Vendredi 26 août 1966, vers 16 heures de l'après-midi, le général-président français Charles de Gaulle donne l'ordre de "déblayer la place", depuis le palais beit-el-wal où réside le gouverneur Tirant. Digol, nom communément admis par la rue djiboutienne, vient de commanditer en toute connaissance de cause un crime à l'endroit des paisibles gens venus entendre un discours que ce dirigeant de la France coloniale devrait prononcer à la place Lagarde, juste devant l'assemblée territoriale. La légion étrangère a bien "déblayé la place" comme l'a ordonné le vieux général Digol, tirant sans sommations sur la foule nombreuse qui attendait paisiblement l'arrivée de ce denier. Un terrible déchaînement de violence coloniale; La soldatesque aux ordres de Digol s'est acharnée sur une population désarmée qui est venue pourtant applaudir leur chef. Sans ménagement, elle s'en prend avec une violence inouïe à des innocents, perpétrant ainsi un massacre. En quelques minutes, une dizaine de morts et près de cent blessés gisent sur le sol. Un horrible crime colonial. Comble de l'abjection, l'armée française déblaye aussi les corps de ces victimes pour effacer dare-dare toute trace de leur forfait. Philippe Oberlé décrit dans son livre "histoire de Djibouti" la cruauté de cette armée de barbares: « Les ambulances ne sont pas assez nombreux ; pour dégager plus rapidement les lieux, on a recours aux camions-plateaux de la voirie, sur lesquels sont chargés hâtivement des blessés et des corps inanimés... Une équipe de balayeurs s’affaire à dégager la chaussée des centaines de sandales abandonnées par la foule dans sa fuite éperdue ».
Comment peut-on expliquer une telle cruauté de la part d'un hôte? Pourquoi le criminel Digol a-t-il commandité la tuerie du 26 août 1966?
Au commencement était l'affront subi par le général-président Digol la veille, le 25 août. En effet, en partance pour l’Asie et pour la Pacifique ce triste personnage s'est arrêté dans notre pays le temps d'une escale. A sa descente d'avion, il a été accueilli par une foule clamant « Indépendance ! Indépendance ! » et brandissant des pancartes et des banderoles. Dans l’après-midi du 25 août 1966, Digol a été chahuté par un peuple déterminé à faire valoir un principe onusien, à savoir la revendication de leur droit à l'auto-détermination et à l'indépendance. Ce comité d'accueil a été bien préparé par le principal parti de l'opposition, le parti mouvement populaire de Moussa Ahmed Idriss. Ce dernier a été le principal architecte de cet événement historique sans précédent. Né en 1933 à Doudah, Moussa Ahmed Idriss est bien l'homme qui a défié ce jour-là le criminel Digol. Figure de proue des mouvements indépendantistes, ce disciple du héros national Mahamoud Harbi était alors un député à l'Assemblée nationale française; Le meilleur d'entre nous, l'écrivain Wabéri, relate dans un de ses recueils de nouvelles le coup de maître de Moussa Ahmed et ses militants: " Lors de la visite du général de Gaulle à Djibouti, la population adopte une stratégie afin de tromper la vigilance des autorités coloniales. Les manifestants se font passer pour des gens venus accueillir le président de Gaulle.
Une farce tragique l’attendait sur la place Rimbaud : des porteurs de pancartes que le gouverneur croyait venus saluer l’homme d’état exigèrent tout bonnement l’indépendance immédiate et totale du territoire exigu. C’est une fois que les deux couloirs formés par les manifestants que « le grand Charles de Gaulle- Digol, selon le journal de la rue- fut houspillé par une foule qu’il avait cru venue l’acclamer », il est accueilli aux cris d’indépendance poussé par les activistes."
Malmené pour la première fois dans une de ses colonies, Digol considère l’accueil de Djibouti "comme un camouflet, une insulte à sa propre personne et à la France". Il est vrai que son amour propre a été mis à rude épreuve lors de cette après-midi du 25 août 1966. Pour laver l'affront, le criminel Digol se venge le lendemain sur des paisibles Djiboutiens rassemblés à la place Lagarde uniquement pour écouter son discours. Après avoir ordonné le massacre d'une population sans défense, le lâche fera finalement son discours devant ses fidèles serviteurs à l'assemblée territoriale.
