REIMS, VILLE CENTRAFRICAINE
Deux associations rémoises oeuvrent pour le retour de la paix en Centrafrique. Il s'agit du Groupe de Reims, connu pour ses colloques, ses réunions informelles, ses prises de position et Amis de Centrafrique, plus pragmatique, la plus ancienne des deux, probablement la plus efficace, même si elle est moins connue que le Groupe de Reims, exclusivement tourné vers les débats politiques.
Les deux associations ne sont, du reste, pas antagonistes. Il serait stupide d'ajouter une énième division à la crise qui gangrène la RCA. Ces deux organisations sont les deux faces d'un même pays : l'une dirigée par des hommes et l'autre par des femmes en majorité.
J'ai toujours regardé avec une certaine appréhension la multiplication des associations centrafricaines en France. Ne vont-elles pas un jour recouper les divisions ethniques du pays ? J'ai toujours souhaité que nos associations hexagonales, plutôt que de refléter ces divisions, les transcendent afin d'imprimer au pays une marche forcée vers son unité. Je sais que plusieurs associations travaillent dans ce sens : le Groupe de Reims, Amis de Centrafrique et surtout la Coordination Générale des Centrafricains de France.
Le conflit centrafricain a connu des pics, des acmés et son épicentre est passé de Bangui à Bossangoa pour se fixer finalement à Bambari. Il a la particularité de s'être mué en une multitude de crises miniatures, qui ont pratiquement impacté tous les foyers. De sorte que chaque Centrafricain de la diaspora est aujourd'hui obligé d'aider, avec ses maigres moyens, sa famille, sa région et son pays. Ce qui me semble relever d'une gageure.
Quand la paix sera revenue, il est permis de rêver par les temps qui courent, quand la paix sera revenue donc, les Centrafricains se demanderont comment un conflit circonscrit au départ, un coup d'Etat, un conflit limité a-t-il pu dégénérer en une multitude de crises miniatures. Quelle main, quel esprit malin a savamment orchestré la descente aux enfers de tout un pays ? La réponse à cette question nous prémunira d'une rechute. Mais pour l'heure, il faut sortir du gouffre, fût-il abyssal. Il faut sortir mais comment ? Avec quels moyens ? Avec nos propres moyens, si dérisoires soient-ils. Avec Amis de Centrafrique. Et les premiers amis de la Centrafrique, ce sont d'abord les Centrafricains !
Je suis conscient que ce ne sont ni les associations rémoises ni les associations centrafricaines de la diaspora qui résoudront la crise centrafricaine. Mais encore une fois, le conflit centrafricain n'est plus un mais plusieurs. La crise centrafricaine a accouché de petits monstres tout aussi dangereux que leur mère. Elle s'est multipliée par le nombre de préfectures, le nombre de villes, le nombre de villages, le nombre d'ethnies et, pour corser le tout, le nombre de religions. Voilà pourquoi les observateurs et les spécialistes de la RCA se passionnent davantage pour l'étiologie du conflit que pour les voies et moyens de sa résolution.
La multiplication des crises et leur miniaturisation semblent avoir découragé tous ceux qui se sont portés à notre secours. De sorte qu'il ne reste plus que nous au milieu de nos décombres. Et donc pour remonter la pente, il nous faudra parcelliser les difficultés, il nous faudra nous mobiliser comme Amis de Centrafrique. Les grandes conférences pompeuses du genre Conférence de Brazzaville, Conférence nationale sans
exclusive et pourquoi pas Conférence de la dernière Chance etc. me semblent dépassées.
A tout seigneur, tout honneur. Amis de Centrafrique a été fondée en juin 2008 par Charles Bounébana. Actuellement dirigée à Reims par Constance Nathalie Bounébana, l'ancienne ministre du Tourisme et des Eaux et Forêts, l'association se consacre exclusivement à la cause de la paix en Centrafrique. C'est dans ce cadre qu'elle a organisé, dans la nuit du 15 au 16 novembre une soirée de gala << au profit des victimes de la guerre >> en RCA.
Une ouverture apéritive. La soirée a commencé par le défilé de mode du créateur rémois Erwan Mackiesse. Devant un parterre cosmopolite, des rémoises glamour sapées de Wax et qui n'ont rien à envier aux grands mannequins ont défilé dans la salle François Mauriac. Ces demoiselles qu'on croirait rompues au mannequinat sont en fait des étudiantes de l'université de Reims Champagne-Ardennes. Qui ont su allier la grâce à la culture.
Elles ont fait place à une one-woman-show, celle de Leslie MC, une autre tête bien faite et bourrée de talents artistiques.
A deux heures trente-sept, une minute de silence a été observée à la mémoire de nos morts et disparus.
GBANDI Anatole