Réunion du comité Afrique de l’Union International de la Jeunesse Socialiste
Réunion du comité Afrique de l’Union International de la Jeunesse Socialiste
Thème : Conférence sur le leadership en Afrique
Lieu : Kofi Annan International Peacekeeping Training Center (KAIPTC)
Teshie Rd, Accra (GHANA)
Déclaration de Brahim Ibni Oumar Mahamat Saleh au comité Afrique des jeunes socialistes:
Camarade Dr Kofi Poturphy, Président du National Democratique Congress (NDC)
Camarade Johnson Asiedu Nketia, Secrétaire général du NDC
Camarade Hajia Zainab Mahama, Présidente de l’organisation des femmes du NDC
Camarade Felipe Jerdes président de l’Union International de la jeunesse socialiste (IUSY)
Camarade Evin Incir secrétaire générale de l’IUSY
Camarade Mikail Baguian, vice-président coordinateur du comité Afrique de l’iusy
Camarade Sidii Abubacar Musah, Secrétaire national de la jeunesse du NDC
Organisation des Femmes, des Anciens et Union nationale des jeunes du NDC
Autorité coutumière et religieuse du Ghana
Distingués invités en vos grades et qualités
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs
Je voudrais avant toute chose vous rendre mes saluts militants les plus engagés et mon souhait, à chacun d’entre vous, de bonne santé et d’un climat moral souhaitable. Cela dit, je voudrais souligner l’importance que revêt cette réunion. En effet, la réflexion pour le leadership en Afrique me parait être ouverte à point nommée, je présume, vu la petite expérience que j’ai de la morale socialiste moderne, que nous serons édifié au-delà de la question du leadership adéquat dont toute société en générale a besoin et dont l’Afrique en particulier a besoin, le présent forum s’ouvrira sur les questions de type de politique, de type de gouvernance qu’il faut afin que nos sociétés se développent tout en prenant pour repère la dignité de l’Homme, ces conditions d’existences matérielles : tel est en effet l’idéal socialiste qui associe liberté politique à liberté économique. Cette rencontre recouvre un cachet particulier dans la mesure où elle est organisée par le comité Afrique lui-même, accueilli par une organisation politique sœur dont l’engagement est légendaire, à savoir le National Democratic Congress (NDC), sous les soins de sa structure de jeune.
Camarades,
Votre cher pays le Ghana est, comme on le sait un laboratoire de démocratie et surtout de lutte révolutionnaire. Le NDC est la structure politique qui, à mon avis donne de l’espoir à la lutte des peuples africains pour leur développement, leur dignité et pour la démocratie. C’est un honneur pour moi et pour toute la structure des jeunes socialistes d’être invité pour une si auguste rencontre et par la jeunesse d’un parti qui a la chance de compter en son sein de militants engagés, en particulier un parti qui est celui du camarade Jerry Rawlings, un homme qui après avoir risqué sa vie et celle de ses camarades pour un meilleur avenir pour le Ghana, un grand révolutionnaire de la trempe de Sankara et même du Ché, a su pourtant, au nom de vos convictions démocratiques transmis le pouvoir à d’autres élus du Ghana. Du reste je vois à cette rencontre, les représentants des principales structures politiques socialistes de l’Afrique et du monde, les hommes et les femmes qui sont à pied d’œuvre pour un monde de progrès et pour une Afrique dont les peuples doivent bénéficier des richesses, des droits humains et politiques et être protéger.
Camarades,
Je voudrais partager avec vous une théorie qui m’a été enseigné par un sage, un ancien, Amadou Seydou Traoré, ce grand écrivain africain qui m’a toujours répété sans cesse que bon sang ne ment pas et pour qui j’ai beaucoup d’affection et une confiance absolue.
La plupart d’entre nous, hommes et femmes, lettrés ou non, dans les villes comme à la campagne pensent qu’il suffit de confier les affaires d’un pays à une personne bien (la bonne personne ou encore l’homme de la situation).
Un adage populaire stipule ce qui suit : personne tout seul ne peut rien ; personne ne peut tout, tout seul ; seul Dieu est omniscient et omnipotent.
Il est historiquement établi que tous les grands hommes n’ont été que l’incarnation d’une équipe, Lénine avait le Parti Communiste Bolchevique (PCB), Mao le Parti Communiste Chinois (PCC), Kwamé Nkrumah, Covention People’s Party (CPP), Fidel Castro les Barbidos etc…
Même dans la vie quotidienne, il est aisé de démontrer que personne ne peut tout seul maitriser tous les aspects d’une question : un homme, ce n’est qu’une vision, une opinion, un avis et un seul doigt ne peut pas prendre un caillou.