Avant de conclure, notons que ce criminel devait se rendre après l'escale dans notre pays à Phnom Penh, pour donner parait-il une leçon d'anti-colonialisme à l’adresse des américains. L'Amérique était à cette époque empêtrée dans la guerre du Vietnam. Au lieu de montrer la paille dans l'oeil des ricains, le criminel Digol devrait ôter la poutre qui se niche dans son oeil. Criminel et hypocrite. En tout cas, la manifestation orchestrée par Moussa Ahmed Idriss a été une réussite totale puisqu'elle a mis à nu un vieux général arrogant. Après le voyage mouvementé et le crime colonial qui s'en est suivi, le monde entier a découvert l’existence d’une colonie française dans la corne de l’Afrique, Djibouti. Que les martyrs du 26 août 1966 reposent en paix!
Comment peut-on expliquer une telle cruauté de la part d'un hôte? Pourquoi le criminel Digol a-t-il commandité la tuerie du 26 août 1966?
Au commencement était l'affront subi par le général-président Digol la veille, le 25 août. En effet, en partance pour l’Asie et pour la Pacifique ce triste personnage s'est arrêté dans notre pays le temps d'une escale. A sa descente d'avion, il a été accueilli par une foule clamant « Indépendance ! Indépendance ! » et brandissant des pancartes et des banderoles. Dans l’après-midi du 25 août 1966, Digol a été chahuté par un peuple déterminé à faire valoir un principe onusien, à savoir la revendication de leur droit à l'auto-détermination et à l'indépendance. Ce comité d'accueil a été bien préparé par le principal parti de l'opposition, le parti mouvement populaire de Moussa Ahmed Idriss. Ce dernier a été le principal architecte de cet événement historique sans précédent. Né en 1933 à Doudah, Moussa Ahmed Idriss est bien l'homme qui a défié ce jour-là le criminel Digol. Figure de proue des mouvements indépendantistes, ce disciple du héros national Mahamoud Harbi était alors un député à l'Assemblée nationale française; Le meilleur d'entre nous, l'écrivain Wabéri, relate dans un de ses recueils de nouvelles le coup de maître de Moussa Ahmed et ses militants: " Lors de la visite du général de Gaulle à Djibouti, la population adopte une stratégie afin de tromper la vigilance des autorités coloniales. Les manifestants se font passer pour des gens venus accueillir le président de Gaulle.
Une farce tragique l’attendait sur la place Rimbaud : des porteurs de pancartes que le gouverneur croyait venus saluer l’homme d’état exigèrent tout bonnement l’indépendance immédiate et totale du territoire exigu. C’est une fois que les deux couloirs formés par les manifestants que « le grand Charles de Gaulle- Digol, selon le journal de la rue- fut houspillé par une foule qu’il avait cru venue l’acclamer », il est accueilli aux cris d’indépendance poussé par les activistes."
Malmené pour la première fois dans une de ses colonies, Digol considère l’accueil de Djibouti "comme un camouflet, une insulte à sa propre personne et à la France". Il est vrai que son amour propre a été mis à rude épreuve lors de cette après-midi du 25 août 1966. Pour laver l'affront, le criminel Digol se venge le lendemain sur des paisibles Djiboutiens rassemblés à la place Lagarde uniquement pour écouter son discours. Après avoir ordonné le massacre d'une population sans défense, le lâche fera finalement son discours devant ses fidèles serviteurs à l'assemblée territoriale.
Avant de conclure, notons que ce criminel devait se rendre après l'escale dans notre pays à Phnom Penh, pour donner parait-il une leçon d'anti-colonialisme à l’adresse des américains. L'Amérique était à cette époque empêtrée dans la guerre du Vietnam. Au lieu de montrer la paille dans l'oeil des ricains, le criminel Digol devrait ôter la poutre qui se niche dans son oeil. Criminel et hypocrite. En tout cas, la manifestation orchestrée par Moussa Ahmed Idriss a été une réussite totale puisqu'elle a mis à nu un vieux général arrogant. Après le voyage mouvementé et le crime colonial qui s'en est suivi, le monde entier a découvert l’existence d’une colonie française dans la corne de l’Afrique, Djibouti. Que les martyrs du 26 août 1966 reposent en paix!