Il y a quelques semaines, le 6 janvier dernier, le Tchad, par la voie de son Premier ministre, a annoncé la fermeture de la frontière terrestre tchado-libyenne "face aux périls qui menacent l’intégrité du territoire national". Les régions frontalières de la Libye ont été déclarées "zones d’opérations militaires". Le Tchad et la Libye ont une frontière terrestre commune continue longue de 1055 kilomètres.
"Les terroristes se regroupent dans la région de Koufra, à 200 km du Tchad"
Justifiant cette fermeture, le chef du gouvernement Albert Pahimi Padacké a précisé que des « groupes terroristes isolés ont convergé vers le sud de la Libye, c’est-à-dire à la frontière nord de notre pays, qui se trouve ainsi potentiellement exposée à une grave menace d’infiltration terroriste ».
Le Président de la République, Idriss Déby a confirmé ces informations, affirmant dans un récent entretien qu'en Libye, "l’intervention des forces spéciales occidentales contre Daesh à Syrte n’a pas réglé la menace, elle l’a déplacée depuis la côte méditerranéenne jusqu’à la région de Koufra au sud, à 200 km du Tchad, où les terroristes se regroupent".
Il y a deux jours, le 16 février dernier, un nouveau gouverneur a été nommé dans la région du Tibesti, par décret présidentiel. Il s'agit de Hassan Tchonai Elimi, en remplacement de Tahar Barkai.
Quels terroristes ?
A en croire les propos du Président tchadien, il s'agirait des combattants de l'Etat Islamique en Libye, qui, en débandade se replient vers le sud de la Libye, tout proche de la frontière avec le Tchad. Le chef du gouvernement a quant à lui parler de "groupes terroristes isolés", laissant penser qu'il s'agit d'une multitude de poches terroristes qui se replient au sud en ordre dispersé.
"La Libye est en passe de devenir un hub terroriste dans le Sud où les groupes (Aqmi, Al-Mourabitoune, Daesh ) peuvent s’approvisionner en armes", souligne Hubert Coudurier, évoquant la menace libyenne dans son ouvrage "Jean-Yves Le Drian, le glaive du Président", ajoutant que dans ce pays, "des milices ont pris la pouvoir en s’appuyant sur un stock considérable d’armes en circulation. Il y aurait ainsi 250 000 combattants regroupés dans de multiples chapelles."
Des primes de 550.000 Francs CFA pour les recrues venant du Tchad
SI en Irak, les combattants de l'Etat islamique ont dû subir une réduction de salaire après les attaques aériennes américaines sur l'infrastructure financière du groupe, en Libye, des primes de 1 000 $ sont offertes pour les recrues venant du Tchad, du Mali et du Soudan, selon Jamal Zubia, porte-parole des médias étrangers du Gouvernement National du Salut.
Une centaine de checkpoints militaires installés dans la zone
L'annonce de la fermeture de la frontière avec la Libye a été immédiatement suivie de mesures prises par l'Etat-major des armées dans la zone. En effet, "des check-points [sont] placés un peu partout. Des centaines de barrières militaires dans la région. C’est des barrières militaires", selon Hassan Soukaya Youssouf, ancien secrétaire général du MDJT, (l'ex mouvement rebelle de feu Youssouf Togoimi décédé en 2002) et ancien ministre des Infrastructures du gouvernement tchadien.
"Le service après-vente"
Le chef de l'Etat tchadien a été le seul et le premier dirigeant africain à appeler ouvertement l'occident à "assurer le service-après-vente" de la guerre en Libye, avant d'être suivi à demi-mot par certains de ses homologues africains, et provoquant au passage un duel à distance avec Nicolas Sarkozy.
Depuis, plusieurs pays du monde entier ont rejoint la position du Tchad, dénonçant les réalités de l'intervention en Libye. Des proches conseillers de Sarkozy dont Patrick Buisson, dans son ouvrage "la cause du peuple", s'alignent aussi en affirmant "qu'en réalité, il s'agissait d'utiliser la force armée pour renverser le chef de l'Etat libyen, le colonel Kadhafi", alors que sur le papier, « l’objectif officiel de la guerre de Libye était la mise en oeuvre de la résolution de 1973 du Conseil de sécurité des Nations unis qui permettait de prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour protéger les populations civiles ».
Intervenir directement en Libye ?
Une éventuelle intervention militaire en Libye n'est pas la meilleure option pour le Tchad qui se contente toutefois de mettre en avant son potentiel militaire pour protéger son territoire et ses frontières par tous les moyens, notamment avec l'aide des armées françaises (opération Barkhane essentiellement) et américains qui apportent un appui considérable, que ce soit en logistique, armement et renseignement.
Ce point de vue n'est pour autant pas partagé de tous ; de l'avis de Adil Abou, "le Tchad demeure le seul pays dont le virus islamiste n'a pas encore affecté son territoire mais le risque peut provenir d'un aventurier tchadien qui aura un jour l'idée d'annoncer son allégeance à l'Etat Islamique. Pour éviter une telle éventualité, le Tchad n'a pas d'autre choix que de prendre l'initiative d'une intervention militaire musclée". Un risque qui n'est pas négligeable.