L’idée qui consiste à chercher l’Homme providentiel est une erreur, une démarche aride qui ne peut rien donner car cet Homme n’existe ni chez moi au Tchad ni ailleurs dans le monde.
Il n’y a pas d’Homme providentiel, c’est là une vérité scientifique, un axiome à ne pas essayer de contourner. La clef de la meilleure gestion des hommes et des choses c’est de se conformer à la loi des cinq doigts de la main : à savoir
- Etudier ensemble
- Décider ensemble
- Exécuter ensemble
- Contrôler ensemble
- Corriger ensemble
Camarades,
Nous devons donc renoncer à la recherche de l’homme providentiel pour la recherche de l’homme qui sait et pratique dans tous les domaines de la vie son devoir d’Homme conscient de son être.
- Celui qui connait ses limites et qui cherche constamment la collaboration de ses semblables pour le compléter.
- Celui qui est instruit et expérimenté mais n’en est pas imbu.
- Celui qui ne décide jamais sans que ce soit l’avis motivé de l’instance qu’il dirige.
- Celui qui n’émet son avis qu’après avoir entendu celui des autres.
- Celui qui est constamment préoccupé d’incarner les valeurs définies par les instances démocratiques qui l’ont promu.
- Celui qui, loin de se croire parfait, tache de s’améliorer toujours en revêtant la tenue du capitaine de l’équipe plutôt que celle de la vedette.
- Celui qui est symbole à force de l’exemple qu’il incarne.
- Celui qui est vérité, abnégation, désintéressement, justice.
- Celui qui est moralement fort, physiquement solide et socialement valable.
- Celui qui est digne, modeste et simple.
- Celui qui est ferme sans être dur.
Ce sont les bonnes équipes qui font les bons capitaines, montrez-moi un bon parti, dirigé par une bonne direction nationale et je vous montrerai un bon leader politique.
Si non dans cet état d’esprit il est évident que certaines notions et certaines pratiques en cours dans nos pays sont pour quelque chose dans les situations dramatiques que nous vivons.
Par exemple la notion qui fait du président une institution. C’est faux ! Car un Homme n’est qu’un Homme, rien de plus. Les qualificatifs laudateurs, les dithyrambes et autres fanfreluches n’y changent rien. RFI en profite bien pour s’en moquer en peignant ce Président de la République très très très démocratique du Gondoina affublé de toutes les capacités et qualités et qui pourtant, est le plus grand champion des bourdes politiques.
Par définition, un Président préside ; ce qui est très différent d’un règne. Donner à une personne le sentiment de l’omniscience et de l’omnipotence (en faire un petit dieu) est contraire à la démocratie. La démocratie tourne définitivement le dos à tout exercice de pouvoir qui s’apparente tant soi peu aux pouvoirs royaux ou dictatoriaux. C’est pourquoi la génération qui a combattu le referendum Gaulliste de 1958 avait adopté comme mot d’ordre << A bas la constitution de 1958 ! A bas le régime de pouvoir personnel ! >>
Camarades,
Nous devons nous libérer du carcan constitutionnel néocolonialiste !
Voilà pourquoi il faut sortir des constitutions actuelles qui ne sont que le << copier-coller >> de la constitution Gaulliste française de 1958, laquelle provoque partout en Afrique des conflits sanglants, des divisions ethniques, des destructions, des dégâts de toutes sortes. Il faut abandonner cette constitution étrangère à nos cultures, cette constitution << délinquenogène >>, inutilement couteuse, antidémocratique, qui menace la paix sociale, par les dérives qu’elle engendre comme << les nuages sécrètent la pluie >>. Au Kenya les conflits post électoraux ont fait 1000 morts et plus de 600 blessés sans compter les dégâts matériels. En côte d’ivoire il y a eu plus de 3000 morts et des localités entières détruites. Tout cela pour désigner une seule personne à une fonction. C’est trop cher payé pour rien.
Les constitutions qui nous régissent aujourd’hui et qui recèlent les mêmes tares sont lourdes de graves dangers pour la paix sociale, l’éthique et la démocratie.
Camarades
Pour que la population se fasse entendre, non pas pour limiter le pouvoir et l’empêcher d’agir, nous devons mettre en place dans nos pays respectifs des régimes parlementaires. Il faut supprimer le premier ministère, et installer face à face deux pouvoirs, celui du président et celui de l’assemblée. Issus du suffrage universel, élus le même jour et renvoyés en même temps devant le peuple en cas de conflit durable.
