Les économistes réunis dans le cadre de la 10e Conférence économique africaine jettent les bases de nouvelles méthodes d’estimation de la pauvreté des ménages, en se fondant sur de nouvelles études qui montrent que la pauvreté en milieu rural diffère de celle qui prévaut en milieu urbain.
Les chercheurs pensent que l’estimation de la pauvreté basée sur le revenu national moyen ne révèle pas de manière suffisamment précise la répartition des richesses pour servir de base solide à la lutte contre la pauvreté.
Les résultats de ces recherches, qui pourraient donner lieu à une évolution radicale des politiques publiques, ont été présentés lors de la séance consacrée aux «Déterminants/moteurs de la pauvreté et de l’inégalité en Afrique» au cours de la seconde journée de la conférence de Kinshasa, qui en compte trois au total.
Hans Tino Ayemena Mpenya s’est rendu compte qu’au Cameroun, les estimations de la pauvreté basées sur le revenu et la répartition de celui-ci étaient faussées, car lorsque les chiffres indiquaient une diminution de la pauvreté dans les zones urbaines, celle-ci augmentait dans les zones rurales.
« La mesure du bien-être basée sur l’inégalité de revenu fait fausse route, car certaines formes de pauvreté sont créées et exacerbées par l’absence de services de santé de base», a indiqué M. Mpenya.
La pauvreté due au manque d’argent dans les villes était bien supérieure, mais la pauvreté et l’inégalité non liées à un revenu permettant d’accéder aux services de base étaient supérieures dans les zones rurales du Cameroun. L’étude a également permis de conclure que les ménages dirigés par des hommes étaient plus pauvres que ceux dirigés par des femmes.
Selon lui, «cette disparité entre zones rurales et centres urbains explique l’inégalité monétaire».
Les pays doivent donc prendre des mesures afin de promouvoir les investissements dans les zones rurales, dont la gestion devrait être confiée aux autorités locales, qui sont mieux placées pour les mettre en œuvre.
Dans un autre document de recherche sur les dépenses alimentaires et non alimentaires dans différents groupes du sud-est du Nigeria, Obisesan Omobolaji, du Département des sciences économiques de l’Université d’Ibadan, définit la pauvreté urbaine comme d’une part l’absence d’emplois pérennes, et de l’autre l’incapacité à maintenir des conditions de vie stables en raison du manque d’éducation.
Dans les zones rurales, les ménages souffrent du manque d’accès à l’eau, à l’électricité et aux moyens de communication tels que les téléphones portables. Selon Omobolaji, les pauvres dépensent plus d’argent pour acquérir des produits alimentaires qui ne sont pas produits localement. Les agriculteurs locaux produisent également des denrées qu’ils ne consomment pas. « Ils mangent ce qu’ils ne produisent pas, tandis que les non-pauvres dépensent davantage en produits alimentaires qui ne sont pas dans leurs moyens, ce qui fait grimper les dépenses des ménages». Pour elle, les sommes importantes dépensées pour les services essentiels tels que l’électricité, le transport et les biens électroniques contribuent également aux niveaux élevés de pauvreté.
Les experts présents à la conférence ont convenu que ces études démontrent la forte nécessité d’élaborer des politiques publiques visant à rectifier la répartition inégale des revenus et de mettre en place de nouvelles méthodes d’estimation de la pauvreté dans différentes zones.
Selon eux, la définition de la pauvreté varie et dépend du type de mode de vie que l’on cherche à définir.
La présentation d’une étude mesurant la contribution de l’éducation au bien-être économique de l’Afrique a donné lieu à un vif débat lors de la 10e Conférence économique africaine.
Kolawole Ogundari, économiste du développement à l’Université du Delaware à Newark, a présenté un article sur le rôle du capital humain dans la croissance économique en Afrique subsaharienne qui démontre que les investissements dans le secteur de l’éducation ont eu peu d’impact sur la qualité de la croissance économique et du développement en Afrique.
Dans cet article, Ogundari fait valoir que l’augmentation des dépenses publiques dans le domaine de la santé a un impact plus important sur la croissance économique, car les soins de santé permettent de prolonger l’espérance de vie.
Toutefois, selon Ogundari, il n’est pas possible de remplacer les dépenses publiques en matière d’éducation par davantage d’investissements dans le domaine de la santé, car ces deux secteurs sont complémentaires et représentent deux sources primaires de croissance.
AFRIQUE
Les économistes discutent de l’opportunité d’adopter de nouvelles méthodes pour mesurer la pauvreté des ménagesAlwihda Info | Par Mahamat Ramadane - 7 Janvier 2016
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