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INTERNATIONAL

Djibouti : Education International dénonce les violations des droits des enseignants


- 22 Janvier 2014



Djibouti : Education International dénonce les violations des droits des enseignants
M. Ismaïl Omar Guelleh
Président de la République de Djibouti
Fax : (253) 21 35 06 45

Monsieur le Président de la République,
 
L'Internationale de l'Éducation (IE), la fédération syndicale mondiale qui représente 30 millions d'enseignants et de personnels de l'éducation dans 171 pays, condamne les sanctions arbitraires prises par les autorités de Djibouti à l’encontre d’au moins 83 enseignants et autres personnels de l’éducation (conseillers pédagogiques, inspecteurs et agents du Ministère de l'Education) dont les salaires ont été suspendus depuis le mois d’octobre 2013. Parmi les enseignants et personnels de l’éducation sanctionnés figurent le Secrétaire général du SYNESED, M. Farah Abdillahi Miguil, et plusieurs des membres fondateurs du Collectif « Sauvons l’Education Nationale ».
 
Le Syndicat des professeurs des collèges et lycées de Djibouti (SYNESED) et le Syndicat des Enseignants du Premier Degré (SEP), tous deux affiliés à l’IE, ont fait part de leurs inquiétudes face à la détérioration de la situation des enseignants djiboutiens et aux atteintes sérieuses à la liberté syndicale dans le pays. Mutations, gels des salaires, procédures de licenciements : les sanctions arbitraires appliquées au mépris de toutes les règles et des procédures administratives se poursuivent à l’encontre des travailleurs et travailleuses de l’éducation.
 
Le harcèlement et la répression à l’encontre des enseignants et des syndicalistes cherchant à exercer leurs droits légitimes à la liberté d’expression et à la liberté syndicale sont malheureusement choses courantes depuis de nombreuses années à Djibouti. Depuis septembre 1995, date du licenciement des principaux responsables syndicaux des deux centrales du pays, l’Union Djiboutienne du Travail et l’Union Générale des Travailleurs Djiboutiens, puis de la révocation des dirigeants du SYNESED en février 1997, aucune expression syndicale ne semble plus tolérée par le pouvoir en place.
 
L’IE est particulièrement préoccupée par le décès en cours de détention de M. Mahamoud Elmi Rayaleh, professeur de français au Lycée public de Balbala et citoyen engagé. Sa mort dans la nuit du 28 au 29 août 2013 et son inhumation à la hâte par les autorités, en l’absence de tout membre de sa famille et de son entourage, laissent planer de nombreux doutes sur les circonstances de sa disparition. Arrêté le 2 août 2013, M. Rayaleh avait été placé en mandat de dépôt dès le lendemain et condamné à 2 mois de prison ferme le 20 août au motif de sa « participation à une manifestation interdite ». Il était en bonne santé lors de son incarcération dans la prison centrale de Gabode.
 
Deux missions de contact direct de l’Organisation Internationale du Travail  (OIT) en 1998 et 2008 n’ont pas permis d’améliorer le climat social. L'intransigeance du pouvoir public djiboutien s’est encore manifestée récemment, en novembre 2012, lorsque Mr Samuel Ngoua Ngou, coordinateur régional de l’IE, s’est vu refuser le droit d’entrer sur le territoire de Djibouti, où il se rendait pour organiser un séminaire national sur l’éducation de la petite enfance avec les syndicats SEP et SYNESED. Mr Ngoua Ngou a en effet été refoulé de l'aéroport de Djibouti à son arrivée, malgré le courrier officiel l'autorisant à obtenir le visa à l'aéroport.
 
L’IE en appelle aux autorités de Djibouti pour qu'elles :
 
  • lèvent immédiatement et inconditionnellement toutes les sanctions prises de façon arbitraire à l’encontre des enseignants et personnels de l’éducation ;
  • versent aux enseignants et personnels de l’éducation concernés les salaires impayés depuis le mois d’octobre 2013 dans les plus brefs délais;
  • respectent les droits fondamentaux et les libertés des enseignants, des étudiants et des militants syndicaux conformément aux normes internationales ;
  • ouvrent une commission d’enquête indépendante pour faire la lumière sur les circonstances du décès de M. Mahamoud Elmi Rayaleh ;
  • établissent les conditions garantissant un dialogue respectueux et équitable avec l’ensemble des acteurs de la société civile, y compris les enseignants et les organisations qui les représentent.
 
Au vu des sérieuses violations des normes internationales du travail dont se rendent coupable les autorités de Djibouti, l’IE envisage de porter l’affaire devant le Comité de la liberté syndicale de l’Organisation internationale du travail.
 
L’IE continuera bien entendu à suivre de près la situation des enseignant(e)s djiboutien(ne)s.
 
Nous vous prions de recevoir, Monsieur le Président de la République, l’assurance de notre très haute considération,
 
Fred van Leeuwen
Secrétaire général
Education International
Internationale de l'Education




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