L’abandon du système d’élection présidentielle au suffrage universel direct sera une contribution à l’instauration et à la consolidation de la paix sociale parce que le système actuel aiguise les ambitions personnelles, provoque la formation de clans et groupuscules uniquement préoccupés du succès d’une Personne. Ce qui fait que le débat politique dégénère rapidement pour se noyer dans des affrontements de <>, des bras de fer entre << membres de comités de soutien>> qui ne respectent aucune éthique et qui sont par conséquent prêt à utiliser les formes et les moyens de lutte les plus condamnables.
Camarades
Il faudra donc ramener l’élection présidentielle à un acte hautement responsable dont se chargera l’assemblée nationale. L’assemblée Nationale opère en salle sans tambour ni trompette, en toute sérénité et en pleine responsabilité. Et du coup, les clans disparaissent, les comités de soutien aussi. De même sera limité la possibilité pour l’impérialisme occidental à qui beaucoup de candidats ont recours comme bailleur de fonds, d’installer les hommes à sa vocation.
De plus le mandat présidentiel confié ainsi par l’assemblée nationale sera une fonction sous contrôle qui pourra être retirée à tout moment par la même assemblée. Ce qui augmente la pression démocratique sur les titulaires de la mission, les obligeant à se soumettre à une conduite conforme à l’éthique et à la démocratie. Enfin, le scrutin se déroulant en chambre ne nécessitera pas un franc, pas une seule affiche ni un mètre de banderole. L’opération de coutera pas un sou, ni à l’Etat, ni aux partis politiques, ni aux postulants.
Comme mesure de prévention complémentaire et indispensable, il serait bon que des critères sévères et complets soient définis pour le choix des candidats à la députation :
- Critères politiques
- Moraux
- Sociaux
- Culturels etc.
Camarades
Dans le monde entier, nombreux sont les pays qui n’organisent pas d’élections présidentielles au suffrage universel direct. Citons en quelques-uns : l’Angleterre, l’Allemagne, la Hollande, la Belgique, la Suède, la Norvège, le Japon, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud etc. Et dans aucun de ces pays on a assisté à des conflits post-électoraux qui dégénèrent en guerres civiles. L’élection ou la relève du président ou du premier ministre s’y font simplement au cours d’un vote au sein de l’assemblée Nationale comme ce fut le cas en Afrique du Sud pour le remplacement de Tabo Mbeki par Jacob Zuma.
Pourquoi donc ne pas puiser dans l’expérience historique de notre peuple et en tirer les leçons au lieu de répéter après les idéologues capitalistes, individualistes, que la seule forme d’élection présidentielle valable est celle qui est en cours actuellement en France.
Les présidents africains par le fait du << copier-coller >> constitutionnel sont tous infectés par le même virus. Ils sont tous irresponsables << pénalement, juridiquement et politiquement >>.
Débarrassons-nous des institutions formelles sans utilité pratique et soumettons au peuple un projet de constitution conforme à ses besoins réels et ses aspirations les plus profondes.
Camarades,
La crise en cours actuellement en Afrique, résulte essentiellement de la démarche adoptée pour analyser et résoudre les problèmes d’aujourd’hui, une démarche faite de transposition de recettes et de formules ayant été jugées efficace ailleurs. C’est une grave erreur, une erreur d’organisation, une erreur de conception, une erreur de gestion, une véritable faute stratégique. Pour la corriger, il faut nécessairement une remise en cause fondamentale des stratégies et tactiques. Ce qui signifie une élaboration de politiques nouvelles, adaptées, fécondes et susceptibles de réveiller et de mettre en mouvement les forces indispensables à la reconstruction de nos pays.
Le monde actuel est aujourd’hui divisé en deux camps, celui des pays industrialisés et celui des pays pauvres ; mais on épilogue toujours sur la notion de village planétaire alors qu’il s’agit d’un champ clos aux règles inhumaines. C’est la mondialisation néo-libérale conduite par les dirigeants du G8 sur lesquels trônent certains responsables occidentaux, avec l’arrogance et l’agressivité ultra nanti et du plus fort.
