« Je regrette que l’Union Africaine n’ait pas été associée à cette importante rencontre »
"Je voudrais tout d’abord adresser mes félicitations au Président François Hollande qui a pris l‘initiative d’organiser ce Sommet de Paris sur la sécurité au Nigeria. De même, je voudrais exprimer mon soutien et celui de mon pays le Tchad au Président de la République Fédérale du Nigeria pour le combat engagé contre le terrorisme.
Je me félicite de la participation des pays voisins ainsi que des Partenaires que sont la France, les USA, la Grande Bretagne et l’Union Européenne. Je regrette que l’Union Africaine n’ait pas été associée à cette importante rencontre.
Il faut dire que le terrorisme s’illustre de plus en plus comme un ennemi implacable qui ne recule devant aucune extrémité pour atteindre ses objectifs de déstabilisation du Nigeria. Ses méfaits risquent de s’étendre à toute la région d’Afrique de l’Ouest et du Centre."
Le Tchad s'interroge quelle est la source des moyens de Boko Haram
"Sans vouloir revenir sur les raisons et les origines de Boko Haram, devenue un véritable monstre, au regard de son indicible violence et de ses méthodes barbares, il convient de relever que celui-ci a prospéré sur le terreau de la pauvreté, de la misère et de l’oisiveté auxquels font face des milliers, voire des millions d’hommes et de femmes, et particulièrement les jeunes qui sont des proies faciles pour les extrémistes.
Les pays voisins du Nigeria, confrontés aux mêmes difficultés, risquent de subir la contagion.
Boko Haram est de plus en plus organisée et professionnelle, comme le prouvent ses modes opératoires. Elle dispose de ressources humaines, matérielles et logistiques.
On peut cependant s’interroger légitimement sur la source de ses moyens d’actions ainsi que des facilités dont elles disposent.
Il nous faut répondre à toutes ces questions en vue de nous organiser pour faire face à ce phénomène. Cette action doit être collective et mener tant au niveau sous-régional qu’au niveau des Etats."
Une structure commune de renseignements comprenant le Nigeria et tous les pays voisins
"Au niveau sous-régional, je suggère la mise en place d’une structure commune de renseignements comprenant le Nigeria et tous les pays voisins, siégeant en permanence pour suivre l’évolution de la situation. Cette structure aura à orienter et à conseiller les forces de défense et de sécurité.
De même je préconise la redynamisation de la Force Mixte Multinationale de Sécurité du Bassin du Lac-Tchad comprenant le Cameroun, le Niger, le Nigéria et le Tchad. Il serait également indiqué que les partenaires bilatéraux et multilatéraux apportent leurs appuis à cette structure.
Au Niveau du pays frère du Nigeria, il importe qu’à l’action sur le terrain pour éradiquer la gangrène terroriste, s’ajoute celle de la sensibilisation à l’endroit des populations. Les leaders religieux et les autorités traditionnelles du Nord du Nigeria dont l’influence est réelle au Nigeria, doivent être mis à contribution pour rappeler les principes de l’Islam, expliquer le danger que constitue ce groupe Boko Haram pour la paix et la stabilité du pays."
Un programme de développement pour créer de l'emploi et dissuader les jeunes d'intégrer Boko Haram
"La lutte contre le terrorisme doit s’accompagner d’un programme de développement dans le bassin du Lac-Tchad. Celui-ci permettra d’offrir des emplois et ouvrir des perspectives aux milliers des jeunes.
La Communauté internationale se doit d’appuyer le Nigeria et les autres pays limitrophes. Il faut nécessairement établir ce lien indissociable entre sécurité et développement et agir en conséquence. C’est l’un des moyens sûrs d’empêcher le terrorisme de prospérer et de nuire.
Il est donc attendu de nos partenaires des financements conséquents pour la réalisation des projets et programmes de développement déjà initiés par la CBLT et visant :
- La lutte contre la pauvreté ;
- Le renforcement de la résilience des populations ;
- L’autonomisation des femmes.
Le Tchad qui partage une frontière et des populations communes avec le Nigeria, est disposé à contribuer à l’effort collectif visant à lutter contre le radicalisme et le terrorisme qui menacent de déstabiliser non seulement le Nigeria mais également les pays de la sous-région."