle au Cameroun. N'ayant pas de légitimité pour aller faire entendre leurs voix à l'Assemblée nationale, les artistes, je pense, pourraient, à travers ces deux initiatives, plaider directement leurs causes auprès des élus de la Nation actuellement en plein travaux de la deuxième session ordinaire de la législature en cours : c'est du concret et c'est réalisable ! Et si leurs représentants sont assez persuasifs, on peut espérer que ledit projet pourrait ne pas passer... Ce qui serait pour eux une grande victoire !
Restera dès lors à discuter très sérieusement sur le fond du problème par la suite.
Au regard de la levée de boucliers constatée depuis quelques jours, ce projet de loi est-il si mauvais ?
Le ressenti des artistes de divers bords est un censeur implacable : on l'observe à travers moult réactions ici et là, à travers diverses interventions publiques aussi. Je n'ose pas parler des réseaux sociaux ! Il est un fait, c'est qu'ils ne peuvent pas tous se tromper en même temps... Il est évident qu'ils ne s'y reconnaissent pas et ne sont pas prêts à le respecter au cas où il serait adopté... Ça craint et ça n'augure rien de bon puisqu'il faudra, en tout état de cause, respecter la loi en la matière.
Je souhaite que leur pétition soit prise au sérieux et qu'ils aient l'opportunité d'en discuter avec les députés de la Nation.
Selon vous, comment peut-on mieux organiser le milieu musical et artistique au Cameroun ?
Le milieu musical est soumis aux mêmes desiderata que l'on observe dans les autres disciplines. Il faut bien penser les conditions d'épanouissement des uns et des autres et penser à une implication forte et incitative des pouvoirs publics.
Il faut impérativement discuter et prêter une oreille attentive auprès de ceux et celles qui tournent beaucoup, et il y en a énormément sur diverses rubriques artistiques et culturelles dans ce pays : ces gens-là sont connus de tous ! Il faut par ailleurs convoquer les responsables de collectifs d'artistes, les journalistes culturels dont l'expertise en la matière est reconnue de leurs pairs, pour une discussion franche en faisant préalablement le bilan des actions issues de la loi de décembre 1990. Et enfin, que l'esprit et la lettre des textes qui régissent leurs activités tiennent désormais compte des réalités objectives conjoncturelles qui structurent l'espace public transculturel en Afrique et ailleurs.
L'invitation à prendre les devants de la scène concerne fondamentalement les artistes du cru dont la réputation artistique est à ce jour établie : urgence oblige ! Je crois que les combats relatifs à la défense des droits, en l'occurrence des droits propres à l'activité relevant du milieu artistico-culturel pour le cas précis, doivent êtres initialement portés par des figures de proue de divers milieux artistiques (musique, arts plastiques, littérature, cinéma, la danse et la chorégraphie, etc.). C'est juste une question de représentativité et de légitimité pour donner davantage de force à une action qui se veut concertée et qui a surtout un objectif clairement défini : dénoncer avec la dernière énergie l'avant-projet de loi No.10760/PJL/AN actuellement en lecture et en discussion à l'Assemblée nationale. Il s'agit d'un avant-projet qui, au vu de l'ensemble de son contenu, est manifestement liberticide dans toute sa contexture.
Les artistes du cru devraient donc en priorité s'indigner en faisant entendre leurs voix « puisque ça se passe ici ». La pétition se doit d'être interpellative et rigoureusement ciblée sur des points précis à revoir absolument dans leur esprit et la lettre, autant que le mémorandum (le mémoire) devra revenir sur le fond de l'existant de leur condition d'artiste, sur un état des lieux exhaustif par rubriques et enfin, achopper sur des propositions précises dans le sens de l'amélioration de l'activité artistico-culturelle au Cameroun. N'ayant pas de légitimité pour aller faire entendre leurs voix à l'Assemblée nationale, les artistes, je pense, pourraient, à travers ces deux initiatives, plaider directement leurs causes auprès des élus de la Nation actuellement en plein travaux de la deuxième session ordinaire de la législature en cours : c'est du concret et c'est réalisable ! Et si leurs représentants sont assez persuasifs, on peut espérer que ledit projet pourrait ne pas passer... Ce qui serait pour eux une grande victoire !
Restera dès lors à discuter très sérieusement sur le fond du problème par la suite.
Au regard de la levée de boucliers constatée depuis quelques jours, ce projet de loi est-il si mauvais ?
Le ressenti des artistes de divers bords est un censeur implacable : on l'observe à travers moult réactions ici et là, à travers diverses interventions publiques aussi. Je n'ose pas parler des réseaux sociaux ! Il est un fait, c'est qu'ils ne peuvent pas tous se tromper en même temps... Il est évident qu'ils ne s'y reconnaissent pas et ne sont pas prêts à le respecter au cas où il serait adopté... Ça craint et ça n'augure rien de bon puisqu'il faudra, en tout état de cause, respecter la loi en la matière.
Je souhaite que leur pétition soit prise au sérieux et qu'ils aient l'opportunité d'en discuter avec les députés de la Nation.
Selon vous, comment peut-on mieux organiser le milieu musical et artistique au Cameroun ?
Le milieu musical est soumis aux mêmes desiderata que l'on observe dans les autres disciplines. Il faut bien penser les conditions d'épanouissement des uns et des autres et penser à une implication forte et incitative des pouvoirs publics.
Il faut impérativement discuter et prêter une oreille attentive auprès de ceux et celles qui tournent beaucoup, et il y en a énormément sur diverses rubriques artistiques et culturelles dans ce pays : ces gens-là sont connus de tous ! Il faut par ailleurs convoquer les responsables de collectifs d'artistes, les journalistes culturels dont l'expertise en la matière est reconnue de leurs pairs, pour une discussion franche en faisant préalablement le bilan des actions issues de la loi de décembre 1990. Et enfin, que l'esprit et la lettre des textes qui régissent leurs activités tiennent désormais compte des réalités objectives conjoncturelles qui structurent l'espace public transculturel en Afrique et ailleurs.