Le préalable à tout changement digne de ce nom, consiste donc à réaliser que l’Afrique est victime et complice de son sous-développement. Cela par le biais de l’acculturation de la plupart de ses cadres. Or l’acculturation est un processus de mutation, de négation de soi, de désertification culturelle. Et comme le dit une maxime populaire africaine : << S’il est vrai que le désert dévore la nature, le vrai désert dévore l’Homme>>. Si bien que nous avions beaucoup de lettrés mais peu d’homme de culture. Nous avions tellement pris de l’autre côté que finalement c’est nous qui sommes pris. Il y a aujourd’hui en Afrique un type de lettré plus occidentalisé que les occidentaux eux-mêmes.
C’est lui qui bénéficie tout seul de cette liquidation impitoyable de nos richesses matérielles et culturelles ; C’est lui qui est responsable de notre mal développement. Notre développement réel ne peut partir que de nous, de nos valeurs, de notre culture.
Donc sans xénophobie culturelle, nous devons faire appel à la culture nationale, extirpée de ses tares, pour bâtir une conscience africaine créatrice, novatrice et dynamique.
Camarades,
Si par opportunisme vis-à-vis des puissances occidentales, par psittacisme, par désir fou d’accession au pouvoir, par lassitude ou par paresse intellectuelle nous avons inversé l’ordre des choses et imposé à notre peuple, une marche en arrière suicidaire, nous en répondrons devant l’histoire. Or les jugements de l’histoire sont sans appel.
Donc au lieu de faire du suivisme, en nous engouffrant dans la voie dictée par d’autres pour des motifs que nous ignorions, nous devions examiner froidement la situation et prendre résolument le bon cap.
Souvenons-nous que ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. En conséquence éliminons les mauvaises causes de notre malheur.
Camarades,
La rencontre d’aujourd’hui vient renforcer les différentes actions que les structures socialistes et leurs alliés engagent pour une démocratie sociale. Pour l’Afrique, le défi est un peu plus grand car en dépit du processus de démocratisation en cours, beaucoup de dirigeants se cristallisent au pouvoir, avec des attitudes réactionnaires par lesquelles ils sèment la terreur pour se maintenir au pouvoir, bradent les richesses nationales, appauvrissent et musellent les peuples.
En effet, des voix autorisées dans le monde ont révélé qu’alors qu’elle est le continent le plus riche du monde, l’Afrique est le plus pauvre, le plus misérable. Cette situation s’envenime avec les guerres inutiles, les épidémies dont Ebola, toute chose que des politiques plus soucieuses des conditions d’existence des populations pourraient si non écarter, du moins réduite au maximum.
Camarades,
Avant de déposer le micro, je voudrais rappeler que dans le cadre de la lutte pour la démocratisation des mœurs politiques au Tchad dont je suis ressortissant, nous avions perdu certains leaders dont feu Professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH, professeur de mathématique, membre de plusieurs ordres scientifiques, de son vivant président de la coalition des partis politiques démocratiques au régime de Deby. Le professeur IBNI fut enlevé par des éléments de la garde personnelle du président tchadien le 03 février 2008. Depuis lors, soit 7 ans aujourd’hui, il n’a plus donné signe de vie. Toutes les sources concordent à dire qu’il a été torturé avant de rendre l’âme. Malgré les actions d’institutions comme le sénat et l’assemblée nationale française qui ont voté des résolutions, l’organisation internationale de la francophonie (OIF), le comité contre la torture de New-York, le conseil des Droits de l’Homme en Suisse etc., le cas Ibni reste sans suite. Sa famille qui en vertu des principes de droit de l’Homme, du droit humanitaire et toutes les lois protégeant la personne humaine et la famille revendique sa dépouille afin de lui garantir une inhumation digne de lui, reste sur sa faim.
Je considère que ce cas est un exemple concret de régime africain dont les chefs ne soignent pas la gouvernance, dont les chefs donnent le visage d’homme politique dont l’âge est révolu, une image de dictateur réactionnaire avide de pouvoir. Qui plus est, je considère qu’il s’agit d’un cas de violation flagrante des droits de l’Homme et d’obstacle au processus démocratique. C’est pourquoi, j’espère voir tous les militants de la justice sociale, du progrès tout court s’appropriés du cas Ibni Oumar afin que justice soit rendu.
Camarades,
J’ai la ferme conviction que des présentes réflexions seront issues des résolutions et idées qui n’ont seulement concourront à former des leaders politiques conformes au contexte nouveau, tourné vers une gouvernance à la fois basée sur la démocratie participative et les satisfactions des besoins économiques.
