La situation est devenue définitivement intenable au Tchad : La distribution de l’énergie électrique vire au jeu de cache cache. Quand un quartier ou un bloc est alimenté par le courant électrique, personne ne sait jamais pour combien de temps. Le courant arrive toujours subrepticement et s’en va à l’improviste. Sombre décor pour une « émergence » annoncée pour les onze ans à venir ! Les populations des grandes villes, en complète désolation, ne savent plus sur quel pied danser. La plus éclatante illustration de cet état des choses est que, depuis un mois, le tiers des quartiers de la ville de N’Djamena vit dans le noir complet. Entre la bougie, lampe à pétrole, la torche à pile et le groupe électrogène, c’est chacun qui opte pour une solution qui lui permette de pouvoir s’éclairer dès la nuit tombée. Mais il faut le dire, ces solutions sont aussi onéreuses qu’aléatoires pour un pays qui n’en finit pas de rouler des mécaniques sur la scène internationale alors que le minimum vital de l’éclairage électrique ne lui est même pas octroyé par l’État. Selon le dernier rapport rendu public en 2002 par la Société Nationale Électricité (SNE), le Tchad compte environ 19 171 abonnés à la STEE dont 75 % se retrouvent dans la ville de N’Djamena. Si on peut se fier à ce rapport, seul 0,15% de la population ont accès à l’électricité ! Les apparatchiks du régime s’emmurent dans un silence de plomb. Et pendant que le peuple crève de chaleur et de tous les désagréments causés par le manque d’électricité, le Premier ministre et son gouvernement ont mauvaise conscience, mais dorment tout de même sur leurs deux oreilles grâce à leurs énormes groupes électrogènes personnels qui tournent 24 heures sur 24. Personne n’ignore que l’énergie est le socle fondamental de l’économie – et même la garantie de la vie et du développement d’un pays. Sans électricité rien ne marche : Les usines ne fonctionnent pas, les hôpitaux, les écoles, les services de base – télécommunications, distribution de l’eau potable etc.. – sont au point mort, et c’est tout le pays qui, forcément, en subit le dramatique contrecoup. Le plus ridicule est que très souvent certaines administrations – jusqu’à des ministères – sont régulièrement paralysées pendant des journées entières, voire des semaines, à cause de ces délestages qui font irrémédiablement partie de l’affligeante réalité d’un pays dont les publi-informations à grands frais multipliés façon frénétique dans les journaux et télévisions de grande audience continentale ne convainquent que ceux qui sont loin de ce pays pauvre, endetté et embêté qui s’obstine, toute honte bue, à tenter d’imposer un mensonge permanent qui n’a pas de sens. En effet, quel sens peuvent avoir ces rutilants publireportages qui osent présenter N’Djamena comme la « vitrine de l’Afrique » ? Une vitrine qui brille par son obscurité la nuit venue, oui ! Bien évidemment la grande et incontournable question qui vient spontanément sur toutes les lèvres et à tous les esprits est invariablement la même : Mais où sont donc passés les revenus pétroliers qui devraient logiquement mettre le pays à l’abri de ce genre d’inconvénient difficilement explicable, exposant ainsi les populations aux nuisances sonores insupportables causées par les groupes électrogènes, à l’exposition permanente du dioxyde de carbone, sans oublier les dangers des incendies qui pourraient survenir du fait des bougies ? Tchad, pays émergent à l’horizon 2025 ! Voilà un slogan qui sonne un peu creux au vu des incroyables paradoxes qui engluent encore ce pays incroyablement gâté par la nature sur tous les plans. Si ce slogan a pour vocation de vendre l’image du Tchad à l’international, il faut convenir qu’il constitue un honteux délit : celui de la tromperie sur la marchandise. source: MACT
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