Une barre de glace se vend maintenant à N'Djamena entre 2500 et 3500 F CFA. Il y a deux semaines la même barre de glace coûtait 1500 F CFA. On s'égosillera pour vous convaincre que c'est le Ramadan et c'est difficile de trouver la glace chez le fournisseur. Heureusement encore que nous soyons en juillet ; si le Ramadan avait eu lieu lors de la canicule de mars, nous aura-t-on vendu la glace à 5000 F CFA la barre ?
Vous vous étonnerez que nous intéressions à une simple petite glace, de l'eau simple alors que le mil, l'oignon, l'arachide et les autres denrées de première nécessité sont hors de portée de la bourse de nombreux Tchadiens.
Reprenons notre barre de glace qui coûte entre 2500 et 3500 F CFA. De nombreux Tchadiens qui observent le jeûne du Ramadan ont besoin de l'eau fraîche le soir à la rupture de ce jeûne. Beaucoup de ces Tchadiens ont un congélateur ou un frigidaire à la maison mais ne peuvent pas malheureusement l'utiliser faute d'électricité, à l' « ère de la renaissance », dans un pays émergent (?). Dans de nombreuses maisons , la dernière fois que la société leur a été servie du jus monte à Mathusalem. Si cette électricité vous est servie, la tension est si basse qu'elle ne peut même pas tourner un ventilateur. Mais cela n'émeut outre mesure puisque la « vitrine de l'Afrique », plongée dans le noir, qui s'apprête à accueillir en 2015 le sommet de chefs d'Etat de l'Union Africaine. La vitrine risque de devenir latrine. Des travaux pour sortir N'Djamena sont encore, argue-t-on. Mais quelle est la qualité de ces travaux ? Puisque dans ce pays, des immeubles et autres routes craquèlent le lendemain même de leur réception sans qu'aucune sanction ne soit prise contre les concernés.
Boire une simple eau fraiche doit-il devenir un luxe ?
Editorial par la rédaction du journal Le Temps
Directeur de Publication : Michaël N. Didama