Ainsi, je souhaite plein succès à ces travaux
Vive la démocratie et le progrès
Vive les droits de l’Homme
Vive le Socialisme
Pour le comité Afrique de l’Union International de la Jeunesse Socialiste
Je vous remercie
Ibni oumar Mahamat Saleh Brahim
Thème : Conférence sur le leadership en Afrique
Lieu : Kofi Annan International Peacekeeping Training Center (KAIPTC)
Teshie Rd, Accra (GHANA)
Déclaration de Brahim Ibni Oumar Mahamat Saleh au comité Afrique des jeunes socialistes:
Camarade Dr Kofi Poturphy, Président du National Democratique Congress (NDC)
Camarade Johnson Asiedu Nketia, Secrétaire général du NDC
Camarade Hajia Zainab Mahama, Présidente de l’organisation des femmes du NDC
Camarade Felipe Jerdes président de l’Union International de la jeunesse socialiste (IUSY)
Camarade Evin Incir secrétaire générale de l’IUSY
Camarade Mikail Baguian, vice-président coordinateur du comité Afrique de l’iusy
Camarade Sidii Abubacar Musah, Secrétaire national de la jeunesse du NDC
Organisation des Femmes, des Anciens et Union nationale des jeunes du NDC
Autorité coutumière et religieuse du Ghana
Distingués invités en vos grades et qualités
Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs
Je voudrais avant toute chose vous rendre mes saluts militants les plus engagés et mon souhait, à chacun d’entre vous, de bonne santé et d’un climat moral souhaitable. Cela dit, je voudrais souligner l’importance que revêt cette réunion. En effet, la réflexion pour le leadership en Afrique me parait être ouverte à point nommée, je présume, vu la petite expérience que j’ai de la morale socialiste moderne, que nous serons édifié au-delà de la question du leadership adéquat dont toute société en générale a besoin et dont l’Afrique en particulier a besoin, le présent forum s’ouvrira sur les questions de type de politique, de type de gouvernance qu’il faut afin que nos sociétés se développent tout en prenant pour repère la dignité de l’Homme, ces conditions d’existences matérielles : tel est en effet l’idéal socialiste qui associe liberté politique à liberté économique. Cette rencontre recouvre un cachet particulier dans la mesure où elle est organisée par le comité Afrique lui-même, accueilli par une organisation politique sœur dont l’engagement est légendaire, à savoir le National Democratic Congress (NDC), sous les soins de sa structure de jeune.
Camarades,
Votre cher pays le Ghana est, comme on le sait un laboratoire de démocratie et surtout de lutte révolutionnaire. Le NDC est la structure politique qui, à mon avis donne de l’espoir à la lutte des peuples africains pour leur développement, leur dignité et pour la démocratie. C’est un honneur pour moi et pour toute la structure des jeunes socialistes d’être invité pour une si auguste rencontre et par la jeunesse d’un parti qui a la chance de compter en son sein de militants engagés, en particulier un parti qui est celui du camarade Jerry Rawlings, un homme qui après avoir risqué sa vie et celle de ses camarades pour un meilleur avenir pour le Ghana, un grand révolutionnaire de la trempe de Sankara et même du Ché, a su pourtant, au nom de vos convictions démocratiques transmis le pouvoir à d’autres élus du Ghana. Du reste je vois à cette rencontre, les représentants des principales structures politiques socialistes de l’Afrique et du monde, les hommes et les femmes qui sont à pied d’œuvre pour un monde de progrès et pour une Afrique dont les peuples doivent bénéficier des richesses, des droits humains et politiques et être protéger.
Camarades,
Je voudrais partager avec vous une théorie qui m’a été enseigné par un sage, un ancien, Amadou Seydou Traoré, ce grand écrivain africain qui m’a toujours répété sans cesse que bon sang ne ment pas et pour qui j’ai beaucoup d’affection et une confiance absolue.
La plupart d’entre nous, hommes et femmes, lettrés ou non, dans les villes comme à la campagne pensent qu’il suffit de confier les affaires d’un pays à une personne bien (la bonne personne ou encore l’homme de la situation).
Un adage populaire stipule ce qui suit : personne tout seul ne peut rien ; personne ne peut tout, tout seul ; seul Dieu est omniscient et omnipotent.
Il est historiquement établi que tous les grands hommes n’ont été que l’incarnation d’une équipe, Lénine avait le Parti Communiste Bolchevique (PCB), Mao le Parti Communiste Chinois (PCC), Kwamé Nkrumah, Covention People’s Party (CPP), Fidel Castro les Barbidos etc…
Même dans la vie quotidienne, il est aisé de démontrer que personne ne peut tout seul maitriser tous les aspects d’une question : un homme, ce n’est qu’une vision, une opinion, un avis et un seul doigt ne peut pas prendre un caillou.
