Chronique d’une série de licenciements abusifs et discriminatoires
Ayant pour mission principale de lutter contre la faim dans le monde, le Programme alimentaire mondial (Pam), un organisme des Nations unies, est en train d’affamer des pères et mères de famille dans notre pays. Ce suite à une série de licenciements massifs et discriminatoires opérés par sa directrice générale. Arrivée au Sénégal en 2011, Mme Ingeborg Maria Breuer, de nationalité allemande, a fait doubler le personnel pour mieux faire face à la crise alimentaire de 2012. Une stratégie que tout le monde avait saluée du fait des nombreuses opérations alors menées par le PAM pour secourir les populations affamées. En renforçant le bureau du Pam-Sénégal, Mme Breuer avait fait venir plusieurs collaborateurs internationaux. Seulement voilà, après ladite crise, elle a commencé l’épuration en s’attaquant aux contrats les plus solides et les plus anciens communément appelés « fixed term » dans le langage des Nations Unies (Un). Cette première vague de licenciements a emporté de nombreux nationaux dont d’honorables pères et mères de famille. « Plus de dix personnes ont été renvoyées sans aucun respect des procédures ! Même pas une mesure d’accompagnement… Car ces collègues se sont vus notifier leur renvoi sans préavis. Parmi eux, un employé à 18 mois de la retraite » condamnent des employés du Pam-Sénégal (pour combien de temps encore ?) reçus dans les locaux du « Témoin ». Qu’est-ce qui avait motivé cette série de départs jugés discriminatoires par nos interlocuteurs ? « Pour les uns, elle a argué un problème de performance, pour les autres elle brandissait un problème de budget. Et si tel était le cas, pourquoi Mme Breuer a-t-elle épargné les internationaux ? En effet, comme dans un bantoustan, un employé international du Pam est payé dix fois plus qu’un pauvre national sénégalais… C’est de la discrimination ! » s’emportent-ils. Après coup, le Syndicat du personnel du système des Nations unies au Sénégal (Sypnus) était monté au créneau pour condamner ces décisions d’une gravité sans précédent. Décisions qui semblent avoir été prises par Mme Ingeborg Maria Breuer de manière unilatérale, c’est-à-dire sans négociation préalable, sans préavis et fondées sur des arguments que les nationaux avaient du mal à accepter (problème de budget, nécessité de reconversion de postes, etc.). Des licenciements, surtout, qui remettent en cause les droits fondamentaux de chaque homme et femme, quelle que soit sa nationalité, à disposer d’un travail au sein des Nations Unies. Et précisément dans une structure internationale censée nourrir des Africains affamés… « Face aux multiples agressions, la logique d’autodéfense nous dicte le devoir d’organiser une solidarité agissante entre les travailleurs du Système des Nations Unies au Sénégal pour veiller ensemble à la restauration et au respect de nos droits et intérêts légitimes » avait tenu à rappeler le secrétaire général du Sypnus dans une lettre adressée à Mme Bintou Djibo, le coordinateur résident du Système des Nations Unies au Sénégal, au lendemain de cette série de licenciements.
Depuis lors, Mme Maria Breuer n’a guère reculé ! Au contraire, elle a décidé de continuer sa purge (ach !) du personnel sénégalais. Tenez ! Suite à une réunion initiale dite Ssr (Staffing structuration review) tenue en mars dernier, Mme Maria Breuer a fait comprendre à son personnel qu’elle a commandité un audit. Un audit dont les résultats sont incessamment « inattendus » et qui va sans nul doute provoquer une nouvelle série de licenciements discriminatoires dont personne ne sera à l’abri. D’ailleurs, les auditeurs ou « purgeurs » du Pam vont se baser sur la collecte de termes de référence, les organigrammes des différentes unités, les données stratégiques, les postes, le budget et sans doute les « couleurs de race » pour compresser le personnel. N’est-ce pas ? « Nous ne refusons pas l’audit du personnel !
Seulement, les nationaux que nous sommes déplorons et condamnons le fait que l’on prétexte un « audit » pour régler des comptes » regrettent ces employés nationaux du Pam Sénégal où le personnel vit un désarroi total. Un climat de panique et de désolation où tout le monde a peur d’être emporté par l’ouragan Waffen… pardon « Ssr »….
Face à ces renvois abusifs et récurrents synonymes de persécution psychologique, les employés réclament le départ de Mme Ingeborg Maria Breuer. « Une fois dos au mur, nous allons être obligés de faire un sit-in devant le ministère des Affaires étrangères, devant l’ambassade d’Allemagne à Dakar et la représentation des Nations Unies au Sénégal. Nous serons mêmes prêts à faire des révélations qui vont éclabousser cette organisation internationale… Car une fois licenciés, nous n’aurons plus rien à perdre ! » ont-ils menacés dans les locaux du « Témoin ».
A propos de cette crise psychologique que vivent les honorables pères de famille du Pam Sénégal, nous avons finalement eu Mme Ingeborg Maria Breuer après plusieurs tentatives téléphoniques. Confrontée aux nombreux licenciements jugés discriminatoires, Mme Breuer prend acte avant de nous renvoyer à sa chargée de communication habilitée à répondre au nom du Pam-Sénégal (voir encadré ci-dessous).
Contraint par un « problème » budgétaire à la compression de personnel, le Pam Sénégal va sans doute pousser, les jours à venir, les nationaux à une campagne de dénonciation et de protestation. Les tirailleurs sénégalais vont-ils affronter la Panzerdivision allemande dirigée par la Feldmarchal Ingeborg Maria Breuer ? Achtung Meine Frau !
PAPE NDIAYE
Article paru dans « Le Témoin » N° 1165 –Hebdomadaire Sénégalais (MAI 2014)