"Les terroristes se regroupent dans la région de Koufra, à 200 km du Tchad"
Justifiant cette fermeture, le chef du gouvernement Albert Pahimi Padacké a précisé que des « groupes terroristes isolés ont convergé vers le sud de la Libye, c’est-à-dire à la frontière nord de notre pays, qui se trouve ainsi potentiellement exposée à une grave menace d’infiltration terroriste ».
Le Président de la République, Idriss Déby a confirmé ces informations, affirmant dans un récent entretien qu'en Libye, "l’intervention des forces spéciales occidentales contre Daesh à Syrte n’a pas réglé la menace, elle l’a déplacée depuis la côte méditerranéenne jusqu’à la région de Koufra au sud, à 200 km du Tchad, où les terroristes se regroupent".
Il y a deux jours, le 16 février dernier, un nouveau gouverneur a été nommé dans la région du Tibesti, par décret présidentiel. Il s'agit de Hassan Tchonai Elimi, en remplacement de Tahar Barkai.
Quels terroristes ?
A en croire les propos du Président tchadien, il s'agirait des combattants de l'Etat Islamique en Libye, qui, en débandade se replient vers le sud de la Libye, tout proche de la frontière avec le Tchad. Le chef du gouvernement a quant à lui parler de "groupes terroristes isolés", laissant penser qu'il s'agit d'une multitude de poches terroristes qui se replient au sud en ordre dispersé.
"La Libye est en passe de devenir un hub terroriste dans le Sud où les groupes (Aqmi, Al-Mourabitoune, Daesh ) peuvent s’approvisionner en armes", souligne Hubert Coudurier, évoquant la menace libyenne dans son ouvrage "Jean-Yves Le Drian, le glaive du Président", ajoutant que dans ce pays, "des milices ont pris la pouvoir en s’appuyant sur un stock considérable d’armes en circulation. Il y aurait ainsi 250 000 combattants regroupés dans de multiples chapelles."
Des primes de 550.000 Francs CFA pour les recrues venant du Tchad
SI en Irak, les combattants de l'Etat islamique ont dû subir une réduction de salaire après les attaques aériennes américaines sur l'infrastructure financière du groupe, en Libye, des primes de 1 000 $ sont offertes pour les recrues venant du Tchad, du Mali et du Soudan, selon Jamal Zubia, porte-parole des médias étrangers du Gouvernement National du Salut.
Une centaine de checkpoints militaires installés dans la zone
L'annonce de la fermeture de la frontière avec la Libye a été immédiatement suivie de mesures prises par l'Etat-major des armées dans la zone. En effet, "des check-points [sont] placés un peu partout. Des centaines de barrières militaires dans la région. C’est des barrières militaires", selon Hassan Soukaya Youssouf, ancien secrétaire général du MDJT, (l'ex mouvement rebelle de feu Youssouf Togoimi décédé en 2002) et ancien ministre des Infrastructures du gouvernement tchadien.
"Le service après-vente"
Le chef de l'Etat tchadien a été le seul et le premier dirigeant africain à appeler ouvertement l'occident à "assurer le service-après-vente" de la guerre en Libye, avant d'être suivi à demi-mot par certains de ses homologues africains, et provoquant au passage un duel à distance avec Nicolas Sarkozy.
Depuis, plusieurs pays du monde entier ont rejoint la position du Tchad, dénonçant les réalités de l'intervention en Libye. Des proches conseillers de Sarkozy dont Patrick Buisson, dans son ouvrage "la cause du peuple", s'alignent aussi en affirmant "qu'en réalité, il s'agissait d'utiliser la force armée pour renverser le chef de l'Etat libyen, le colonel Kadhafi", alors que sur le papier, « l’objectif officiel de la guerre de Libye était la mise en oeuvre de la résolution de 1973 du Conseil de sécurité des Nations unis qui permettait de prendre toutes les mesures jugées nécessaires pour protéger les populations civiles ».
Intervenir directement en Libye ?
Une éventuelle intervention militaire en Libye n'est pas la meilleure option pour le Tchad qui se contente toutefois de mettre en avant son potentiel militaire pour protéger son territoire et ses frontières par tous les moyens, notamment avec l'aide des armées françaises (opération Barkhane essentiellement) et américains qui apportent un appui considérable, que ce soit en logistique, armement et renseignement.
Ce point de vue n'est pour autant pas partagé de tous ; de l'avis de Adil Abou, "le Tchad demeure le seul pays dont le virus islamiste n'a pas encore affecté son territoire mais le risque peut provenir d'un aventurier tchadien qui aura un jour l'idée d'annoncer son allégeance à l'Etat Islamique. Pour éviter une telle éventualité, le Tchad n'a pas d'autre choix que de prendre l'initiative d'une intervention militaire musclée". Un risque qui n'est pas négligeable.