L’idée qui consiste à chercher l’Homme providentiel est une erreur, une démarche aride qui ne peut rien donner car cet Homme n’existe ni chez moi au Tchad ni ailleurs dans le monde.
Il n’y a pas d’Homme providentiel, c’est là une vérité scientifique, un axiome à ne pas essayer de contourner. La clef de la meilleure gestion des hommes et des choses c’est de se conformer à la loi des cinq doigts de la main : à savoir
- Etudier ensemble
- Décider ensemble
- Exécuter ensemble
- Contrôler ensemble
- Corriger ensemble
Camarades,
Nous devons donc renoncer à la recherche de l’homme providentiel pour la recherche de l’homme qui sait et pratique dans tous les domaines de la vie son devoir d’Homme conscient de son être.
- Celui qui connait ses limites et qui cherche constamment la collaboration de ses semblables pour le compléter.
- Celui qui est instruit et expérimenté mais n’en est pas imbu.
- Celui qui ne décide jamais sans que ce soit l’avis motivé de l’instance qu’il dirige.
- Celui qui n’émet son avis qu’après avoir entendu celui des autres.
- Celui qui est constamment préoccupé d’incarner les valeurs définies par les instances démocratiques qui l’ont promu.
- Celui qui, loin de se croire parfait, tache de s’améliorer toujours en revêtant la tenue du capitaine de l’équipe plutôt que celle de la vedette.
- Celui qui est symbole à force de l’exemple qu’il incarne.
- Celui qui est vérité, abnégation, désintéressement, justice.
- Celui qui est moralement fort, physiquement solide et socialement valable.
- Celui qui est digne, modeste et simple.
- Celui qui est ferme sans être dur.
Ce sont les bonnes équipes qui font les bons capitaines, montrez-moi un bon parti, dirigé par une bonne direction nationale et je vous montrerai un bon leader politique.
Si non dans cet état d’esprit il est évident que certaines notions et certaines pratiques en cours dans nos pays sont pour quelque chose dans les situations dramatiques que nous vivons.
Par exemple la notion qui fait du président une institution. C’est faux ! Car un Homme n’est qu’un Homme, rien de plus. Les qualificatifs laudateurs, les dithyrambes et autres fanfreluches n’y changent rien. RFI en profite bien pour s’en moquer en peignant ce Président de la République très très très démocratique du Gondoina affublé de toutes les capacités et qualités et qui pourtant, est le plus grand champion des bourdes politiques.
Par définition, un Président préside ; ce qui est très différent d’un règne. Donner à une personne le sentiment de l’omniscience et de l’omnipotence (en faire un petit dieu) est contraire à la démocratie. La démocratie tourne définitivement le dos à tout exercice de pouvoir qui s’apparente tant soi peu aux pouvoirs royaux ou dictatoriaux. C’est pourquoi la génération qui a combattu le referendum Gaulliste de 1958 avait adopté comme mot d’ordre << A bas la constitution de 1958 ! A bas le régime de pouvoir personnel ! >>
Camarades,
Nous devons nous libérer du carcan constitutionnel néocolonialiste !
Voilà pourquoi il faut sortir des constitutions actuelles qui ne sont que le << copier-coller >> de la constitution Gaulliste française de 1958, laquelle provoque partout en Afrique des conflits sanglants, des divisions ethniques, des destructions, des dégâts de toutes sortes. Il faut abandonner cette constitution étrangère à nos cultures, cette constitution << délinquenogène >>, inutilement couteuse, antidémocratique, qui menace la paix sociale, par les dérives qu’elle engendre comme << les nuages sécrètent la pluie >>. Au Kenya les conflits post électoraux ont fait 1000 morts et plus de 600 blessés sans compter les dégâts matériels. En côte d’ivoire il y a eu plus de 3000 morts et des localités entières détruites. Tout cela pour désigner une seule personne à une fonction. C’est trop cher payé pour rien.
Les constitutions qui nous régissent aujourd’hui et qui recèlent les mêmes tares sont lourdes de graves dangers pour la paix sociale, l’éthique et la démocratie.
Camarades
Pour que la population se fasse entendre, non pas pour limiter le pouvoir et l’empêcher d’agir, nous devons mettre en place dans nos pays respectifs des régimes parlementaires. Il faut supprimer le premier ministère, et installer face à face deux pouvoirs, celui du président et celui de l’assemblée. Issus du suffrage universel, élus le même jour et renvoyés en même temps devant le peuple en cas de conflit durable.
