L'exode rural est un phénomène répandu et pratiqué pour la plupart par des ruraux à la recherche du bien-être social dans les grandes villes.
Au Tchad, c'est souvent un domaine réservé aux jeunes hommes. Mais, il y a une dizaine d’années, les jeunes filles également s'en mêlent. Le spectacle qu’offrent ces jeunes filles fraîchement débarquées des villages lointains est impressionnant.
Appelées « fonctionnaires de la rue 40 », ces filles sont à la recherche du travail domestique, "des bonnes" comme on dit. En ville, elles vivent regroupées dans des chambres de location. Dans les rues, sur le chemin du "travail", elles marchent en grâpes ou à la queue leu- leu. Elles se lèvent très tôt le matin, effectuent de longues distances vers les différents quartiers de la capitale pour offrir leurs services aux ménages aisés. Elles ne rentrent que tard le soir.
Mineures pour la plupart, elles sont soumises à une corvée qui frise l’esclavagisme. Dans certains ménages, certaines sont violées et transformées en filles de plaisir.
Pourtant au Tchad, on ne cesse de parler du travail des mineurs, de la protection des enfants, de l'utilisation des enfants dans des durs travaux. Quand est-ce qu’on dénoncera ces pratiques qui s’apparentent au phénomène d’enfants bouviers ? Qu'attendent le Ministère des Affaires Sociales, les ONG et les partenaires en développement pour réagir?
Tout se passe comme si les institutions de la République, les partenanires en développement et les associations de Défense des Droits de l’Homme ferment les yeux sur ces filles qui, au lieu de poursuivre leurs études, se prostituent et s'usent matin et soir? Y a-t-il une loi de la République pour protéger ces mineurs?
Mahamat Ramadane
Alwihda