Cependant, dans la pratique, l’apprentissage de l’arabe littéraire progresse lentement, souvent décrit comme « un pas de caméléon », en raison d’un dispositif pédagogique défaillant. Cela soulève une question essentielle : quel est le véritable niveau de l'enseignement de l'arabe dans les écoles primaires tchadiennes ?
Une visite dans les établissements scolaires, qu’ils soient publics ou privés, révèle une triste réalité : l’acquisition des bases de la langue arabe est souvent inexistante. Des élèves, de la classe de CP1 à celle de CM2, peinent à maîtriser les fondamentaux : prononciation des lettres, formation de mots simples, écriture ou vocabulaire.
Ce constat s’explique en grande partie par un manque de dispositifs pédagogiques adaptés. L’absence d’enseignants qualifiés en arabe littéraire, aussi bien dans les écoles publiques que privées, est un problème récurrent. À cela s’ajoute une mise en œuvre inefficace du bilinguisme, qui demeure pourtant inscrite dans la Constitution tchadienne.
Contrairement à l’idée répandue selon laquelle le français freinerait l’application du bilinguisme, notre enquête révèle que l’enseignement de l’arabe littéraire est entravé par des lacunes structurelles. Dans certains établissements, un seul enseignant arabophone est chargé d’enseigner à tous les niveaux, du CP1 au CM2. D’autres écoles disposent d’à peine trois enseignants répartis entre plusieurs classes, et certaines n’en ont aucun. Cette situation rend impossible un apprentissage cohérent et efficace.
Interrogé sur cette problématique, Padjonre Alexandre Vainda, directeur d’une école primaire dans la commune du 3ème arrondissement de N’Djamena, explique : « L’apprentissage de l’arabe littéraire dans le cadre du bilinguisme est une excellente initiative et une opportunité pour nos enfants de s’ouvrir au monde. Mais sur le terrain, les défis sont nombreux. Dans notre école, qui couvre tout le cycle primaire, nous avons un seul enseignant arabophone pour tous les niveaux. Parfois, il est absent. Cela constitue un véritable frein à l’apprentissage. C’est à la hiérarchie de trouver une solution. »
De son côté, Birwe Grégoire, enseignant depuis 12 ans et chargé des cours en CM2, propose une approche différente : « Le gouvernement doit associer les enseignants francophones à l’apprentissage de l’arabe pour obtenir de meilleurs résultats. Si cela n’est pas fait, même dans mille ans, rien ne changera. Prenons exemple sur le Rwanda, qui a basculé vers l’anglais : chaque vacance scolaire, ils recyclaient leurs enseignants en langue anglaise. Le Tchad doit faire de même en formant les enseignants francophones en arabe et vice versa. Sans cela, nous ne pouvons espérer aucun progrès, d’autant plus que le contenu des cours en arabe pose déjà problème. »
Dans un pays où la majorité de la population urbaine s’exprime couramment en arabe tchadien dès l’enfance, il devrait être plus simple d’enseigner l’arabe littéraire correctement. Pourtant, le niveau d’apprentissage reste médiocre, dès le cycle primaire.
Cette situation est attribuée, d’une part, à un manque de volonté politique et, d’autre part, à une instrumentalisation du bilinguisme, souvent réduit à un slogan politique dénué de réelle application.
Pour améliorer l’enseignement de l’arabe littéraire au Tchad, plusieurs actions s’imposent : Recruter et former des enseignants qualifiés : Les écoles doivent être dotées d’un nombre suffisant de maîtres arabophones compétents ;
Recyclage des enseignants : Inspirons-nous des modèles réussis, comme celui du Rwanda, en organisant des formations régulières pour les enseignants francophones et arabophones ;
Renforcer le contenu des cours : Les programmes d’arabe littéraire doivent être adaptés pour garantir un apprentissage progressif et cohérent dès le primaire ;
Sensibiliser les responsables éducatifs : L’apprentissage de l’arabe littéraire ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme une opportunité d’enrichir le patrimoine linguistique et culturel national.
Le bilinguisme ne doit pas rester un simple concept sur le papier, mais devenir une réalité éducative au service des générations futures. L’État tchadien et les établissements scolaires doivent agir ensemble pour garantir que chaque élève ait accès à un enseignement de qualité, aussi bien en arabe qu’en français.