L’abandon du système d’élection présidentielle au suffrage universel direct sera une contribution à l’instauration et à la consolidation de la paix sociale parce que le système actuel aiguise les ambitions personnelles, provoque la formation de clans et groupuscules uniquement préoccupés du succès d’une Personne. Ce qui fait que le débat politique dégénère rapidement pour se noyer dans des affrontements de <
Camarades
Il faudra donc ramener l’élection présidentielle à un acte hautement responsable dont se chargera l’assemblée nationale. L’assemblée Nationale opère en salle sans tambour ni trompette, en toute sérénité et en pleine responsabilité. Et du coup, les clans disparaissent, les comités de soutien aussi. De même sera limité la possibilité pour l’impérialisme occidental à qui beaucoup de candidats ont recours comme bailleur de fonds, d’installer les hommes à sa vocation.
De plus le mandat présidentiel confié ainsi par l’assemblée nationale sera une fonction sous contrôle qui pourra être retirée à tout moment par la même assemblée. Ce qui augmente la pression démocratique sur les titulaires de la mission, les obligeant à se soumettre à une conduite conforme à l’éthique et à la démocratie. Enfin, le scrutin se déroulant en chambre ne nécessitera pas un franc, pas une seule affiche ni un mètre de banderole. L’opération de coutera pas un sou, ni à l’Etat, ni aux partis politiques, ni aux postulants.
Comme mesure de prévention complémentaire et indispensable, il serait bon que des critères sévères et complets soient définis pour le choix des candidats à la députation :
- Critères politiques
- Moraux
- Sociaux
- Culturels etc.
Camarades
Dans le monde entier, nombreux sont les pays qui n’organisent pas d’élections présidentielles au suffrage universel direct. Citons en quelques-uns : l’Angleterre, l’Allemagne, la Hollande, la Belgique, la Suède, la Norvège, le Japon, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud etc. Et dans aucun de ces pays on a assisté à des conflits post-électoraux qui dégénèrent en guerres civiles. L’élection ou la relève du président ou du premier ministre s’y font simplement au cours d’un vote au sein de l’assemblée Nationale comme ce fut le cas en Afrique du Sud pour le remplacement de Tabo Mbeki par Jacob Zuma.
Pourquoi donc ne pas puiser dans l’expérience historique de notre peuple et en tirer les leçons au lieu de répéter après les idéologues capitalistes, individualistes, que la seule forme d’élection présidentielle valable est celle qui est en cours actuellement en France.
Les présidents africains par le fait du << copier-coller >> constitutionnel sont tous infectés par le même virus. Ils sont tous irresponsables << pénalement, juridiquement et politiquement >>.
Débarrassons-nous des institutions formelles sans utilité pratique et soumettons au peuple un projet de constitution conforme à ses besoins réels et ses aspirations les plus profondes.
Camarades,
La crise en cours actuellement en Afrique, résulte essentiellement de la démarche adoptée pour analyser et résoudre les problèmes d’aujourd’hui, une démarche faite de transposition de recettes et de formules ayant été jugées efficace ailleurs. C’est une grave erreur, une erreur d’organisation, une erreur de conception, une erreur de gestion, une véritable faute stratégique. Pour la corriger, il faut nécessairement une remise en cause fondamentale des stratégies et tactiques. Ce qui signifie une élaboration de politiques nouvelles, adaptées, fécondes et susceptibles de réveiller et de mettre en mouvement les forces indispensables à la reconstruction de nos pays.
Le monde actuel est aujourd’hui divisé en deux camps, celui des pays industrialisés et celui des pays pauvres ; mais on épilogue toujours sur la notion de village planétaire alors qu’il s’agit d’un champ clos aux règles inhumaines. C’est la mondialisation néo-libérale conduite par les dirigeants du G8 sur lesquels trônent certains responsables occidentaux, avec l’arrogance et l’agressivité ultra nanti et du plus fort.
Le préalable à tout changement digne de ce nom, consiste donc à réaliser que l’Afrique est victime et complice de son sous-développement. Cela par le biais de l’acculturation de la plupart de ses cadres. Or l’acculturation est un processus de mutation, de négation de soi, de désertification culturelle. Et comme le dit une maxime populaire africaine : << S’il est vrai que le désert dévore la nature, le vrai désert dévore l’Homme>>. Si bien que nous avions beaucoup de lettrés mais peu d’homme de culture. Nous avions tellement pris de l’autre côté que finalement c’est nous qui sommes pris. Il y a aujourd’hui en Afrique un type de lettré plus occidentalisé que les occidentaux eux-mêmes.
