Par J.P. Passi (Activiste)
Le Centrafricain aime souvent être dans l’émotion que dans la raison. Et surtout sur un sujet sensible, il est toujours hors-sujet, il tape à côté au nom des spéculations et fantasmes. Ne dit-on pas qu’un peuple qui vit dans la passivité, la trahison, la calomnie, la médisance et colportage est souvent un peuple voué à la servitude ?
Telle est la réalité que nous vivons.
Ce que les rebelles de la Séléka font de nous aujourd’hui est la résultante de tout cela et surtout de notre insouciance, de notre faiblesse endémique qui nous poursuit au-delà de nos frontières.
Cette traversée du désert que nous subissons aujourd’hui ne s’arrêtera pas si tôt, comme l’on croit naïvement, puisque notre avenir se discute à l’Elysée et à l’ONU à notre détriment, avec des gens qui ne sont ni centrafricains encore moins qui n’aiment pas le bonheur des centrafricains. Ne dit-on pas qu’une décision prise pour le peuple sans le peuple est contre le peuple ?
La raison n’est pas à chercher de midi à quatorze heures, notre inconstance et immaturité à faire lecture des événements semblent avérées. Nous aimons seulement fantasmer sur les sujets, travestir les vérités sans connaître les vrais dangers qui guettent la RCA. C’est pourquoi, d’ailleurs, on nous a toujours imposé des dirigeants, on vient de nous imposer celle qui nous convient (inconstante, incapable, aphone et roublarde). Et on nous imposera encore et encore leur choix contre notre minable volonté.
Ces bandes d’incapables hommes politiques éhontés que je vois se réjouir de la sanction de Bozizé par de petits communiqués de presse, qui croient dur comme fer qu’ils seront la future classe politique incontournable de ce pays, auront les dents dans la poussière. De toute façon, ils ne sont pas sur la liste des décideurs.
Savez-vous que le congrès des Séléka à Ndélé n’est qu’un arbre qui cache la forêt ? Si vous êtes sceptiques, alors trouvez-moi des réponses à toutes ces questions qui suivent :
* Que motive la mise en place des forces armées avec un chef d’état-major général des armées en la personne d’un certain général de brigade Joseph Zoundeko (notons ici que notre pauvre Général Jerôme Bouba, nommé Chef d’Etat-major sans armée est éclipsé) ; des conseillers militaires ; un DG de la police ; un DG de services des renseignements militaires ; un porte-parole de haut commandement militaire ? Et par-dessus tout cela, le siège de ce haut commandement militaire sera à Bambari, capitale du Nord (selon eux). Nous sommes condamnés à répéter la même histoire. Il faut la même rhétorique.
* Pourquoi cette assise a-t-elle bénéficié d’un dispositif impressionnant de sécurité des Sangaris ?
* Pourquoi dans le communiqué final, de ces fameux « congressistes », ils ont remercié la France et enjoint des menaces au gouvernement de Samba-Panza ?
* Que signifient toutes ces petites phrases d’intimidations clairement adressées au gouvernement de transition : « le plus important pour le moment est de négocier l’application des accords de Ndjaména. A défaut, le mouvement étudiera toutes les options qui s’offrent à lui » ; « avant une semaine, il faut tout mettre en œuvre pour que les exactions contre les musulmans cessent… » ; « prendre en charge l’intégralité des réparations des biens des musulmans » (lisez bien : non des victimes, mais des musulmans) ; « …prévoir un fond pour la reconstruction des infrastructures dans le Nord-Est…et d’exfiltrer sans délai des musulmans vivant dans des zones considérées à haut risque », et récemment : « si les Anti-balaka essaient de franchir les zones que nous occupons actuellement, nous n’hésiterons pas à les mater » (dixit Joseph Zoundeko).
Au regard de cette série de menaces proférées, peut-on se dire qu’ils sont prêts pour la paix ? Non. Ils ont des objectifs précis. Il y a un agenda caché. Un vaste complot planifié contre la Centrafrique. La communauté internationale nous mène en bateau. Les pseudo-dirigeants le savent (avez-vous vu leur réaction) ?
La stupidité centrafricaine atteindra son apogée lorsque les centrafricains se réveilleront, un de ces quatre matins, la gueule dans la farine et le bec dans l’eau. Qui est au courant de ce qui se trame ?
Si c’était les anti-balaka qui se comportaient ainsi, de façon belliqueuse, en narguant le gouvernement de transition, tout le monde aurait crié au loup. Cela aurait suscité des réactions épidermiques, les taxant des « ennemis de la paix » auxquels il faudrait déclarer la guerre. Mais, avez-vous entendu une seule voix d’un général sangaris ou MISCA ? Puisque, ce sont des « adoubés », ces bourreaux devenus aujourd’hui des « victimes », tout le monde se tait et personne n’en parle, si ce n’est que nous les citoyens lambda.
Mais, depuis quand la colère des poussins peut faire peur aux éperviers ? Ils se foutent de notre gueule et font ce qu’ils veulent. Seulement, ne vous étonnez pas ! Si la fumée se profile sous la pluie fine, elle trahit toujours la case qui abrite le feu. Dit autrement, si ces séléka se bombent la tronche, c’est qu’il y a des forces noires invisibles qui les soutiennent.
Tout cela signifie que l’élection présidentielle n’est pas pour demain. On est dans une transition éternelle. Ce qui permettra à la Nouvelle République du Nord de s’enraciner sous prétexte de sécuriser les musulmans menacés. Hagards, nous verrons s’éloigner toutes nos ressources naturelles au bénéfice de ces pseudo « pacificateurs » dites communauté internationale qui prôneront une seule logique : « la chèvre broute là où elle est attachée ».
Bientôt, ils seront tous au Nord et nous serons abandonnés à notre sort. L’objectif ne sera-t-il pas atteint ? Et comme d’habitude, les centrafricains seront toujours logés à l’enseigne de la naïveté. On leur dira tout simplement que la clef de l’auberge est perdue…N’en sortez pas ! A bon entendeur, salut !!!
J.P. Passi (Activiste)