Une visite dans les établissements scolaires, qu’ils soient publics ou privés, révèle une triste réalité : l’acquisition des bases de la langue arabe est souvent inexistante. Des élèves, de la classe de CP1 à celle de CM2, peinent à maîtriser les fondamentaux : prononciation des lettres, formation de mots simples, écriture ou vocabulaire.
Ce constat s’explique en grande partie par un manque de dispositifs pédagogiques adaptés. L’absence d’enseignants qualifiés en arabe littéraire, aussi bien dans les écoles publiques que privées, est un problème récurrent. À cela s’ajoute une mise en œuvre inefficace du bilinguisme, qui demeure pourtant inscrite dans la Constitution tchadienne.
Contrairement à l’idée répandue selon laquelle le français freinerait l’application du bilinguisme, notre enquête révèle que l’enseignement de l’arabe littéraire est entravé par des lacunes structurelles. Dans certains établissements, un seul enseignant arabophone est chargé d’enseigner à tous les niveaux, du CP1 au CM2. D’autres écoles disposent d’à peine trois enseignants répartis entre plusieurs classes, et certaines n’en ont aucun. Cette situation rend impossible un apprentissage cohérent et efficace.
Interrogé sur cette problématique, Padjonre Alexandre Vainda, directeur d’une école primaire dans la commune du 3ème arrondissement de N’Djamena, explique : « L’apprentissage de l’arabe littéraire dans le cadre du bilinguisme est une excellente initiative et une opportunité pour nos enfants de s’ouvrir au monde. Mais sur le terrain, les défis sont nombreux. Dans notre école, qui couvre tout le cycle primaire, nous avons un seul enseignant arabophone pour tous les niveaux. Parfois, il est absent. Cela constitue un véritable frein à l’apprentissage. C’est à la hiérarchie de trouver une solution. »
De son côté, Birwe Grégoire, enseignant depuis 12 ans et chargé des cours en CM2, propose une approche différente : « Le gouvernement doit associer les enseignants francophones à l’apprentissage de l’arabe pour obtenir de meilleurs résultats. Si cela n’est pas fait, même dans mille ans, rien ne changera. Prenons exemple sur le Rwanda, qui a basculé vers l’anglais : chaque vacance scolaire, ils recyclaient leurs enseignants en langue anglaise. Le Tchad doit faire de même en formant les enseignants francophones en arabe et vice versa. Sans cela, nous ne pouvons espérer aucun progrès, d’autant plus que le contenu des cours en arabe pose déjà problème. »
Dans un pays où la majorité de la population urbaine s’exprime couramment en arabe tchadien dès l’enfance, il devrait être plus simple d’enseigner l’arabe littéraire correctement. Pourtant, le niveau d’apprentissage reste médiocre, dès le cycle primaire.
Cette situation est attribuée, d’une part, à un manque de volonté politique et, d’autre part, à une instrumentalisation du bilinguisme, souvent réduit à un slogan politique dénué de réelle application.
Pour améliorer l’enseignement de l’arabe littéraire au Tchad, plusieurs actions s’imposent : Recruter et former des enseignants qualifiés : Les écoles doivent être dotées d’un nombre suffisant de maîtres arabophones compétents ;
Recyclage des enseignants : Inspirons-nous des modèles réussis, comme celui du Rwanda, en organisant des formations régulières pour les enseignants francophones et arabophones ;
Renforcer le contenu des cours : Les programmes d’arabe littéraire doivent être adaptés pour garantir un apprentissage progressif et cohérent dès le primaire ;
Sensibiliser les responsables éducatifs : L’apprentissage de l’arabe littéraire ne doit pas être perçu comme une contrainte, mais comme une opportunité d’enrichir le patrimoine linguistique et culturel national.
Le bilinguisme ne doit pas rester un simple concept sur le papier, mais devenir une réalité éducative au service des générations futures. L’État tchadien et les établissements scolaires doivent agir ensemble pour garantir que chaque élève ait accès à un enseignement de qualité, aussi bien en arabe qu’en français.