En ce début de deuxième moitié du mois d’avril 2018, Olembe, dans la périphérie de Yaoundé, voit son paysage se métamorphoser progressivement, avec le stade Paul Biya qui en impose à la vue par sa stature. Les gradins, en cours d’installation, et l’aire de jeu dessinent déjà les contours de l’ouvrage. Mais ce n’est qu’un cliché séducteur, qui camouffle les sérieuses inquiétudes qui couvent ce projet depuis quelques semaines. Des inquiétudes qui émanent des informations contenues dans le rapport de la dernière mission d’inspection de la Confédération africaine de football (CAF). Ce document transmis au gouvernement du Cameroun, et auquel Essingan a eu accès, alterne récriminations et recommandations pour chacun des sites de la CAN 2019.
Les résultats de l’évaluation des différents chantiers menée du 19 au 22 mars dernier par Jean Louis Roger du cabinet Roland Berger et Ismail Wally de la CAF ont conclu que si rien n’est fait, le stade Paul Biya d’Olembe ne sera pas livré dans les délais du 31 du mois de décembre 2018. La faute à Piccini, le constructeur en charge des travaux qui ne trouve aucune aux yeux des inspecteurs de la CAF. Leurs récriminations laissent davantage croire à une incapacité du groupe italien à pouvoir réaliser les travaux. Comme lorsqu’il ne parvient pas à s’adapter aux contraintes de temps imposées par la CAF pour rattraper les retards afin d’atteindre les délais contractuels. A ce sujet, la Caf autant que le Cameroun, ont dû réviser le planning des travaux à plusieurs reprises pour permettre à Piccini de procéder à des réajustements nécessaires pouvant lui permettre d’être efficace. Incapable de respecter le planning, Piccini est loin d’avoir atteint la vitesse de croisière escomptée.
L’espoir d’un redressement est tellement vain que les retards accumulés pour certaines phases des travaux ont atteint un seuil critique, ont observé les deux experts de la CAF et du cabinet Roland Berger lors de leurs descente dans le site. A ce jour, l’on en est à une sixième révision du planning des travaux dans le chantier d’Olembe. Comme pour se prémunir des précédentes déconvenues dans la réalisation des travaux ayant, les inspecteurs de la CAF sonne la charge en recommandant à Piccini de « respecter de façon scrupuleuse la sixième révision du planning, … si les délais du 31 décembre 2018 doivent être atteints ».
Alors que le ballet des poids lourds traversant la ville à vive allure, parfois précédés d’un motard la sirène au vent, et transportant des préfabriqués dédiés au chantier d’Olembe est désormais une scène banale pour certains habitants de Yaoundé, ces derniers ne s’en remettraient pas en apprenant que Piccini ne parvient pas à assurer un approvisionnement suffisant du chantier en ces matériaux. C’est pourtant ce que révèlent les inspecteurs de la CAF dans leur rapport. Ces préfabriqués proviennent de la ville italienne de Naples. Au départ, le cahier de charge du groupe italien commandait la construction d’une usine de production matériaux préfabriqués dans la localité d’Akak, non loin du site des travaux. Le marché obtenu et la contrepartie de l’Etat du Cameroun pour le projet d’Olembe encaissé, les Italiens ont renoncé à cet investissement d’un montant 1,17 milliard de francs CFA.
Parmi les entreprises engagées pour la réalisation des infrastructures de la CAN 2019 au Cameroun, Piccini semble désormais abonnée dans le rang des canard boiteux et n’hésite pas à arroser l’opinion publique de fausses informations. En février 2018, dans la foulée de la démission du chef de projet, Marc Debandt, la société italienne dans un communiqué, avait indiqué que « la direction générale de Gruppo Piccini SA a dû réajuster son organigramme, dans le but de multiplier les équipes de travail, de manière à réaliser simultanément plusieurs œuvres. » La deuxième visite d’inspection de la CAF intervenue un mois après constate le contraire. Le rapport de la CAF commande plutôt une augmentation de la main d’œuvre, et la réalisation des travaux 24/24, car « plusieurs tâches ont atteint un seuil critique. »
Les responsables de la société Piccini ne se sont pas montrés disposés à réagir en dépit des efforts consentis par votre journal dans ce sens. Son principal dirigeant, Sam Thamin, patron de Piccini Cameroun, n’a pas cru devoir répondre à une demande d’informations d’Essingan datant du 06 avril 2018. Comme de l’huile sur le feu, le chantier du futur stade baptisé du nom du chef de l’Etat fait l’objet d’une attention particulière autant de la Confédération africaine de football (CAF) que de l’Etat du Cameroun. Quoi de plus normal puisque l’enceinte est pressentie pour être le théâtre de la cérémonie d’ouverture ainsi que de la finale de la CAN 2019.
Source:Hebdomadaire Essigan