C’est lui qui bénéficie tout seul de cette liquidation impitoyable de nos richesses matérielles et culturelles ; C’est lui qui est responsable de notre mal développement. Notre développement réel ne peut partir que de nous, de nos valeurs, de notre culture.
Donc sans xénophobie culturelle, nous devons faire appel à la culture nationale, extirpée de ses tares, pour bâtir une conscience africaine créatrice, novatrice et dynamique.
Camarades,
Si par opportunisme vis-à-vis des puissances occidentales, par psittacisme, par désir fou d’accession au pouvoir, par lassitude ou par paresse intellectuelle nous avons inversé l’ordre des choses et imposé à notre peuple, une marche en arrière suicidaire, nous en répondrons devant l’histoire. Or les jugements de l’histoire sont sans appel.
Donc au lieu de faire du suivisme, en nous engouffrant dans la voie dictée par d’autres pour des motifs que nous ignorions, nous devions examiner froidement la situation et prendre résolument le bon cap.
Souvenons-nous que ce sont les mêmes causes qui produisent les mêmes effets. En conséquence éliminons les mauvaises causes de notre malheur.
Camarades,
La rencontre d’aujourd’hui vient renforcer les différentes actions que les structures socialistes et leurs alliés engagent pour une démocratie sociale. Pour l’Afrique, le défi est un peu plus grand car en dépit du processus de démocratisation en cours, beaucoup de dirigeants se cristallisent au pouvoir, avec des attitudes réactionnaires par lesquelles ils sèment la terreur pour se maintenir au pouvoir, bradent les richesses nationales, appauvrissent et musellent les peuples.
En effet, des voix autorisées dans le monde ont révélé qu’alors qu’elle est le continent le plus riche du monde, l’Afrique est le plus pauvre, le plus misérable. Cette situation s’envenime avec les guerres inutiles, les épidémies dont Ebola, toute chose que des politiques plus soucieuses des conditions d’existence des populations pourraient si non écarter, du moins réduite au maximum.
Camarades,
Avant de déposer le micro, je voudrais rappeler que dans le cadre de la lutte pour la démocratisation des mœurs politiques au Tchad dont je suis ressortissant, nous avions perdu certains leaders dont feu Professeur IBNI OUMAR MAHAMAT SALEH, professeur de mathématique, membre de plusieurs ordres scientifiques, de son vivant président de la coalition des partis politiques démocratiques au régime de Deby. Le professeur IBNI fut enlevé par des éléments de la garde personnelle du président tchadien le 03 février 2008. Depuis lors, soit 7 ans aujourd’hui, il n’a plus donné signe de vie. Toutes les sources concordent à dire qu’il a été torturé avant de rendre l’âme. Malgré les actions d’institutions comme le sénat et l’assemblée nationale française qui ont voté des résolutions, l’organisation internationale de la francophonie (OIF), le comité contre la torture de New-York, le conseil des Droits de l’Homme en Suisse etc., le cas Ibni reste sans suite. Sa famille qui en vertu des principes de droit de l’Homme, du droit humanitaire et toutes les lois protégeant la personne humaine et la famille revendique sa dépouille afin de lui garantir une inhumation digne de lui, reste sur sa faim.
Je considère que ce cas est un exemple concret de régime africain dont les chefs ne soignent pas la gouvernance, dont les chefs donnent le visage d’homme politique dont l’âge est révolu, une image de dictateur réactionnaire avide de pouvoir. Qui plus est, je considère qu’il s’agit d’un cas de violation flagrante des droits de l’Homme et d’obstacle au processus démocratique. C’est pourquoi, j’espère voir tous les militants de la justice sociale, du progrès tout court s’appropriés du cas Ibni Oumar afin que justice soit rendu.
Camarades,
J’ai la ferme conviction que des présentes réflexions seront issues des résolutions et idées qui n’ont seulement concourront à former des leaders politiques conformes au contexte nouveau, tourné vers une gouvernance à la fois basée sur la démocratie participative et les satisfactions des besoins économiques.
Ainsi, je souhaite plein succès à ces travaux
Vive la démocratie et le progrès
Vive les droits de l’Homme
Vive le Socialisme
Pour le comité Afrique de l’Union International de la Jeunesse Socialiste
Je vous remercie
Ibni oumar Mahamat Saleh Brahim