AFP
N'DJAMENA - Le gouvernement tchadien a accusé la Commission des droits de l'Homme de l'ONU de propos diffamatoires et tendancieux après ses accusations contre les agissements de l'armée tchadienne en Centrafrique, dans un communiqué transmis samedi à l'AFP.
Le gouvernement de la République du Tchad exprime sa surprise et son indignation face à une prétendue enquête publiée par la Commission des Nations unies pour les droits de l'Homme, indique le communiqué. Il qualifie de diffamatoires et tendancieuses les accusation de la Commission selon laquelle des soldats tchadiens ont tiré de façon indiscriminée sur des civils le 29 mars à Bangui, tuant au moins 30 personnes.
Dénonçant une campagne malveillante contre les soldats tchadiens de la force africaine en Centrafrique (Misca), N'Djamena avait annoncé jeudi qu'il se retirait de la Misca.
Pour le gouvernement tchadien, le rapport de la Commission des droits de l'Homme de l'ONU, rédigé sans aucun doute dans un salon huppé, s'inscrit en droite ligne de la campagne malveillante contre notre pays (...) et il est aux antipodes des faits réels.
Il ne fait aucun doute que l'objectif de ce rapport est de ternir encore plus l'image du Tchad. Le Tchad ne saurait accepter davantage que des propos diffamatoires et tendancieux soient quotidiennement portés contre lui et qu'ils soient l'oeuvre d'institutions internationales aussi respectées que la CNUDH, poursuit le texte.
Malgré cette campagne malveillante de grande envergure (...) le Tchad réaffirme sa disponibilité à participer aux opérations (internationales) de maintien de la paix, précise N'Djamena.
Le Tchad a un contingent dans la force de l'ONU engagée au Mali.
La polémique sur la tuerie du 29 mars à Bangui a enflé toute la semaine, avec des versions radicalement différentes.
Présentant vendredi à Genève les premiers résultats des enquêteurs des Nations unies sur la tuerie, un porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville, a directement accusé les Tchadiens: ils ont illégitimement ouvert le feu sur la population. Les soldats ont tiré de façon indiscriminée.
La Misca, la France qui a déployé 2.000 soldats dans le pays, et le gouvernement centrafricain ont, eux, pointé du doigt les miliciens anti-balaka, qu'ils accusent d'avoir attaqué à la grenade le détachement tchadien.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a condamné de son côté des atrocités épouvantables contre les civils, sans mentionner expressément ces tirs.
Comme son gouvernement, la présidente centraricaine Catherine Samba Panza a regretté la décision de N'Djamena de quitter la Misca.
Acteur-clé de la crise centrafricaine et incontournable puissance régionale, le Tchad, est l'un des principaux contributeurs de la Misca (6.000 hommes au total).
Le ressentiment de la population majoritairement chrétienne (80%) de Centrafrique a redoublé depuis la tuerie du week-end dernier, le plus grave incident impliquant des troupes étrangères en Centrafrique depuis le renversement, en mars 2013, du président François Bozizé par la Séléka, une coalition à dominante musulmane appuyée par le Tchad.
Les soldats tchadiens ont été accusés à plusieurs reprises, depuis l'arrivée au pouvoir de la Séléka, de passivité face aux exactions de celle-ci contre la population, voire de connivence - certains combattants Séléka étaient tchadiens. N'Djamena a toujours démenti avec véhémence.