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ANALYSE

"Le cauchemar libyen" de Mohamed Albichari vu par Ahmat Yacoub


Alwihda Info | Par - 26 Mai 2012


En décortiquant le contenu du livre, on se rend compte de la dangerosité de Kadhafi qui n’accepte qu’une seule chose : lui être loyal et exécuter ses ordres sans broncher


"Le cauchemar libyen" de Mohamed Albichari vu par Ahmat Yacoub
J’ai lu avec une attention particulière l’ouvrage de Mohamed Albichari intitulé « Le cauchemar libyen ».
C’était en plein vol ET 0705 H du 22 mai 2012, je suis plongé en plein dans la lecture de l’ouvrage pour satisfaire ma curiosité et se forger une idée.
 
L’auteur a raison de dire que « cet ouvrage porte un éclairage nouveau sur la Libye, sur son histoire, et sur les causes du soulèvement du 17 février 2011 ». C’est un ouvrage riche. Je dois l’avouer.
Parmi les thèmes abordés, on repère :
  1. Le règne du colonel libyen ;
  2. La situation actuelle en Libye après la chute du livre vert ;
  3. Le parcours politique d’Albichari père ;
  4. L’appel d’Albichari fils à la réhabilitation du régime monarchique de Senussi.
 
L’auteur a tiré la sonnette d’alarme sur les difficultés que la nouvelle Libye rencontre et sur le risque d’une explosion voire d’une partition. Dans cet ouvrage, l’auteur a également retracé le parcours politique du guide libyen, de 1969 à son exécution. Décidemment, je n’ai pas besoin de commenter la livraison d’Albichari relative au parcours politique de Kadhafi. J’admets que seuls les libyens sont en mesure de donner la vrai image d’un pouvoir ayant dirigé le pays pendant une quarantaine d’années.
 
Pourtant, j’ai du extraire quelques passages, dont certains sont exagérément commentés par l’auteur. L’auteur qui est le fils de Mohamed Albichari a voulu donner, dans son livre, une place importante à son père « que son âme repose en paix ». Une grande partie lui est consacrée, dans laquelle il le défendait bec et ongles! Bref, il estimait que son père n’était pas d’accord avec Kadhafi. Mais l’ancien représentant libyen de l’ONU, M. Chaglam, n’est pas de cet avis. Pour ce dernier, « Albouchari  père » avait des  rapports très étroits avec Kadhafi et il serait même impliqué dans l’enlèvement en Egypte puis la disparition de l’ancien opposant libyen ALKIKH (interview à Aljazeera). Il souligne avec fermeté qu’Albouchari était un des plus proches de Kadhafi. Il lui a servi jusqu’à sa mort, survenue dans un accident de circulation en 1997.
En décortiquant le contenu du livre, on se rend compte de la dangerosité de Kadhafi qui n’accepte qu’une seule chose : lui être loyal et exécuter ses ordres sans broncher. L’auteur certifie cette dangerosité par la phrase suivante : « Kadhafi ne reculait devant rien pour se débarrasser des personnalités qui le gênaient »  (page 54 dernier paragraphe). Ce qui veut dire qu’en aucun moment, Albichari père ne s’est jamais opposé au guide et par conséquent il ne s’est jamais inquiété pour sa sécurité jusqu’à son décès lors d’un accident de circulation.
Un autre passage a attiré mon attention lorsque l’auteur dit ceci: « après une tentative d’assassinat contre Kadhafi … menée par Ahmed Houass … Kadhafi réagit en procédant à une réforme des services de renseignement. Il constitua un service de la présidence qui devint une sorte de ministère bis des affaires étrangères. Il en confia la direction à Ibrahim Albichari » (page 67).
 
