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REPORTAGE

Tchad : 90% des étudiants se promettent le mariage après les études, moins de 1% respectent leur engagement


Alwihda Info | Par Abakar Adoum N'Gaye - 15 Décembre 2022


Plusieurs jeunes tchadiens, garçons comme filles, des universités publiques, comme des universités privées, se sont retrouvés dans une impasse, passant d’un plaisir éphémère à une vie de chagrin.


Tchad : 90% des étudiants se promettent le mariage après les études, moins de 1% respectent leur engagement
L'Université par essence est le lieu pour acquérir des connaissances et des compétences, afin de trouver un emploi, mais aussi un lieu pour apprendre à apprendre. Le tout permettra de suivre l’évolution des métiers tout au long de la vie.

Malheureusement, ce lieu sacré est devenu de nos jours, de plus en plus, un lieu où des jeunes gens baignent quotidiennement dans des relations amoureuses qui dépassent l’entendement. Plusieurs jeunes tchadiens, garçons comme filles, des universités publiques, comme des universités privées, se sont retrouvés dans cette impasse, passant d’un plaisir éphémère à une vie de chagrin.

La majorité des étudiants, pour ne pas dire la quasi-totalité, vit une vie romantique à l’indienne, et c’est devenu à la mode. Chaque jeune étudiant (e) a presque le devoir de construire une relation amoureuse, pour se sentir égal à ses camarades. Mais ces relations occasionnelles conduisent souvent à des promesses de mariage de part et d’autre.

Le constat démontre que sur les panoplies d'engagements pris, moins de 1% arrivent à honorer leur parole. Plusieurs facteurs empêchent les jeunes de réaliser leurs rêves, de s’unir légalement, après la fin des études, parmi lesquels le manque d’emploi pour les jeunes garçons, ou encore les pesanteurs socio-culturelles. Les filles accusent les jeunes garçons d’être de mauvaise foi et de les « utiliser » pour un temps, sans engagement sérieux devant conduire au mariage.

Vendeurs d'illusion
Plusieurs filles étudiantes, victimes de promesses fallacieuses d'étudiants, indiquent être tombées dans les pièges de « vendeurs d’illusions » qui leur promettent un mariage imaginaire. « Joseph et moi, on s'est aimé dès la 1ère année, à notre arrivée à l'université. Il m'a promis de m'épouser à la fin de nos études, mais à ma grande surprise, une fois nos études achevées, l'hypocrite chéri s'est marié avec la fille de son oncle en m'abandonnant », s'indigne Sandra, une étudiante à l'université de N'Djamena.

« J'ai commencé une relation amoureuse sérieuse avec Makaïla depuis que j'étais en 2ème année et lui en 3ème année. Je lui ai promis que je ne me marierai qu'avec lui. Quand le moment sérieux est venu, c'est ma famille qui s'est opposée en brandissant une frontière sociale. Makaila et moi ne nous reconnaissons pas dedans, mais hélas notre rêve ne s'est pas réalisé jusqu'à maintenant », renchérit Khadidja, étudiante de l'Université Roi Fayçal.

Les victimes de ces promesses non réalisées ne sont pas que des filles. Des étudiants, aux intentions sérieuses avec les filles, promettent le mariage à ces dernières. Cependant, avec le manque d'emploi, les jeunes ne parviennent pas à respecter l'engagement pris, celui de demander la main de la fille aux parents afin de l'épouser.

« Ikhlas et moi, nous sommes dans une relation amoureuse depuis notre arrivée à la faculté de droit de N'Djamena. Nous nous sommes convenus de nous marier, une fois les études terminées », explique Zakaria. « Après l'achèvement de nos études, j'ai informé ma famille de mon intention de me fiancer avec Ikhlas. Mon père m'a rétorqué sans ambages que je suis un homme pauvre », ajoute le jeune homme.

De l'avis de son père, Zakaria ne peut pas se permettre de demander la main d'une fille qui vient de finir ses études à l'Université, avec seulement une licence en poche et sans emploi. Il doit se « concentrer sur des perspectives d'emploi afin de subvenir à ses besoins quotidiens, que de courir derrière une fille ».

Malgré tout, le milieu universitaire demeure un nouveau monde, un lien de rencontre et d'échange d'idées pour les étudiants. Il continuera à être un lieu où les vendeurs d'illusions usent et abusent des relations, en promettant à des filles un mariage qui n'aura jamais lieu.



Pour toute information, contactez-nous au : +(235) 99267667 ; 62883277 ; 66267667 (Bureau N'Djamena)