En somme, je trouve aussi dans le contenu de l’ouvrage un cocktail d’espoir, de crainte d’un  lendemain incertain et de mise en garde. L’auteur qui a pris part, avec enthousiasme et espoir, dans la révolution libyenne jusqu’à la chute de Kadhafi, condamne, si j’ai bien compris, la façon dont Kadhafi a été exécuté. Il aurait souhaité un procès équitable à la place d’une exécution expéditive : «  l’exécution de Kadhafi et de ses fidèles en dehors de tout procès officiel de jugement n’est pas de nature à apaiser les haines et à restaurer la confiance » page 110. Mais très vite, l’auteur rebondit et trouve que tout cela est normal, et il s’appui sur « la révolution roumaine qui balaya le régime de Ceausescu ». Ce dernier « qui prit la fuite, fut arrêté, jugé et fusillé séance tenante », « la révolution française débuta par un soulèvement du peuple contre la misère…la haine à l’égard d’une monarchie…s’incarna dans une politique de terreur dont le symbole le plus frappant fut la guillotine. Durant de nombreuses années, cet instrument de mort fut le bras armé d’une révolution qui, tournée d’abord contre le roi et sa famille, finit par dévorer ses propres enfants. Les grandes figures de la révolution tombèrent tour à tour. Seul Napoléon Bonaparte parvint à mettre un terme au cycle infernal de la terreur en rétablissant l’autorité de l’état et en développant sa force militaire.
 
En prenant l’exemple sur ces deux révolutions, on a l’impression que l’auteur se donne de l’espoir et croit à la stabilité de son pays malgré le désordre qui sévit en ce moment, malgré les morts d’hommes qui se passent quotidiennement sous le nez et la barbe d’une population impuissante. Une fois encore, il manifeste son pessimisme lorsqu’il met en garde contre l’éclatement de la Libye : « En Libye, il s’est produit un miracle mais l’avènement d’une Libye pacifique, n’est aucunement assurée » Puis, il se donne du tonus et avance de propositions de sorties de crise en appelant à « l’avènement d’une Libye pacifique et démocratique » page 113.
 
Pire, l’auteur m’a donné l’impression qu’il ne se retrouve pas dans cette révolution qui a certes, démantelé le « système vert de Kadhafi », mais a échoué de restaurer le système monarchique de Senussi. C’est un aspect qui a attiré mon attention. L’auteur propose le retour à la monarchie ! et quelle monarchie ? Celle de Senussi ! Il dit dans son ouvrage, page 112, pagraphe1 : « Pour la Libye, le rétablissement de la monarchie senoussi…me semble être la meilleure solution (…) l’hypothèse du retour d’un roi senoussi, en l’occurrence le petit fils du roi Idriss, doit être envisagée comme un symbole fort ». Elbichari va jusqu’à ne pas reconnaître la légitimité d’un pouvoir libyen en dehors des Senussi et il l’exprime ouvertement par le passage suivant : « Le nouveau pouvoir doit reposer sur une légitimité reconnue par tous les libyens. Aucun mouvement, mieux que celui des Senoussis, ne peut incarner cette légitimité »
 
Enfin, je trouve que M. Elbichari fils qui a joué un rôle important dans le démantèlement  du régime de Kadhafi, commence à exprimer une certaine déception sur la situation actuelle qu’il juge d’incertaine. Il appelle à la restauration de l’ancienne monarchie Senussi pour sauver le pays. Mais Tout en respectant son père le défunt, que son âme repose en paix, j’aurai souhaité que ce sont les autres qui doivent juger le parcours du regretté et non AlBichari fils.
Je viens d'apprendre avec regret que l'auteur de cet ouvrage "Albichari fils"  aurait été retrouvé sans vie dans sa chambre d'hôtel à Tunis. Je présente toutes mes condoléances à sa famille.
 
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J’adresse tous mes remerciements aux amis qui m’ont encouragé de lire « le cauchemar Libyen de Mohamed Albichari, les dessous de la campagne de Laurent Neumanen et l’homme qui ne devait pas être président de Antonin André et Karim Rissouli.



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